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la lettre hebdo de gérard charollois (17/11)

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J’ai mal à ma peau d’écologiste

La Nature, le vivant, le respect des êtres sensibles sont les seules querelles méritant notre engagement absolu, désintéressé, réfléchi et efficace.

L’observation de la psychologie collective enseigne que certains courants d’opinion aiment la discipline, le rassemblement derrière un guide, un petit père des peuples, un homme providentiel, un chef qui a toujours raison, cependant que d’autres courants d’opinion délirent dans d’interminables et intestines disputes les condamnant irrémédiablement à l’impuissance et à l’échec.

Or, qu’un quelconque leader gagne ou perde les élections, réussisse une brillante carrière politique ou croupisse au sein d’un groupuscule puriste épurant à longueur d’année ses squelettiques effectifs pourrait être totalement indifférent pour celui qui se situe au-dessus de ces contingences subalternes. Le sage pourrait s’amuser de ces jeux d’assemblées, de comités, de micro-partis s’entredéchirant au fil des petites ambitions et de très subtiles nuances n’ayant d’importance que pour les Lilliputiens en joutes permanentes.

Mais le sage, c’est-à-dire celui qui sait, mesure qu’au-delà de ces enfantillages se joue l’essentiel, le sort d’une cause qu’il sert et non dont il se sert pour exister.

Le sort de la Nature, de la faune et de la flore, des milieux naturels et du rapport de l’homme avec le vivant dépend toujours étroitement du score des candidats écologistes, candidats bons ou médiocres, authentiques ou opportunistes, trop ceci ou pas assez cela, toute chose qui n’ont aucune importance, puisque seul le rapport des forces compte dans une société démocratique.

Les ennemis de la terre instrumentalisent magnifiquement les tares de la psychologie collective des écologistes, gens prompts à la mitose quotidienne.

Les médias et les politiques popularisent à dessein un leader qui offre l’avantage de refuser d’être candidat, (ce qui est regrettable), mais les faits sont têtus pour mieux affaiblir les candidates déclarées qui se partageront 3% des électeurs du premier tour de la présidentielle. Ce qui est tout aussi regrettable.

Que pèsera l’écologie, dès lors, lorsque les lobbies de la mort loisir, de l’agrochimie, du tout-en–camion exerceront leurs habituelles et funestes pressions sur la future assemblée nationale sociale-démocrate ou pire libérale-conservatrice ?

L’écologie pèsera 3% et il ne faudra pas s’étonner du mépris dédaigneux des décideurs envers la nébuleuse verte, qu’elle soit politique ou associative.

L’échec d’un candidat ne serait rien, s’il n’était qu’un échec individuel. Il signe le discrédit d’une cause qui ne fait plus peur électoralement.

L’écologie, combien de divisions ?

Très peu, et surtout en ordre de marche les unes contre les autres, avant d’être unies contre les ennemis de la terre.

Concrètement, que Monsieur Nicolas HULOT, qui recueillerait, selon les enquêtes d’opinion, 10% des suffrages, déclare sa candidature et que les autres prétendants s’effacent, au profit de l’intérêt supérieur de l’écologie, puisqu’à ce jour il apparaît être le meilleur candidat, ou, à défaut, s’il refuse définitivement cet engagement, qu’il sorte d’une préjudiciable ambiguïté, en soutenant la candidate écologiste.

Ces deux attitudes opposées offrent une cohérence stratégique et une issue de secours. Cette alternative serait honnête dans ses deux options.

En revanche, laisser croire que tout le monde est écologiste, que tous les partis de l’échiquier politique ont vocation à promouvoir les valeurs de l’écologie est une grossière imposture, un piège dangereux.

L’ambiguïté, comme nous l’observons présentement, permet à tous, y compris au pire, à l’agent dogmatique du Marché, zélateur de la chasse et de la corrida, la quête gratuite de la caution morale du distributeur de brevets d’écologisme. Tous les candidats se proclament amoureux de la planète, soucieux du climat, protecteur de l’environnement. Le lendemain, l’ami nouveau des écologistes flattera les diverses strates électorales contraires : un jour ami de Nicolas HULOT, le lendemain ami du CPNT.

Or, il y a incompatibilité absolue et irréductible entre ceux qui aiment et ceux qui tuent, entre ceux qui protègent et ceux qui détruisent, entre ceux qui respectent et ceux qui exploitent.

Il faut parler vrai, même si cela dérange le conformisme mou et expose au sarcasme des pusillanimes.

Arbitrer les élégances environnementalistes ne présente aucun intérêt intellectuel et tactique.

Délivrer des certificats d’écologisme, en se gardant de sanctionner, ne fera guère avancer la cause du vivant.

Certains candidats et leurs partis sont des ennemis de la terre, des obligés des chasseurs, des exploitants agricoles empoisonneurs, du lobby routier, des entreprises libres de prédater dans une juteuse déréglementation.

Que ceux qui en douteraient et penseraient que tout est pareil veuillent bien se reporter aux débats parlementaires sur les lois chasse et « territoire ruraux », pour être édifiés sur ce que certains partis font du respect de la Nature et des animaux !

Pourquoi taire le soutien apporté par certains politiques aux braconniers de Camargue, lorsqu’ils chassent en août, en dehors du temps d’ouverture ?

Pourquoi feindre d’oublier qu’un ancien Premier Ministre, redevenu maire de BORDEAUX, naguère président des villes taurines, gela le 19 juillet 1996, l’application en France de la directive Natura Deux Mille pour complaire à un lobby d’arriérés ?

Pourquoi dissimuler que lors de tout débat sur la chasse, sur la protection de l’animal, sur l’élevage, sur l’urbanisme et la sauvegarde du littoral, les députés et sénateurs surenchérissent dans une abjecte démagogie contre Nature ?

Ne pas le dire revient à se faire complice des destructeurs du vivant.

Dire que l’écologie est apolitique revient à abuser l’opinion, la détourner des enjeux et faire œuvre d’illusionniste.

Je souffre en constatant que nonobstant l’esquisse d’une prise de conscience collective des problèmes écologiques, la société française poursuit sa dérive suicidaire, sans que les forces de résistance à la dévastation du monde ne parviennent à s’organiser pour exister, pour agir, pour peser sur les décisions de demain.

Unité et clarté, s’imposent pour guérir la maladie qui paralyse l’écologie politique en ce pays.

La presse peut encore titrer sur les pouvoirs du « vote chasseur », tant redouter des candidats.

Un puissant vote écologiste serait possible et dévastateur pour les lobbies, si unité et clarté prévalaient.

Après tout, le Français n’est pas ontologiquement plus arriéré que ses voisins.

Il aime seulement un peu trop les querelles gauloises interminables.

L’atermoiement, la pusillanimité sont des tares mortelles en politique, champ de l’efficacité, de l’énergie, de l’action forte et claire.

L’écologie existera le jour où elle sera biocentriste, et non une vague contestation sociétale, le jour où elle invitera à une rupture avec les théocentrisme et anthropocentrisme, le jour où sa voix sera audible.

Son problème n’est pas le « peuple », mais les intellectuels défricheurs : L’important est la vie dans son processus évolutif, notre espèce n’ayant fait qu’acquérir par sa maîtrise, un devoir de responsabilité et de réconciliation avec la biosphère.

Aujourd’hui, tous les prétendants au château signent, auprès de l’excellent Nicolas HULOT, des deux mains leur brevet d’écologisme, tout en voulant allonger les périodes d’ouverture de la chasse, en préconisant la croissance quantitative, en prônant le libre échange dogmatique, en étendant le réseau autoroutier partout.

La seule question qu’il faudrait poser à ces candidats élyséens est la suivante : « confierez-vous le ministère de l’essentiel à un authentique écologiste ? ».

Le reste participe de la fumée électoraliste.

Alors, parlons haut, fort et clair, malgré la cacophonie de la famille, la censure des médias qui nous ignorent et le manteau d’imposture dont se parent les candidats, pêcheurs industriels de voix aux très grands filets dérivant.

Gérard CHAROLLOIS

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