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Les fourmis et moutons promus "ingénieurs" de la restauration écologique

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Des fourmis et des moutons Mérinos sont promus "éco-ingénieurs" sur des chantiers de restauration écologique dans la plaine de la Crau où une fuite d'oléoduc a détruit en 2009 une grande partie de cette unique steppe d'Europe occidentale.

Outre l'évacuation de 72.000 tonnes de terre après la pollution dans la Réserve naturelle des Coussouls de la Crau, la Société du pipeline sud-européen (SPSE) continue, trois ans plus tard, de pomper le pétrole au-dessus de la nappe phréatique à raison de 200 litres par semaine. Une entreprise qui prendra encore plus d'une dizaine d'années pour éliminer les traces de la catastrophe.

En surface, la nature reprend lentement ses droits. Et pour l'aider, les chercheurs de l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie (IMBE) ont décidé de faire appel aux fourmis.

"Parmi la trentaine d'espèces présentes ici on a cherché celle qui transporte les graines pour se nourrir", explique, au milieu de cette étendue aride balayée par les vents, Marielle Renucci, spécialiste des insectes.

Le choix s'est porté sur la Messor barbarus, fourmi monogyne qui, une fois fécondée, peut fonder une colonie à elle toute seule. Après un vol nuptial à la fin de l'été, la femelle fécondée s'arrache les ailes et creuse un trou pour y passer l'hiver. Devenue reine fondatrice, elle y pond ses oeufs d'où sortiront des ouvrières des deux sexes qui formeront en trois ans environ une colonie de plusieurs milliers d'individus.

Chaque fourmis transporte une graine voire un épis à chacune de ses sorties hors du nid. "Cela peut aller jusqu'à 30 mètres", l'équivalent d'une marche de 10km pour un être humain, ajoute l'experte.

"Ces pérégrinations sont efficaces pour la dissémination des graines des espèces que nous voulons voir s'installer en grand nombre", précise Thierry Dutoit, professeur et conseiller scientifique du CNRS et de l'IMBE.

Au total quelque 200 "fourmis ingénieures" seront installées sous des galets numérotés après avoir été selectionnées dans la nature et surveillées en laboratoire par les chercheurs de cette expérience "unique au monde", selon eux.

Sous le galet numéro 35, Erick Provost, autre expert des fourmis à l'IMBE, installe délicatement celle qu'il vient d'extraire de son tube à essai. "Je l'ai prélevé dans un jardin public à Marseille et là je lui creuse un petit tunnel pour lui faciliter le travail", raconte-t-il en humidifiant le sol avec de l'eau. "Jusqu'ici, sur les premières reines installées, on a eu 50% de succès".

"La pollution aux hydrocarbures a détruit cinq hectares d'un écosystème en quelques heures alors que la restauration se fera sur une échelle de temps correspondant à plusieurs vies humaines", souligne Thierry Dutoit.

A quelques centaines de mètres des sites de fourmis, un berger fait paître son troupeau de près de 800 moutons sur les anciens vergers industriels de la Cossure.

A la faillite du propriétaire en 2008 après 20 ans de culture intensive de pêchers pulvérisés tous les 15 jours de pesticides détruisant pratiquement tous les insectes, les 357 hectares laissés à l'abandon ont été rachetés par la Caisse des dépôts et consignations biodiversité en partenariat avec la chambre d'agriculture locale.

Le projet, sur 30 ans, doit permettre de restaurer, autant que faire ce peu, le paysage originel de la steppe façonnée par des millénaires d'interaction entre le climat, les sols pauvres et le pastoralisme ovin.





Sciences et Avenir 17/05/2012

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Sur un site pollué par les hydrocarbures et nettoyé, des fourmis ingénieurs sont utilisées pour accélérer le réensemencement du terrain.


La station de pompage continue de récupérer du pétrole dans la nappe phréatique. JI.


Le 7 aout 2009, 4700 mètres cubes de pétrole brut se sont déversés au cœur de la Réserve naturelle des coussouls de Crau, suite à la rupture d’un pipeline. En tout cinq hectares d’une végétation unique en Europe de l’ouest, une pseudo-steppe, ont été détruits. Sous l’égide de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) et du Laboratoire de chimie de l’environnement, un vaste programme de réhabilitation du site a été mis en place.


Panneau sur le site du chantier de réhabilitation de la SPSE (Société du pipeline sud-européen), dans la réserve naturelle des Coussouls de Crau, Bouches-du-Rhône. CNRS Photothèque - Kaksonen

(...) En surface, pour combler le vide laissé les scientifiques ont décidé de colmater le secteur dénudé en utilisant des terres identiques afin de restaurer au mieux une partie de la végétation pseudo-steppique. Plus que de la terre, ce sont l’ensemble des éléments constitutifs du sol qui ont été réimplantés : graines, bactéries, champignons…en respectant l’organisation du sol initiale

Aujourd’hui la végétation reprend petit à petit ses droits. Et pour l'aider, les chercheurs de l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie (IMBE) ont décidé de faire appel aux fourmis. «Parmi la trentaine d'espèces présentes ici on a cherché celles qui transportent les graines pour se nourrir», explique Marielle Renucci, spécialiste des insectes.

L’objectif est de favoriser le réensemencement de la pseudo-steppe en laissant les fourmis Messor barbarus «semer» les graines qu’elles transportent au gré de leurs pérégrinations. Les reines ont été capturées dans les jardins de Marseille après leur vol nuptial, cet automne, puis ont passé l’hiver en laboratoire. Le printemps venu, elles ont été introduites sur le terrain pour qu’elles fondent une nouvelle fourmilière.

Pour l’heure une centaine de reines ont pu être installées et près de la moitié ont effectivement donné naissance à une nouvelle colonie. Une centaine d’autres doivent les rejoindre. « C’est la première fois qu’on utilise des fourmis pour façonner un écosystème. C’est une expérience unique au monde » s’enthousiasme Erick Provost, chercheur à l’IMBE et responsable de ce projet.



Sous chaque galet comme celui-ci, une reine a été introduite dans l'espoir qu'elle fonde une nouvelle fourmilière. J.I.




Sciences et Avenir 01/06/2012

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Le 7 août 2009, 4700 mètres cubes de pétrole brut se sont déversés au cœur de la Réserve naturelle des coussouls de Crau, suite à la rupture d’un pipeline. En tout cinq hectares d’une végétation unique en Europe de l’ouest, une pseudo-steppe, ont été détruits. Sous l’égide de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE) et du Laboratoire de chimie de l’environnement, un vaste programme de réhabilitation du site a été mis en place.

Coussouls de la plaine de la Crau, une pseudo-steppe unique en Europe de l'ouest. David Tatin/ Biosphoto

Un vaste travail de déblayage de terres polluées a été entrepris, pour combler le vide laissé, les scientifiques ont décidé de colmater le secteur dénudé en utilisant des terres identiques afin de restaurer au mieux une partie de la végétation pseudo-steppique. Plus que de la terre, ce sont l’ensemble des éléments constitutifs du sol qui ont été réimplantés : graines, bactéries, champignons… en respectant l’organisation initiale du sol. Pour favoriser le réensemencement de cette pseudo-steppe, les chercheurs ont aussi fait appel à des techniques d'ingénierie écologique employant des fourmis moissonneuses (Messor barbarus).

  Sous chaque galet comme celui-ci, une reine a été introduite dans l'espoir qu'elle fonde une nouvelle fourmilière. Crédit J.I.

En 2011-12, des centaines de reines fécondées, prélevées dans leur milieu naturel après l’accouplement, sont déposées dans de petites cavités dont l’entrée est recouverte d’un galet pour protéger les fourmis des prédateurs et réguler la température du nid.

Trois ans plus tard, les premiers résultats sont là : plus de 40 % des reines fondatrices ont survécu à la réintroduction et donné naissance aux premières ouvrières. "D’ici un ou deux ans, les nids seront matures et compteront entre 8.000 et 20.000 individus, estime Thierry Dutoit de l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE). On devrait alors commencer à voir un impact significatif sur la végétation". (Photo : Álvaro Rodríguez Flickr / ccby-sa2.0 Messor barbarus (reine)) -

Après trois années de transplantation des reines fondatrices, les premières ouvrières ont commencé à constituer des greniers et dépotoirs contenant des graines. Crédit Adeline Bulot (UMR CNRS-IRD IMBE)

Sans l’action des fourmis et des moutons, également recrutés pour la réhabilitation des sites altérés, la steppe aurait besoin de centaines, voire de milliers d’années, pour reprendre ses droits et accueillir à nouveau criquets de Crau, lézard ocellé et outarde canepetière qui en font sa richesse.

S & A 11/apr/2014

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