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Le bien-être animal : une préoccupation grandissante des français

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Un an après le manifeste de 24 penseurs, philosophes, écrivains, historiens et scientifiques pour le changement du statut juridique des animaux, on peut le dire: la cause du bien-être animal sensibilise de plus en plus les Français.


 En 2014, le bien-être animal a été l'une des préoccupations des Français | Digital Vision. via Getty Images


Campagnes de dénonciations par des associations et des particuliers, publications d'intellectuels sur le sujet, émissions télévisées, avancées dans le droit... L'année 2014 a été une année particulièrement riche sur le plan du bien-être animal. Les dérives et incohérences observées semblent rendre les consommateurs de plus en plus attentifs à ces questions. De la vache folle au scandale des lasagnes au cheval, les crises alimentaires ont certainement contribué à ces questionnements sur l'alimentation.

L'association L214 a d'ailleurs bien ressenti cette évolution, comme l'indique leur porte-parole Brigitte Gothière à l'AFP: "On est arrivé très, très rapidement à plus de 100.000 fans sur Facebook contre 17.000 en juin dernier, alors qu'on a un discours assez radical, vu qu'on pousse le raisonnement jusqu'à dire que protéger les animaux, c'est ne pas les manger du tout". Seuls 1,5 à 3% de la population française serait végétarienne.

 Photo 30 millions d'amis à propos de la reconnaissance de l'animal comme un être vivant sensible et non pas catégorisé comme un meuble.

Retour sur quelques dates qui ont marqué l'année :

- 7 février: La sénatrice Chantal Jouanno plaide pour une meilleure prise en compte du bien-être animal.

 La sénatrice s'indignait surtout du fait que l'animal soit toujours considéré comme un "bien meuble" dans le Code civil. "Tout ce qui est acte de cruauté envers un animal est aujourd'hui très peu sanctionné en France", avait-t-elle indiqué à l'AFP, à l'occasion d'un colloque au Sénat. (Photo Chantal Jouanno en campagne pour les
élections régionales, le 17 mars 2010. Marie-Lan Nguyen CC BY-SA 3.0)


Son objectif: s'appuyer sur les conclusions du colloque pour faire 25 propositions pour lutter contre la "maltraitance inutile" et mieux déterminer la place de l'animal dans le système économique, le droit mais aussi l'éducation ou la culture.

- 15 avril: La sensibilité des animaux est reconnue à l'Assemblée nationale.

 Le code civil fait donc enfin la distinction entre une vache et un bureau. Cette avancée fait écho au manifeste des 24 intellectuels lancé en octobre 2013 par 30 millions d'amis.

Pour l'une des figures de proue du mouvement du bien-être animal, Peter Singer, auteur notamment de La libération animale (1975), il est évident que les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité, exactement au même titre que les être humains. Il ne s'agit pas de mettre les animaux au même rang que celui des humains, mais de mettre en avant une dignité qui leur est inhérente, ainsi que leur capacité à ressentir de la douleur et du plaisir, comme nous, êtres humains.

 "Que le statut de l'animal passe de bien meuble à être vivant doué de sensibilité est normal. Ce qui est anormal en revanche, c'est de ne pas l'avoir fait plus tôt", avait déclaré à l'AFP Christophe Marie, porte-parole de la Fondation Brigitte Bardot. "Il s'agit simplement d'harmoniser les textes, mais en aucun cas de remettre en cause l'exploitation animale", a-t-il ajouté. (Images 30 millions d'amis)

 Alain Ducasse possède plus de 20 restaurants dans 7 pays. Outre son métier dans la restauration, il écrit aussi des livres dont : Nature: simple, sain et bon. Photo Getty

- 4 septembre: Un grand chef supprime la viande de son menu.

Alain Ducasse, grand chef à la tête du restaurant du palace Plaza Athénée, a décidé de supprimer de son menu la viande, pour ne garder que le poisson, les céréales, les légumes. "La planète a des ressources rares, il faut la consommer plus éthiquement, plus équitablement", expliquait-il alors à l'AFP.

Le chef surmédiatisé, qui prône la diminution des protéines animales depuis longtemps, ne parle plus que de "naturalité", un mot qu'il a découvert récemment et qui reflète le virage radical pris par le nouveau Plaza: finie la viande, bienvenue pêche de ligne durable, céréales "bio, autant que faire se peut", légumes "du jardin de la Reine" cultivés au Château de Versailles. Le chef jongle avec les tendances végétariennes, locavores et environnementales dans son menu "jardin-marin".



- 3 et 8 octobre: parutions de deux livres sur le bien-être animal.

D'un côté un moine bouddhiste et docteur en biologie, de l'autre un éditorialiste et ex-rédacteur en chef du Point. A quelques jours d'intervalle, Matthieu Ricard et Franz-Olivier Giesbert publient tous deux des ouvrages entendant défendre les droits des animaux et stimuler notre bienveillance envers eux, un an après la parution de No Steack du journaliste Aymeric Caron. Des ouvrages qui questionnent notre habitude de manger du veau, du porc, du poulet, mais aussi leurs œufs, leur lait... en s'attardant sur la grande dureté, voire cruauté, de l'élevage intensif et de l'abattage. Le livre du second fut même l'objet de l'émission de Laurent Ruquier, On n'est pas couché.



Ancien responsable qualité de Castel Viandes, une entreprise d'abattage et de découpe en Loire-Atlantique, Pierre Hinard décrit jusqu'à la nausée la "répétition de pratiques illégales dangereuses, comme le recyclage de viandes issues d'invendus de supermarchés", appelée "remballe" dans le métier. Il raconte des ouvrières "livides", qui doivent trancher une "viande verdâtre", à l'odeur "écœurante", vouée normalement à la poubelle.

"Ce système existait avant que j'arrive, j'ai mis toute mon énergie à le changer. Mais la direction repassait systématiquement derrière moi quand je faisais envoyer cette viande à la destruction", se souvient cet ingénieur agronome dans un entretien à l'AFP.

Il juge ce scandale "plus grave" que celui des lasagnes au cheval, qui était une "tromperie sur la nature de la marchandise", alors que dans le cas Castel, on parle de "viandes impropres à la consommation, renvoyées vers la restauration et la grande distribution", avec des conséquences potentiellement tragiques pour la santé...

L'auteur raconte comment 250 kg d'asticots prospéraient sur le toit de l'atelier des steaks hachés, retombant régulièrement dans les moules à viande. Ou bien comment le sang des vaches abattues se retrouve un jour répandu dans la prairie à côté de l'abattoir, faute d'avoir payé l'enlèvement de ce déchet.

Aux Etats-Unis, un éleveur a lui aussi ouvert les yeux sur l'élevage des poulets. En acceptant de montrer la façon dont les poulets traités, il a créé une véritable polémique car ceux-ci sont étiquetés "humanely raised" (élevés humainement). La publication de la vidéo a eu un retentissement jusqu'en France. L'association CIWF en profite pour rappeler que dans notre pays, 80% des poulets sont élevés intensivement.


- 24 décembre: Un Noël sans foie gras, idem pour le 31 ?

Un Français sur deux (47%) se déclare favorable à l'interdiction du gavage des oies, selon un sondage OpinionWay pour l'association L214. 29% des personnes interrogées refuseraient d'acheter du foie gras pour une raison éthique, celle du bien-être animal. "Depuis 3 ans, malgré le matraquage publicitaire, la consommation française de foie gras baisse [...] Même en France, le nombre de partisans de l'interdiction du gavage progresse; celle-ci interviendra inéluctablement à terme. Le gavage est déjà interdit dans la majorité des pays de l'Union européenne", souligne Brigitte Gothière, porte-parole de L214.

Autre signe de l'évolution des mentalités en ce qui concerne le bien-être des oies, plusieurs grandes marques comme H&M, The North Face ou Helly Hansen se sont engagées à utiliser des plumes de palmipèdes issus d'élevage respectant le bien-être animal.

Brigitte Bardot, fervente militante des droits des animaux, a quant à elle demandé le mardi 23 décembre à l'Union européenne d'interdire la "pratique barbare" du gavage des oies et des canards pour la production de foie gras, dans une lettre ouverte au commissaire à la Santé, Vytenis Andriukaitis.

Ainsi, le bien-être animal semble de plus en plus pris au sérieux. Ce qui n'était pas gagné, et ne l'est toujours pas, en raison notamment de notre héritage religieux, philosophique, mais aussi à cause de la suprématie de la gastronomie française traditionnelle, c'est-à-dire à base de viande rouge ou de poisson. Il ne reste plus qu'à attendre l'année prochaine pour voir de quelle manière aboutira la volonté de la DGAL de remettre à plat les normes du bien-être animal, un travail qui a déjà commencé en cette fin d'année.




HuffingtonPost 24/12/2014

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