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Tout ce qui a été posté par kti
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De quelle couleur est son harnais ??? (moi j'l'ai vu rouge et vert et si c'est pas le cas, ça veut dire que j'ai bel et bien déliré).... Ah saleté de bachibouzouc de piaf !!! C'est quoi encore que ces appels ??? Et l'aile en sang ??? Pourquoi te ferait-on courir ainsi ??? Je t'ai raconté l'histoire de ma maman, qui a mis six mois avant de retrouver son Yorkshire. Personne ne lui a donné de fausses infos ! Personne ne s'est foutu de sa gueule ! Tout le quartier l'a aidée.... Je n'y comprends rien. PS A Vini : j'suis désolée, mais quand c'est trop long, moi, ça me lasse (la solitude du limeur de fond !! lol!)
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La suite : Le guerrier est revenu ! Heureux, bronzé : «Alors ma p’tite chérie ? On ne se précipite pas dans les bras de son amour ?…» Détendu, drôle, affectueux : «Tu sais que je m’attendais à ce que les enfants me manquent… Mais non, c’est la Bouboule qui m’a manquée !…» Vic est froide, surprise (il est 22 heure 30) et habituée à ne plus l’ouvrir une fois les enfants couchés. Mais Phil insiste tant pour qu’elle sourit, il a l’air si content de rentrer, il répète encore et encore qu’elle est si belle, Victoire sent sa haine s’évaporer et la rancœur lâcher son cœur. Elle fait durer un peu le plaisir, histoire d’entendre pour la énième fois que Philippe ne l’a jamais trompée, qu’il est étonnamment fidèle, qu’il n’avait envie que d’elle durant son séjour… Il ne lésine pas, sent qu’il gagne du terrain à chaque minute et que s’il continue comme ça, il ne va pas tarder à caresser ses cuisses et lui mater les seins, deux projets qu’il n’a de cesse de mettre à execution. Il est tout chaud, câlin, et lorsqu’elle le retrouve au lit, elle est assez partante pour la bagatelle. Un petit peu seulement et pour une seule raison : ce garçon l’aime, n’est pas prêt de la lâcher, huit jours d’absence et le voilà reconquis, pour Vic, tout ça veut dire l’enfant… Elle y pense tant et tant que le plaisir n’est pas physique. — C’est quand que tu as eu tes règles pour la dernière fois ? lui murmure Phil bientôt. Elle ment : — Heu… J’en sais rien… — C’est peut-être dangereux de déconner alors ? Il lui demande son avis ? Vic reste muette ; accélère seulement le rythme de la danse. — Oh et pis j’m’en fous ! Le cœur de Vic explose, tandis que les mouvements de bassin s’exaspèrent. Mais Phil décroche : — Tu n’as plus de spermicide ? Elle se croit drôle : — Ni spermicide, ni capote, ni rien… — Tant pis ! Elle se dit que c’est bon, que c’est divinement bon, qu’elle fabrique son troisième enfant avec un garçon qui l’aime et qu’elle aime. Mais il s’arrache : — Je crois qu’il en reste une boîte dans la pharmacie des toilettes… Lorsqu’il revient, il lui balance le truc en carton avec dedans, cinq petits tubes en plastique pleins de liquide anti-bébé : — Tiens ! Enfile-toi ça ! ordonne-t-il. Obéissante, Vic décapsule, introduit la canule et sans hésitation aucune, n’appuie pas sur la poire… Miracle : Phil ne se rend compte de rien, reprend son histoire où il l’avait laissée et elle reprend son film : un troisième enfant d’un homme qui l’aime et qu’elle aime. Malgré l’energie du mari en manque, Victoire s’arrête au seuil du septième ciel, sa bouche, au comble du bonheur, embrasse et remercie, mais son ventre, incrédule, semble plus difficile à émouvoir. Victoire s’est promenée avec Nico et elle revient à peine. Elle vole : ses initiatives de cette nuit la comblent d’aise. Elle est très amoureuse de Phil, s’est répétée ses phrases gentilles toute la journée. Ce soir, elle est certaine qu’il l’aime et cet amour avoué la transporte et elle l’entend lui dire : «Nous avons fait deux circuits, avec les raquettes aux pieds, mardi-mercredi et vendredi-samedi, j’en ai bavé mais c’était bon… Non, je n’ai pas visité les boîtes, tu rigoles, avec les courbatures !!!» C’est un sportif qui est parti à la neige, qui revient en lui promettant de les y emmener en mars, ses fils et elle, qui revient pressé de son corps, assoiffé de sa peau, qui ne l’a jamais trompée et qui ne peut vivre sans elle… Ce sportif est à elle et il l’a sautée hier.
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(Réponse à Dada : Tu sais, c'est cher de faire la tournée des éditeurs. Chaque manuscrit me coûte quinze euros... Donc dix, ça fait 150 euros, plus les frais d'envoi aller retour. Certaines maisons ne répondent pas et ne te rendent même pas le bouquin, qu'elles détruisent. Dans les meilleurs cas, la réponse est négative après deux mois d'attente. Le Soleil Rose a fait 17 maisons (deux ans d'espoirs et de déceptions). La seizième m'a contactée (Calmann Lévy). J'ai bossé cinq ans avec un lecteur du nom de Roger Vrigny. Il y croyait beaucoup et je n'ai montré qu'à lui (et à Gallimard, Robert Laffont et POL) les livres écrits à cette époque. J'étais à deux doigts d'aboutir quand Roger Vrigny est mort. C'est là que j'ai cessé d'espérer. J'ai tout abandonné..... Je réalisais que les refus itératifs me sabraient l'inspiration. Or un écrivain mort n'est pas un écrivain qui ne publie pas, mais un écrivain qui n'écrit plus. Donc j'en ai accumulé pleins, des bouquins, au rythme d'un par an, environ, mais juste parce que je ne peux m'empêcher d'écrire. C'est une maladie, une drogue. Une servitude salvatrice. Mes amis me lisent, je ne sais jamais ce que ça vaut. Eux ils aiment mais ce sont mes amis. J'écris pour un tout petit cercle d'inconditionnels !!! Ce serait sympa que tu te renseignes auprès du frère de ta belle-soeur. Maintenant qu'Internet existe, je me demandais s'il n'y aurait pas moyen de publier par l'intermédiaire du web.... Genre je crée mon site... et comme pour Google, je facture 0,3 centime chaque clic sur l'un de mes sponsors... Je cherche une solution. Merci de m'encourager car j'avais perdu toute confiance en mon «talent».)
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içi ont parle de tout sauf des oiseaux
kti a répondu à un(e) sujet de enzototi-paradis-bec-crochu dans Perroquet café:
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La guerre s’annonce dans le Golfe, les positions se durcissent, Sadam Hussein invoque la «Mission divine», il n’hésitera pas à s’attaquer à Israël, les autres surenchérissent. Victoire a peur la nuit. Le jour, elle y pense moins. Elle dépose l’exemplaire Tallendier chez Vertex, appelle Lavil, de l’hôpital, pour que ses copines ne se doutent de rien. Elle a décidé de garder tâpi son secrêt, personne n’a besoin de savoir qu’elle s’est pris la veste magistrale, personne n’a le droit de la décourager. Lavil avoue qu’ils ont perdu le manuscrit. C’est une autre déception pour Vic mais qu’importe, elle leur portera la seconde version, tellement meilleure… Le téléphone sonne tandis qu’elle guète l’ébullition de l’eau des pâtes, les deux gosses à ses pieds. Elle n’aime pas être dérangée en cuisine, elle craint toujours le pire, que Nico en profite pour se brûler, par exemple. C’est le père. — Salut ! — Salut !… Ecoute, tu tombes mal !… C’est le rush… — Oui, alors bon (tut-tut). Tout va bien ? — Oui, tout va très bien, et toi ? — Moi aussi (tut-tut) — Tu appelles d’où ?… Du refuge ? — Non, ça y est, c’est fini ; je suis dans un studio en ville. — Ah ! C’est bien ce que je craignais !… Deux jours de grande randonnée et six à la station… — Bon. Tu peux appeler ma mère et lui dire que ça va ? — OK. Compte sur moi. — Tu fais la gueule ? — Moi ? Pas du tout ! Pourquoi ?… A bientôt, je t’embrasse. Et elle raccroche, furax. Tu parles qu’elle va appeler Rachel ! Elle est trop révoltée : ces prétextes bidons, grande randonnée, peau de phoque, épreuve sportive, amitié virile, elle en passe… Il la prend pour une bille, comme d’hab. D’autant qu’elle vit très bien seule avec ses enfants. Ils ne parlent jamais du père, et lorsqu’elle a montré le calendrier à Ydillia, qu’ils ont vu la photo de famille dessus, ils l’ont caressée simplement : «Papa, c’est mon papa», sans plainte ni revendication, joyeux comme la certitude. La certitude acquise, indiscutable : le père existe, ailleurs, peut-être, mais il existe.
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Paris, le 6 janvier 1991 Madame, Notre comité de lecture ne pourra malheureusement pas revenir sur sa décision, quand bien même il s’agit d’une version augmentée et corrigée de votre manuscrit. En effet, un manque de construction romanesque et une absence de structure laissent le lecteur dans une impression d’inachevé et de flou. Le style ne contribue pas non plus à attirer l’attention et à susciter l’intérêt. Nous espérons que ces explications vous seront utiles, et nous vous prions de croire, Madame, à l’assurance de nos sentiments les meilleurs. Pour le comité de lecture. Tallendier. PS. Nous tenons votre manuscrit à votre disposition. Le départ de Philippe est un soulagement pour Victoire, qui a reçu la veille La Lettre et n’a pas osé avoué l’échec. Elle est trop démunie pour subir de surcroît les remontrances de son mari : «Tu vois, je t’avais prévenue, dans ces grandes Maisons, l’écrivain X n’a aucune chance… Tu ferais mieux de chercher des remplacements.» Elle ferait mieux mais non. Refuse le découragement, envisage le tirage de sept autres exemplaires et le bombardement de Paris. Elle finira par gagner, elle le trouvera, son éditeur… Donc le père est parti, guilleret, l’abandonnant tristoune à ses résolutions. Victoire profite de ses gamins puisqu’elle n’est plus reléguée aux fourneaux le soir. Elle peut jouer avec eux, les câliner, et se coucher à l’heure qu’elle veut. Elle savoure son célibat, n’ose inviter personne. Pour parler de quoi ?
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La suite : La grand-mère de Victoire s’est suicidée. A 36 ans et dans d’atroces circonstances. Vingt-deux mois, Leïla a subi l’agonie, sur un lit d’hôpital tandis que peu à peu sa moelle, rongée par la section, perdait de sa crédibilité. Vingt-deux mois pendant lesquels le grand-père s’est battu avec sa conscience. Assassin il était devenu. Assassin parce qu’il avait volé à Leïla ce qu’elle avait de plus cher. Sa religion d’abord, en l’obligeant au christianisme. Sa rivière de diamant ensuite, tandis qu’en instance de divorce, ils vivaient séparés. Ses quatre enfants enfin parce que le chirurgien revanchard ne voulait rien laisser à l’Arabe qu’il avait épousée, convertie, puis répudiée comme une malpropre. Leïla s’est jetée par la fenêtre. N’a pas élevé ses enfants. Leïla est tranquille à présent, ne souffre plus de l’infirmité sordide, n’a plus besoin de la culpabilité de son tortionnaire pour se nourrir. Victoire écrit pour sa grand-mère. Pour sa grand-mère qu’elle n’a pas pu connaître et pour ses fils. Histoire qu’un jour, le radiologue ne lâche pas la phrase inadéquate : «C’est vrai qu’elle était belle… Mais en même temps complètement folle.»
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Ceci n'est pas dans le roman, je réponds à Dada : «Merci beaucoup Dada A l'époque de sa rédaction, j'avais besoin d'argent immédiatement. Les quatre éditeurs qui l'ont lu me l'ont refusé, et j'ai abandonné. Pas le livre = la suite demain, pas d'écrire, il y en a une dizaine qui suivent... Non, à partir de celui-là, je n'ai plus vraiment eu le temps de chercher un éditeur. Ils sont tous assurés et gentiment rangés dans ma bibliothèque. Merci à toi, je pensais ne jamais publier mais c'est peut-être le moment. Ce bouquin à quatorze ans !!!!»
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Miracle ! A vingt heures, elle n’y croyait plus, une perle se propose : mignonne, vingt ans, Portugaise, précédée d’une bonbonne et soudain, Vic s’effraie : «C’est pour laquelle ?» demande-t-elle la voix chevrotante. — Ma fille, répond la bonbonne en s’effaçant devant la jeune, la mignonne, au sourire impeccable et à l’allure proprette. S’ensuit une discussion à six, avec les deux enfants, Philippe, Ydillia, puisque c’est son prénom, et la mamma. Intelligente, mais pas trop, cinq ans d’expérience, dont deux à Neuilly dans une maison de quatre étages et avec quatre enfants, un mariage pour bientôt (Aïe ! Elle va vouloir faire des gosses !). Une nana qui sent bon le savon espagnol, dégourdie, qui sait parler et même écrire le français !!!! Déjà sur deux coups mais la Tour Effel, c’est trop loin… Seul hic : elle tient à être déclarée après son mariage pour que son promis puisse rester en France, et qu’il travaille au noir. Pas question que Victoire la déclare d’emblée, elle veut d’abord savoir si elle la garde. Elle propose donc deux mois d’essai. La Portugaise semble accepter, c’est si près de chez elle, et les enfants, elle les adore, ils ne lui font pas peur, et le ménage… Métier de mère en fille depuis presque trois générations… Vic rencontre Rosy en revenant de chez l’Arabe. Avec ses cheveux au vent, ses lunettes rondes au bout du nez et son foulard indien sur les épaules, elle n’imagine pas un instant qu’elle répond à l’annonce. Elle est familière, souriante, avec un dossier dans les bras : — C’est ici le 48 ? — Oui. Elle a une drôle d’allure, un peu hyppie sur le retour, look Katmandou ; un drôle d’accent aussi. Lorsqu’elle la voit appuyer sur l’interphone, Victoire comprend enfin : — Vous venez pour l’annonce ? — Oui, sourit-elle (il est 21 heures). J’ai eu votre mari au téléphone hier. Vic ose s’enquérir : — Vous vous appelez comment ? — Rastopouloff. — Oui, mais le prénom. — Ce serait trop compliqué. — Dites toujours. La baba cool hésite : — Esenrosfen… — Pardon ?.......Dites Rosy, c’est plus simple… Sûr. Et dans l’ascenseur, Vic se demande pourquoi elle n’a pas commencé par là. Philippe dans le salon tente désespérément de calmer David et Nico (c’est leur heure). Ils lèvent le nez vers l’intruse, sans commentaire. Victoire attaque son baratin. Le poulet est au four, elle n’a que ça à faire en attendant le dîner. Et en principe, c’est la dernière. Quand elle a déposé ses petites annonces, le 31 décembre, elle aurait volontiers écrit : «Nicolas, trois ans, et David, 18 mois, cherchent Marie Poppins.» A présent, en face de cette femme, elle se dit que le surnom lui irait bien. Rosy n’a jamais gardé d’enfant, si ce n’est la sienne, à Sofia, et elle avait un grand jardin, une vaste demeure, le travail proposé lui paraît enfantin. Elle est slave, elle se donnait beaucoup dans son pays : le ménage, la vaisselle, les courses avec les files d’attente. En plus de son propre job, puisqu’elle est diplômée de géologie. Avec ses longues mains fines, son discours d’intello : «Le grand est à l’école ? Ah ! La maternelle !… C’est la fin de la liberté !… Tu vois la lune ? Eh bien tu manges le soleil et il reste le croissant de lune… Et tu n’as pas besoin de le colorier, il est blanc.» Vic ne la voit pas, mais alors pas du tout, se préoccuper de l’intérieur. L’esprit des enfants, jouer, parler, elle l’en sent fort capable, mais pour laver les chiottes… Mmmm, elle aura tendance à bâcler. «D’ailleurs, lui dit la slave, tandis que Vic la raccompagne, ce dont on se souvient, quand on est grand, ce n’est pas la propreté du sol, mais de ce qu’on a échangé avec les autres». Et lorsque Vic avoue travailler à mi-temps sur ses romans, Rosy ajoute : — Ah ! Moi, j’écris des vers… Le bouquet ! Impossible à engager : un domicile à Perpettes-les-Oies, une famille en Bulgarie, un «collègue» rue de Tolbiac (c’est pourquoi elle a vu l’annonce, et ça ou autre chose…) Vic lui souhaite autre chose. Elle flaire l’intrigante, la jeune femme fantasque qui a quitté sur un coup de tête foyer et parc, et qui les quittera sur un coup de tête, lorsqu’elle se sera lassée de ramasser les miettes des enfants. Victoire appelle Samuel, et Rachel, appelle l’ancienne patronne d’Ydillia, au numéro que la jeune fille lui a laissé. Ladite patronne, Olga, du même âge que Victoire, ne tarit pas d’éloges : elle la lui recommande chaudement, a dû s’en séparer lorsque sa fillette est entrée à l’école, mais la regrette : une perle !!! Elle quitte sa chambre à la limite de l’hypoglycémie. Heureusement, Phil a sorti le poulet du four et dressé le couvert. A table, elle lui raconte ses coups de fil. Phil se réjouit que son père s’occupe de l’URSSAF mais tire sa mine de contrarié. Elle risque : — Tu remplaces demain ? — Toute la journée. — Avec Anita ? plaisante-t-elle (Anita est une jeune voix qui appelle souvent). — Ouais… — Ah ! Je comprends pourquoi tu remplaces si souvent et que l’argent ne rentre pas. — C’est pour ça : je travaille de la bite et ça rapporte rien. — Je m’en doutais, répond-elle inspirée. Pourtant j’avoue ne pas avoir compris que tu y cours, le jour où t’avais 40 de fièvre. — Ben si, je suis resté au lit. Mais j’étais avec elle, et j’étais heureux. Il a l’air tellement sincère qu’un peu plus, Vic s’étoufferait. — Ce qu’il y a de bien, avec cette nouvelle bonne, continue-t-elle histoire de relever le niveau, c’est qu’elle a l’air facile. — … — Ben ouais, avec mon syndrome prémensttruel, je suis parfois chiante… — S’il n’y avait que lors du syndrome prémenstruel… pouffe-t-il. Bon ; trouvons autre chose : — Alors ? Il est pas bon mon p’tit poulet ? — Tu parles ! Heureusement que j’étais là pour veiller à la cuisson, parce que sinon… — Oh quel culot ! — Ben ouais ! J’ai changé le feu, j’ai changé la hauteur de la plaque, qu’est-ce-que tu crois ? Sans moi, il était immangeable, ton poulet ! — Ah quel culot ! OK pour les vingt dernières minutes, mais pendant plus d’une heure, c’est quand même moi qui ai veillé dessus !!!… Elle ronge son os et le frein. Nico est à table avec eux et elle ne tient pas à le rendre complice d’une scène entre son père et elle. Pourtant ce n’est pas l’envie qui manque. Evidemment, comme elle évite la bagarre, c’est l’estocade : — Si tu voyais ta gueule !!! Imbaisable une femme comme ça, imbaisable !!! Cette fois OK, le message est passé. Vic fonce chercher deux mandarines, embrasse tendrement ses rejetons, et file s’enfermer dans sa chambre.
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Après trois jours de mutisme haineux et trois nuits de dodo solo, Philippe et Victoire se réconcilient. Phil est sorti deux soirs de suite, Vic s’est rattrapée le lendemain et à son retour, lorsqu’elle a vu son pauvre époux vautré fin saoul sur le canapé du salon, elle a pardonné les insultes et s’est laissée prendre en levrette, à cause de l’haleine avinée. L’ordre se rétablit. Philippe ne parle plus de divorce mais reste sur ses positions quant au départ prochain. A la montagne, en circuit de grande randonnée et avec son complice Pierre : — Tu comprends, ma chérie, il n’est pas question de te joindre à nous, nous skierons du matin au soir et dormirons dans des refuges. De mauvaise grâce, Vic n’a pas insisté. Elle serait bien partie aussi, avec ses trois garçons, mais puisque le pardon passe par cette concession, elle est obligée de se résoudre à l’abandon. Le 31 décembre, fêté sous le sapin des beaux-parents, puis sous les cotillons des amis de Philippe, Victoire s’inquiète de l’année qui commence. Elle craint la guerre qui se profile dans le Golfe et redoute l’inconscience de son homme. On n’abandonne pas femme et enfants à une semaine de l’explosion… Elle toaste le cœur gros et le Tampax en place. Ses multiples essais de grossesse échouent les uns après les autres, et c’est peut-être mieux : on ne met pas un enfant juif en route à une semaine de l’explosion… Et puis Brigitte vient de donner sa démission. Malgré l’indicible soulagement, Vic sait qu’elle va devoir revivre le circuit infernal : écrire les annonces, les déposer, répondre au téléphone, rencontrer les postulantes, raconter le boulot par le menu et choisir parmi les Rita, Malika, Alba et autres Conchita. La perspective ne l’enchante guère, elle n’a plus joué au qui-sonne-gagne depuis un an que Brigitte travaille pour elle, avec un peu de malchance, elle devra prendre sur ses vacances pour former la nouvelle. Evidemment, pour Phil, c’est à cause du sale caractère de sa femme que Brigitte rend son tablier. En fait, Victoire ne la supportait plus, cette pauvre infirme analphabète qu’elle avait engagée par pitié, mais qui passait son temps à récurer le sol, faute de ne pouvoir parler avec les enfants, puisqu’elle n’avait pas de langue. Ce 5 janvier 1991, Victoire doit rentrer tôt de l’hôpital, le défilé démarre dès seize heures et ne devrait plus s’arrêter de la journée. La veille, seule une vieille est passée, et Vic commence à croire qu’elle va devoir choisir entre les deux candidates de l’avant-veille : Paméla, une Mauricienne de 31 ans, trop jolie et trop finaude, qui vient d’emménager dans le quartier. Bon contact avec les enfants mais dont elle soupçonne le calcul : «Ma patronne actuelle me donne 5000 francs par mois», lui a-t-elle lancé lorsqu’elle a proposé ses 4200. Vic a saisi le regard de connivence échangé avec la sœurette, venue aussi. Et puis 8 h 30, ce serait mieux, elle a une petite fille à accompagner à l’école… Et puis Vic l’imagine mal derrière une serpillère. Joséphine, la seconde, est quasi l’opposée : la doudou type avec le boubou et les dents du bonheur. Une heure pour trouver la maison, l’allure décontractée à souhait, elle ne doit pas connaître le fil à beurre. Mais elle est prête à pointer dès six heures et ne semble pas rechigner devant les tâches domestiques. D’emblée, elle retire ses chaussures et Vic y est sensible. Moins Philippe qui ramasse par terre de petits morceaux de pansements et la juge «dégueulasse». En plus, elle lui paraît bien grosse, et pourquoi a-t-elle laissé ses trois enfants à leur père à Bordeaux ? A seize heures, tandis que Brigitte peaufine et classe par ordre alphabétique les carottes dans le réfrigérateur, Vic ouvre la porte à une mama Marocaine, précédée d’un p’tit pois, sa fille de huit ans, la dernière. Fichu, loden, des mains d’agriculteur, larges comme des battoirs et sillonnées comme des feuilles de vigne. Franc sourire, avec une incisive en or. Le choc ! Vic lui expose la situation, la laisse parler de son emploi chez Cartier, à l’aube et au crépuscule (elle en est fière comme si elle y faisait la montre), mais sait déjà qu’elle ne l’engagera pas. Parce qu’elle avoue 42 ans (48 pour l’état civil mais ils se sont trompés) et qu’elle en fait 50. Et Philippe va encore la trouver trop grosse. Aïla lui dit : — Si tu m’emploies, tu deviens ma fille, et tes fils, mes petits fils… C’est pratique, j’habite juste à côté, Cartier, c’est aux Champs-Elyséees, et c’est trop tôt le matin… 4200 francs lui conviennent mais elle tient à être déclarée. Chez Cartier, ils la déclarent. La suivante, à 18 heures, ne fait pas long feu. Philippe l’a déjà vue hier et son verdict est sans appel : elle se trimballe avec le voile, pas question d’une bonne femme comme ça chez lui, et pour aller chercher les enfants à l’école, non, pas question… A cause du tissu blanc qui lui entoure le visage à la façon d’une nonne, Victoire la reconnaît de suite. Pourtant Phil avait dit qu’elle était grosse, et sous le lourd manteau, Vic ne la trouve pas grosse, bien en chair seulement. D’emblée, elle se renseigne : — Vous travaillez avec le voile ? — Non, je le retire s’il n’y a pas d’homme ; sinon, je le garde. — Alors, excusez-moi, mais je crains que ça ne puisse marcher… Les mots de Phil résonnent à son oreille, le voile, il a raison, ce n’est pas possible. Kenza argumente : — Mais je ne comprends pas… Je le porte toujours… Je fais mes courses avec, je vais chercher mes enfants à l’école avec, je n’ai jamais eu le moindre problème !… — Mais j’espère bien… Je n’ai rien contre la religion musulmane ; ma grand-mère maternelle était elle-même musulmane… — Je ne comprends pas, je connais mon travail, j’ai élevé mes enfants… Kenza a un joli sourire, des traits réguliers, mais le bandau blanc qui descend bas sur son front, juste à la limite des sourcils, gêne Vic un tantinet : — Voyez-vous, ici, nous sommes mélangés, nous n’avons pas la même religion. Nous ne voulons pas aborder le problème tant que nos fils ne nous posent pas de questions. Si vous gardez le voile et revendiquez la vôtre, je ne peux pas vous employer. Aucune religion ne doit être affichée sous ce toit… Kenza se lève, furax, marmonne, persiste : — Je n’ai jamais eu de problème, je n’ai jamais eu de problème… — Mais j’espère bien ! Profitez de votre croyance, j’espère bien… Vous n’avez pas à avoir honte, au revoir, excusez-nous… La porte sitôt fermée, Philippe qui, sans intervenir, a assisté à la scène, agresse son épouse : — Tu n’aurais pas dû dire ça. — Quoi ça ? — Son voile. — Ah bon ! Parce que ce n’est pas à cause de lui que toi, hier, tu n’as pas voulu de cette femme ? Vic toire sent la moutarde lui effleurer la narine. Elle est tirée de sa sieste par cette pratiquante effrénée, elle dit la vérité, épargne et son temps et le sien, et se fait savonner par son jules ? Pourquoi ? Parce qu’elle a vexé cette petite madame, qu’elle a été trop sincère, qu’elle aurait dû lui dire que la place était prise ? Ah ouais ? Quand ça ? Lorsqu’elle a répondu qu’elle acceptait d’enlever le chaddor s’il n’y avait pas d’homme ? Elle aurait dû lui dire comme aux autres. Ah ouais ? Le baratin du business, vingt minutes de publicité sur le joyeux naturel des gosses, la proximité du square et des pédiatres, le confort de l’appartement etc… Vingt minutes à multiplier par cinq puisqu’elle en reçoit cinq ?… Non. Il n’a qu’à le faire, lui, le speech… Elle lui sort qu’il n’a pas de couilles, qu’il l’accuse mais qu’il n’avait qu’à lui dire, hier, lorsqu’elle s’est présentée, que la place était déjà prise. Elle a bon dos : elle se tape le laïus et le courroux de la bonne femme, et de surcroît encaisse les remontrances du mâle !!!
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YA Ma choute Tu parles sagement... Je ne sais ce qu'il s'est passé hier, dans ma tête de romancière...... J'ai vraiment eu des visions !!!! Mais je l'ai vu bien ton Titeuf, avec un mec gentil et je viens de me relire, je t'ai conseillé d'abandonner. Toutes ces images qui ont défilé m'ont fatiguée. D'abord les jeunes, puis un garage, puis un adulte. Qui les a engueulé et s'occupe bien de lui, maintenant ! On ne saura jamais la vérité !!! Ce qu'il s'est passé..... Désolée, je t'ai délivré en live des bribes de truc que je voyais. Je me sens un peu ridicule. Mais bises à toi, quelque soit ton choix. Continue à lire les annonces (m'étonnerait que cet homme-là le revende, mais bon). Oui, fais ton deuil de Titeuf et offre-toi un autre piou !
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Au matin, Victoire l’accueille fraîche et pimpante : — Alors Monsieur le Radin, Egoïste et Prétentieux… On va encore bouder pendant huit jours ?… Elle le déteste et ça la rend joviale. Elle sait qu’il va passer son après-midi chez sa mère à Montmorency et qu’elle va rester seule tranquille avec David qui est encore malade. Loin de son sale regard. Elle pense qu’ils ne s’aiment plus, mais n’en est pas encore totalement persuadée. Elle est très décidée à divorcer lorsqu’elle appelle Zina. Celle-ci prend tant et tant la défense du mari que Victoire se sent obligée de lui raconter l’autre Philippe, celui qui part très tôt et rentre très tard, même le samedi, qui travaille à longueur de jour sans pour autant être plus riche. Le Phil qui se persuade que ses enfants ne tournent pas rond («Pourquoi Nico ne mange-t-il pas ? Quel est le problème du couple ?») avait demandé le pédo-psy qu’il avait vu pour lui… Parce qu’avec leurs gènes, ses gènes, sa mère, ses frères, ses fils, ELLE… ils sont tous fous, hystériques, obsessionnels, et Nicolas l’inquiète à se focaliser sur les motos et les casques… Le pauvre enfant : voilà que son père a dit «obsessionnel»… Un bambin de trois ans ! Le Philippe qui vomit sur ses livres, l’éducation qu’elle croit bonne pour ses gosses (beaucoup, qu’on laisse choisir et qu’on gronde, et auxquels on apprend à respecter l’indépendance des parents…) Le Philippe qui vomit sur sa religion («Mais ça, c‘était écrit») lui dit sa mère. Zina est surtout choquée quand Vic lui avoue ne jamais savoir ce qu’il fait, ni qui il voit, s’il la trompe ou s’il l’a trompée… Il dit que non et à l’occasion d’un dîner entre amis, racontera une histoire de l’armée, puis lui assurera, en tête-à-tête, que non, ce n’était pas vrai mais pour «rire»… Une maîtresse ? Des maîtresses ?… Vic s’en balance. «Non», lui répond sa mère, «tu ne peux t’en fiche». Bref, Victoire réussit à la monter contre lui et elle se calme. En raccrochant, l’intense sentiment de culpabilité qui ne la quitte jamais s’abat sur elle : elle avait dit la vérité à Zina, mais sous la lumière de l’intransigeance. C’est vrai que Philippe répète que son livre, c’est de la fiente, mais il l’a lu, par accoups de trois pages et parce qu’elle suppliait, mais il l’a lu et c’est lui qui lui a trouvé une machine à écrire… Donc elle peut le casser en racontant le pire comme elle peut l’enjoliver en racontant le meilleur. Zina se montre intraitable à propos des réflexions sur les femmes. Pourtant Vic n’est pas sûre de s’être choquée de sa réaction devant la fleuriste. Elle n’est pas jalouse de Philippe, ou peut-être, à en croire Zina, ne se l’avoue-t-elle pas… Elle est plutôt gênée du reste : les beaux-parents et son malaise du dimanche, le crachat sur son livre, les reproches sur l’éducation des enfants, les problèmes d’argent (même si elle ne manque de rien : acheter des yaourts ou de la pâte brisée la comble autant que d’acheter des jouets aux enfants ou des vêtements pour elle. Du moment qu’elle dépense, Vic est contente.) Elle ne manque de rien mais elle aurait aimé recevoir un cadeau à Noël, sentir l’envie du cadeau… C’est surtout que Phil traite leur fils d’obsessionnel qu’elle ne supporte pas. Voilà comment Vic a fêté Noël 1990 : Philippe a explosé tel le pétard du 14 juillet. Après le coup de fil à Zina, elle n’a plus d’opinion : rester avec lui ou divorcer, elle pense qu’au fond, c’est kif. Seuls lui importent ses bébés, son stylo et ses clops. Elle sait qu’elle n’a plus qu’un an d’études à tirer, qu’elle pourra s’installer en biologie, qu’elle s’en sortira toujours. A moins que «Le Soleil Rose» ne la raye du Conseil… — Penses-tu ! a dit son père. Et s’ils la rayent, c’est qu’elle sera connue. Pas de panique, donc, le gros bourdon peut s’envoler. Lorsque Philippe rentre avec Nicolas, Charles et Zina faussement décontractés dégustent des petits fours autour d’une tasse de thé. Charles semble inquiet mais Vic assure. Elle connaît son mari et ne s’offusque pas qu’il préfère l’ignorer. Sitôt ceux-ci partis, Philippe s’enferme téléphoner dans la chambre. Il en ressort triomphant, Victoire épluche les pommes de la tarte qu’elle a prévu pour le dessert : — D’abord, crie-t-il, je sors ce soir… Aucune envie de voir ta sale gueule ! Ensuite… (il lui fiche une liasse de papiers sous le nez), ensuite, je t’ai apporté mes relevés de banque… Elle ne les regarde pas, toujours dans ses épluchures. — Allez ! Regarde ! Je veux que tu regrettes !… Ah, ah, ah, tu ne me crois pas ? Ah, ah, ah, tu vas voir !… Il fanfaronne, insiste. Bon, il n’a qu’à les lui montrer, ses relevés, pendant qu’elle découpe ses lamelles. Elle jette un œil sur la première page et lui commente, faraud : — 7500 francs de loyer, 375 francs, c’est le chèque d’hier, le bouquet pour ta mère, 300, mon inscription à la FUP, 150 francs d’essence… Bilan du mois : reste 865 francs le 12/12/90… Heureuse ? Il est immonde mais elle s’en fiche, encaisse, n’a pas spécialement envie de s’énerver, de répondre à ses insultes : — Alors ? Ca t’en fout plein ta sale gueule, hein ? T’es convaincue, hein ? Vic n’est convaincue de rien, il peut très bien avoir un autre compte. C’est son ton qui la rassure, seulement : il n’est vraiment plus possible de vivre ensemble. Elle lui répond : — S’il n’y avait que ça, l’argent… Il continue à s’agiter : — En tous cas, ce soir, je sors, je ne vais pas voir ta sale gueule… Et puis enfin : je veux divorcer. — Ne t’inquiète pas, on divorcera. C’est assez sordide, la fin d’un couple. Vic ne dirait pas «d’une histoire d’amour», car elle est en train de se persuader qu’elle ne l’a jamais aimé, ce type. Et ça marche impec. Et si Philippe craque, s’il divorce, s’il ne veut plus voir sa «sale gueule», qu’il parte, elle se débrouillera. La seule chose qu’elle ne supporterait pas serait de ne plus vivre avec ses enfants. Mais la loi est pour elle. Elle n’a pas commis de faute grave (elle lui a gâché son Noël), elle se tient à carreaux, encaisse.
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Oui Marie, t'as bien pigé le truc. Je crois qu'ils ne souhaitent pas s'envoler, à priori, nos chérubins... Ils sont bien avec nous, collés à notre épaule, comme tu dis (je vois que les caiques sont aussi froussards que les calopsittes). Mais il suffit qu'ils prennent peur et là !!! S'ils s'envolent haut et fort !!!! Enfin, si tu dis que Coco ne risque rien. J'suis un peu angoissée par ça en ce moment, car tu le liras, y'a beaucoup de disparitions ce mois-ci et on a tous de la peine.