terrienne 0 Posté(e) le 29 avril 2007 Appel à la Résistance des gens de mieux Au 18ème siècle, les philosophes des Lumières eurent à lutter contre l'absolutisme royal, l'obscurantisme ecclésiastique, l'arbitraire du pouvoir, l'ignorance, ce terreau de tant de crimes. Leurs pensées plurielles enfantèrent les révolutions Etats-Uniennes et Française. Au 19ème siècle, la misère ouvrière résultant de l'essor industriel généra dans les consciences les plus éclairées une juste révolte à l'origine des divers socialismes qui tentèrent de pallier à cette exploitation de beaucoup par quelques-uns. Au 20ème siècle, l'éveil généralisé des nationalismes suscita, d'une part, des prises d'indépendance des peuples, d'autre part, l'exacerbation en racisme et xénophobie de cette reconnaissance identitaire. Ainsi, et pour ne remonter qu'à l'époque contemporaine, des hommes s'affrontèrent pour savoir s'il fallait « conserver » ou « changer » l'ordre du monde, instaurer la république ou perpétuer la monarchie, affranchir la politique des religieux ou asservir l'homme aux dieux vengeurs, améliorer la condition des plus faibles ou récompenser les dominants, abolir l'esclavage ou sauver l'économie des colonies, expulser la peine de mort ou terroriser les assassins, libérer l'homme du travail ou lui inculquer que le travail rend libre et digne, reconnaître à la femme tous les droits humains y compris celui de sa sexualité ou maintenir la mère dans son rôle rassurant de soumission sociale. Si nous ne sommes plus ni au temps des monarques de droit divin, ni au temps des masses laborieuses de mineurs, de sidérurgistes et des filatures privées de tout droit, de toute protection, si la femme est enfin l'égale de l'homme, nous le devons à des gens de mieux qui eurent à lutter, à affronter, à s'opposer pour qu'avancent la Liberté et les droits humains. La société a changé radicalement ainsi que les problèmes auxquels se confrontent nos contemporains qui n'y retrouvent plus leurs bons « communistes » ou leurs bons « fascistes » d'antan, si aisément opposables, si aisément identifiables jusqu'à la caricature du « bien » et du « mal » absolus. D'aucuns pensent par pusillanimité ou nihilisme que la complexité actuelle fait disparaître tout enjeu, tout débat, tout clivage et qu'un immense relativisme engloutit désormais la fin de l'Histoire. Non, tout est devenu différent mais les failles psychologiques et politiques qui séparent les humains demeurent les mêmes. Il y aura toujours des hommes de « mieux » au prise avec des hommes d'ordre et de traditions. Il y aura toujours une radicale salutaire vivifiante opposition entre ceux qui veulent « changer » et ceux qui veulent « conserver » l'ordre des choses. Le défi du temps n'est ni la Liberté politique, acquise, du moins en la forme, en apparence, ni la misère ouvrière, diluée dans l'éclatement de la société hétérogène du moment. La fracture, le grand clivage, l'opposition radicale passent ailleurs. Désormais, il y a ceux qui pensent nécessaire de sauver la Nature, de préserver la biodiversité, de transformer le rapport aux êtres vivants et ceux qui tout en rendant l'hommage du vice à la vertu, tout en signant volontiers un pacte écologique, s'affranchissent de ces impératifs pour satisfaire les appétits de la nouvelle aristocratie, celle de l'argent et qui, au nom menteur de l'emploi et de la croissance, optent systématiquement pour les promoteurs, les pollueurs, les agresseurs du vivant. Les faits sont têtus, même si nombre d'individus par pure lâcheté, calcul et ambitions, par pur souci de se ménager les puissants, refusent de les constater et se complaisent dans l'ambiguïté. Des faits : En France, soixante mille hectares disparaissent chaque année sous l'asphalte et le béton et bientôt des régions entières seront totalement « urbanisées », ne laissant aucune place à la Nature ; La population ne cesse de croître sous l'effet d'une politique résolument nataliste sans que les tenants de cette croissance n'assignent un but, un objectif, une limite à cette expansion cancéreuse. Corrélativement, la place des autres espèces vivantes se restreint au point de ne plus exister, ici et ailleurs, pour nos loups, nos ours, et, pour leurs tigres, leurs éléphants. La chasse, destruction volontaire, intentionnelle de ce qui persiste de faune, est protégée jalousement par les politiques, la gauche ayant voté une loi pro-chasse le 26 juillet 2000, jugée antichasse par le lobby cynégétique et la droite ayant aggravé considérablement les privilèges féodaux des chasseurs par la loi du 30 juillet 2003. Il est évident que pour nous, la protection de la Nature n'est pas une monomanie, une fixation stérilisante. La compassion ne se divisant pas, nul ne peut songer améliorer le sort des animaux et de la Nature sans améliorer le sort des humains. Démocratie authentique, Etat impartial, garanties des plus faibles, admission de la liberté des modes de vie, sont indissociables de l'écologie éthique, cette écologie écocentrique ou biocentriste qui élargit et approfondit le champ de l'empathie, le domaine des droits. C'est ici le combat du « mieux » contre la conservation du vieux monde anthropocentriste et ploutocratique. Il ne suffit pas de penser juste, d'exprimer des idées généreuses et iconoclastes. Il faut agir, et pour ce faire, gouverner . Comment les gens de mieux peuvent-ils changer cette société ? En accédant aux fonctions politiques dirigeantes, en siégeant dans les parlements qui font les lois, en occupant des ministères qui font des règlements. Comment accéder à ces fonctions gouvernantes et échapper aux conditions protestataires et revendicatives qui ne sont que des positions d'impuissance ? Par l'union, l'alliance, la participation à des coalitions avec nos valeurs, notre identité propre, nos convictions ardemment et clairement exprimées, mais dans l'acceptation du pluralisme de la société et la compréhension des mécanismes décisionnels. Si la France échappe un jour au pouvoir « bonapartiste » du clan de l'argent-roi et des milieux d'affaires, et redevient une vraie démocratie, si l'Europe que j'appelle de mes voeux devient un Etat souverain, ces entités seront gouvernées par de vastes coalitions accueillant, dans le respect des différences, les « gens de mieux » en lutte avec les gens de la conservation des privilèges, des traditions, de l'exploitation maximale et égoïste. Au sein de ces coalitions multicolores, il faut qu'une écologie authentique, donc biocentriste, fasse triompher ces aspirations au changement radical de nos relations avec le vivant. Partager l'espace avec les autres espèces, abolir la chasse et la corrida, comme on a aboli la peine de mort, assurer un pouvoir impartial respectueux des oppositions, garantir aux plus faibles la solidarité de la société sans mépriser l'assistance qui n'est pas une tare, offrir à chacun des services publics, maintenir l'initiative économique individuelle mais en l'encadrant pour sauvegarder les impératifs écologiques et sociaux supérieurs à la loi de fer du Marché, sont des défis qui dépassent largement la simple action associative. Cela s'appelle, faire de la politique et dans l'immédiat, cela exige une Résistance déterminée au pouvoir monolithique, dévastateur, du parti des firmes, des promoteurs, du néo-conservatisme qui fait peser sur ce pays, sa Nature, ses libertés publiques, ses droits sociaux une redoutable menace. En avril 2005, je m'étais prononcé pour la Constitution Européenne parce que je pensais à l'Etat supranational européen qu'il faut construire. Nombre de nos amis oublièrent alors l'Europe pour condamner son « libéralisme économique ». Je persiste, tout en comprenant leur attitude, à penser que le sujet était l'Europe qu'il faut faire et non le libéralisme que j'entends récuser autant qu'eux. Le mercantilisme dogmatique, ressasse des concepts inquiétants ayant pour dénomination « compétitions », « efforts », « risques », des concepts de violence. Les citations de JAURES et de BLUM, fumigène agité à gauche, et l'invocation de l'identité nationale, fumigène agité devant les « petits blancs », ne sont que des paravents trompeurs, puisque le vrai dogme, le culte suprême, la religion des néo-conservateurs s'appellent «affairisme, promotion spéculative, enrichissement vorace d'une caste de privilégiés, culte célébré dans leurs temples : les entreprises privées. Aujourd'hui, l'ultra-libéralisme risque de triompher et j'appelle tous les citoyens à le combattre puisque cette idéologie assassine la terre, pille ses ressources, artificialise l'espace, réduit l'animal au rang de chose et l'homme au rang de producteur consommateur. Cette idéologie feint d'exalter la Liberté mais la seule qu'elle vénère est la liberté d'entreprendre, altérant volontiers la liberté de pensée, d'expression, de mode de vie si la bonne marche du commerce et le contrôle de la société l'exigent. La Nature, mais aussi la liberté et l'impartialité de l'Etat sont gravement mis en péril par une idéologie dominatrice, intolérante, agressive, servie par une confusion de tous les pouvoirs politiques, économiques, financiers et médiatiques. Les choix politiques d'un peuple reflètent ces pulsions profondes. Alors, constatons que la méchanceté est à l'ordre du jour. J'appelle à la Résistance tous les écologistes, les socialistes, libertaires, sociaux-démocrates et démocrates sociaux qui refusent l'accaparement des pouvoirs par les néo-conservateurs, agents des firmes, des grandes entreprises, de la croissance infinie et sauvage. Comme dans les années 1930, bien que de manière différente en la forme, la société dérive et apparaissent des périls que seule l'union de tous les gens de mieux préviendra, avant qu'il ne soit une fois encore trop tard. Gérard CHAROLLOIS Partager ce message Lien à poster Partager sur d’autres sites