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la lettre hebdo de gérard charollois (24/12)

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Du devoir de blasphème à l’information impartiale


La Nature et le vivant me tiennent lieu de patrie, de sacré, d’unique parti, de préoccupations inquiètes, d’affection constante, de consolation d’angoisse existentielle.

La biodiversité est mon temple et je n’en connais pas d’autre.

C’est dire combien mes contemporains m’apparaissent constituer d’étranges tribus idolâtres vénérant des grigris, des légendes, des mythes, prisonniers d’identités meurtrières, et, pour la quasi totalité d’entre eux abrutis par un dieu suprême qui est l’argent roi.

Que ne feraient-ils pas pour en amasser, souvent beaucoup plus qu’ils n’en auront besoin dans le temps si bref qu’il leur reste à vivre. Mais faire fortune les rassure et leur permet d’oublier qu’ils ne sont riches ou pauvres que peu de temps.

Bien sûr, l’argent permet d’acquérir les biens nécessaires et mieux encore superflus, dispensateurs de satisfactions, mais plus que la possession de biens matériels, il tient lieu de raison d’être pour les humains qui ne cherchent pas à obtenir dix voitures, cinq maisons et des nourritures à profusion dont ils n’auraient que faire, mais de l’argent pour lui-même, pour assurer demain, pour se rassurer d’être si fragiles et si éphémères.

L’argent qui procure jouissance et satiété est bon pour tout épicurien libéré. Il devient opium des individus et des groupes lorsqu’il s’appelle Profit et vaut par lui-même et non par les plaisirs légitimes qu’il permet de satisfaire.

Le débat politique (dans les pays où il existe) tourne d’ailleurs essentiellement autour de ce culte universel. Les gauches ajoutent des valeurs morales à une affirmation de volonté de répartition un peu plus équitable de l’argent. La droite moderne ne sert que des intérêts et peut se passer de toute autre valeur puisqu’elle représente l’intégrisme ploutocratique triomphant et décomplexé, et mesure l’arbre, l’animal et l’homme en argent.

Pour l’argent, l’humain massacre sa planète, aménage, bétonne, artificialise, rentabilisant tout y compris la beauté, la Nature instrumentalisées au service de « l’industrie touristique », pour le grand profit des « limonadiers ».

Même les écologistes sont contraints de parler le langage de la cupidité sordide pour justifier la préservation d’un site, d’une espèce, d’un milieu. Pour convaincre un décideur d’épargner la vie, il faut lui affirmer que cela pourrait rapporter « gros », plus gros de sauver que de détruire !

Pour ma part, il m’est complètement indifférent que la faune profite aux organisateurs de voyages et aux guides locaux, qu’une plante fournisse ou non des molécules thérapeutiques, que les maisons situées dans un parc naturel prennent plus de valeurs que celles bordant le périphérique.

La Nature vaut par elle-même, sans qu’elle ait à acheter sa protection au grand nuisible qu’est l’exploiteur absolu et avide.

La Nature, le vivant sont mon sacré.

Dès lors, comme tout « croyant », je pourrais m’indigner des propos et commentaires, parfaitement blasphématoires, ressassés dans les médias formatés :

« voici les fêtes et leur débauche de foie gras, de gibiers à profusion ».

Intègre, mais nullement intégriste, je considère parfaitement légitime que d’autres ne partagent pas, (pas encore), ma sensibilité à la souffrance des animaux et j’admets qu’ils dévorent force foie gras gavé, force « gibiers » plombés. Certes, une éventuelle indigestion, une dent cassée sur le plomb meurtrier seraient les bienvenues. Mais, signataire de la pétition en faveur de Robert REDEKER, j’aime trop le blasphème, ce défi lancé à la face de tous les fascismes, pour m’offusquer de ceux que mes contemporains, si peu semblables, adressent à mon sacré personnel et intime.

En revanche, j’éprouve de la nausée devant ces informateurs communicateurs qui bafouent la plus élémentaire honnêteté intellectuelle lorsqu’il s’agit de réifier les animaux, de faire du vivant une vulgaire marchandise et d’occulter le débat essentiel.

Ainsi, à titre d’illustration, les communicateurs du journal télévisé de France 2 évoquèrent la prise de position de la ministre de l’environnement d’Espagne qui demande l’arrêt des mises à mort en public des taureaux, dans les arènes.

Immédiatement, la journaliste « rassure » en précisant que le ministre de l’intérieur espagnol qualifie cette opinion de « strictement personnelle, n’engageant pas le gouvernement ». Jusque-là, nos proclamés informateurs oeuvrent de manière impartiale. Mais, la journaliste conclut son reportage par son avis, dont on se serait bien passé : « ce n’est pas demain la veille que l’Espagne renoncera aux mises à mort en public des taureaux ».

Pourquoi ce pessimisme orienté ? Ce doute qui respire le souhait de barbarie sur la capacité humaine à accéder à la civilisation ?

Pour nos faiseurs d’opinions, l’animal est une chose, la Nature un vaste lunaparc et l’homme, une créature débile inaccessible à ce degré d’évolution qui lui fera considérer autrement le monde qui l’entoure.

Que nos commentateurs officiels et décideurs dénigrent mon sacré participe de la liberté absolue de pensée et d’expression que je leur reconnaît volontiers, mais qu’ils censurent systématiquement l’écologie éthique relève du conditionnement, qu’ils réfutent nos valeurs est leur droit, mais qu’ils ignorent notre existence signe leur malhonnêteté fondamentale.

Blasphémez à souhait, messieurs les communicateurs, contre tous les sacrés, ceux des identités meurtrières, s’il vous reste une once de courage, et celui des défenseurs du vivant, sans grand risque !

Relayez volontiers la pensée des tortionnaires, des promoteurs, des exploiteurs, mais ne feignez plus de ne pas entendre la voix d’une conscience nouvelle qui se lève, partout sur la terre, pour un changement radical de la relation au vivant.

Parlez, si vous le souhaitez, des plaisirs culinaires du foie gras, de la beauté de la torture tauromachique, de la convivialité faternelle de la chasse, de l’intelligence de l’art de la guerre, mais, passer sous silence que pour les femmes et les hommes de mieux l’animal est un être sensible méritant respect, que la Nature représente la seule entité vivante globale et évolutive comme vous le faites vous abaisse au rang de manipulateurs crapuleux.

Le grand, le vrai, le fondamental débat s’ouvre, malgré la censure des conformistes et l’argent des groupes de pressions.

Gérard CHAROLLOIS

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