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kti

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Tout ce qui a été posté par kti

  1. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Depuis que sa femme est partie une semaine chez son oncle pour y recharger sa batterie au soleil, Philippe n’a plus que le mot DIVORCE en bouche. Soit il se vautre, des heures durant, dans son fauteuil, et lui envoie le message par l’intermédiaire d’œillades noires, soit il discute, des heures durant, pour la convaincre. Car Victoire refuse le divorce. Elle n’a pas d’arguments valables, si ce n’est qu’elle juge les enfants trop petits, mais elle est persuadée d’avoir raison. Il faut laisser le temps au temps, leur couple traverse la crise des sept ans, il faut savoir la surmonter. Ils arrivent tous deux à la fin de leurs études, Vic sait depuis qu’elle le connaît Philippe ultra-sensible aux soucis financiers, elle sent le poids de son inquiétude, il n’a pas encore trouvé de poste malgré les remplacements et l’aboutissement de la thèse, il s’angoisse et s’angoisse. Victoire, telle l’autruche, préfère s’imaginer qu’il l’aime encore mais qu’il se noie dans son verre de champagne. Une nuit, au cours de l’une de ces séances de persuasion, Philippe la claque, si fort qu’elle ne réfléchit plus et boucle sa valise. A genoux, le pauvre bougre implore mais Vic exaspérée s’enfuit dans la nature. Elle atterrit dans un bar des Champs Elysées, se saoule et pleure sur sa triste condition. D’épouse que l’on refuse au point de la frapper, d’épouse qui continuerait bien si on lui rappelait le code. Mais elle a oublié le code et les clefs sont perdues. A son retour, à deux heures du matin, Philippe l’accueille tendrement au creux du lit et lui fait l’amour comme avant. Du temps où il l’aimait. Elle en chiale de bonheur, d’orgasme et d’abus de cocktail. Pourtant, dès le réveil, il relance son couplet. Victoire décide de le laisser partir à l’Ile de Ré, avec les enfants mais sans elle.
  2. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Ce 14 juillet 1991, Simon baptise son Raphaël de fils chez la vieille à Passy. Vic n’est pas sûre d’être conviée : depuis quelques semaines, elle sèche les corvées familiales et ne sait si Philippe l’excuse et comment le supportent les beaux-parents. Mal, à en croire le grognement de Rachel dès qu’elle ouvre la porte : — Jour… — C’est vous qui avez la machine ? aboie la tante, les crocs au vent… Il FAUT me la rendre, j’en ai besoin. Vic se tâte l’espace d’une seconde : rentrer et les planter ici ? Subir ? Elle opte pour la seconde solution, Nico est déjà dans la cuisine, biscuit kacher en main et David juché sur les genoux d'Isabelle. Elle n’a pas le courage d’encore défrayer les chroniques, attend qu’une âme compatissante la tire de là, lui serve une coupe par exemple. La vieille se dévoue et Vic lui en est reconnaissante. La vieille propose gentiment le fauteuil vacant et pose quelques questions sur le bouquin… Victoire, touchée, raconte le nouveau, tandis que Phil au loin ne la connaît plus. Puis le salon se peuple, elle serre les mains du noyau dur, celles des mariages et des circoncisions, rencontre la nouvelle génération qui peu à peu s’étoffe, les ramifications de l’arbre de vie, et elle constate que la sève se mélange, les unions mixtes fleurissent et Victoire s’en réjouit. Soudain, l’oncle Dédé qui a toujours été très affable avec elle, s’adresse à la jeune femme avec un air mystérieux : — Savez vous que je sais tout ? Vic écarquille les yeux. — Oui !… Votre livre !… Alors comme ça on écrit ?… Et on a du talent ?… Et on le cache à l’oncle Dédé ? — Oh ! comprend Vic, c’est vrai… Mais vous savez, je n’ai pas encore fait grand chose !… — Tout de même : un premier roman, «Le Soleil Rose» n’est-ce pas ?… Puis le recueil de nouvelles… — Comment êtes-vous au courant des nouvelles ? Je n’en ai pas parlé. — Ah, Ah, répond-il avec un clin d’œil… J’ai mes sources, j’ai mes sources… Victoire dissimule mal son émotion. Elle n’a pas encore avoué «Bis Repetita» et n’a même pas envie de le faire, du reste, puisqu’elle n’intéresse pas grand monde, chez les Lévy. Comment Dédé s’est-il donc informé ? Il tourne en riant autour d’elle. Attend les questions qu’elle brûle de poser et s’amuse à la faire tourner : — J’ai mes sources, j’ai mes sources, répète-t-il jovial. Et elles ne viennent pas de la famille… Samuel s’approche alors des deux larrons qui pouffent. Pas pour la joie, mais à cause du buffet. Son frère l’apostrophe : «Alors Samuel ? On a une belle-fille écrivain et on ne s’en vante pas ?» Samuel, son canapé en main, ne relève pas, comme frappé d’une brutale surdité. Les deux larrons se regardent et vic hausse les épaules, laisse tomber Dédé, laisse tomber. Puis le jeu recommence : — Alors, dites-moi : qui vous a parlé de moi ? — Si je vous avouais, ma chère Victoire, que c’est l’un de mes clients… … — Un client que j’ai soigné la semaine dernière, pour une carie, et qui travaille chez Tallendier… Bravo Victoire, Bravo ! Il m’a dit que vous aviez du talent, et je suis sûr que ça va marcher… Victoire est un peu ivre maintenant et le compliment s’exaspère, sonne et résonne tel l’angelus du clocher de Province, sonne et résonne tel l’écho des montagnes, Victoire a dû rêver… Non, elle ne rêve pas, Dédé la félicite bel et bien… Et cette sympathie la rassure. Elle a peut-être quelques alliés, tout de même… Et si Sophie, Simon l’ignorent copieusement, si le mari virevolte sans la regarder, si les beauxp’ l’interrompent lorsqu’elle tente une phrase : «Très bon, ce petit… D’où viennent les… Oui, Salima est très douce avec les…» si elle commence des phrases qu’elle n’a pas le temps de finir, car ils ont d’autres invités à servir, d’autres conversations en plan, d’autres jeunes mariés à embrasser… Vic sait qu’ils ne sont pas tous pourris. Et c’est tout ce qu’elle a besoin de savoir. Au retour et pour ne pas changer, Philippe reste muet. Lorsque Vic ose un commentaire, il marmonne de justesse un son type paléolithique. Le lendemain, peut-être même la semaine suivante, elle obtiendra l’explication de son souverain mépris : il paraît que Sophie a failli perdre son bébé et que Vic aurait pu l’appeler, pour la réconforter, tandis qu’il trimait en Province pour la bonne cause (trimait, trimait, prouve-le !) Mais comment Vic aurait-elle pu deviner l’hospitalisation de sa belle-sœur ? Et l’éclampsie, et l’accouchement d’urgence, puisqu’il ne lui dit jamais rien ??? Excuse, prétexte, quoiqu’elle fasse, Victoire aura toujours tout faux. Faux de venir, faux de s’abstenir… Son couple est une histoire de fous.
  3. kti

    SIMBA le nouveau venu

    Ah MERCI Marie !!!! :bravo: :bravo: :bravo: :bravo: Enfin de quoi réconcilier les Vini verts et les Coui-Coui Grises !!! C'EST LA PHOTO QU'ON ATTENDAIT !!! Tu fais très fort, Marie du 62.
  4. Ben si, j'crois que c'est grand chose. Depuis combien de temps l'as-tu ??? Fais gaffe...... S'il y a encombrement respiratoire, ça peut aller très vite. Depuis les antibio de ton véto, vois-tu une amélioration ? Normalement, il faut compter deux à trois jours pour voir un mieux.
  5. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Pour se consoler, Victoire s’offre le bracelet en or de ses rêves. A crédit sur un an. Elle n’aura pas le temps de payer toutes les traites.
  6. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Philippe remplace donc à Orléans, lorsqu’un appel tardif tire Vic de sa torpeur télévisuelle : — Allo ? Bonsoir. C’est Samy, puis-je parler à Philippe Lévy ? Une voix étrangère, quasi identique à celle de l’homosexuel Israélien qui est passé à l’hôpital ce matin, a raconté la guerre tout en sympathisant avec Victoire. — Philippe est absent ce soir… Mais c’est David ?… C’est une blague ?… — Non, non, Samy… J’ai rencontré Philippe en Israël. — En Israël ? Mais il n’y a jamais mis les pieds !… — Si, si, il y a cinq ou six mois… Insiste l’autre. C’est bien ici, Philippe Lévy, 48 avenue des rentiers ? — Oui, il habite ici, mais quand dites-vous pour Israël ? — En janvier exactement, deux ou trois jours avant le début de la guerre. — Impossible ! s'exclame Vic avec conviction. Elle fait machine arrière : 12, 13 janvier, son mari skiait aux Deux Alpes, il ne pouvait pas être en Israël… C’est forcément une blague. Elle va raccrocher lorsque Samy ajoute : — Et vous connaissez Pierre Cohen ? — Oui, oui, bien sûr… répond-elle interloquée — Parce qu’ils étaient ensemble quand je les ai rencontrés, mais c’est Philippe Lévy que je cherche à joindre. — Je suis sa femme, je vous assure qu’il n’est pas là. Rappelez plus tard, Samy. Et elle raccroche, sonnée. Telle l’automate, elle appelle Pierre. Sa mère lui dit qu’il est sorti. — Je suis l'épouse de Philippe Lévy. Pourriez-vous avoir la bonté de me renseigner : Pierre était-il en Israël quelques jours avant la fin de l’ultimatum ? — Oui, oui, invité au mariage de son cousin… D’ailleurs, il est resté bloqué à cause des évènements… La pauvre femme ne comprend rien mais pour Victoire, le jour se lève : Adieu peau de phoque, grandes randonnées à ski, adieu refuges, adieu raclettes !… Son mari a joué les héros en Israël huit jours avant la guerre… Son mari a menti avant, pendant, et les quelques six mois qui ont suivi son retour ! Bravo ! Chapeau ! Joli coup ! Y-a-t’il quoique ce soit de vrai dans ce qu’il lui raconte ???
  7. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Zina appelle sa fille surexcitée : elle vient de lire dans Match un article sur l’écrivain Jéromine Pasteur interviewée par le très séduisant PPDA : — Ma fille, pourquoi ne tenterais-tu pas ta chance de ce côté ? Tu sais que Jéromine est ta cousine. Vic n’est pas convaincue : — Cousine éloignée maman. — Pas du tout, vos deux grands-pères étaient frères. Je suis sûre qu’il y aurait une ouverture, si tu contactais le journaliste… Pourquoi pas, après tout, Victoire n’est plus à une démarche près, «Bis Repetita» déposé dans quatre maisons, les examens passés (et ratés, à propos, mais à présent Victoire s’en fiche), Philippe en Province pour huit jours, histoire de payer leurs vacances, elle n’a plus d’autre prépondérance que de caser son foutu «Soleil Rose». Elle commence par se bouger jusqu’à la rue Marbeuf, à l’heure du journal du soir. Cette fois, elle ne rencontre pas d’Harold pour l’introduire et se fait poliment jeter. Le lendemain, elle compose le numéro fourni par la télé. Echec, la secrétaire est ferme, cousine ou pas cousine, le grand PPDA n’a pas de temps à perdre. Donc Victoire se résoud à envoyer le manuscrit accompagné d’une lettre. Quarante-huit heures plus tard, très étonnée de la promptitude, elle ouvre l’enveloppe à l’en-tête tricolore de TF1 : Madame, J’ai bien reçu votre courrier et vous en remercie. En me choisissant comme lecteur de votre manuscrit, vous m’honorez beaucoup. Mais je me suis fait une règle de ne jamais porter de jugement sur l’un deux. Il est si difficile d’être juge et parti… Je vous souhaite bonne chance pour l’avenir (et pour le Soleil Rose, ajouté à la main d’une encre prune) et merci pour votre fidélité… Chaleureusement (ajouté à la main d’une encre du même prune) Patrick Poivre d’Arvor Encore un plan bidon, conclut Victoire avec philosophie.
  8. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    A une heure quinze du mat, Harold, fidèle au poste, réintroduit Victoire dans le milieu. Debout dans sa loge, Dechavanne discute à bâtons rompus avec l’acteur Claude Brasseur, l’invité de ce soir. En jean’ et blouson crade (daim kaki de bonne marque mais avachi), il s’agite survolté. Victoire n’ose interrompre la conversation et attend, sacoche en main, qu’ils daignent lui jeter un regard. Christophe lui lance, à peine l’aperçoit-il : — Encore vous !!! Mais vous êtes une récidiviste !… Sans la moindre indulgence de ton (et c’est peu dire). Elle s’excuse du dérangement, tend son papier, timide : «C’est une nouvelle pour vous». Il s’en empare d’un geste nerveux, la plie en deux (et Zina aurait voulu une couverture, ça fait plus propre…), l’enfourne dans sa mallette : — Je vais la lire. Pas ce soir, mais je vais la lire… — Je ne tiens pas à ce qu’elle soit lue ce soir, répond Vic avec morgue, il n’y a pas d’urgence, et sans quitter Brasseur des yeux (coquetterie, coquetterie…), elle ajoute : «j’aimerais seulement, et à tête reposée, que vous y jetiez un œil attentif.» Et elle s’éclipse. L’idole est déjà reparti en discours, Claude n’a pas relevé et elle a tout simplement l’air de trop. Elle file à la vigie mais Harold n’y est plus et le tour des évènements ne lui convient guère. Donc, remonte au filet mais cette fois, CD a disparu. Patrice Carmouze, Michel Field et Claude Brasseur sirotent dans le bar de la SFP. Vic demande une coupe. Très naturelle —elle est au dessus de l’humiliation— tranquille, les bulles dans une main et la fumée dans l’autre, elle se pose là tandis que Claude s’envole, s’oublie, se gargarise… Carmouze répond à son clin d’œil moqueur et l’encourage lorsqu'elle s'adresse à l'ex-prof : — Je ne fais que passer, j’ai remis une nouvelle à Christophe… — J’ai vu… — Et je compte sur vous, s’il vous plaît, pour qu’il la lise… — Entendu, entendu, répond Michel, qui tire sur sa pipe et boit les propos de l’acteur. Victoire insiste : — Il FAUT qu’il la lise, elle est marrante, et en plus, vous êtes dedans… — Même si ce n'était pas le cas, ajoute-t-il sans la regarder. — Si, si, vous êtes dedans… Et en plus, il y a des idées pour votre émission… Et Brasseur continue, comme si Victoire était une crotte de caniche, sur les faiblesses de ce scénario-ci : — Vous comprenez ? Explique-t-il avec emphase, ils écrivent un roman, disons de trois cent pages, qui peut être lu d’un trait, ou par petits morceaux… Un film, ça n’a rien à voir… Victoire s’acharne sur Patrice, à grands battements de paupières. Il ne sait plus où se mettre, le pôvre, et elle regrette d’avoir été moqueuse dans la nouvelle. Elle se retrouve bientôt seule en face de Brasseur. Les autres se sont doucement enfuis, à la recherche de leur Roi. Claude est intarissable : — Vous comprenez, s’en prend-il maintenant à Vic, il ne faut pas écrire un scénario en fonction de l’acteur… Il n’y a plus de progression possible… Le scénariste doit savoir créer le contre-emploi… Elle opine poliment. Aimerait surtout savoir où est passé CD et si elle peut se joindre au groupe (qui prévoyait un after quelque part). Se débarrasse de l’acteur, non sans scrupule (qui est-elle ???) et les retrouve : Renaud, auquel elle sert la main, très froid, Michel et Patrice, dans un réduit attenant à la loge du Maître. Ils sont en train de plier leur costume et elle surprend Carmouze aux petits soins pour son pantalon : — Verriez-vous un inconvénient à ce que je vous suive où vous allez ? Victoire n’a rien à perdre, se contre-fiche de ce beau monde puisque seul lui importe Christophe, son compte-rendu l’attend au retour (le troisième livre qu'elle a commencé) et elle pousse, elle pousse le bouchon, doit-elle le répéter, elle est au-dessus de l’humiliation. — Oui, lui répond simplement Michel, avec le paternalisme type du professeur de philo qui vous rend un zéro : «C’est pas que la copie soit nulle, mais vous comprendrez, Ducreton, vous n’avez pas fait beaucoup d’efforts…» Oui, dit-il donc, c’est une réunion «entre nous»… Patrice est encore dans son pli. Elle ose (doit-elle le répéter…) : — Partagez-vous cet avis Patrice ? — Oui, balbutie-t-il sans lever le nez, mais gêné comme un Ducreton, c’est une réunion «entre nous»… — Je vous remercie, en tous les cas, je comprends bien… (Tu parles ! Mais doit-elle…) Et franches poignées de main : — Merci Michel, merci Patrice, et vas-y Mademoiselle l’Inconnue, à bientôt peut-être… Victoire sert au passage celle de Renaud (glaçon, glaçon, de tous, c’est probablement le pire) et elle s’en va se faire pendre ailleurs, peu fière, mais sans remords : au moins, elle aura tout essayé… Voilà, sa nouvelle est pliée en deux au fond de la mallette du Dieu Christophe. Victoire l’a trop peu vu pour pester. A peine a-t-il eu le temps de l’engueuler : — Faut dire bonjour quand on arrive !… Pressé, elle l’a déjà dit, à la limite de l’insolence mais bon, c’est Dechavanne, il vient encore de faire une performance, pour sa dernière, probable qu’il s’est trouvé minable, on peut lui pardonner… Donc une remontrance limite, à laquelle Vic a répondu du tac au tac : — C’est la froideur de l’accueil qui me gèle les moyens… — Dites bonjour, déjà, et vous verrez comme tout ira mieux… Elle s’est exécutée, a salué, remercié. De quoi ??? Devant son air contrit, les malabars rejoints à la vigie lui conseillent PPDA, bien plus humain, pour sûr ! Et Victoire rigole, tous comptes faits, comme elle l’a annoncé, du reste, à Claude Brasseur, un jour viendra, son heure viendra…
  9. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Elle s'endort la conscience tranquille. Très tôt, très vite, elle a sommeil. Leur chemin se séparent et Victoire aime dormir. Ron pich Presqu'une liberté. La liberté de pioncer.
  10. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Victoire regarde son mari debout de dos qui répète aux enfants qu’il est l’heure de dormir. Ce soir, elle n’a plus de peine. Malgré son somptueux repas, il l'a royalement ignorée. A juste articulé trois mots, et sur quel ton ! Phil ne s’est pas présenté à son examen de fin d’année, alors qu’il était rentré à une heure du mat la veille, soi-disant pour le réviser. Il n’est pas fier, le pauvre, alors c’est elle qui trinque. Elle se rappelle les sourires de samedi, adressés à Hélène. Victoire n’est plus inquiète.
  11. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    David et Nicolas passent leur week-end chez mamy pour laisser Vic réviser ses partiels de juin. Dechavanne tardant à répondre, elle a rédigé une nouvelle qu’elle compte lui donner en main propre et grâce à la complicité d’Harold, le mardi de la dernière émission de la saison. Samedi soir, Philippe est détendu, et Vic propose de l’accompagner boire un verre. Pierre et Hélène (le galbe d’enfer) sont de la partie et elle regrette bientôt l’initiative. Sur le trajet aller-retour, les deux époux n’échangent pas un mot. Victoire n’a plus la force de lancer des sujets. Elle est pourtant excessivement bavarde, mais échaudée, elle se fait une raison : un couple de muets n’aurait-il pas le droit de s’aimer ? Assise avec les autres, elle souffre le martyre. Elle note que Philippe ne porte plus son alliance et même s’il argumente sur son métier actuel (la radiologie vasculaire), Victoire s’interroge. Elle remarque également ses regards à Hélène. Ses sourires. Depuis trois mois, elle n’a pas vu son homme ainsi sourire. Elle souffre. Philippe écoute les élucubrations d’Hélène avec une indulgence non feinte et rit franchement à chacune de ses pointes d’humour. Lorsque Victoire tente d’émettre un son, Philippe l’ignore ou son sourire se fige en un rictus désagréable. Elle souffre. Même s’ils restent ensemble, leur couple est devenu sinistre. Même s’il ne l’agresse pas, elle sait qu’il se tient sur ses gardes, qu’il évite tout échange, de crainte de déclencher la guerre. Elle s’ennuie. Pense aux yeux bleus de Dechavanne et à la gentillesse de son patron. Elle a hâte de rentrer. Philippe lui fait l’amour, mais vite et mal, sans l’embrasser ni la caresser, comme s’il cherchait l’ivresse en méprisant le flacon. Victoire est malheureuse à en mourir. Elle aime encore Philippe.
  12. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Madame, Nous vous remercions de nous avoir permis de prendre connaissance de votre manuscrit. Malheureusement, malgré l’intérêt qu’il présente, votre ouvrage n’entre pas dans le cadre de nos publications actuelles. Nous le regrettons vivement et vous prions de croire à nos très sincères sentiments. Le service littéraire Chère mademoiselle, Nous vous remercions de nous avoir fait parvenir votre manuscrit LE SOLEIL ROSE dont nous avons pris connaissance avec le plus vif intérêt. Nous regrettons cependant de ne pouvoir assurer la publication de votre livre, qui ne correspond pas à l’état actuel de nos préoccupations éditoriales. Nous serons toutefois attentifs à toute autre proposition que vous voudrez bien nous faire. Votre manuscrit est à votre disposition dans nos bureaux. Nous ne pourrons le conserver plus d’un mois. Sans nouvelles de votre part dans ce délai, nous considèrerons que vous nous autorisez à nous en défaire. Nous vous prions de croire, Chère Mademoiselle, à l’assurance de nos sentiments les meilleurs. Sophie Duvent Conseiller littéraire Madame, Nous vous remercions de la confiance que vous nous avez témoignée en nous faisant parvenir votre manuscrit intitulé Le Soleil Rose. C’est avec la plus grande attention que nous l’avons lu. La maîtrise de la composition narrative permet à ce roman au ton léger de traiter sans doute des graves problèmes de dépendance. Nous ne pouvons malheureusement retenir cet ouvrage pour publication. Nous n’éditons actuellement que peu de romans, nous orientant davantage vers la recherche théorique et les essais. Avec nos regrets, veuillez agréer, Madame, l’expression de notre considération distinguée. Pour Dessonges Madame, J’ai lu avec attention le manuscrit que vous m’avez fait parvenir. Vous savez que, si notre maison a pour vocation de publier des «coups de cœur», sa modeste production ne lui permet malheureusement pas de les publier tous. Et votre texte n’a pu être retenu. Néanmoins, je me tiens à votre disposition pour d’autres lectures, et je vous remercie de nous avoir témoigné votre confiance. Je vous prie d’agréer, Madame, mes sincères salutations. Pour le comité de lecture, Véronique Dormeuil
  13. Et je te conseille également de t'intéresser au mâle qui lui fait ça. Est-il heureux ? Facile ? Belliqueux ?? Dispose-t-il de tout ce dont il a besoin ? A-t-il «attaqué» d'autres pious ? S'il la bouffe à cet endroit là, c'est parce qu'il a commencé, et s'il a commencé, c'est probablement pour une raison X. (LA JALOUSIE ???) Faut faire gaffe avec le picage, car il semble s'agir d'un picage caractérisé. Si tu lui retires son «jouet», c'est sur lui qu'il va manifester son anxiété. Elle, une fois hors d'atteinte, guérira vite. Lui me préoccupe davantage.......
  14. Ce serait une maladie infectieuse (ou une carence alimentaire, ou un stress environnemental), la perte de plumes serait bilatérale (sur les deux joues) et puis ailleurs, aussi... Sur le dos, sur la queue. Là, c'est localisé et tu parles d'un mâle qui ne la pique que de ce côté. Deux possibilités : - soit elle couve «quelque chose» et ce sont ses premiers symptômes (l'autre joue sera bientôt atteinte aussi : à surveiller de près) - soit un autre oiseau la «câline» un peu trop de ce côté là, et s'il y prend goût, il attaquera l'autre côté une fois celui-ci déplumé... Donc séparation d'urgence ! Dans les deux cas !!!
  15. Oui, j'suis OK avec Fidjy Faut éloigner le mâle qui la gratte ainsi
  16. Pov Fred !!!! Sur ce coup-là, on l'aide vachement !!!
  17. MAIS OUI Fidjy, qu'ils servent à quelque chose, les hommes !!!
  18. Elles se sont pacsées, les hirondelles ????
  19. kti

    Seed et Manie

    OK Vini ! Tu m'as bien eue hihi ! (j'avais pas agrandi....... La gourde !!!! ) Oui Carlla, Fidjy a un bel accent toulousain, et une jolie voix (il se marre entre chacune de ses phrases, au tel)
  20. Eh ben dis-donc, Pirate, heureusement que tu la tiens d'une main, Melba !!!
  21. kti

    Seed et Manie

    Quel Speed... Ce Seed !!!! Kro filou !!!!
  22. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    A 22 heures 45, quand elle se pointe devant l’immeuble de la SFP, Vic a tout faux : il est trop tard pour assister à l’émission, trop tôt pour bondir sur la sortie de l’artiste. Deux malabars la refoulent à l’entrée principale, barricadée. Ils indiquent la porte du garage, derrière, et d’un pas convaincu, Victoire s’y rend. Deux autres types, avec la même casquette mais d’un gabarit inférieur l’alpaguent : — Vous cherchez quelque chose ? — Oui : l’entrée, fait-elle avec une voix de mijaurée. — C’est ici. — Ah… Et on ne peut pas entrer ? Récidive-t-elle sur le même ton. — Vous avez un carton ? — Non. — Alors je ne peux pas vous laisser passer, lui répond l’un des gars, poli mais déterminé. Elle ne se démonte pas : — Euh… J’aurais voulu voir Monsieur Dechavanne… — Oui, vous êtes nombreuses dans le cas… — Peut-être, mais ce n’est pas après l’homme que j’en ai. Je compte sur lui pour m’aider… Et elle décolle le manuscrit de son ventre. Le deuxième intervient : — Vous voulez déposer un livre ? — Oui, à monsieur Dechavanne. — Mais, ma pauvre, l’émission est commencée maintenant… Et il ne se montrera plus avant une heure, voire deux… — Parce qu’il sort par là ? — Oui, mais pas avant une heure et demi… — C’est rien une heure et demi !… Vous dites qu’ici, je ne peux pas le rater ? — Non, non… — Eh bien, c’est formidable ! Je vais aller manger un p’tit encas en attendant. — Il parle de quoi votre livre ? — Oh… C’est d’abord une histoire d’amour, et puis il y a la drogue, le sexe, et surtout le gâchis… — Ah oui ? — Oui : c’est l’histoire d’une très jeune fille qui a tous les talents et qui se fout en l’air… — Ah Ah ! S’exclame-t-il… Et c’est la vôtre ? — Oui… Et j’en ai bavé, croyez-moi… — Mais c’est beau la souffrance ! Quelqu’un qui n’a jamais souffert ne peut pas savourer la vie… Plus on descend bas, plus on a de chances de remonter haut. Vic lui jette un clin d’œil : — On dirait que vous savez de quoi vous parlez… Pourtant, votre sourire ne laisse pas à penser que vous avez donné dans le mélo… — Et pourtant si, eh si ! Répond-il avec le même grand sourire enfantin. — Je vais aller dîner. Je reviens dans une heure. Je ne peux pas vous inviter à boire un verre ? — Non, c’est gentil mais impossible… Je dois rester ici toute la nuit. — Toute la nuit ? — Jusqu’à sept heures demain. — Eh bien bon courage. Je viens vous rejoindre bientôt. Cinquante mètres plus loin, Vic se trouve un petit troquet et s’y assied, discrètement, dans un coin. Un premier type à moitié saoul se bouge du comptoir pour la baratiner. Le patron du lieu intervient. Cinq minutes plus tard, c’est un second mec qui s’assied à sa table. Celui-là, elle laisse faire, très intimidé, il lui semble net. Victoire apprend qu’il est artiste peintre, venu tout droit de sa province pour présenter ses œuvres à Dechavanne. Depuis son débarquement ce matin, il a déjà appelé trois fois le studio, on lui a passé Valérie, puis Sophie, puis Fabrice et il s’est finalement retrouvé comme un benêt, à côté d’elle, refoulé au parking. Ensemble, ils tuent le temps. L’homme lui fait un brin de cour, il est marié et père près de Clermont-Ferrand, vaguement connu dans son village, il est venu tenter sa chance à Paris. — Ce qui me rassure, ajoute-t-il, c’est que malgré votre «physique», vous n’ayez pas eu plus de chance que moi. Victoire n’avait pas dit son dernier mot. A une heure, à peine arrivaient-ils au lieu sacré, le second malabar gabarit inférieur l’attrape par le bras et lui chuchote à elle : — Ecoutez, je n’ai pas le droit en principe, mais plutôt que de vous faire attendre dehors, je vais vous montrer où vous pouvez le trouver… Il l’entraîne fermement et, déjà loin, Vic lance un dernier regard à son compagnon de galère, qui, le pauvre, n’a plus qu’à se trouver une chambre d’hôtel… La vie est bien injuste. Le blond gémeau ascendant scorpion qui a beaucoup souffert dans sa jeunesse sans que ça se voit à première vue la guide dans un dédale de couloirs et la dépose devant la porte du plateau. Une floppée de jeunes en sort. Look étudiant bon chic bon genre pour la plupart ; quelques minettes, mais très jeunes. Elle aperçoit Patrice Carmouze, hésite, puis se lance, histoire de prendre la température de l’atmosphère : — Excusez-moi, l’aborde-t-elle avec son sourire qui tue, ce n’est pas vous que je suis venue voir, mais j’en profite quand même pour vous serrer la main et vous dire que j’aime bien ce que vous faites… — Hmm, hmm, répond-il gêné. Plus tard, c’est Renaud Rahard qu’elle entrevoit. Même scénario : — Excusez-moi Renaud, ce n’est pas vous que je suis venue voir, mais j’en profite quand même pour vous serrer la main et vous dire que j’aime bien ce que vous faites. — Hmm, hmm, répond-il gêné. Vic pense : «ca va pas être de la tarte». Et Dechavanne n’apparaît point.… Et le plateau est maintenant vide : «Zut, zut, il a filé en douce», elle court vers la sortie et se reposte à la vigie. — Alors ? La questionne le blond sur la brèche. — Raté. — Mais vous avez vu l’équipe ? — Oui, les autres y étaient, mais l’équipe je m’en fiche, c’est Dechavanne que je veux ! Tant pis, je vais l’attendre ici. De quelle couleur est sa voiture ? — Noire. — Et il a un chauffeur ? — Non, c’est lui qui conduit. — Bon, je vais le guetter. Cinq minutes passent tandis qu’ils conversent. Il s’appelle Harold et écrit lui aussi, il ne vit que pour ça. — Pourquoi ne demandez-vous pas un coup de main à Dechavanne ? — Parce que je ne suis pas prêt… Je sais ma prose trop hermétique, il faut la «purifier»… Mais j’y travaille, j’y travaille… Et de nouveau, il l'a prend par la main : — Venez, on va essayer autre chose. Incroyable : il la pose carrément devant la loge du Maître ! Elle voit un fauteuil de metteur en scène, avec Lui assis dessus, et, autour, une bande de professionnels, relativement silencieuse. — Allez, lui glisse Harold, foncez ! Vic inspire un grand coup : — Bonsoir Christophe, bonsoir messieurs… (l’assemblée est quasi exclusivement masculine). Je suis venue vous voir, d’abord parce que j’aime ce que vous faites… et là, Il la regarde, avec des yeux très bleus, très clairs, Il lui accorde l’intégralité de son attention et la tombe sur le champ. — Oui, je disais donc, si mon mari n’aime pas, moi, je ne rate pas une de vos émissions… Le bruit de fond derrière dit : «Ah oui, ça oui, ça, les maris, ils n’aiment pas…» Le Roi tourne la tête en direction de la rumeur, abonde et revient à Vic : — Je suis médecin, j’aurai fini mes études en avril prochain, et ils veulent tous me mettre derrière un microscope, sous une petite blouse blanche de parfait biologiste, et moi je ne veux pas. — C’est pourtant normal, répond Christophe. — «Mal» répète la rumeur en écho. — Alors, je vous ai apporté mon livre. Ce n’est jamais que le premier, mais il est très beau, et malgré tout, je ne trouve pas d’éditeur. Christophe, qui lui a pris le bébé des mains, s’adresse à un mec assis derrière : — Dis-donc Jacquot, c’est ton domaine ça, toi, non ? Tu vas le montrer à ton éditeur… Vic esquisse un geste las, genre je m’en fous de Jacquot et continue : — Je suis sûre que vous l'aimerez… Je suis un peu loufoque, un peu provoc, comme vous. Les éditeurs le refusent parce qu’il y a la drogue et le sexe dans les milieux hospitaliers. Ca les dérange, et mon style aussi les dérange… Il l’écoute avec intérêt, l’encourage à poursuivre : — C’est un beau livre, mais il faut le lire. Si vous prenez une ou deux pages au hasard, c’est nul… Mais l’ensemble a de la valeur. — Rassurez-vous, le mien, c’est pareil, et elle se réjouit qu’il la soutienne. — Quel est son titre ? lui demande-t-il — Son titre est nul, je préfère ne pas vous le dire, mais je n’en ai pas trouvé d’autre. — Ah, mais c’est pas terrible, ça ! Vous arrivez avec un livre, et le style est nul, le titre est nul… C’est pas comme ça qu’on présente un livre ! — Je sais, je sais, répond-elle calmement, comme s’il l’écoutait trop bien pour qu’elle se défende davantage, comme s’il était intéressé, de toutes façons et quoiqu’elle dise. — Bon, on va faire ce que l’on pourra, on va le lire et on va changer de titre, ça vous va ? — Bien sûr que ça me va ! Et elle ajoute : — Même sans le livre, je serais contente, vous ne vous rendez pas compte !… Bien sûr, vous, vous devez avoir l’habitude des groupies, vous n’êtes plus impressionné lorsqu’elles se mettent à genoux. — Jusque dans ma loge, si ! J’avoue, c’est pas tous les jours… «Non, non», dit la rumeur. Et Victoire croit soudain comprendre ce qui l’épate ainsi. Ce n’est pas la médecine, son premier roman, ses deux enfants de pères différents (sur le coup, elle a menti, mais c’était pour caser les enfants en ajoutant un point commun), son sourire ou sa minijupe noire, non, ce qui a l’air de lui en imposer, c’est qu’elle soit arrivée jusqu’ici, dans sa loge. — En tous les cas, merci… Je suis très impressionnée… C’est bon !!!… Dix fois meilleur que la visite du grand patron… — Merci, répond-il flatté. — Et en plus, vous êtes beau. Il baisse les yeux, modeste, puis les relève et regarde tellement droit dans les siens que Vic est gênée pour les autres : «OK. Le message est passé.» — Eh bien, je n’ai plus qu’à vous saluer et à vous remercier encore. — Non, non, c’est toujours agréable de rendre service à une jolie femme… A cet instant, la rumeur qu’elle n’entendait plus s’éveille : «Oui, oui, jolie femme… femme, jolie…» Le manuscrit vole au-dessus de sa tête jusqu’à la main tendue derrière. Christophe se lève à demi. Elle s’étonne de sa petite taille (mais déjà ses mains l’avaient surprise : belles mais minuscules, et la beauté de ses traits aussi, beaucoup plus doux qu’à la télé.) Victoire s’éclipse, non sans avoir salué la foule qui lui répond, gentille.
  23. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Philippe et Vic se sont encore fâchés. La veille, il l’avait appelée à quinze heures, la bouche en cœur : «Allo ? Je vais en cours d'anatomie ce soir, je rentrerai tard…» — Mais ton cours, c’est le mercredi d’habitude. — Oui mais là, y'a changement, avait-il annoncé guilleret. — Eh ben ça tombe drôlement mal. — Pourquoi ? — Parce que Salima m’a lâchée à 14 heures, que je me traîne les gosses depuis, avec le boulot que j’ai !!! Et puis j’aurais voulu passer chez Dechavanne (un ami de l’hôpital lui avait suggéré la balade : «Dechavanne, il aime les jolies filles et tout ce qui sort de l’ordinaire, il peut t’aider…») — Ben tu iras demain. — Oui, mais «Ciel mon Mardi», c’est le mardi, et pas le mercredi. — Ben tu iras mardi prochain. — C’est ça, c’est ça… Bref, il était rentré à deux heures, l’avait laissée dans le pétrin (depuis qu’elle s’est mis en tête de livrer son nouveau manuscrit aux éditeurs avant le 30 juin, elle travaille jour et nuit), et les gosses s’étaient excités (évidemment, elle tapait depuis son retour), et Nico avait fait caca dans sa culotte… Ras-le-bol ! Ses pauvres enfants qu’elle martyrise, ses sales soirées derrière sa machine, son mari sorti toutes les nuits… Ras-le-bol ! Donc, ce mercredi soir-là, Philippe lui dit : — Je voudrais tes dates d’examens, pour les vacances… Et le numéro de téléphone de la villa que nous avons loué l’an dernier, toujours pour les vacances. L’Ile-de-Ré, ça te dirait de rempiler ? Victoire explose : — Rien à foutre de l’Ile-de-Ré, des vacances et puis du reste !… Et puis mes examens, je ne sais même pas si je vais les passer… Et puis qu’est-ce que t’en as à foutre ?… Hein ?… Et pourquoi tu veux ces infos ce soir, alors que je DOIS finir mon livre (reste trois pages à taper), et que je me réveille à six heures demain (Vic part en séminaire de formation deux jours), et que je n’ai pas encore commencé ma valise ??? — Parce que j’hésite à accepter un remplacement en Province en août. Ca t’ennuierait, que je parte en août ? — Mais dis-moi, mon p’tit pote, tu t’en vas si tu veux, tu ne me demandes pas mon avis d’habitude, qu’est-ce qu'il te prend ? — Bon, le mois de juillet, pour les vacances, tu es OK alors ? Continue-t-il imperturbable. — Août, juillet, septembre, je m’en balance. Les vacances, je m’en balance. L’Ile-de-Ré, je m’en balance, je ne suis même pas sûre de partir avec toi !!! — Ah bon ? — Non. Figure-toi que j’en ai MARRE de tout ça. Tes p’tites sorties, tes p’tits congrès (tes p’tites minettes)… Non mais tu as conscience de la vie qu’on mène ? On ne fait plus RIEN ensemble. PLUS RIEN !… Ni le soir, ni le samedi, ni le dimanche… On ne se parle même plus. Plus un mot. Quand j’essaie de l’ouvrir, je t’indispose et vice-versa… Et tu me chantes les vacances ?… Tu étais encore dehors hier mardi, jusqu’à deux heures du mat, alors que tu étais déjà sorti vendredi et samedi… Et tu me chantes les vacances ?… Mais mon bonhomme, réveille-toi… Tu as une maîtresse, un cours le mardi comme par hasard ?… Et la baise ?… Tu l’as vu notre baise depuis un mois ??? — Ma pauvre fille, tu travailles trop ! — Heureusement ! Heureusement que je travaille ! Parce que dis-donc, que deviendrais-je sinon ? Je m’emmerde à mourir dans cet appartement, sans les enfants, ce serait invivable… Tu ne réalises pas tout ça ? Philippe écoute, blanc comme le linge. — En tous cas, continue Vic, mon p’tit vieux, moi j’en ai marre. J’ai 30 ans, j’attends mieux ! — Ma pauvre fille, se contente-t-il de murmurer, tu es fatiguée… — Peut-être, mais j’ai du taf, et je trouve ces discussions stériles, et depuis vingt minutes, je devrais déjà travailler !!! Il sort de la chambre en claquant la porte. Vic avance, ne prépare pas le dîner, Phil regarde la télé dans le salon. Puis à 22 heures 30, s’installe au lit. Victoire l’accueille fraîchement : «Tu fais vraiment comme bon te semble !» Il tombe des nues. Elle explique : — Monsieur est rentré à l’aube cette nuit, alors Monsieur, ce soir, se couche à l’heure des poules !!! Et je n’ai pas encore préparé ma valise. — Mais je ne te demande rien connasse ! — Tu ne me demandes rien mais c’est kif-kif : tu te mets au lit et l’extinction des feux doit suivre… Et moi ? Comment je la fais, ma valise ? — T’es vraiment la reine des connes ! — Trop facile, mon bonhomme : tu ne penses qu'à toi, tu mènes la vie que tu veux, tu rentres tel le célibataire : une nuit à 2 heures, l’autre à 22 heures, et moi j’dois m’adapter, et sans râler. La reine des connes peut-être, mais pas la reine des poires !!! — T’es vraiment trop conne ! Insiste-t-il. Fais ta valise poufiasse, moi j’en ai rien à braire… Je t’ai rien demandé que je sache ? — Oui mais parce que je devance… — Allez, ça va, ferme-la ta gueule ! Bon, bon, bon, Victoire ne répond plus. Elle a juste le temps de boucler cette foutue valise si elle ne veut pas rater le sommeil de minuit.
  24. kti

    Titeuf s'est envolé

    As-tu bien désinfecté la cage et l'espace de jeu entre Titeuf et Ella ????
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