Il est arrivé au haras... Un jour où il pleuvait. Il tapait comme une malade contre les parois du van. Il était déjà venu en pension, avant que moi-même je ne sois inscrite. Il connaissait la maison... Mais pas assez pour ne pas paniquer... Lui, beau poney New Forest isabelle... Le van... Tout une histoire. Il ne savait pas descendre en marche arrière... Il ne sait toujours pas même s'il a fait beaucoup de progrès. Il a du descendre par la porte latérale. Et il s'est réfugié dans son box. Je me rappelle être arrivée... Le samedi suivant son déménagement dans le haras. Et une amie qui me raconte comment ça c'est passé... Sans savoir réellement pourquoi, j'ai commencé à le craindre. Une crainte étrange, injustifiée... Idiote. Je n'allais pas le voir... Jamais... Et un Samedi, il était une heure trente, j'avais mangé peu de temps avant après être revenue de chez la psychologue qui m'aidait dans ma dépression... Comme à mon habitude... Perchée sur la barrière de la carrière de dressage en regardant les galops quatre travailler... Je l'ai vu... Complètement fou... Il partait en coups de culs et levait. Sur lui, sa cavalière énervée le menait à la cravache, a croire qu'elle n'avait pas de jambes. Il est rentré au box complètement exténué. La jument que je devais monter était déjà prête depuis longtemps. J'aime préparer mes chevaux à l'avance. Alors... Je me rappelle être allée le voir... Il était fatigué de toute évidence. Et terriblement apeuré. J'ai essayé de le caresser, plusieurs fois. Mais il n'as pas voulu de moi. Je suis donc retournée à ma jument... J'ai fait mon cours... Plus intéressée par le moindre bruit en provenance des écuries que par ce qu'il pouvait ce passer dans la carrière. Ce cheval m'intriguait. Je voulais en savoir plus, je voulais qu'on devienne ami. Mais sans son accord, impossible. J'ai donc terminé cette heure qui m'as parue interminable et après avoir enlevé le harnachement de ma jument et lui avoir passé le bouchon, je la remis au box. La pluie avait commencé à tomber... Je restais encore le temps de quelques heures... J'avais le temps. Je suis allée le voir... Toujours tapis au fond de son box. Il me jaugeait d'un œil mauvais qui m'effraya. Il avait l'air en colère... Puis... Je me suis éloignée... Et je suis revenue quelques minutes plus tard... Dix ou vingt... J'ai tendu la main vers lui... Il a tendu son encolure aussi loin qu'il le pouvait... Ce tenant tapis au fond de son box... Il a reniflé ma main et a aussitôt relevé l'encolure... Nous avions fait un pas. Un grand pas. Je l'ai laissé tranquille... J'avais encore quelques heures à tuer avant de rentrer chez moi... Il était environ 17:00 et je partais le soir vers 18:45. Je suis partie au club house... Je n'avais aucune idée de quoi faire d'autre. Je devenais totalement obsédée par lui. Je venais de découvrir ce qui serait mon objectif pendant toute cette année que j'ai passée avec lui : qu'il m'accorde sa confiance. Je suis rentrée ce soir là, encore obnubilée par lui... Et cela a continué toute la semaine, jusqu'au samedi suivant. En classe, j'écrivais son nom partout sur mes cahiers. Dans la cour, je ne parlais plus que de lui à mes amies. Chez moi, je ne pensais plus qu'à lui en regardant le plafond, étendue sur mon lit comme à mon habitude. Puis après une longue semaine d'attente, le samedi arriva. Il commençait enfin à se familiariser avec ce qui l'entourait et se montrait un peu moins peureux. Pourtant, dès qu'un cavalier passait trop près de sa porte de box, il se déportait automatiquement sur le fond, haletant et totalement désorienté. Il avait peur... Mais de quoi... Je n'aurais su le dire. J'ai voulu comprendre... J'ai commencé à me pencher sur l'éthologie. C'était la toute première fois que je m'y intéressait vraiment. Au fur et à mesure de mes lectures, j'apprenais peu à peu à le comprendre et je commençais à pouvoir l'approcher sans qu'il ne prenne ça pour une agression. Puis il est devenu de plus en plus confiant. Les autres aussi arrivèrent à le caresser, le monter, sans qu'il ne devienne complètement fou... Malgré cela, il ne restait toujours pas très beau a voir. Battu ? Je ne sais pas ? J'étais nouvelle au haras et je n'osais pas demander de renseignements à mon moniteur. Je suis restée dans l'ignorance et je ne connais pas plus son passé aujourd'hui qu'avant... Puis un jour... J'ai raté un cours le samedi. J'étais malade. J'ai du le rattraper le mercredi... Dans le cours des galop quatre. C'est là que je l'ai monté pour la première fois. Un merveilleux mercredi de décembre. J'ai du travailler ce qu'ils appellent l'incurvation. Moi, en pittoresque petite galop un, je n'avais jamais fait ça. Jamais. Pourtant, sur son dos, tout me parut facile et étonnamment évident. Moi, d'habitude hésitante, j'ai réussi grâce à lui a faire une reprise presque parfaite. Après les remarques cinglantes que leur monitrice avait fait à ses élèves d'un niveau pourtant supérieur au mien, elle vint me voir. Et contrairement à ce que je craignais à l'instant où elle s'est avancée vers moi... Elle m'as complimentée. Selon elle, il n'avait jamais été incurvé de la sorte et je me débrouillais très bien avec lui. Sur le coup, je me rappelle avoir souri. Nous étions forts à nous deux. Pas seulement forts au sens propre... Forts au niveau du mental... Forts de notre lien. Et la complicité naquit ce jour entre lui et moi... Les jours d'après, je ne pensais plus qu'à lui, lui seul comptait. je me désintéressais du travail scolaire, je ne parlais presque plus... J'étais une ombre, furtive. Physiquement là mais mentalement ailleurs. Ailleurs, juchée sur son dos, lancé dans un grand galop dans une plaine bercée par les rayons orangés du soleil, la liberté made in US. Il était devenu mon essentiel, ce qui était le plus important dans ma vie. Les photos de lui on commencé à parsemer mes murs puis ce fut une nouvelle tapisserie qui naquit. J'en était certaine, lui et moi c'était pour la vie. Et j'ai appris qu'il était a vendre... Ce fut une des pires journées de mon existence. Je le brossais, cette après midi là je le montais encore. Notre lien se renforçait chaque jour, nous étions déjà en mars. Et notre amitié avait commencé à vraiment démarrer... Ce jour là, il y avait un soleil éclatant qui brillait au dessus de nos têtes. J'étais certaine que la séance allait être bonne et très instructive. Il était complètement attentif et ce fameux jour, très vif. Puis une femme, mince et blonde est arrivée, accompagnée de sa petite fille, tout aussi blonde qu'elle. Toutes deux portant sur leurs visages des masques angéliques et bons. Pourtant... La petite fille s'était approchée de lui. Immédiatement, il avait couché les oreilles en arrière et commencé à s'agiter. Je n'avais pas compris. Protectrice, je fondis sur la petite et l'entourai de mes bras. Elle me regarda et après que je lui eut expliqué qu'il était un peu nerveux et qu'il fallait faire attention, elle m'as répondu qu'elle le savait... Que c'était son poney. Je me rappelle le rouge qui me monta aux joues à cet instant là, sans que je sache pourquoi. La mère couvait sa fille d'un œil avisé. Quant à moi je ne récoltait qu'un regard noir et pointu. Je finis de préparer le poney isabelle, quelque peu déstabilisée. Mais au moment de partir vers la grande carrière, j'entendis la conversation que la grande blonde avait avec mon moniteur. Aussitôt je saisis... Peureuse, je pris mon courage à deux mains et lorsqu'ils eurent fini de parler, j'apostrophai la propriétaire. Je lui ai demandé si il était a vendre. Elle m'as répondu que oui. Je lui ai demandé si elle avait passé beaucoup d'annonces sur internet ou non, elle ma répondu que non. Rassurée je me rendis à la carrière et je montai sur le New Forest. La femme porta son regard sur moi, m'englobant de ses yeux bleus remplis pourtant de mesquinerie. J'y découvris quelque chose d'étrange quelque chose que j'avais du mal à définir... Elle ne m'aimait pas. Pas du tout. Cette séance fut la pire de ma vie. Jamais je n'avais été aussi déconcentrée, jamais aussi nulle. Je me souviens n'avoir pas été capable de faire un seul cercle au galop. Je menais la pauvre poney n'importe comment... J'étais complètement désemparée. Je suis rentrée, déshabillant le bel isabelle et lui offrant le repos au box ainsi qu'une carotte comme à mon habitude. J'ai attendu, cachée derrière les bottes de foin de la réserve, épiant la voiture de la grande blonde machiavélique. Attendu qu'elle parte. Elle est partie. J'ai pu respirer, enfin. Mon oxygène était revenu. Je suis redescendue et entrée dans le box de mon poney, je lui ai fait la promesse de ne jamais le quitter, de ne jamais le laisser partir. J'ai immortalisé le moment... Une photo... Il m'en fallait une... Au cas où... J'avais peur... Je ne savais pas ce qu'il adviendrait de lui... De nous... Peu après, une ou deux semaines plus tard, mon moniteur appela mon père. Il lui demanda si j'étais tentée pour faire une représentation, un carrousel plus exactement, prévu pour le week-end du premier mai au Jumping National de Gradignan. Évidement, j'ai accepté. Et pour cause, cela impliquait une semaine entière d'entrainement et les deux jours de représentation avec lui ! Pendant une semaine, j'étais à ses côtés de neuf heures du matin à vingt heures le soir. Notre lien s'est renforcé pour devenir complètement entier. C'est venu à un point où, quand je le montais, il était adorable, sage comme une image, et où, quand une autre personne posait ses fesses sur sa selle, il partait en coups de culs, sauts de moutons et cabrés ! Il en était presque dangereux. Mais uniquement avec les autres. J'ai donc arrêté d'assister aux cours où on le montait. On m'as rapporté qu'il était infernal. Puis peu à peu j'ai recommencé à venir l'observer. J'ai finalement eu l'impression confirmée que dès qu'il me voyait, il était moins intenable. Il suffisait que je rentre dans le club house en face de la carrière pour qu'il pète en l'air. Et quand je sortais, il retravaillait correctement. Je suis restée dans cette situation pendant un mois... Je trouvais ça magnifique. Et puis un jour en trainant sur FYH et Leboncoin j'ai trouvé deux annonces... Les deux vendant un même cheval... Ou plutôt Poney... Un magnifique New Forest de Quatre belles années, Couleur Isabelle, belles Allures, Débourré, Affectueux... Lui. J'en ai voulu à sa propriétaire. De m'avoir menti. Elle m'avait dit qu'aucune annonce n'était postée, pourtant, les deux que j'avais trouvées dataient de peu avant ma seconde rencontre avec elle, fin mars, où elle m'avait encore assurée qu'aucune annonce n'avait été diffusée. J'ai pleuré... Enormément... Mais nous étions déjà au mois de juin... Alors j'ai décidé de profiter, de faire tout mon possible... Pour qu'on garde un souvenir magique de nous deux. De comme on avait pu être. De comme on aurait pu devenir. Je l'ai aimé plus que de raison... Plus que je ne pouvais... Je lui ai offert tout mon amour et il m'as donné son amitié en retour. Je ne le remercierais jamais assez pour ce qu'il aura accompli... Il m'aura redonné gout à l'équitation... Redonné confiance en moi... Sorti complètement de ma dépression... Sans lui ce sera dur. Mais il ne sera pas parti pour rien... Ce mardi 20 juillet 2010... Il m'aura été enlevé... Mais il ne sera pas parti pour rien. Avec lui à mes côtés, j'ai appris énormément. On aura tous deux progressé... Maintenant, à son tour, sa nouvelle propriétaire apprendra avec lui. Et moi... Sans l'oublier, j'apprendrais avec un autre cheval. J'aurais aimé qu'il soit mon cheval, mon ami... Et ce pour toujours. Mais le destin en a décidé autrement... J'attendrais... Qui sait... On ne peut deviner ce que l'avenir nous réserve. Et peut-être qu'un jour... Nous nous retrouverons. Je t'aime... Styx