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la lettre hebdo de gérard charollois (15/04)

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Je voterai pour la Nature

Il fut un temps où les intellectuels, les gens en vue constituaient des listes de parrainages des partis concourant à la vie publique.

Les uns ayant perdu « l'espérance » qui les habitaient et leurs adversaires ne jouant plus de la peur des partageux qui fut longtemps leur fonds de commerce électoral, l'obsession de plaire à tout le monde et de jouer les histrions gentils et incolores, la perte de tout courage, tout ce contexte conduit nos contemporains à se comporter en fades consommateurs de la vie politique.

Un journaliste ayant osé, en privé, opter pour un candidat, non officiel, se vit interdit d'antennes durant la campagne électorale et une magistrate, conseillère de cour d'appel, se serait fait rappeler à « l'ordre » (quel ordre nouveau) parce qu'elle soutenait ouvertement la candidate socialiste et ce au nom d'une « obligation de réserve » qu'il convient de réserver strictement à l'exercice d'une fonction sous peine de glisser vers une société de restriction de la liberté de pensée et d'expression.

La mode étant ce qui se démode, espérons que cette lâcheté ambiante passera de saison au plus vite et que chacun, dans la sérénité et la liberté, exprimera à l'avenir le fond de sa pensée, comme j'entends le faire nonobstant les censures et autocensures du moment.

Il ne s'agit pas de donner des consignes de vote.

Les gens intelligents n'ont aucunement besoin de « consignes » pour se déterminer et les gens sots ne sont pas accessibles à les recevoir et à comprendre un processus décisionnel.

Dès lors, renonçons à ces attitudes pédagogiques vaines et accédons à la maturité politique consistant pour chacun à exprimer son choix, en fonction des valeurs et intérêts qu'il défend.

Pour ma part, ces valeurs sont le vivant, la Nature, la biodiversité, la solidarité entre les hommes, la liberté des moeurs et des manières, le refus de la dictature de l'argent et du Marché, l'abolition de la chasse et de la torture tauromachique, la défense de services publics et le rejet du culte de l'entreprise privée, l'instauration d'un nouveau rapport à l'animal, la préservation des sites et l'option d'une croissance qualitative impliquant une décroissance quantitative.

Mes préoccupations sont aussi la faculté offerte aux hommes de « travailler moins pour vivre plus et polluer moins », le refus du conditionnement médiatique qui voit les radios et télévisions privées se muer en agents électoraux du candidat des firmes et ce de manière indécente et grossière.

Quels sont les partis présents sur la scène électorale répondant le mieux à ces aspirations écologistes ?

Au premier tour de la présidentielle, je voterai Dominique VOYNET dont le score sera le poids de l'écologie en ce pays.

Au second tour, je voterai contre le candidat UMP, celui de l'argent-roi, des entreprises libres et déréglementées, de la chasse et de la tradition, de la croissance des profits et du démantèlement des services publics.

Je le ferai dans une optique très « rocardienne », convaincu que ROYAL ou BAYROU feront moins de mal que les néo-conservateurs.

Bien sûr, l'abolition de la chasse et la décroissance quantitative ne figurent pas ouvertement au programme des partis en concours et la CVN n'est ni les VERTS, ni les sociaux-démocrates.

Mais, partant du réel, de l'état du monde et non d'un univers rêvé, pour le vivant, il faut choisir le moindre mal.

Si le parti écologiste obtient 2% des voix, (ce qui est à redouter), les lobbies de l'agrochimie, du BTP, de la chasse, pourront faire entendre leurs intérêts par les décideurs de demain et la voix des protecteurs sera considérablement affaiblie.

Si la candidate écologiste avait réalisé un score de 10%, les futurs élus auraient dû composer avec nous et prendre en compte les revendications associatives.

Si les VERTS pesaient davantage électoralement, leurs alliés sociaux-démocrates seraient contraints de leur consentir des circonscriptions plus nombreuses lors des législatives de juin, amenant les deux ou trois ministres écologistes à disposer du soutien d'un groupe qui fit tant défaut à Madame VOYNET et à Monsieur COCHET, lors de la législature 1997 -- 2002, absence de soutien parlementaire expliquant leur relative paralysie.

Pour obtenir l'élection d'un député, dans le système électoral dit majoritaire à deux tours qui est le nôtre, le soutien des partis dominant est indispensable.

En dehors de ce soutien, en dehors d'alliance de gouvernement, un parti n'a pas la moindre chance d'avoir un seul élu et les candidatures ne servent à rien si ce n'est à rapporter des fonds, via le financement de la vie politique au prorata du nombre de voix obtenues.

En démocratie, c'est-à-dire là où s'applique un scrutin proportionnel, tous les partis recueillant au moins 5% des suffrages peuvent avoir quelques élus. Pas dans le système électoral actuel qui octroie aux deux partis dominant le monopole de la représentation et du soutien aux partis satellites.

Telles sont les raisons de mon choix personnel que je ne fais que soumettre à la sagacité de mes amis lecteurs.

Le plus probable, au regard des enquêtes d'opinion parfaitement concordantes depuis des mois, s'avère le plus désastreux pour la cause de la Nature.

La candidate VERTE risque de ne pas dépasser les 3% ce qui sera interprété comme un désintérêt des Français pour l'écologie.

En final, conditionné par les médias et l'absence de toute analyse de fond des enjeux et des idéologies des partis et candidats, ce peuple se donnera pour cinq ans à un clan qui ne sert que les intérêts de la caste des grands dirigeants d'entreprises, un clan qui supprimera le code du travail et celui de l'environnement, ce qu'il a déjà fait partiellement depuis cinq ans et ce au nom de la liberté des entrepreneurs d'entreprendre sans frein règlementaire.

Que faut-il espérer ?

Un miracle !

Etant de ceux qui pensent et non de ceux qui croient, je ne nourris guère d'illusions sur l'avenir immédiat de ce pays, sauf sursaut de dernière heure.

Il faudra sans doute cultiver l'esprit de Résistance.

Parmi les astuces de la propagande officielle, il nous est annoncé qu'un pourcentage non négligeable d'électeurs potentiels n'aurait pas définitivement arrêté son choix.

Il faut bien entretenir l'illusion d'un suspens et les manipulateurs ne peuvent tout de même pas avouer que le peuple sous contrôle ne fera que ce que commandent les « faiseurs d'opinion ».

Naguère, les occidentaux fustigeant, à très juste titre, la dictature soviétique plaisantaient sur le thème : « Incendie au KREMLIN. On a perdu les résultats des prochaines élections ».

Aujourd'hui, c'est à l'IFOP, TF1 et les radios périphériques que se trouvent les résultats des prochaines élections d'un « pays libre » !

Allons, pour la forme, espérons une surprise qui n'aurait rien de divin, mais qui tiendrait à l'intelligence des démocrates sociaux et écologistes, et contribuons humblement à y concourir.

Eu égard à la situation sociologique et politique navrante du pays, je pense que le salut immédiat tient à la grande union de tous contre la droite de l'argent corrupteur et féodal.

Grande alliance incluant écologistes, sociaux démocrates et démocrates sociaux, excluant les néo-conservateurs de l'UMP et les réactionnaires populistes.

Cette alliance de salut public ne permettra pas d'engager des réformes biocentristes nécessaires. Elle préviendra des reculs cruels et l'instauration d'un « ordre nouveau » au service des profits d'une infime minorité de promoteurs.

Il paraît que les électeurs sont sans cesse déçus par leurs élus.

Ici, il advient aussi trop souvent que l'on soit déçu par les électeurs.

Au fond, tant pis pour eux, si par mauvais sentiments, aigreur, hargne, obscurantisme, ils optent pour la solution thatchérienne !

Mais, la Nature, mon seul parti, sera l'innocente victime de la politique criminelle des exploiteurs de l'arbre, l'animal et l'homme.

Gérard CHAROLLOIS

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Je ne suis pas tellement les nouvelles politiques françaises, mais je crois que les élections sont pour bientôt...
Si j'ai bien compris le texte de M. Charollois, pour choisir le moindre mal, il faudrait voter pour le parti de Madame Voynet plutôt que pour les autres ?

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quelques éléments de réponses, suite à mon éditorial du 15 avril: "Je voterai pour la Nature".

Remerciant celles et ceux qui m'ont exprimé leur intérêt pour l'analyse politique que j'ai soumis à mes amis lecteurs, je viens ici répondre à quelques interrogations et remarques pertinentes.


---- (Je suis écologiste et voterais volontiers pour la candidate Verte, mais je crains un second tour opposant les deux droites et j'envisageais de voter utile pour empêcher un nouveau 21 avril 2002."

Réponse:
Cette remarque est judicieuse, mais il faut constater l'état de l'opinion.
Sans grande crainte de me tromper, je peux pronostiquer un ordre de classement des candidats comme suit: SARKOZY 28%, ROYAL 25%, BAYROU 19%, LE PEN 15%.
Il ne s'agit-là que d'estimations probables mais il me semble absolument exclu que nous assitions à un second tour entre les deux droites: celle de l'argent et celle de la nation.
Les facteurs sociologiques jouent en ce sens: SARKOZY capte une partie de l'électorat frontiste et sera à près de dix points au-dessus de ce qu'obtint Jacques CHIRAC en 2002. La gauche est moins divisée en raison de l'absence de du candidat du MOUVEMENT DES CITOYENS et de la candidate du parti radical.
Jean-marie LE PEN ne sera pas le deuxième homme mais le quatrième.
donc, inutile de voler au secours de la candidate sociale-démocrate et opportunité d'apporter sa voix à l'écologie, en la personne de Dominique VOYNET, face au CPNT.
Il serait désastreux que le parti des tueurs obtienne plus de voix que le parti de la vie.


----- " que pensez-vous de la candidature du centriste, BAYROU, soutenu par certains écologistes qui révèlent par leur prise de position que leur ni-gauche, ni droite, singifiait un positionnement à droite ?".

Réponse:
Je ne pense pas que François BAYROU soit au second tour. Il sera le troisième homme ce qui représente pour lui une belle performance.
Il fut longtemps ministre de l'éducation nationale et un président du conseil général des PYRENEES ATLANTIQUES fort peu favorable à l'ours. Nous lui devons, en 1994, la suppression des réserves LALONDE, créées pour protéger les derniers ours de souche pyrénéenne. Il négocia avec le ministre BARNIER une charte scandaleuse confiant l'ours et surtout l'argent public consacré à sa protection à son ami politique Jean lassalle, grand ennemi des ours et qui n'hésita pas à évoquer le régime de VICHY à propos des réintroductions ursines de l'an passé.
bref, homme de droite, conservateur d'origine le successeur de GISCARD et de BARRE à la tête d'un parti de droite, l'UDF, M. BAYROU, n'aurait pour séduire que son positionnement actuel original et somme toute enfin un peu courageux face à la dictature de fait du parti UMP.
Il fait d'indéniables efforts d'émancipation que l'objectivité (vertu trop rare en politique) oblige à saluer.
Toutefois, ce n'est pas l'idéologie qu'il véhicule qui rend M. BAYROU préférable au candidat officiel et qui m'aurait déterminé à voter pour lui, au second tour, s'il demeurait en lisse, mais les considérations suivantes:
Si M. SARKOZY est élu, l'Etat sera verrouillé, confisqué par un seul parti, par un clan monolithique pendant cinq ans. Un homme détiendra, avec ses courtisans, tous les pouvoirs, sans contre-pouvoir. Il bénéficiera de l'exécutif, bien évidemment, mais aussi du parlement en ses deux chambres, de la haute administration, des médias dont TF 1 dirigé par l'un de ses amis personnels, les pouvoirs économiques via les grandes entreprises. Bref, nous assiterons à la constitution d'un second empire temporaire dans lequel un individu et ses obligés gouverneront sans partage.
En revanche, si M. BAYROU est élu, il devra nécessairement composer avec les autres partis et n'a pas la machinerie partisane lui permettant de monopoliser l'Etat. C'est la différence fondamentale qui m'aurait conduit à opter entre ces deux forces globalement peu contestatrice d'une société à la dérive et en danger.


---- "Vous mettez votre talent au service d'une écologie de gauche, ce que je regrette.".

Réponse:
Il y a bien des définitions des "gauches" et des "droites".
René REMOND, historien qui vient de décéder, écrivit un livre passionnant bien que contestable sur ces différences .
disons, pour actualiser l'analyse et ne plus demeurer fixer sur le 19ème siècle, que nous observons deux droites: L'une nationaliste, populiste, autoritaire connut dans les années 1930, sous diverses formes, des succès momentanés notamment avec les fascismes. Cette droite ancienne est réapparue en Europe depuis une quinzaine d'années mais ne semble guère en mesure de reconquérir le pouvoir. elle n'est qu'un danger moral et virtuel, souvent fantasmé et instrumentalisé. Il ne me parait pas sérieux de s'alarmer contre elle, n'ayant personnellement pas peur des fantômes, fussent-ils hideux.
La seconde droite contemporaine est celle de l'argent, des firmes, des promoteurs, des spéculateurs, des exploiteurs du système, grands ennemis de la Nature qu'ils dévorent au nom de leurs immenses et insatiables profits. c'est la droite qui sévit à la tête de nombre d'Etats occidentaux et dont messieurs BUSH, BERLUSCONI, HAZNAR, et SARKOZY sont les représentants.

ceci pour les droites.
Voyons les gauches: Elles aussi sont plurielles et fort différentes d'inspirations et de méthodes.
Il y a la gauche ouvriériste, prolétarienne, invoquant rituellement "les travailleurs". Peu libertaire sur les moeurs, peu préoccupée d'accroître les droits et libertés individuels, cette vieille gauche marxiste connut son heure de gloire immédiatement après la seconde guerre mondiale, en un temps où sa patrie d'élection l'URSS était parée de la gloire de la lutte anti-nazis et en un temps où les mineurs, les cheminots, les sidérurgistes, les masses laborieuses de l'industrie lourde lui offrait ses bataillons électoraux et militants.
Cette vieille gauche persiste mais, un peu comme la vieille droite populiste, sous forme séquellaires et marginale. elle ne prendra pas le pouvoir et ne croît même plus au grand soir révolutionnaire. Sociologiquement, les masses ouvrières ne sont plus là homogènes et concentrées pour lui offrir des leviers d'actions.

Nous trouvons ensuite une gauche réformiste, que les révolutionnaires des années 1930 appelaient des "sociaux traîtres" qui cherche à atténuer les maux du temps, à panser les plaies de la société sans la remettre fondamentalement en question. C'est la gauche sociale-démocrate que représentent les partis travaillistes, socialistes en Europe et une partie du parti démocrate Etats-unien.

Et puis, il y a l'écologie fondamentale, idée neuve, en cours de gestation qui remet en cause les fondements éthiques de la société, en invoquant: prévalence du vivant, valeur de la Nature, primauté de l'être sur l'avoir, interrogations sur les notions de travail, de croissance.
Cette écologie qui naît ici et ailleurs est-elle, historiquement parlant, du point de vue de la science politique, une idée de gauche ou de droite, idée distincte de toutes les idéologies ci-dessus analysées mais pouvant se réclamer d'une filiation psycho-sociologique?

Sans entrer dans une analyse trop fine et trop longue, disons qu'elle est une rupture, un changement, une contestation, un dépassement et une subversion de la société actuelle. En cela elle est une idée de gauche.
elle l'est aussi en ce qu'elle entre directement en conflit avec les intérêts des ploutocrates qui aménagent, lotissent, promeuvent au grand détriment des espaces et des espèces.

Je n'ai nullement la prétention de définir la pensée écologiste, mais "une pensée écologiste" dans un esprit de recherche, d'objectivité, d'analyse et de cohérence qui sont miens.
Gérard CHAROLLOIS

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