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terrienne

la lettre hebdo de gérard charollois (11/03)

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Plus vite ! plus fort ! plus loin !

Une activité très prisée, quasi sacralisée, érigée en tabou que chacun doit vénérer illustre merveilleusement les tares de cette société.

Il s’agit du sport de compétition.

Il représente un résumé, une caricature du système économico-politique fondé sur les mythes trompeurs de « l’effort », de la « croissance », de la « compétition ».

Tares, car loin des images d’EPINAL, le sport est une école de violence, de dopage et une débauche d’argent arrogant et indécent.

La violence : certes ritualisée, par principe, mais violence tout de même et les ritualisations dérapent parfois amenant l’affrontement à sortir des strictes règles du jeu.



Le dopage : car il serait naïf d’imaginer qu’eu égard aux enjeux financiers et aux prestiges engagés, l’athlète, le champion, l’équipe ne soient pas appelés à se « dépasser ». La médecine de pointe leur offrira des moyens nullement naturels et absolument malsains de faire tomber sans cesse des records pour l’édification des foules médusées par l’exploit.

L’argent : car les sommes brassées par les sports de compétition font honte à cette société qui ne parvient pas à extirper la misère, à subventionner la recherche fondamentale, mais qui couvre d’or des spécialistes du coup de pieds dans le ballon.

Il y a une quinzaine d’années, la Justice perdit son temps et ses moyens durant une interminable instruction pénale parce qu’un dirigeant d’un club de football avait payé les joueurs adverses pour perdre . Etonnement du philosophe : Est-il tellement plus moral de les payer pour gagner que de les payer pour perdre ?

Tant que le sport n’est qu’un amusement, une détente, une aération, il faut le louer, voire s’y adonner.

Lorsqu’il devient école de tribalisme haineux, de violence fut-elle ritualisée, de débauche d’argent, il vire à la toxicomanie collective.

L’esprit de clocher exacerbé animant les foules captives s’avère d’autant plus ridicule que les équipes sensées représenter une ville, une région, sont composées de joueurs exogènes achetés à prix d’or.

Le sport représente la quintescence de la pensée libérale-conservatrice : des dominants, des vainqueurs braillant qu’ils ont enfoncé les vaincus, les vainqueurs partant avec le butin.

Et quel butin !

La société rémunère mieux les virtuoses du ballon que les scientifiques travaillant à vaincre le cancer ou le sida.

Entre une analyse sommaire et bâclée de géopolitique et l’annonce d’un fait divers, les médias vous abreuvent de résultats sportifs dont la débilité afflige tout observateur désintoxiqué. Est-il si grave que DIJON ait battu GRENOBLE, deux à zéro ?

Du pain et des jeux et le peuple sera heureux et ne se posera pas trop de questions.

Faute de gagner à la loterie nationale et son avatar moderne, les petites gens peuvent se consoler en rêvant que leur rejeton, un peu fruit sec, deviendra peut-être un grand footballer aussi riche que quelques icônes médiatisées.

La machine à décérébrer fonctionne merveilleusement.

Pendant que les gens pensent au foot ou autre enjeu d’aussi fondamentale portée, ils ne contestent pas le désordre établi qui repose sur les notions truquées d’efforts, de compétitions, de dominations de pacotilles.

Ici, pour l’esprit lucide, à l’inverse du sport, l’essentiel est de ne pas participer de la mascarade.

Ne soyons pas dupe de la finalité idéologique et sociologique du culte du sport .

Si les foules s’en détournaient, l’argent qui corrompt tout ne remplirait plus les caisses des clubs et fédérations.

Mais BIG BROTHER n’a pas de souci à se faire : le troupeau est sous contrôle et les valeurs de domination, d’humiliation, de combat de l’absurde, n’ont pas fini de faire des victimes.

Inversement, l’empathie, la gratuité, la réflexion complexe, l’émotion et le respect des êtres ne sont guère des valeurs de saison.

Dans ce contexte, l’humanitaire, privatisation de la Justice et du Droit, est là pour panser les maux d’une société féroce et fière de l’être et le spectacle sportif tient lieu de drogue onirique.

Au fond, le foot et autres tiennent la place naguère occupé par la religion et celle-ci reste en réserve de soporifique, en cas de nécessité.

Pas très étonnant que les Français, sept ans après les Etats-Uniens, s’apprêtent à voter comme des pieds !

Gérard CHAROLLOIS

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