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terrienne

la lettre hebdo de gérard charollois (11/02)

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Temps de cerveaux contrôlés

« Une société que n’éclairent pas les philosophes est condamnée à être conduite par des charlatans ».

CONDORCET.

L’Occident s’extasie devant ses conquêtes scientifiques, technologiques, juridiques et politiques indéniables.

Dans tous ces domaines, la société contemporaine fait plus et mieux que ne le firent jamais aucune civilisation du passé, puisque l’exemplaire Grèce démocratique de PERICLES pratiquait l’esclavage et jamais les Droits de l’homme et la liberté individuelle ne furent à ce point vénérés, consacrés, revendiqués.

Nos dirigeants politiques sont élus par les citoyens libres de choisir entre diverses solutions pour orienter les lois, les choix, les intérêts sans coercition aucune.

La première puissance mondiale, les USA, représente l’achèvement suprême de cette société qui confère à l’individu le confort, la sûreté, la liberté et la souveraineté par ce geste sacré : le vote .

Faut-il s’endormir pesamment dans la consommation gloutonne et la satisfaction béate d’une société sortie de l’Histoire et parachevée ?

Vivons-nous vraiment en démocratie et les citoyens libres et éclairés décident-ils souverainement du choix de leurs dirigeants révocables à chaque échéance régulière ?

Il n’en est rien.

Un système ploutocratique veille à sa perpétuation.

Observons tout d’abord qu’aux USA, 50% et souvent davantage des citoyens ne participent pas à la vie démocratique sans que le système en soit le moins du monde affecté.

Quand bien même il ne resterait que 10% des braves gens pour voter, le pouvoir fonctionnerait parfaitement puisque la légalité vaut légitimité.

L’abstention des asociaux, des « décalés », des contestataires radicaux, loin de déstabiliser et de délégitimiser le système politique en place, assure sa pérennité tranquille. Ce refus de participation au jeu démocratique favorise la bonne gestion de la société ploutocratique.

Le silence des exclus n’est nullement assourdissant et ne retire aucune autorité aux vainqueurs des scrutins.

Bien sûr, l’abstention des « mal pensant » ne suffit pas au fonctionnement du système. Il faut tout de même qu’une frange, fut-elle très minoritaire du corps social, élise le bon candidat.

Pas question, pour les maîtres du système de violenter leurs opposants. Ces méthodes de voyous furent usitées dans les dictatures du siècle passé avec les insuccès, à terme, que l’on sait et avec le jugement sévère de l’Histoire en guise de sanction finale.

Pas question, non plus de tricher ouvertement en falsifiant les scrutins, ce qui serait par trop grossier et pourrait générer des désordres préjudiciables aux bonnes affaires.

Non, les maîtres du système veulent perpétrer leurs dominations sans molester, truquer les scrutins, bâillonner directement leurs réfractaires, méthodes grossières, par trop voyantes.

Ainsi : l’assemblée nationale française représente moins d’un électeur sur deux et un parti qui recueille moins de 30% des suffrages exprimés y détient 70% des sièges, sans que cela suscite une insurrection.

Ce parlement vote des lois et l’opposition feint de s’opposer et de débattre, alors que les jeux sont faussés et que tout est joué à l’avance.

Dans les années 1930, nombre d’intellectuels et écrivains succombèrent aux charmes esthétisants du fascisme.

Dans les années 1950, ils furent encore plus nombreux, ces universitaires, philosophes et romanciers à capituler intellectuellement devant le stalinisme et la figure du prolétaire libérateur de l’humanité.

Aujourd’hui, en voici plus d’un pour ne pas se dresser contre la domination de l’argent et de cette petite caste de dirigeants économiques, se cooptant à la tête des grands groupes, qui mènent le monde au gré de leurs intérêts insatiables.

Certains intellectuels se rallient même au cortège des vainqueurs perdant tout sens critique et oubliant que les faits parlent, comme toujours.

Les faits : Les médias télévisés et écrits, les instituts de sondages appartiennent aux forces d’argent, aux rois du béton et de l’asphalte, aux empereurs de l’armement.

Les directeurs de chaînes et les chefs de rédactions, dans les médias publics, sont nommés par le pouvoir.

Certes, la loi fixe des règles et une égalité formelle des candidats et des partis.

Mais l’information fluctue selon les nécessités du conditionnement des foules.

Au printemps 2002, le poison d’avril s’appelait l’insécurité, avec ses voitures incendiées, ces petits vieux tuméfiés par de méchants délinquants que l’angélisme bêlant des timorés empêchait de neutraliser. La peur était instrumentalisée avec une insistance qui aurait dû alerter l’opinion.

En 2007, le poison d’avril ne pourra plus être l’insécurité, puisque le candidat des forces d’argent exerce depuis plusieurs années les fonctions gouvernementales appropriées.

Plus de voitures qui brûlent, de pauvres petits vieux gentils massacrés, victimes du laxisme des bons sentiments.

Il faut trouver autre chose pour manipuler l’électorat et amener des gens à voter contre leurs propres intérêts fondamentaux et pour le profit de la petite caste des grands dirigeants des firmes privées.

Il semblerait que les manipulateurs s’orientent vers un montage d’images des candidats .

La clé serait la suivante : Trois candidats doivent être déplacés sur l’échiquier de l’opinion publique, pour obtenir l’élection à 52%, (trop au-dessus cela fait suspect), du bon candidat :

-- le candidat des forces d’argent :

« sérieux, solide et volontaire, déterminé, riche de programme, d’énergie, d’ambition positive » ;

--- Le ou « la » candidate opposante sera :

« la gourde qui fait des bourdes et qui ne saurait devenir un chef tenant la barre » ;

--- Le candidat troisième homme :

« pas dangereux, mais qui monte ; réceptacle d’une fraction des opposants, ainsi neutralisés ».

Il ne s’agit-là que d’un pronostic à confirmer par l’observation attentive des médias.

La politique s’inspire de la manipulation mentale subtile de la publicité commerciale dont les communicateurs sont hautement professionnels.

Le temps de cerveaux disponibles sert aussi à fausser la démocratie .

Ne doutons pas que la manœuvre risque fort de réussir puisque ce qui marche si bien aux USA n’a aucune raison de ne pas produire les mêmes effets électoraux en France, en Italie et dans toutes les démocraties ploutocratiques.

Politique spectacle, politique de caniveau, politique niant les idées, les vrais choix pour tomber dans la personnalisation, piège idéologique.

Au fond, peu importe les qualités individuelles de tel ou tel leader puisque le pouvoir n’est jamais exercé par un homme ou une femme seul mais par tout un appareil servant des idées, des valeurs, et hélas, des intérêts.

Dès lors, si la vie publique doit être transparente, la vie privée doit demeurer opaque.

Peu nous importe les amours du chef du parti, ses déboires conjugaux, ses rabibochages, la nature des relations du couple !

Nous touchons au degré zéro de la pensée et même à la négation de la politique.

Les maîtres du système sont décidément beaucoup plus forts dans le contrôle social que leurs devanciers totalitaires du siècle passé.

Vite, contre les charlatans, des philosophes, s’il en reste !

Gérard CHAROLLOIS

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Il est selon moi tellement dans la vérité à plusieurs égards cet homme...

La pente est trop abrupte, les cerveaux trop contrôlés, malheureusement. Les choses iront probablement de mal en pis. De petites avancées sur le plan individuel, il y en aura, il y en a toujours, mais...

Je ne suis pas prophète, qui vivra verra.

Catou

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