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AFRIQUE DU SUD : Les zoulous se parent de fourrures synthétiques

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Pour protéger les léopards, une ONG est parvenue à faire adopter des fourrures réalistes et bon marché à des communautés pratiquant des danses traditionnelles.

Inciter les Zoulous à troquer leurs peaux de léopard contre du synthétique : c'est le pari d'un groupe d'écologistes qui a entrepris de convertir l'Eglise Shembe, une communauté dont l'appétit pour les fourrures fait le bonheur des braconniers.

 Des Zoulous, membres de l'église de Shembe (église baptiste de Nazareth) dansent revêtus de leurs parures traditionnelles. (26 janvier 2014, Durban, Afrique du Sud) AFP PHOTO / ALEXANDER JOE

Les célébrations de la communauté Shembe - officiellement "Eglise baptiste de Nazareth"-, qui rassemblent des dizaines de milliers de personnes sur une colline sacrée près de Durban, culminent avec des danses rituelles, lentes et saccadées, qui confinent à la transe.

"C'est notre façon d'adorer Dieu", explique à l'AFP Lizwi Ncwane, porte-parole de cette Eglise qui mêle racines bibliques et zouloues, et revendique plus de 5 millions de fidèles. "Nous l'adorons à travers des prières et des danses."

Ce sont les hommes qui mènent la danse. Mais pour participer, il faut pouvoir s'offrir la tenue d'apparat, qui se compose notamment d'un pagne en queues de singes ou de genettes (un mammifère ressemblant au chat), d'une ceinture en léopard, d'un couvre-chef garni de plumes d'autruches (souvent colorées) et surtout d'une sorte de cape portée sur le torse nu, de préférence en peau de léopard.


Danse cérémonielle dans la communauté Shembe. By Panthera 25/Apr/2012



"La peau de léopard a de l'importance, elle symbolise le pouvoir", souligne Lizwi Ncwane. "C'est comme être le roi", ajoute Sphiwe Cele, un mineur d'eMalahleni (nord-est), rappelant que ces peaux étaient à l'origine l'apanage de la famille royale et des notables.

Il a acheté sa peau de léopard le mois dernier pour 4.500 rands (300 euros). Elle a été obtenue avec un permis de chasse dans une réserve sud-africaine, affirme-t-il.

Pour Guy Balme, qui s'occupe des léopards à l'association américaine de défense des félins Panthera, c'est totalement impossible : les quelques permis délivrés vont à des chasseurs étrangers qui pour rien au monde n'abandonneraient leurs trophées.

"Tout ce que vous voyez ici est totalement illégal", dit-il devant les entêtantes figures des danseurs, au son des tambours et des vuvuzelas. "C'est la plus grande exposition sur terre de contrebande d'animaux sauvages!"

Et d'après l'ONG Panthera, cette pratique culturelle a décimé les populations de léopards, notamment du fait du grand nombre de pratiquant que compte la communauté Shembe, estimée entre 5 et 11 millions de personnes. Les peaux sont braconnées en Afrique du Sud, au Mozambique, au Zimbabwe ou au Malawi, selon lui.

"Ce commerce illégal des peaux menace dangereusement les léopards", s'inquiète Tristan Dickerson, un zoologiste travaillant pour l'ONG. D'où l'idée de convertir les fidèles Shembe au synthétique.

  Pour la peau d'un félin (http://www.toskinacat.org) est une campagne visant à sauver les populations des léopards en Afrique australe en changeant la pensée culturelle et religieuse sur l'utilisation de peaux de léopards pour les  habits d'apparat. A la mi-course de la production, les besoins de l'équipe aident à compléter ce film. Au cœur de la campagne est un film documentaire qui suit Tristan Dickerson du projet Munyawana Leopard essayant de créer une fourrure synthétique de haute qualité et abordable pour lutter contre la demande de fourrure de léopard utilisées pour les vêtements traditionnels. By Greg Lomas 7/Oct/2011


"Ce que j'ai réalisé, c'est que beaucoup de gens portaient déjà de fausses fourrures de léopard qui ne semblent pas très réalistes", raconte-t-il, pointant les plus pauvres des danseurs qui se contentent de peaux de vaches ou d'impalas où ont été peintes les taches caractéristiques du pelage du félin.

"Alors je me suis dit que si j'arrivais à mettre au point une version réaliste, je pourrais la proposer à l'Eglise." Après quatre ans d'efforts, il a enfin réussi à convaincre la hiérarchie de l'Eglise zouloue d'accepter une fausse peau spécialement fabriquée en Chine.

"Nous voyons qu'il est important de préserver le félin" (le léopard), convient le porte-parole des Shembe Lizwi Ncwane. Montrant désormais l'exemple lui-même, il estime que de 60 à 70% des danseurs auront abandonné les peaux véritables d'ici deux ans.

Panthera doit distribuer 6.000 capes - assemblées à Durban - d'ici la mi-2014. Un tiers d'entre elles ont déjà trouvé preneur, et le synthétique côtoie désormais le vrai léopard, le guépard, le serval ou l'impala sur les épaules des danseurs.

"C'est devenu une sorte de tendance", s'amuse John Smith, un volontaire zoulouphone de l'ONG qui fait la liaison avec les fidèles. "Au début pourtant, certains étaient très grossiers, et me disaient qu'ils n'avaient pas besoin de ces couvertures sans intérêt!"

Tristan Dickerson s'intéresse maintenant à l'avenir de ce qui est en train de devenir une petite entreprise. Au-delà de la phase de don actuelle, il souhaite vendre ses fausses peaux. D'abord à prix coûtant, 250 rands (17 euros), à l'Église, qui les revendrait le double à ses ouailles.

Le synthétique sera de toute façon bien moins cher que la fourrure véritable. Et le zoologue envisage aussi de fabriquer des pagnes, des bracelets ou des ceintures, la parure complète coûtant actuellement de 10.000 à 15.000 rands (700 à 1.000 euros), une sacrée somme pour la majorité des fidèles. Et ensuite, sourit-il, pourquoi ne pas vendre aussi ces parures à des touristes en mal d'exotisme ?


->Voilà une bonne nouvelle... En espérant que très vite tous les pratiquants adoptent ces nouveaux vêtements d'apparat, ainsi les félins auront plus de chances résister...


Sciences et Avenir 18 février 2014

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