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terrienne

la lettre hebdo de gérard charollois (20/05)

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Peuple victime ou peuple fautif ?

Le mensonge pieux, le relativisme béat, la peur des idées et des mots, caractérisent un temps où l'expression d'une opinion, le rappel d'une vérité deviennent des incongruïtés de mauvais goût.

Avant l'échéance électorale, il faut feindre, contre toute évidence, de pouvoir éviter une catastrophe inéluctable, comme si l'annonce d'un malheur le générait.

Pendant une campagne électorale, il faut amuser les braves gens avec des clichés débiles du genre : « Un homme compétent, énergique, talentueux, mais anxiogène et autoritaire affronte une femme proche des gens, soucieuse de participation et d'écoute, mais incompétente (bravitude) ».

A l'issue du scrutin, la vaincue d'un jour doit adresser ses félicitations et souhaits de réussite au vainqueur, comme s'il s'agissait d'un match de tennis, sans dénoncer les périls et en ne se souciant que de conserver le leader ship sur sa petite boutique partisane.

Ainsi, avant, pendant et après une campagne électorale, l'imposture, le factice, la comédie démocratique priment sur le fond et les vrais enjeux.

Comment des citoyens non armés pour déjouer le brouillard des fumigènes médiatiques pourraient-ils échapper aux pièges de l'acculturation politique ?

Le tempérament personnel d'un candidat aux fonctions électives n'a pas plus d'intérêt pour la société que sa taille, la forme de son nez ou de ses seins.

L'essentiel, occulté, masqué, oublié tient à l'idéologie qui l'habite, l'appareil qui l'accompagne, les intérêts qu'il sert, les choix qu'il fera.

Qu'importe qu'il soit énergique, anxiogène, à l'écoute, éloquent ou maladroit dans son expression, puisque le citoyen n'aura pas à le rencontrer personnellement, à éprouver la chaleur ou la froideur de son caractère, alors qu'il aura à subir sa politique et celle de tout l'appareil qui l'accompagne et qui fera l'Etat.

Ainsi, les Français, sans trop le comprendre pour nombre d'entre eux, ont choisi de placer le pays sous la coupe des affairistes, des milliardaires mondains, des accapareurs qui n'ont jamais étanché leur soif de fortune, sous la coupe de la droite actuelle, héritière mais distincte des droites monarchiques, cléricales, fascistes des siècles passés.

Le chef de la droite actuelle l'a « décomplexée », pour user de son terme sonnant comme un aveu. C'est vrai que depuis une soixantaine d'années, la droite était honteuse. Elle ne s'appelait d'ailleurs pas la droite, mais la « majorité », lorsqu'elle gouvernait, et « l'opposition », durant quelques années d'éloignement du pouvoir.

Ce n'est pas pour rien qu'elle était « complexée ». La droite, pourvoyeuse pas toujours de sottises, mais toujours de méchanceté, avait endeuillé le monde et son bilan historique pèse lourd.

Il est des citoyens, gavés « au temps de cerveaux disponibles », pour s'imaginer que la droite et la gauche n'existent plus, alors qu'elles n'ont fait que changer de visages.

Elles sont présentes, peut-être plus que jamais, bien qu'elles ne débattent plus de la forme du régime, monarchique ou républicain, du cléricalisme ou de la laïcité, de l'innocence de DREYFUS ou de sa culpabilité, de la conservation des colonies ou de la décolonisation.

Ces clivages ont marqué l'Histoire et séparé la droite et la gauche.

Aujourd'hui, la droite actuelle appuie le règne de l'argent arrogant, le choix de la croissance maximisée au service des firmes et des milliardaires qui les possèdent, le refus de faire primer la vie sur l'enrichissement. Elle pratique le mépris de la Nature, la prévalence des profits sur les services publics, la réduction des libertés au nom de l'ordre et de la sécurité absolus, et la vénération de la liberté d'entreprendre sans considération de ses incidences sociales et écologiques.

D'un côté, il y a ceux qui aiment la vie, la Nature, la liberté de mode de vie et de pensée, la justice, la compassion. De l'autre, il y a ceux qui servent la chasse, les traditions, la prévarication, le culte de la concurrence et de la domination.

Les options fondamentales n'ont pas été débattues devant les citoyens soigneusement anesthésiés.

La politique devient une affaire de people, d'images, donc d'imposture.

Il court, il court le chef pour montrer sa forme, son énergie, sa santé et les caméras sont priées d'en informer les masses séduites.

Les Français, en remettant l'Etat au clan des affairistes, ont-ils vraiment choisi de couvrir le pays d'autoroutes et d'axes à camions, de grands contournements et d'asphalte pour satisfaire les appétits du BTP ?

Ont-ils opté pour la liberté des promoteurs de tout détruire pour faire de l'argent au détriment de la Nature ?

Nature, mot banni du vocabulaire de ces hommes qui n'hésitent pas à disserter longuement et généreusement sur l'environnement et le réchauffement climatique.

Ont-ils voulu voir leurs élus et le premier d'entre eux s'afficher aux corridas et supprimer les règlements protecteurs de la faune pour obéir aux injonctions du lobby chasse ?

Ont-ils voulu, comme aux USA, une aggravation des inégalités dans les revenus et la paupérisation d'une fraction croissante de la société, cependant qu'une infime petite caste de privilègiés étalera avec mépris et morgue des fortunes indécentes fondées souvent sur la vulgarité et la spéculation ?

Ont-ils compris que lorsqu'un néo-conservateur dit « écologie », il pense uniquement au Marché nouveau que ce secteur offrira à ses mandants dans l'industrie et le bâtiment ?

La démagogie consisterait à dire que le peuple, (qui a toujours raison), a été abusé et qu'il n'est animé que de bonnes intentions, pétri de bienveillance et de vertu républicaine et écologique puisqu'il est le peuple souverain !

Le peuple est bon et son choix octroie une onction sacrée à « l'élu ».

A propos, ce peuple souverain avait-il raison en janvier 1933 en Allemagne ?

Les Français, pétainistes à 80% en été 1940, mesuraient-ils ce que la droite du temps générerait comme crimes ?

Et si vraiment nombre de gens acceptaient la mort de la Nature, l'assassinat des sites par les affairistes, les inégalités sociales pourvu que des vedettes de pacotille les fassent rêver sur le faste et le luxe qu'ils n'auront jamais.

Dans le choix désastreux du néo-conservatisme, qu'elle est la part d'erreur, de sottise, d'ignorance, sous produit de médias aux services des forces d'argent, et la part de méchanceté, d'aigreur, de violence ?

Peuple victime d'un mirage ou société coupable du crime des foules ?

Nous savions que le chef de l'Etat gouvernerait avec énergie, voracité de pouvoir. Il lui fallait l'exécutif, le Sénat, les médias, les forces d'argent, le Conseil supérieur de l'audiovisuel, le conseil constitutionnel, et, en juin prochain, une majorité conservatrice écrasante à l'Assemblée Nationale.

Mais cela ne lui suffit pas. Il lui faut détruire l'opposition en faisant courir les plus vulnérables à gauche pour garnir les strapontins ministériels.

Ouverture ? Non, car ces ralliés ne seront que des otages de l'UMP, expulsables à tout moment. Il ne s'agit que d'une opération grossière de démoralisation de l'adversaire .

Il ne faut plus d'opposition dans l'Etat nouveau.

Le règne est parti pour durer dix ans et l'Etat RPR d'hier risque de faire figure d'aimable démocratie à côté du régime en gestation.

Lorsque nous instaurâmes la République, la démocratie, le suffrage universel, en 1792, nous pensions que l'éducation, les lumières, l'intelligence hausseraient l'homme à la dignité de gouvernant avisé, généreux et aspirant au bien public.

Nous eûmes foi dans l'avenir radieux d'une société de souverains responsables, respectueux d'eux-mêmes, en marche constante vers davantage de justice et d'empathie pour les plus faibles.

A cette époque, lors de notre ardente Révolution, nous crûmes en l'Homme, ami de l'Homme.

Nous ignorions que le peuple allemand, cultivé entre tous, riche de prix NOBEL plus que tout autre, berceau du romantisme et subtile mélomane, concevrait au 20'me siècle l'industrie de la mort, avant de revenir de ses erreurs et d'offrir un modèle de démocratie où l'écologie trouve sa place croissante.

Les Français de 2007, en choisissant la dictature de l'argent-roi, viennent, une fois encore, de dementir notre foi en l'avenir .

Aujourd'hui, comment penser l'humain face à cette déroute du cour et de l'esprit, face à une société régressive ?

Je vous dis : Femmes et hommes de mieux, levez-vous pour mener la bataille des mots et des idées, de la vérité, car toujours, à toutes les époques, le mal se nourrit de l'ignorance, se dissimule dans l'imposture et les ténèbres.

Ce sont elles qui ont gagné en cet anxiogène mois de mai où la Nature et tant de braves gens ignorent encore ce qu'il va leur advenir.

G. CONDORCET

CONVENTION VIE ET NATURE POUR UNE ECOLOGIE RADICALE

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