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mustang91

Certaines chimpanzés femelles s'outillent plus que les mâles

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En Afrique, les femelles d'un groupe de chimpanzés se distinguent en chassant de petits animaux à l’aide de bâtons. Un comportement méconnu qui pourrait renseigner sur la façon dont les premiers hominidés se sont équipés d’outils.

Au Sénégal, des femelles de chimpanzés sont plus enclines que les mâles à utiliser un outil pour chasser de la viande, rapporte une étude parue dans le journal Royal Society Open Science. Une attitude qui dénote chez ces primates où les mâles adultes, généralement les principaux chasseurs, capturent les petits vertébrés à la main.

 Exemple de chasse assistée d’un outil par les chimpanzés de Fongoli, au Sénégal. Un mâle adulte utilise une branche d’arbre modifiée (photos a, b, c) pour poignarder une proie réfugiée à l’intérieur d’une branche et qu’il finit par capturer (photo D) sous le regard de son jeune frère. ©️ Pruetz et al., BBC

Découvert en 2007 chez quelques individus de Pan troglodytes verus, ce nouveau comportement de chasse outillée est à présent confirmé après avoir été observé plus de 300 fois. En outre, plus de la moitié des chasses étaient le fait de femelles : 175 contre 130 pour les mâles. Alors que les groupes de chasse étaient majoritairement masculins (60 % de mâles), seuls 40 % d’entre eux chassaient activement.

Les proies de cette population de chimpanzés se composent de galagos, petits mammifères qui, poursuivis, se réfugient dans des cavités comme le creux d’un tronc d’arbre. Les chimpanzés utilisent alors des branches pointues pour pouvoir les piquer et les y déloger.

Pour Jill Pruetz, anthropologue à l’université d’État de l’Iowa, aux États-Unis, et auteur principal de l’article, la différence sexuelle dans l’utilisation de l’outil résulte du fait que les chimpanzés mâles ont tendance à être plus opportunistes que les femelles : le mâle attrape souvent la proie que la femelle a laissé s’échapper, explique la chercheuse.


 Les galagos (ici Galago senegalensis) sont victimes d’attaques dans leurs nids par des chimpanzés. Après que les victimes ont succombé — et ne sont donc plus susceptibles de les mordre ou de leur échapper —, les chimpanzés les récupèrent à bout de bras ou en brisant le tronc creux. ©️ Pelican from Tokyo, Wikimedia Commons, cc by sa 2.0

Ce comportement semble unique au site sénégalais de Fongoli. Peut-être parce que les autres populations de chimpanzé n’ont jamais appris la technique, suppose Jill Pruetz.

La tolérance sociale adoptée par ce groupe pourrait aussi être une explication. « À Fongoli, explique Jill Pruetz, quand une femelle ou un mâle de rang inférieur capture quelque chose, ils sont autorisés à le garder et à le manger. Sur d’autres sites, le mâle alpha ou un autre mâle dominant viendra prendre la proie. » Les femelles ont donc, dans ces situations, peu d’intérêts à dépenser de l’énergie pour une ressource qu’elles ne consommeront probablement pas.

Une autre hypothèse porte sur l’environnement : en raison des conditions climatiques sèches de Fongoli, la proie préférée des chimpanzés, à savoir le colobe rouge (Piliocolobus badius), est absente. Les chimpanzés se rabattent donc sur de plus petites sources de viande, comme les galagos.

Pour les anthropologues, en plus d’enrichir les connaissances sur l’espèce Pan troglodytes verus, ces travaux éclairent l’histoire de l’évolution des hominidés auxquels sont apparentés les chimpanzés et montrent qu’une chasse assistée d’outil similaire a pu être importante pour les premiers hominidés.


Futura Sciences 27avril.2015

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