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kti

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Tout ce qui a été posté par kti

  1. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    La paix ne dure que dix jours. Pourtant, depuis leur retour de l'Ile-de-Ré, Vic n’écrit plus, ne s’éternise pas au bureau, concocte derrière ses fourneaux des plats raffinés et originaux et se prête volontiers aux jeux sexuels de son mari. Elle n’a rien à se reprocher, en somme. Le dixième soir, elle rentre angoissée et désespérée : le poste qu'elle briguait pour son prochain stage intéresse une autre interne, qui est peut-être mieux placée sur la liste des choix et qui l’a appelée ce matin. Victoire panique. Elle ne veut plus mettre un pied au laboratoire, ne veut plus toucher un plasma, ni flairer un pipi, ni revêtir de blouse. Elle s’épanche dans la cuisine et attend de Philippe qu’il la rassure, ou la console. A sa seconde phrase, il branche l’aspirateur et noie dans le brouhaha de l’engin la fin de ses propos. Elle s’interrompt, déçue : — Tu te fiches de mes soucis ? — Mais non, mais la miette là, par terre, elle me gênait. — Si ! insiste-t-elle, tu te fous de mes soucis… Tu ne m’écoutes même pas. Phil se défend : — Victoire, commence-t-il posément, je suis un gentil garçon, je suis un gentil mari, depuis le retour de vacances, je ne t’ai pas agressée, et c’est toi l’emmerdeuse… Tu ouvres la bouche et tu voudrais que la vie s’arrête ! — Non, le bruit de l’aspirateur seulement. — Je rentre, continue-t-il en montant le son d’un cran, je suis de bonne humeur, et y faut qu’tu m'énerves !… C’est pas vrai cette nana !… Toujours à chercher la bagarre !… C’est pas vrai !… Je ne vois vraiment pas ce que je fiche avec une gonzesse pareille !!! Et le divorce de revenir sur le tapis. Victoire s’emporte aussi : — Eh bien vas-y, chez l’avocat, vas-y !… De toutes façons, tu peux toujours attendre pour le divorce… Tant que je n’aurai pas de quoi élever mes fils dans le confort, tu peux toujours courir pour que j’accepte !… La chambre de bonne, j’ai passé l’âge !… — Elle m’énerve, elle m’énerve, Dieu que cette fille m’énerve… se défoule inlassablement Phil. Victoire, ce soir-là, sort. Le week-end suivant, Philippe qui boude toujours s’échappe chez sa mère en emmenant les enfants. Lorsqu’il réapparaît, c’est pour déposer les enfants, car il s’échappe de nouveau, pour boire un verre dehors. Avec Christine. Et il ne rentre pas. Christine est l’ex-fiancée de Pierre. Lorsqu’ils étaient ensemble, Vic la voyait souvent puisque Pierre l’invitait à ses dîners. Mais depuis leur rupture, Christine fréquente surtout Philippe. Plusieurs dimanche, ils sont allés au square ensemble et cet été, lorsque Victoire a proposé de passer le rejoindre quelques jours au soleil, Philippe s’est exclamé : «Alors plutôt en semaine, car Chris (il l’appelle Chris) risque de venir le week-end.» «Chris» est une gentille fille, «elle», qui a bon caractère, «elle», et elle est très douce avec les enfants… A présent, Phil et Christine se voient la nuit. Victoire le sait, lorsqu’elle a décroché à 22 heures, elle est tombée sur «Chris», qui lui a demandé Phil, puis elle a entendu «Bon, rendez-vous chez toi alors ?» Le surlendemain, Victoire risque au réveil : — A quelle heure rentres-tu ce soir ? — Je sors, je ne rentre pas. — Bon, il faudra le dire à Salima. — Quoi ? — Que je ne rentrerai, moi, qu’à 19 heures 30. — Et pourquoi tu lui dirais pas ? — Parce qu’elle commence à râler maintenant. — Mais qu’est-ce-que tu m’emmerdes, comme ça, de bon matin ? — Je t’emmerde pas ! Je veux que ce soit toi qui la préviennes, c’est tout. — Mais qu’est-ce-que ça peut me foutre ?… Qu’est-ce-que tu m’prends la tête, comme ça, dès le réveil ??? Et le ton monte : — Parce que rien que l’idée de ses yeux effarés, ce soir, à mon retour, ça m’énerve au réveil. — Mais qu’est-ce-que c’est que cette CONNE qui m’emmerde au réveil !!! — Evidemment, toi, t’es pas là, toi tu t’en fous… Et bong ! Il lui envoie l’oreiller dans la figure : — Arrête de m’emmerder, POUFFIASSE !!!! Il part presqu’aussi sec et la laisse désemparée. Elle téléphone à «Chris», très calmement : — Philippe passe son temps à me faire des reproches. En revanche, il semble avoir beaucoup d’estime pour toi. Il parle beaucoup de toi, tu as un grand appartement, je ne vois pas d’inconvénient à ce que tu l’héberges un temps… Je suis une pétasse, une poufiasse, une dingue doublée d’une emmerdeuse, tu es une sainte et mes enfants t’adorent. Pourquoi n’essaies-tu pas mon homme plein temps ? Christine s’offusque : «Ce n’est qu’un ami… Il n’y a rien entre nous deux…» — Ah bon… J’avais cru comprendre le contraire. Excuse-moi du dérangement. Et Victoire raccroche soulagée.
  2. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Madame, Merci de votre fidélité. C’est avec beaucoup de plaisir que nous avons reçu un second manuscrit de vous qui, nous voulons le croire, vient ainsi témoigner de la confiance que vous nous faites. Vous savez quelles sont actuellement nos orientations éditoriales. Vers la recherche théorique et les essais. Nous ne sommes pas en mesure de publier de la fiction, quand bien même prend-elle la forme, plus politique, d’un témoignage. Avec nos regrets, croyez, Madame, en l’assurance de notre sympathie. Pour Dessonges Madame, Nous vous remercions d’avoir songé à nous soumettre votre manuscrit intitulé Bis repetita. Il ne nous est malheureusement pas possible de le publier. En effet, nous n’éditons pratiquement plus de recueils de textes séparés (nouvelles, contes, poèmes…) exception faite pour les auteurs déjà inscrits à notre catalogue. Nous vous le faisons par conséquent retourner et nous vous prions de croire, Madame, à nos regrêts ainsi qu’à l’assurance de nos sentiments les meilleurs. Christophe Manufacture pour Lavil Madame, Notre comité de lecture a pris connaissance du manuscrit que vous avez bien voulu nous envoyer : Bis repetita. Il ne nous sera malheureusement pas possible de le retenir pour nos prochaines publications. Les qualités littéraires de votre ouvrage ne correspondent en effet pas à nos critères de sélection. C’est avec regret que nous tenons votre manuscrit à votre disposition. Nous vous prions de croire, Madame, à l’assurance de nos sentiments les meilleurs. Pour le comité de lecture Sophie Silva Tallendier Madame, Nous avons bien reçu votre manuscrit et vous remercions d’avoir songé à notre maison. Nous l’avons lu avec intérêt, malheureusement, après avis du comité de lecture, il ne correspond pas à ce que nous souhaitons éditer. Nous ne pouvons donc vous en proposer la publication. Avec nos regrets et en vous remerciant de la confiance que vous avez bien voulu nous témoigner, veuillez croire, madame, à l’expression de nos meilleurs sentiments. Le service littéraire Julius Delta
  3. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Si ce sont les enfants que Vic est venue rejoindre, c’est le mari qu’elle a retrouvé. Dès la gare de la Rochelle, où elle attend Philippe, elle est fraîchement accueillie : — Et la lettre des impôts ?… Tu y as pensé à cette lettre ? — Je l’ai perdue — C’est malin ! Et qui va payer le dépassement ?… T’es vraiment bonne à rien, ma pauv’fille ! Vic n’entend pas, elle n'a pas vu ses fils depuis huit jours et les regarde s’éclater au soleil, au comble du bonheur. La maison louée par le mari est confortable, neuve, saine et proprette. Victoire savoure le calme du jardinet, décide de profiter du soleil sans tarder. A peine la voit-il en string que Phil, plein à ras bord et tel le fauve, se jette sur sa femme qui, telle la levrette, se laisse manger. Deux heures plus tard, il remet ça. Puis remet ça deux heures plus tard. Victoire s’en félicite : elle sait qu’avec Philippe, la baise précède toujours la réconciliation. Elle est en rut aussi. Elle ne s’est pas trompée : au fil des heures, au fil du temps, Philippe s’amadoue. La nuit, il la serre de nouveau contre lui, le jour, sans exagération, il est gentil. En tous cas pas méchant. Il est trop fier pour extérioriser mais Victoire connaît assez ses yeux pour déchiffrer leurs messages : soulagés qu’elle soit venue l’aider nourrir les enfants, les baigner et les promener ; brillants de gourmandise lorsqu’elle découpe la sole meunière ou décortique le homard ; allumés lorsqu’elle se déshabille. Surtout, elle n’a pas emporté de stylo. La disponibilité de Philippe l’encourage, elle ne ressent pas même le besoin d’écrire. Surtout, il la pelote à la moindre occasion, signe que la guerre est finie. Deux nuages, cependant, assombrissent le ciel de l’espoir : D’abord, s’il mitraille ses enfants, Philippe ne photographie pas sa femme. Pas un cliché d’elle n’a été prévu sur l’album des vacances d'été 1991. Ensuite, lorsque Rachel téléphone, un soir, Phil ne dit pas que Victoire l’a rejoint. Répond à sa mère sur le ton du mari contrit, qui se nourrit, mais oui ne t’inquiète pas maman, qui surveille ses enfants, mais oui, ils vont très bien maman. Victoire se moque de la photo, mais réagit vivement lorsque Philippe raccroche. Lui ne s’explique pas. N’explique pas pourquoi il a eu la même attitude la veille, avec son ami Pierre. Victoire profite de l’incident pour laver son linge sale : c’est à cause des amis, et surtout des parents, que leur couple s’effondre. Elle aimerait que Philippe la délaisse moins le soir, la dédaigne moins le dimanche. Les parents se permettent l’irrespect car leur fils ne les décourage pas, et Victoire ne supporte plus. Philippe promet de faire quelques efforts. En échange, elle travaillera moins. Au pire, elle n’ira plus à Montmorency que lors des grandes occasions.
  4. Lol Marie !!! Trop top ! Ton youyou en majorette !!!! c'est lui qui met spontanément sa tête sous le petit chapeau ????
  5. J'attends aussi des nouvelles de ton piou, Dam ......
  6. Oh Lili ! Ce serait dommage de punir Voyou parce qu'il t'aime trop !!!! Nous avons des comportementalistes aviaires qui viennent souvent sur le forum (Gaétane, Domi... pour ne citer qu'elles). Elles font des miracles avec de la patience et de la rigueur. Vini te l'a répété, ce sont des animaux intelligents et pour ma part, je suis très ferme. Je crois qu'ils comprennent très bien quand je ne suis pas contente. Avec le pont de jeudi dernier, mes enfants sont restés à la maison quatre jours et bien évidemment, sitôt réveillés, ils s'emparaient des deux oiseaux qui me voulaient moi (qui pionçais). Alors ça devenait la symphonie ici. J'ai laissé faire jusqu'à samedi, puis je suis intervenue, furax d'être ainsi réveillée en plein sommmeil. J'ai surtout crier sur mes enfants car je couche mes oiseaux tard et qu'ils doivent dormir, comme moi, le matin. Je suis insomniaque depuis tjs, ce n'est pas une raison pour me passer d'enfants ou d'animaux. Alors j'exige qu'on respecte mon sommeil de la matinée (je récupère). Je me réveille en même temps qu'eux (souvent je ne dors pas encore), mais sitôt partis à l'école, je DORS !!!! Ces quatre heures là sont CAPITALES pour ma santé, alors, je ne discute pas : les oiseaux dans leur cage, silencieux, jusqu'à mon réveil. Et ça marche ! (mais il faut régulièrement injecter des rappels, tant au niveau des enfants que des oiseaux). Réfléchis bien avant de prendre une décision que tu regretteras peut-être. Un oiseau ne doit pas devenir tyrannique, un oiseau ne doit pas «bouffer la vie» de son maître. Mais je crois qu'un oiseau s'élève, y'a toujours une solution....
  7. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Il n'y a pas de redemption. La Honte ne suffit pas.
  8. Ah LOL ! Merci vini.... J'adore le voir ainsi, mon Calypso !!! Il est si craquounet ! Ceci dit, il est vrai que le ficus est mort, j'ai pas pu le rentrer cet hiver faute de bras et de place. Mais bon, je le trouve beau quand même, ainsi dévêtu. Il est nu.
  9. Tout plein tout plein que j'en ai refait, des plantations. Et hier, pour la fête des mères, je me suis offert un mimosa (quatre saisons) de deux mètres !!! Trop top ! J'ai commencé les plantes en mars 2005 (l'an dernier) et elles me le rendent bien, le mal que je me donne. Plus belles qu'à l'achat, elles sont, un an plus tard ! Concernant mon p'tit bout, ces clichés datent de mars..... Avant la fin de sa mue, Calypso volait peu. Là, il serait kamikaze de renouveller l'expérience.
  10. kti

    chasse a stich

    Quelle bonne humeur sur ce forum ! Y'a qu'ici qu'on trouve ce genre de témoignage...... A mourir de rire !!!! Bravo les pious ! :bravo: :bravo: :bravo: :bravo:
  11. kti

    chasse a stich

    Ah vous me tuez !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
  12. kti

    pour les experts!!!!!!!!!!!!!!

    Gi touss ou j'y touche pas ????? J'y touss (Car il est kro mignon ainsi mouillé)
  13. kti

    pour les experts!!!!!!!!!!!!!!

    Ah le sacré Gitouss !!! On en vient à Toutouss, tu tousses ?.........Gistou ? T'es Où ???? Giste tout que je m'y pousse !!!
  14. Y'a-t-il un Vini sur le forum pour me rendre mon piou plus gros ???? (ben oui, sinon, je peux pas concourir)
  15. C'est de la balle quand même !!!!! (mais je ne le ferai pas deux fois !)
  16. Alors moi, je post celles-ci : mon petit Calypso en liberté dans la courette
  17. Oups, je répondais à la page 1.... Concernant la vidéo de Makopa....
  18. Faut nous la mettre Pirate !!! T'as pas vu celles de mon Calypso ??? Les vidéos,
  19. Lol Malasa ! tu n'es JAMAIS hors sujet ici ! De surcroît ton pseudo est super, il invite à la détente, au farniente, aux cocotiers, et aux coktails (j'ai pas dit cokatiel).... Bonne suite et merci pour les photos !!! Je connais mal les Catherine, mais vu que c'est mon prénom, je ne peux rester indifférente. Kiss à vous
  20. OUI Christelle et Coui-Coui Y'a de l'urgence là-dessous..... Pas le temps d'attendre les résultats d'un labo sur internet. En même temps, l'urgence est également de faire des prélèvements, car les véto qui distribuent des antibio sans connaître le germe...... Régulièrement ! Pas bon ! C'est quoi ce véto qui traite au coup par coup sans recherche bactériologique approfondie.... Moi je m'en méfierais. Est-il aviaire, Dam ???
  21. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    C’est la nuit de la Saint-Silvestre et Victoire a dix ans. Rituellement, les parents, puisque c’est leur tour, ont invité famille etc… Henri, le frère de Charles, est venu accompagné de sa femme Huguette. Il y a Simone et Bernard, amis d’enfance de Charles, et d’autres plus âgés qui n’étaient pas conviés la fois dernière et que Vic ne reverra plus. Victoire fait le clown, encouragée par les sourires flatteurs et les bravos de son public. Zina couche bientôt les enfants, Maxime en bas et sa sœur au deuxième étage du lit gigogne. Les enfants ont collé leur chewing-gum sur l’échelle de fer et pouffent, à présent qu’ils sont seuls, et se moquent des vieux. La lumière du couloir s’allume, le silence surgit dans la chambre au papier nounours. Plus un mot : maman risquerait de gronder… Mais ce n’est pas maman qui pénètre dans la pièce, mais Henri. Henri qui vérifie le sommeil du petit et s’adresse à la grande, doucement : — Tu ne dors pas encore bébé ?… Victoire ne répond pas. — Tu sais qu’il est l’heure de dormir… Je te fais un câlin si tu veux. Et il pose ses lèvres sur celle de la gamine, qui, docile, ne crie pas, n’appelle pas, se laisse embrasser, caresser, par le frère de son père, de trente ans son aîné. Bonne année ! bonne santé ! Charles et Zina emplissent les coupes.
  22. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Il y a des gens qui cherchent les coups, et ne les prennent jamais. D’autres qui les reçoivent sans les avoir cherchés. A moins que ce ne soit plus compliqué que ça.
  23. kti

    LA NUIT DE LA HONTE par Kti

    Trois jours avant le départ de Phil et des enfants, Maxime invite sa sœur au restaurant. Il passe prendre Victoire à la fin de son travail, visite les locaux de l'avenue Victoria, s’extasie sur la vue du cinquième étage (Dis donc ! Tu as la même que Chirac !), le fax (je pourrais t’envoyer des messages…) et le bureau du boss, sobre, confortable (ce doit être un mec bien.) Toute à l’euphorie des retrouvailles (le Valpolicella aidant), Vic se livre à la confidence. Elle avoue la décrépitude de son couple et l’intérêt naissant qu’elle croit ressentir pour son patron. Maxime la vilipende : — Décidément !… Tu ne changeras jamais !… Maintenant que t’as des gosses, faut assurer ma vieille !… Tandis qu’ils échangent les points de vue, un faux Italien vrai serveur tourne autour de leur table. Maxime lui a très vite proposé de trinquer avec eux et il emplit régulièrement son verre, que l’autre descend à petites gorgées entre deux va-et-vients. Au début, la présence de cet homme importune Vic, elle souhaite l’intimité. Lorsque Maxime claironne que la «jolie demoiselle» en face n’est jamais que sa sœur, elle le pincerait volontiers. A peine assise, elle a traduit les doux regards de l’Italien et à mesure que le temps passe, le beau brun se gène de moins en moins. A mesure que le temps passe, Victoire se gène de moins en moins de cette familiarité. Il va jusqu’à leur proposer un petit tour en boîte que Maxime, fatigué, décline. Déçu, le brun insiste, puis glisse son numéro à Vic tandis que Max est aux toilettes. — Bien branché le mec !… Fait remarquer la sœur au frère lorsqu’ils montent en voiture. — Ouais, répond le frangin, de toutes façons, dans l’état où il était, toi ou une autre… Il dénigre et ça n’étonne pas Vic. Philippe l’a habituée à de telles réactions. — C’est parce qu’il est Italien… Les Italiens sont très dragueurs, continue-t-elle rêveuse. — Italien de mes fesses, oui ! Tu parles qu’il est Italien ! Et puis qu’est-ce que vous faisiez quand je suis revenu des chiottes ? Elle se creuse : en quoi cela le regarde-t-il ? — Ouais, insiste Maxime… Faut tout le temps que tu dragues… C’est pas possible !!! — Non mais dis-donc, s’énerve Vic, on n’est pas mariés que je sache ! Et tu l’as bien cherché bonhomme ! T’avais besoin de dire que j’étais ta sœurette ?… T’avais besoin de remplir son verre ?… Tu provoques les situations et après tu t’étonnes ? Elle parle de plus en plus vite, de plus en plus fort. Elle se souvient de ses critiques sur le Soleil Rose, de ses reproches pendant le repas et elle le trouve coincé, étriqué, pudibond et jaloux. Victoire crie à présent : — Et pis d’abord, qu’est-ce-que ça peut bien te foutre !… Quand bien même j’aurais envie de me le faire, ce type, qu’est-ce-que t’en as à foutre ??? Une seconde, un éclair, est-ce le vin et elle en oublie, ou l’hystérie collective, mais son frangin lui tape dessus. De grandes claques sur les bras et le dos qu’il excuse en disant : «Calme-toi, calme-toi !…» Son seul réflexe : sortir de cette guimbarde. Au feu rouge, elle tente d’ouvrir sa portière, lui la retient par son bras gauche qu’il tord et lui refiche une claque. — Dis-le que tu me prends pour une pute ! Vas-y, t’en crèves d’envie !… Sale petit con !… Tu frappes en plus ?… Sale petit mec reac et coincé !… Elle parvient à s’extraire, s’enfuit, remonte la rue des Ecoles ivre de rage et de Valpollicella, peste en courant : «Sale petit con, sale petit con !!!» Elle pleure, cherche un taxi de ses yeux mouillés, elle répète ces trois mots mais ne se soulage pas, ne se débarrasse pas de la honte que Max lui a balancé dessus. Elle ne pense même pas au serveur, elle a oublié le serveur. Non, c’est au patron qu’elle pense et elle regrette déjà, sans avoir commencé. Retomber dans le marasme de la succession des bonshommes ? Merci ! Revivre leurs dragues ridicules, écouter leurs doux yeux mentir, subir l’impertinence de leur désir sexuel et savoir qu’au fond ils s’en fichent, merci ! Trop tranquille, d’être mariée ! Et si elle passe la moitié de la nuit à hurler d’angoisse dans la salle de bain, si elle pleure tout son saoul pour vaincre la douleur qui lui plie le ventre, c’est autant en souvenir des coups que son frère a osé porter sur elle, qu’en souvenir des années de galère… Une fois de plus, c’était une pute. Insulte subie de 7 à 24 ans et qu’elle n’entendait plus depuis Philippe. Sombre délit que d’attirer les hommes. Péché mortel. Peine capitale. Et Vic comprend la mort sans cesse provoquée de 7 à 24 ans. Et elle comprend qu’il est HORS DE QUESTION de lâcher Philippe, de se retrouver seule, «en proie à l’aventure». Philippe la protège. Des autres hommes et de leurs simagrées, de la pudibonderie assassine de ses proches, de ses «sales» penchants pour le sexe opposé, et de la culpabilité. Victoire soigne le mâle par le mâle et peu à peu guérit. Philippe prie sa femme d’aller hurler ailleurs, parce que depuis deux heures, les sanglots longs l’empêchent de dormir.
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