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terrienne

irréversible ...

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> Louis-Gilles Francoeur
>
> Édition du jeudi 04 janvier 2007
>
> «Il faut à tout prix éviter le seuil de l'emballement», dit un spécialiste
>
> Des hivers aussi aberrants que celui qui a cours présentement, s'ils ne
sont pas nécessairement un effet du réchauffement du climat, nous donnent
cependant une idée très claire de ce qui s'en vient d'ici 2050, car le
mégaphénomène climatique est désormais «irréversible».
>
> «Irréversible, certes, et c'est pourquoi il faut intensément se
préoccuper de nous y préparer par l'étude des meilleures stratégies
d'adaptation. Mais pas encore en phase d'emballement, ce qui le rendrait
hors de contrôle par les humains», explique en entrevue au Devoir André
Musy, le directeur du Centre Ouranos de Montréal, qui se spécialise dans
l'étude du réchauffement climatique.
>
> On sait depuis plusieurs années -- parce que des dizaines d'études le
confirment -- que le réchauffement du climat s'accélère, au point de
rejoindre certains scénarios parmi les plus pessimistes, ajoute le directeur
d'Ouranos. Mais on ne sait pas encore où se situe exactement le seuil à
partir duquel le réchauffement s'emballerait grâce à la libération des
millions de tonnes de CO2 emprisonnées dans le pergélisol ou des millions de
tonnes de méthane solide -- 22 fois plus efficace que le CO2 comme gaz à
effet de serre (GES) -- qui dorment sur le plancher des océans à très grande
profondeur. Sans parler des impacts de l'arrêt de l'oscillation de l'océan
Atlantique et du Golf Stream, dont dépend le climat européen.
>
> «Ce qu'on sait cependant, explique André Musy, c'est qu'il est
pratiquement inévitable que le climat de la planète se réchauffe de 4 à 5 °C
d'ici 2050, car on ne peut pas retirer de l'atmosphère terrestre les énormes
quantités de GES émises depuis 10 ou 15 ans, qui vont y rester encore
longtemps. L'effet de ce réchauffement variera selon les régions. Dans le
nord du Canada, on parle d'un réchauffement qui pourrait atteindre 7 à 8 °C
si la couverture de neige s'y modifie sensiblement. Même si la marge
d'erreur dans ce domaine demeure relativement importante, il faut constater
que tous les modèles mathématiques convergent dans la même direction.»
>
> C'est un réchauffement du climat terrestre moyen de cette ampleur, soit
entre 3,5 et 4 °C, qui a fait fondre la calotte de glace d'environ deux
kilomètres d'épaisseur qui recouvrait Montréal il y a 15 000 ans. On peut
difficilement imaginer à quoi ressemblerait la métropole si le climat devait
se réchauffer autant en moins de deux générations. Mais c'est ce que
prédisent les modèles à partir de la situation actuelle, et cela, ajoute
André Musy, même si on amorçait une diminution radicale de nos émissions de
GES dès maintenant.
>
> Le véritable enjeu, dit-il, c'est de savoir si on peut éviter
l'emballement du réchauffement climatique, qui pourrait provoquer un
réchauffement planétaire moyen, pouvant atteindre 7 à 8 °C, ce qui serait
possible si les émissions d'origine humaine déclenchent la libération des
forces naturelles dormantes dans le pergélisol et le fond des mers. À ce
stade, toutes les tentatives humaines pour contrôler l'évolution du climat
seraient vaines.
>
> «Tous les scientifiques travaillent présentement avec des scénarios qui
tablent sur un doublement des concentrations du CO2 atmosphérique d'ici
2050. C'est ce qui devrait provoquer une hausse du climat moyen de la
planète qui pourrait atteindre 4 à 5 °C. Mais si on n'arrive pas à
décarboniser l'activité humaine à temps, i.e. à réduire globalement et
sensiblement les émissions de GES sur la planète, on pourrait, non pas
doubler mais tripler, voire quadrupler ces concentrations. Et là, on
entrerait dans la phase de l'emballement du climat, ce qu'il faut à tout
prix éviter», explique André Musy.
>
> Ce dernier voit une timide lueur d'espoir dans le récent décret américain
qui classe les ours polaires en tant qu'espèce menacée aux États-Unis. Une
lueur d'espoir parce que la loi américaine sur les espèces menacées oblige
l'administration Bush à modifier ses politiques pour qu'elles n'ajoutent
plus à la menace climatique qui pèse sur cette espèce. S'il s'agit d'une
manoeuvre habile pour amorcer un virage dans le dossier du climat, peu
importe la subtilité de l'astuce, il s'agira d'un pas très important,
dit-il.
>
> Les trois prochains rapports quinquennaux -- le premier au début de
février -- du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (GIEC), le
groupe-conseil de l'ONU en matière de climat, pourraient non seulement
mesurer l'accélération du réchauffement, mais évoquer la question la plus
critique entre toutes, celle du seuil d'emballement du climat, ajoute André
Musy.
>
> Un peu partout dans le monde, plusieurs chercheurs ont commencé à dire que
l'humanité n'a plus que dix ou vingt ans pour éviter ce seuil fatidique.
Certains soutiennent même que ce seuil aurait déjà été franchi et que les
dérèglements du climat, de plus en plus frappants à l'échelle mondiale, ne
se situent plus dans la «variation» de la météo mais dans la tendance lourde
du réchauffement planétaire.
>
> Un hiver chaud
>
> Aucun chercheur n'ose en effet affirmer si l'hiver en cours, pour le moins
doux et parcimonieux côté neige, se situe dans la gamme des caprices souvent
exceptionnels de dame Nature ou s'il est l'effet de la tendance lourde et
«irréversible» du réchauffement climatique.
>
> Ross Brown, un climatologue d'Environnement Canada prêté au Centre
Ouranos, expliquait hier au Devoir qu'il a relevé dans les séries météo
plusieurs hivers exceptionnellement doux, comme maintenant, qui surviennent
justement durant les années du phénomène El Niño. Comme maintenant.
>
> Il a noté que, durant les hivers El Niño, le Québec, notamment, a
enregistré beaucoup moins de chutes de neige. En somme, l'hiver démarre ces
années-là plus tard et le dégel survient plus tôt au printemps. Mais il se
dit d'accord avec d'autres collègues qui y voient une synergie entre El
Niño, la tendance au réchauffement et le fait que janvier affiche
historiquement les écarts les plus variables en matière de température.
>
> On s'en rend compte lorsqu'on consulte les statistiques d'Environnement
Canada sur le mois de janvier: la température moyenne historique se situe
à - 10,2 °C; la température maximale moyenne quotidienne se situe, elle, à -
5,7 °C, ce qui est nettement plus froid que maintenant. Le minimum moyen
quotidien atteint - 14,7 °C. Et c'est effectivement un mois de surprises
extrêmes, car le maximum jamais enregistré y a atteint 13,9 °C en 1950. On
ne sera pas loin de ce maximum en fin de semaine, avec un maximum de 10 °C.
Mais en 1957, le thermomètre chutait aussi en janvier à - 37,8 °C!
>
> Si on ne peut pas vraiment trancher entre «variation ou tendance» pour
expliquer l'hiver actuel, estime André Musy, une chose est certaine: ce
genre d'hiver illustre ce que pourrait être dans un demi-siècle la
température hivernale au Québec et dans l'est du Canada, avec son cortège
d'impacts appréhendés, comme l'érosion accélérée des côtes du golfe
Saint-Laurent, le dégel du pergélisol dans les communautés nordiques et des
impacts de toutes sortes sur la végétation, les forêts, la faune et les
populations d'insectes, etc.
>

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