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Babz1

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Tout ce qui a été posté par Babz1

  1. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Ma parole! je voudrais bien vous y voir ! Babouyou: Je n'aurais pas eu besoin d'aller plus loin: c'était ssa cloche, je la reconnaissais! J'ai dû m'arrêter pour reprendre mon souffle alors que ma gorge se serrait et que les larmes m'aveuglaient. Une main devant la bouche comme pour m'empêcher de crier leurs noms: je ne voulais surtout pas les effrayer. J'ai suivi le son de la cloche - la sonette qui tintait au cou de mon bouc, les rythmes si familiers... Je ne savais pas exactement où il était mais je savais qu'ici il se grattait le ventre, que là, il arrachait une à une les feuilles d'un arbre ... Bientôt submergée par des émotions d'une intensité impossible je n'ai plus réussi à contrôler ma voix: la poitrine secouée par les sanglots, j'ai crié les noms de mes chèvres. __________________________
  2. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Bande de filles pas patientes, va! Relativisez: pour moi il s'est passé 6 mois entre la page 9 et la page 10.... Et puis , j'aime beaucoup vous faire lambiner ! *mode plaisir malsain activé *
  3. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Amalthée: Le printemps était revenu pour de bon et la nourriture abondait. Notre clan était de nouveau de passage près de l'endroit où nous les avions rejoints pour la première fois. C'est au cœur de ce bois familier que nous avions été dispersés, ce matin là, par le passage d'un groupe d'humains: je n'en étais pas inquiète car je savais que nous nous retrouverions le soir venu, quand tout le monde aurait bu et mangé selon ses besoins. En attendant, je ruminais dans un rayon de soleil tandis que mon goulu de frère dépossédait les jeunes charmes de leurs feuilles, les uns après les autres... ____________________________
  4. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Babouyou: Le chemin se poursuivait en zig-zag dans la forêt; à l'ombre des sapins, la montée ne paraissait pas plus difficile malgré un dénivelé qui ne faisait que s'accentuer. Ca et là, des troncs d'arbres couchés compliquaient encore ma progression, d'autant plus que la pente abrupte de part et d'autre de l'étroit sentier m'empêchait de les contourner simplement. Je ne sais plus ce que je fous là. Je suis paumée, seule à des kilomètres de la civilisation; le portable ne passe même plus et je suis au bord de l'hypoglycémie. Je suis une abrutie, une abrutie complètement inconsciente. De toutes façons je vais arriver là haut et je ne vais pas les trouver, ou bien ça ne sera pas eux. La vie est cynique et la Nature, amorale: autant courir après des licornes qu'espérer ramener mes chevreaux. Le summum a été un étroit passage permettant de rejoindre le sommet d'une falaise: surement le fameux "rocher" que je devais atteindre. Ici, malgré un dénivelé important, le sentier ne "serpentait" même plus: la piste, qui entretenue devait être une simple montée "en terrasses", avait dû être défoncée par les coulées de neige de l'hiver. Des planches et des cailloux jonchaient le chemin glaiseux. Sur les côtés, d'épaisses chaines et des câbles d'acier étaient tendus entre les rochers et les arbres: à eux seuls ils rendaient l'escalade possible. J'ai dû mettre un quart d'heure à parcourir ces quinze mètres. J'ai regardé derrière moi et ma tête a commencé à tourner. Au dessus du rocher, la pente s'est radoucie et a repris son tracé sinueux entre les arbres. Une ambiance nouvelle y régnait cependant, on n'entendait plus ni les bruits de la ville ni les oiseaux: rien que le vent caressant les jeunes feuilles de frênes et de charmes, et de temps en temps, le sifflement d'un chamois. J'ai continué encore, les jambes en compote mais l'esprit en alerte, profanant le silence mystique de mes lourds pas d'humaine... Enfin, écho ténu d'un rêve presque oublié, j'ai pu entendre au loin le son de sa cloche.
  5. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Beetlejuice: De jour en jour, nous sommes devenus plus musclés et plus agiles. Nos pas étaient sûrs, même dans les rochers les plus escarpés. Suivre les chamois n'était plus un problème, et avec eux nous nous sommes enfoncés bien plus loin dans la montagne, au gré de leurs errances. La femelle qui était venue nous sentir était la plus âgée du troupeau, la plus gentille et la plus sage. Tous la respectaient, et c'était elle qui décidait de nos pérégrinations. le grand mâle costaud de la bande n'était là quant à lui que pour se pavaner, enquiquiner les autres, et chasser tous les jeunes kékés qui trainaient dans le coin. Ma sœur tombait en pâmoison devant lui à chaque fois qu'il daignait lui renifler l'arrière train ... Pfff, ces filles... Les jours se faisaient de plus en plus longs, et bientôt des bourgeons succulents apparurent sur les branches. Partout la neige commençait à fondre, les torrents et les oiseaux chantaient de nouveau. Le Monde tel que nous l'avions aimé renaissait peu à peu ... _________________________ C'est tout ce que vous aurez ce soir !
  6. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Babouyou: Dans sa première partie, le chemin caillouteux et baigné de Soleil rappelait les sentiers de Provence. Le thym serpolet, dont le parfum remplissait l'air encore doux et frais renforçait cette impression, et les gentianes bleues égayaient le gris et l'ocre de la paroi rocheuse que je longeais. J'avais peur. J'avais peur que ce ne soit pas eux, peur d'être encore déçue, peur qu'ils ne viennent plus vers moi. Plus loin, la draille serpentait dans un bois clairsemé. J'y ai aperçu des chamois: figés au pied du rocher, ils poussaient à ma vue leur sifflement de chat-chouette avant de s'enfuir en bondissant. La pente se faisait de plus en plus raide à mesure que j'avançais ... __________________________________ http://www.randonneur.net/sons/animaux/chamois-02.mp3
  7. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Amalthée: Petit à petit, ils nous ont acceptés dans leur famille. C'est grace à eux et à leur immense sagesse que nous avons pu nous en sortir. Nous avons appris d'eux la vigilance et la survie. Nous savons désormais anticiper la trajectoires des pierres roulantes en écoutant le bruit de leurs rebonds: immobiles jusqu'au dernier moment pour les esquiver d'un saut si nécessaire. Nous avons appris à trouver refuge sur les falaises en cas de danger, là où aucun prédateur ne saurait nous suivre, et à dormir dans le creux des rochers, où même le vent ne pourrait nous atteindre... _____________________________ Hey, on est le 2, non ?
  8. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Babouyou: - Oh mon Dieu.... C'est pas possible...! - Bah, y faut croire que oui! - C'est sûrement d'autres chèvres, non? Ce serait pas la première fois .... Et comment.... Où..... ? - Non non, pas cette fois: j'ai des amis qui sont montés faire une rando au dessus de Paradis, au Belvédère. Y'avait deux chèvres là haut, une blanche et une tachetée, une des deux avec une sonnette ils m'ont dit ... Ça correspond bien! - Oh mon Dieu...! C'est pas vrai....! Ça peut pas être eux ....! - Tu peux monter y voir! Depuis les écuries, tu prends le sentier du Torchon, puis vers "Belvédère". Tu suis le chemin de toutes façons. Tu continues et tu vas arriver sur le rocher au dessus des parcs... C'est par là-bas qu'ils y ont vu. Mais tu sais , même si c'est eux, je pense pas que t'arriveras à les attraper... Monte y voir si tu veux mais n'espère pas trop les ramener avec toi, tu seras déçue... - Ok ! Je vais y aller ! Merci! Merci beaucoup, vraiment! J'espère déjà que je vais trouver le chemin... Merci encore! Euuuh.... Je peux vous appeler si je suis perdue? ... Ce jour là, à treize heures, j'étais déjà épuisée et j'avais faim, et je voulais juste finir ma clôture; et après ce coup de fil, j'ai tout laissé en plan. Le ventre vide, deux longes, deux pommes et mon appareil photo bourrés dans un sac à dos, une besace de grain jetée sur l'épaule, et un seau vide accroché à mon sac bringuebalant dans mon dos, je suis retournée aux écuries de Paradis et j'ai entrepris l'ascension de Cottagne.
  9. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Bah oui bien vu .... forcément que c'est un poisson d'Avril.... Deux chevreaux croisés naines qui survivent tout un hiver avec des chamois.... non mais c'est la haute savoie, pas le monde des bisounours ....
  10. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Pendant que ça cuit .... Amalthée: Ça a été difficile de les suivre au début, faibles comme nous étions, mais ils nous avaient redonné un peu d'espoir. En suivant leur exemple, nous avons appris à marcher dans nos traces pour ne plus se fatiguer dans la neige. Nous avons appris à racler l'écorce sucrée des jeunes frênes, et à savoir où creuser la neige pour trouver de la nourriture. Nous avons appris à repérer les petits ronds sur la surface gelée des points d'eau, là où les derniers animaux à avoir bu avaient fragilisé la glace de leur souffle... ______________________________
  11. Babz1

    De mémoire de chèvres

    ... ... ... Babouyou: "Salut", qu'il m'a dit. "Je crois qu'on a retrouvé tes chèvres!" ___________________________ En spoiler pour ne pas que vous lisiez dans le désordre par mégarde Sinon vous allez encore me dire que vous êtes perdus .... ^^ La suite plus tard .... J'ai toujours pas mangé ^^' Edit: spoiler enlevés!
  12. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Ah Clemss ! moi je trouve ça tres amusant pourtant ! Amalthée: C'était une femelle, comme moi. Je le sentais: c'était une maman. Peut être qu'elle a cru que nous étions des petits chamois. Peut être que sa curiosité l'a emporté sur sa méfiance . Elle s'est approchée de nous deux pour nous sentir, nous a poussés de son museau, tandis qu'autour d'elle d'autres chamois nous apparaissaient, les uns après les autres. Mon frère s'est levé le premier, faisant sonner sa cloche: les chamois se sont écartés à ce bruit mais ne se sont pas enfuis. Dans l'état où nous étions nous ne pouvions pas être une menace, cloche ou pas. Puisant dans mes dernières ressources, je me suis levée à mon tour et j'ai marché vers eux. ____________________________
  13. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Bon..... un autre alors ? (Attention, là il va falloir vraiment les lire dans l'ordre ! ) Babouyou: "Bon sang, qui est-ce qui m'emmerde à un moment pareil, c'est pas possible!?" C'est à peu près ce que j'ai pensé en fouillant hâtivement chacune de mes poches à la recherche de mon téléphone. Dans ces cas là vous savez, ce que l'on cherche est toujours dans la dernière! Un peu énervée, je mets enfin la main sur l'engin hurlant et décroche in extremis de mes doigts sales et douloureux... C'était Fif, le patron de l'écurie où Pablo a passé son automne et son hiver... ________________________
  14. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Vous croyez que vous avez été assez sages pour avoir la suite ? ............................ ................ Beetlejuice: Couchés l'un contre l'autre sous notre sapin, nous attendions la mort. Un bruit de broussailles.... Ça pouvait bien être un loup - qu'importe... Ou peut être un humain ...? Un sifflement sonore maintenant... Ça me rappelle quelque-chose: je l'ai déjà entendu quelque-part, un jour, ce sifflement... Oh! Je m'en souviens: le jour où on est partis ...! Le Chamois est sorti de sa cachette, le corps tendu, le regard vissé sur nous, et a tapé du pied d'un coup sec. Couchée contre mon flanc, ma sœur a relevé la tête et a bêlé doucement. L'autre a sifflé de nouveau, tandis que ma petite sœur le regardait d'un regard à la fois triste et serein. On aurait dit qu'elle n'avait attendu que de les revoir pour mourir... __________________________________
  15. Babz1

    A Vendre aux Sabots de Bohême

    Rassurée ( très rassurée!) que ce soit le premier Avril ... Je suis sûre que tu vas trouver une solution et dans tous les cas , le forum ne t'aurait pas laissée mettre la clef sous la porte aussi facilement J'ai deux hectares qui vont servir à personne cet été... si tu veux me faxer Belaesia et sa mère par Van'lor express y'a pas de problème, je te les garde! XD (Plus sérieusement, j'aurais effectivement des prés vides mais je ne pourrais pas surveiller tous les jours .... donc bof ( surtout pour une jument suitée ) ... sinon ça aurait été avec plaisir ( même un autre ) !) Robyn est vraiment à vendre ? elle est sympa sous la selle?
  16. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Babouyou: Dix-sept Avril. Il a plu ces derniers jours, mais aujourd'hui le temps est magnifique. Je me suis levée tôt pour en finir avec cette fichue clôture. L'équivalent d'un escalier de 400 marches en longueur, sur une largeur d'au moins 200 metres! Autant dire que ça en fait du dénivelé, et du ruban, et des piquets à monter jusqu'en haut! Pour un peu je me serais comparée à Jesus, avec mes fagots de piquets qui m'écorchaient l'épaule et dont le poids me faisait trébucher... Si j'avais su alors , ce qui m'attendait...! La douce chaleur du Soleil, le chant des oiseaux et la fraicheur de la rosée ne sont pas de trop pour me donner du courage et font un bien fou au moral après de longs mois d'hiver. Il est plus de midi quand je visse péniblement mes derniers isolateurs. Je suis déjà fourbue, j'ai faim, mais je veux à tout prix finir avant d'aller manger. Plus que quelques mètres, allez: deux ou trois isos, un ou deux piquets, le ruban à enfiler là dedans et ... C'est à ce moment là que mon téléphone portable a sonné ... ___________________________ Me tentez pas les filles! vous savez quel jour on est ...!
  17. NOM DI DIOU !!!! UNE NOUVELLE Qu'Est d'min coin!!!! (comment ça c'est pas le bon accent ?) Et EN PLUS elle a un GOLDEN de toute beauté !!! Salut et Bienvenue ! Je suis pres de Thônes ! tu es où exactement ? J'espère que tu vas vite craquer , je me sentirai moins seule dans mon coin de montagne
  18. Babz1

    De mémoire de chèvres

    C'était en effet pas jouasse ... désolée .... Une page qui se tourne... début d'un nouveau chapitre que je pourrais appeler "Le bon pasteur" ..... ********************************************************************************* Babouyou: J'ai pleuré pour eux. J'ai pleuré pour eux un soir en voiture, en rentrant des écuries. J'ai réalisé tout à coup que je ne les reverrai plus jamais , mes cabris, mes bébés. Je les avais attendus et élevés, ils m'avaient mise hors de moi et fait sourire tant de fois en même pas un an ... C'était mes bébés et je ne les reverrai jamais . "Mes" bébés, peut être même pas .... En y réfléchissant, ils ne m'avaient jamais vraiment appartenu: Beetle était "le bouc de Pablo" - ou peut être finalement "le frère de sa sœur" ; et un être possédant une personnalité aussi grande et fière que celle d'Ama ne pouvait pas décemment "appartenir" à un vulgaire humain. Ils appartenaient au Monde et maintenant, ils étaient retournés à la Terre . Mon boulot d'hiver sur les pistes de ski se terminait avec le retour du printemps . De la neige, qui avait recouvert le paysage non stop depuis Novembre, il ne restait que quelques plaques éparses dans les endroits abrités du Soleil. Ca avait été, parrait-il, un hiver "exceptionnel tant en enneigement qu'en durée". Pour moi c'était le moment de nettoyer et de clôturer cette grande friche tout à côté de chez moi dont les propriétaires m'avaient accordé l'usage pour mon cheval. Début Avril, Pablo -accompagné d'une des anesses de Fif, le patron de la pension- a donc pris ses quartiers à 50 metres de chez moi, dans une première partie de l'immense parc que je devais encore finir de clôturer. J'ai aussi pu me consacrer à la recherche de boulot pour la saison estivale: j'ai trouvé pour Juillet un poste d'animatrice pour une colonie de Vacances dans les Vosges; et pour Aout et Septembre, grâce au bouche-à-oreille et à mes collègues de cet hiver, une place en Or massif dans un refuge de montagne tenu par un vieux berger-rocker! C'est là qu'il nous formera, ma chienne et moi, au métier de berger...!
  19. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Babouyou: Pablo passe l'hiver dans un pré avec abri de la même pension. Pour rejoindre son enclos, je dois longer un peu de la montagne où mes chevreaux sont "partis". Depuis que la neige est arrivée, j'ai abandonné à la fois mes recherches et l'espoir qu'ils reviennent un jour. Pourtant, je n'ai pas encore pleuré pour eux... Chaque semaine, en allant voir mon cheval, je m'arrête quelques instants et parcours des yeux l'orée du bois; et quand tombe le soir, et que les bruits de la petite ville se font plus discrets, il m'arrive de les appeler, les mains en porte-voix: "Amaaaaaaa! Aaaamaaaaa!" .... C'est stupide... ils sont certainement déjà morts et plus le temps passe plus cette certitude grandit. Je n'ai pas encore réussi à les pleurer et cela me trouble. Je n'arrive pas à en faire mon deuil. ______________________ Fin du second chapitre .....
  20. Babz1

    De mémoire de chèvres

    <<M. Séguin n'avait jamais eu de bonheur avec ses chèvres. Il les perdait toutes de la même façon : un beau matin, elles cassaient leur corde, s'en allaient dans la montagne, et là-haut le loup les mangeait. Ni les caresses de leur maître, ni la peur du loup, rien ne les retenait. C'était, paraît-il, des chèvres indépendantes, voulant à tout prix le grand air et la liberté.>> Alphonse Daudet, La chèvre de Monsieur Seguin, Lettres de mon moulin (1866) <<Moi, je répondais de mon mieux à toutes leurs questions, donnant sur mon ami les détails que je savais, inventant effrontément ceux que je ne savais pas.>> Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin (1866) Vous connaissez tous "La chèvre de Monsieur Seguin" ? en voici une autre version... Quelle que soit l'issue , "savoir" est toujours un soulagement ... ____________________________________ Amalthée: Les Chamois ont eu peur de mon frère. A cause de sa cloche. C'est normal, c'est l'instinct, je ne leur en veux pas. J'aimerais juste les retrouver au plus vite. Je n'essaierai pas de redescendre chez les chevaux et les Hommes maintenant que je suis là, et quand bien même je le voudrais, je n'en aurai plus la force: quelques jours apres notre départ, mon frère a voulu monter sur les rochers, plus haut que moi, et ses mouvements ont décroché une pierre qui a dévalé la pente en roulant, a rebondi sur un escarpement, et est venue pe frapper avec une force et une vitesse ahurissantes. La violence du choc m'a jetée au sol et coupé la respiration, et quand j'ai enfin pu me relever, j'ai dû marcher sur trois pattes car la quatrième me faisait atrocement souffrir. De jour en jour, le froid s'intensifie, et je dois faire attention à toujours bien replier mes pattes sous mon ventre pour dormir. Je le sais depuis que l'autre jour je n'ai plus pu me lever car mes sabots étaient gelés. La douleur était intense et toute autre sensation avait disparu; heureusement, ça s'est arrangé plus tard dans la journée, en même temps que la croûte blanche de givre recouvrant la mousse des bois a disparu. L'herbe devient sèche et fade, les arbres colorés perdent leurs feuilles: bien que la nourriture se fasse de plus en plus rare et de plus en plus pauvre, nous avons besoin de manger de plus en plus car le froid et les kilomètres nous creusent le ventre. De temps en temps, un nuage traverse la forêt et l'air devient opaque et blanc. Dans ce brouillard, nous n'entendons ni ne voyons où nos pas nous mènent, et nos poils frissonnent à cause de l'humidité. Pour nous qui sommes habitués à l'air sec et limpide de Provence, c'est une sensation fort angoissante. Il pleut aussi de plus en plus souvent, et moi je n'ai jamais aimé la pluie. Elle donne froid et rend les pierres et les troncs glissants. Au début, nous restions sous la ramure d'un sapin quand il pleuvait, mais maintenant la faim finit toujours par nous tirer hors de notre abri. Pire encore: un jour la pluie est devenue épaisse et blanche et très froide. Elle s'est accumulée sur le sol, sur les branches des sapins, entre les rochers, et a fini par recouvrir le monde. Quand la couche de neige a dépassé la hauteur de nos pattes, nous avons dû commencer à nous déplacer par bonds. Nous n'avions alors pour nous nourrir que les branches nues des plus jeunes arbres qui dépassaient parfois de ce cauchemar immaculé ; et les points d'eau encore accessibles étaient devenus de la pierre froide et translucide Nous étions maigres et fatigués, nous avions faim, et froid, et soif. La fin de tout ça nous paraissait préférable. Couché ensemble sous notre sapin, nous attendions la Mort comme une délivrance. Au loin, tres loin au dessus de nous, un long hurlement sinistre s'est fait entendre... "Houuuuuuu! Houuuuuuuuuuu!" Je le reconnais, il est inscrit au fond de mon instinct: un loup. La Mort. Enfin. Plus loin encore, et plus faible, une voix familière, portée par le vent depuis le pied de la montagne, répète mon nom... "Amaaaaaaa! Aaamaaaaaa!" Je la reconnais, elle est inscrite au fond de mon coeur : c'est la voix de mon humaine. Elle ne m'a pas oubliée...! Je peux au moins mourir comme j'aurai vécu: fière et orgueilleuse. L'orgueil des chèvres blanches dont l'histoire sera contée... _____________________________________
  21. Voilà ce que ça donne : Sinon, les gens... même pas cap d'appeler un cheval Babouyou
  22. J'y connais pas grand chose en robes "apaloosa" mais il me semble que c'est tres évolutif ... Le blanc de sa croupe risque de s'étendre à tout le corps, et dans le blanc les taches léopards vont apparaitre. Vu comme il est parti je parierais bien sur du léopard! En tous cas, il est bien fait et a des jambes solides! J'aime!
  23. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Babouyou: J'ai continué à les chercher , sans relache. Je suis montée haut dans la forêt, hors des sentiers de rando. J'ai imprimé des dizaines d'annonces que j'ai placardées dans les commerces ou les clubs, que j'ai déposé dans les boites aux lettres. J'ai contacté des éleveurs de moutons et de chèvres, m'accrochant à l'espoir que si jamais mes cabris perdus croisaient d'autres bêtes, leur instinct grégaire les pousserait à rejoindre le troupeau. J'ai même contacté les chasseurs, mais aucun d'eux ne les avait aperçus. Six jours apres la disparitions d'Ama et Beetle, il y a eu la foire annuelle aux chèvres et aux moutons dans un village voisin. J'y suis allée évidemment, dès 8h du matin. J'ai posé mes affiches dans toute la foire, j'ai fais la déco de la buvette à moi toute seule avec la tronche de mes cabris, j'ai discuté avec les gens du coin, et les gens du métier. Aucune trace de mes chèvres, mais la moitié du canton a mon numéro de télephone au cas où.... J'en ai eu, de faux espoirs... Je sais maintenant qu'une grande chèvre blanche et sa fille vivent depuis deux ans sur la montagne d'à côté, au dessus de chez moi... Et qu'aux Clefs, les chèvres d'un particulier s'échappent parfois pour aller brouter au bord de la route. Que ça arrive, ici, que des chèvres s'enfuient dans la montagne et vivent plusieurs mois, ou plusieurs années là haut. En général, elles deviennent sauvages et ne se laissent plus jamais approcher, puis finissent par ne plus réapparaitre aux yeux des hommes... Disparues... Avalées par leur montagne chérie. Mais ces biques là sont de grandes bêtes, adultes, habituées au climat d'ici, et elles partent en général en plein été , pendant l'alpage. Et puis ces histoires que les gens me racontent pour me rassurer avaient lieu avant le retour du Loup. Que vont bien pouvoir faire deux chevreaux croisés naines, vieilles de même pas dix mois et élevés au foin en Provence, que vont-ils pouvoir faire dans ce pays sauvage au climat hostile alors que l'hiver et le loup ne sont plus très loin ? Est-ce vraiment une bonne idée de garder Espoir ? La gorge nouée, j'ai appelé pour annuler la commande d'une sonnette pour Amalthée... ________________________
  24. Babz1

    De mémoire de chèvres

    Beetlejuice: Ce jour là, alors que j'étais tranquilement en train de re-mâcher l'herbe tendre que j'avais mangé plus tôt, un troupeau de grandes biques brunes est passé à côté de mon pré. Elles sont restées à distance, elles étaient très bizarres et n'avaient pas l'air fréquentables: de toutes façons, les nouveaux animaux que je rencontre me veulent toujours du mal alors je me serais bien passé de faire connaissance... Mais voyez-vous, ma soeur - allez donc comprendre une fille ! - est subitement devenue toute raide sur ses pattes en les voyant, a commencé à trembler et sans prévenir -d'un coup, comme ça! - elle s'est mise à cavaler vers eux... A partir de là tout s'est enchainé tres vite. Les biques-des-bois se sont tétanisées de surprise et l'une d'elles a sifflé: un sifflement à la fois rauque et sonore comme je n'en avais jamais entendu. Ma soeur, continuant sa course, est passée sous le fil-blanc-qui-brûle à toute berzingue. Évidemment, il s'agissait de ma soeur: seule créature au monde à n'avoir jamais essayé de me maltraiter. Quelque soit sa nouvelle lubie, je ne pouvais pas la laisser m'abandonner... Alors je l'ai suivie. Il fallait voir la tête des autres biques quand elles ont entendu le vacarme soudain de ma cloche, et la débandade qui a suivi: toutes mortes de trouille, elles ont détalé encore plus vite que des ânes! Ma soeur les a pourtant suivies longtemps encore, de loin. Même quand on ne les apercevait même plus entre les arbres de la forêt, elle a continué à courir, et moi à lui courir derrière... Quand elle n'a plus eu de souffle et que les forces de ses pattes l'ont abandonnée, elle a enfin ralenti, puis s'est écroulée. Un grand mur de pierre s'élevait devant nous, au coeur de la forêt. On n'entendait plus les bruits du monde des Hommes, on ne distinguait plus non plus la trace des biques qu'avait suivies ma soeur. Cela faisait déjà un moment que la lumière du ciel ne filtrait plus à travers les feuilles des arbres. Nous étions perdus, tout seuls et épuisés quelque-part dans la Montagne.
  25. La photo de la roulade est géniale !! Spoiler: La louloute, elle est pas mignonne du tout, elle est pas bien foutue ( à part son encolure j'avoue) et p'is de toutes façons j'aime pas les pie-baie (crédible? )
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