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BelleMuezza

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Tout ce qui a été posté par BelleMuezza

  1. La Commission de sûreté nucléaire a conclu son examen des résultats des tests de résistance de deux réacteurs La Commission japonaise de sûreté nucléaire a conclu une série de rencontres avec des experts indépendants pour examiner les résultats des tests de résistance des réacteurs nucléaires à l'arrêt du centre de l'Archipel. La commission devrait bientôt annoncer les résultats de son évaluation, la première portant sur des réacteurs de la nation. Elle a décidé mardi de conclure les réunions sur les résultats des tests de résistance de deux réacteurs de la centrale nucléaire d'Ohi, dans la préfecture de Fukui. La commission a organisé au total cinq réunions de ce type depuis la fin février. L'Agence de sûreté nucléaire et industrielle a approuvé les résultats des tests de résistance réalisés par la Compagnie d'électricité du Kansai pour les réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ohi. L'approbation des résultats des tests est une condition préalable à la prise d'une décision sur le redémarrage des réacteurs nucléaires du pays. La plupart des réacteurs ont été désactivés pour des inspections de routine après la catastrophe du 11 mars 2011. Le gouvernement japonais a indiqué qu'il prendrait en considération les conclusions de la commission avant de prendre une décision. NHK 14/03/2012
  2. Cela fait aujourd'hui précisément un an que la Japon a été frappé par l'une des plus graves catastrophes de son histoire. Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 se déclenchait au large des côtes nord-est de l'île de Honshu et provoquait un tsunami dévastateur. C'est un triste anniversaire que célèbre le pays du Soleil levant. Aujourd'hui, cela fait un an jour pour jour qu'a débuté l'une des plus graves catastrophes qu'ait jamais connu le Japon. Un évènement qui a en réalité plutôt pris l'aspect d'une triple catastrophe. Le 11 mars 2011, un séisme de magnitude 9 est survenu au large de la côte nord-est de l'île de Honshu. Créant la panique chez les habitants, il a secoué pendant plusieurs minutes les gratte-ciels des villes côtière et fait littéralement bougé plusieurs immeubles. Pourtant, celui-ci n'a en réalité causé que des dégâts relativement mineurs grâce à la qualité des constructions parasismiques japonaises. C'était sans compter la deuxième catastrophe que celui-ci allait entrainer. Peu après le séisme, c'est un gigantesque tsunami de plus de 10 mètres de hauteur qui a déferlé sur la côte, engloutissant tout sur son passage : maisons, immeubles, routes, voitures et habitants. D'après la NASA, le tsunami était en fait composé de plusieurs vagues, au moins deux, qui ont fusionné, renforçant la puissance du phénomène. Or, les murs construits pour contrer une montée des eaux dans les villes côtières n'ont aucunement suffi à contenir les eaux qui ont inondé tout le territoire voisin. Sous le choc, le Japon ne pouvait alors pas imaginer la dimension de la catastrophe. Au cours des heures et des jours suivants, la mer a rejeté des milliers de corps inertes, aggravant sans cesse le bilan. Mais la suite des évènements s'est révélée encore plus désastreuse. Alors que les secours s'affairaient toujours dans les décombres et que les eaux laissaient peu à peu place à des paysages de désolation, une troisième catastrophe survenait : l'accident nucléaire de la centrale de Fukushima Daiichi qui a également dû faire face à la gigantesque vague à laquelle elle n'était pas préparée. Quelques heures après le tsunami, la centrale a commencé à multiplier les problèmes, en raison notamment d'une panne des systèmes de refroidissement des réacteurs. Le lendemain, une explosion survenait dans l'un des réacteurs, captant l'attention du monde entier. La suite, tout le monde la connaît. Les autorités qui craignaient tout d'abord une fusion dans les réacteurs ont ensuite tout fait pour éviter que des fuites radioactives ne se produisent, les matériaux n'étant plus confinés correctement. Au fil des jours, la situation s'est peu à peu aggravée touchant plusieurs des réacteurs de Fukushima et induisant d'importants rejets dans l'environnement. La catastrophe a alors pris une échelle internationale, ravivant le débat sur l'utilisation de l'énergie nucléaire et sa sûreté. Mais un an après, où en est-on ? Une chose est sûre : alors que la situation de la centrale n'a été considérée comme stabilisée qu'en décembre dernier, il y a un avant et un après Fukushima pour les Japonais comme pour le monde entier. Dans les premiers temps, alors que l'accident semblait s'aggraver de jour en jour, le gouvernement japonais comme l'opérateur de la centrale Tepco n'ont cessé de clamer que la situation était sous contrôle. Pourtant, les difficultés se multipliaient. De même, en ce qui concerne la radioactivité. Les autorités nippones se sont toujours voulu rassurantes, indiquant à la population qu'elle ne courait pas de risques. Rapidement, le doute s'est ainsi de plus en plus installé dans les esprits, mettant en évidence un clair manque de transparence de la part des autorités. Dans le monde entier, les instituts spécialisés dans le nucléaire ont dû donner leurs propres évaluations pour confirmer ou non les dires du gouvernement nippon. Aujourd'hui, ces faits ont laissé place à un clair manque de confiance de très nombreux Japonais dans les dires des autorités. Sans oublier le spectre de la radioactivité qui plane toujours sur le pays. Il y a peu, l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire français (IRSN) a estimé que la contamination, bien qu'elle ait diminué, demeurait "chronique et pérenne". Ainsi, la plupart des habitants qui vivaient à proximité de Fukushima ne savent toujours pas s'ils pourront rentrer chez eux un jour. D'autres en revanche ont choisi de rester dans les zones contaminées, sachant très bien le risque qu'ils encourent, malgré les opérations de décontamination actuellement mises en oeuvre dans plusieurs villes. A l'échelle mondiale, le retentissement de l'accident n'a pas été moindre, ranimant même le douloureux souvenir de la catastrophe de Tchernobyl survenue il y a un peu plus de 25 ans. Depuis, l'utilisation du nucléaire et surtout la sûreté de cette énergie sont revenus sur le devant de la scène. Dans plusieurs pays dont la France, le pourcentage d'habitants désireux de sortir du nucléaire a fait un véritable bond passant même à 80% au Japon. Néanmoins, la tâche est loin d'être aisée car qui dit renoncer au nucléaire dit trouver une autre source d'énergie. Et bien que les énergies renouvelables connaissent un succès croissant, selon bon nombre de pays, celles-ci ne suffiraient pas à répondre à la demande. Même l'Allemagne qui a pourtant annoncé sa volonté de sortir du nucléaire, a dû freiner son projet face aux besoins engendrés par l'hiver. Aujourd'hui, ce sont 31 pays qui exploitent des centrales nucléaires pour 435 réacteurs opérationnels, en comptant les 48 "provisoirement" fermés au Japon, précise le Figaro.fr. Mais pas moins de 64 réacteurs sont actuellement en construction et des projets continuent d'être mis au point. Un an après le séisme et le tsunami, la page est très loin d'être tournée pour les Japonais. Au total, la catastrophe a fait 15.689 morts et 4.744 disparus, selon un bilan établi en août 2011. Mais il continue en vérité de s'alourdir alors que des disparus sont encore retrouvés. "Les corps peuvent être rejetés par la mer dans des endroits que nous avons déjà fouillés. Il faut donc passer plusieurs fois. Le problème n'est pas que ces cadavres soient sales ou qu'ils sentent mauvais. Nous considérons que nous devons les traiter avec beaucoup de soin afin qu'ils puissent être restitués aux membres de leur famille", explique Kaname Endo, officier de police dans la ville de Rikuzentakata touchée par le tsunami. "Certaines personnes estiment que nous devrions cesser nos recherches puisque cela fait un an. Mais il reste des corps qui n'ont pas été retrouvés. Nous allons continuer jusqu'à ce que nous soyons sûrs qu'il n'y en ait plus", affirme encore l'officier cité par l'AFP, laissant l'image d'un Japon en pleine reconstruction mais qui reste profondément marqué. Sur Maxisciences, découvrez les images des villes japonaises après la catastrophe et un an plus tard Maxisciences 13/03/2012
  3. Pas rassasié(e), envie d'en savoir plus ? D'aller plus loin... ? Voici quelques livres de l'auteur : Luc Passera. Cliquez sur l'image pour avoir accès directement au site de vente (Amazon.fr). Futura Sciences mars 2012 -----> Je connais un petit jeune homme de 9ans1/2 (il tient au 1/2) qui va être ravi certainement par le dernier.... ou le second.
  4. Il y aurait encore beaucoup à dire sur la biologie et le comportement des fourmis tant sont nombreuses les solutions que l’évolution a apportées à des problèmes précis. Le cadre de cette «carte blanche» proposé par Futura Sciences est trop étroit pour évoquer l’histoire des fourmis parasites, celle des fourmis envahissantes inquiétantes pour le devenir de la biodiversité, l’utilisationde l’outil pratiquée par d’autres pour dominer les espèces concurrentes ou capturer de nouvelles proies, les luttes guerrières pour monopoliser de nouveaux territoires, les ruses chimiques utilisées par de nombreux arthropodes pour s’introduire au cœur des fourmilières. Et la liste de mœurs étonnantes s’allongera au fur et à mesure que l’on découvrira de nouvelles espèces. Si elles sont aujourd’hui inconnues, c’est qu’elles vivent dans des lieux insolites, ou difficiles d’accès. Pour y survivre l’évolution les a sûrement dotées d’armes ou de comportements inédits dont le décryptage passionnera les futures générations de myrmécologues. Pour conclure, il convient d’attirer l’attention sur le rôle de la reine dans la société de fourmis. On a longtemps pensé qu’elle était le donneur d’ordres dans la fourmilière, exactement comme le fait un monarque dans les monarchies absolues. Il n’en est rien. Il n’y a pas de chef chez les fourmis. Les constructions les plus élaborées, les comportements de chasse les plus complexes naissent des interactions entre les individus. C’est la richesse de la communication, avec en particulier l’usage des phéromones, qui est la clé de leurs performances. Les fourmis sont un excellent exemple d’intelligence collective : elles trouvent ensemble des solutions insolubles pour un être seul. Futura Sciences mars 2012
  5. Les fourmis développent deux stratégies d'orientation : la piste chimique à l'aide de phéromones et la mémoire topographique. La piste chimique Nombreuses sont les espèces qui au cours de leurs sorties de chasse ou de cueillette laissent derrière elles une piste chimique. Le retour au nid n'offre alors aucune difficulté. Il suffit de remonter cette sorte de fil d'Ariane. Cette navigation est parfaite quand la source alimentaire est abondante et stable dans le temps comme le sont les colonies de pucerons ou les concentrations de cochenilles. Les fourmis des bois sont des adeptes de ce comportement à condition bien sûr de renforcer la piste par des dépôts réguliers de phéromone. L’hiver venu, la piste chimique disparaît. La mémoire topographique Pourtant au printemps, les premières ouvrières qui sortent du nid se rendent directement à l’arbre exploité l’année précédente. C’est que ces ouvrières mettent en jeu un autre comportement. Elles ont mémorisé l’environnement physique de leur nid ce qui leur permet de retrouver l’arbre et ses pucerons. Elles pourront alors basculer d’un processus à l’autre : bien vite, la mémoire topographique cèdera la place au dépôt d’une piste chimique indispensable pour les jeunes ouvrières qui n’ont pas eu l’occasion de mémoriser les lieux. La fourmi-cadavre et le repérage Lorsque la nourriture est dispersée de manière aléatoire, la recherche individuelle s'avère plus performante. C'est le cas pour de nombreuses espèces qui chassent des proies vivantes ou mortes. La fourmi-cadavre Pachycondyla clavata, ainsi appelée à cause de son odeur écœurante, est spécialisée dans la capture des termites africains qui forment des colonnes erratiques dans la forêt équatoriale. Le hasard présidant la rencontre du chasseur et du chassé, la quête individuelle est plus efficace. La fourmi-cadavre apprend alors des repères topographiques pour retrouver son nid. Elle utilise pour cela l’image de la canopée, c’est-à-dire l’assemblage des branches hautes. La fourmi du désert Reste le cas des fourmis qui vivent dans des lieux désertiques ou semi-désertiques. Les ressources alimentaires y sont dispersées (cadavres d’insectes morts souvent de dessiccation) et les repères topographiques trop rares pour être utilisés. C’est le problème auquel sont confrontées les fourmis du désert Cataglyphis bicolor. Lorsqu’une chasseresse sort du nid, elle effectue de nombreux crochets, allant d’un côté à l’autre, revenant sur ses pas, manifestement à la recherche d’une proie d’une manière aléatoire. Elle peut parcourir 600 m en une vingtaine de minutes. La proie trouvée, l’ouvrière se dirige en ligne droite vers son nid qu’elle atteint en 5 ou 6 minutes. Privée de repères terrestres, l’ouvrière n’a pu se guider que sur des repères astronomiques dont le plus visible est le soleil. En d’autres termes, la fourmi des déserts est capable de tenir un cap, c’est-à-dire de se déplacer en maintenant un angle constant avec le repère céleste. C’est le principe de la navigation à la boussole. La chasse étant assez longue, on a même pu démontrer que l’ouvrière tient compte du déplacement apparent du soleil au cours de la journée. Elle décalera son trajet retour de quelques degrés apparemment parcourus par le soleil lors du long trajet aller. Les fourmis du genre Pachychondyla ne suivent pas de piste chimique. Elles fourragent individuellement et retrouvent leur nid en mémorisant des repères topographiques. J. Orivel Futura Sciences mars 2012
  6. Que les fourmis pratiquent la chasse, la cueillette, qu'elles pratiquent ou non une symbiose mutualiste, elles sont dans l'obligation de trouver et ramener de la nourriture. Un travail évidemment harassant, coûteux en énergie et dangereux. Il existe une manière de contourner l'obstacle. C'est de faire accomplir ces tâches par autrui. Cette pratique est bien connue de l'espèce humaine : c'est l'esclavagisme. Polyergus rufescens Latr, fourmi esclavagiste. Thomasz Kucza / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0) L'esclavagisme a été pratiqué dans l'Antiquité égyptienne ou gréco-romaine et plus tard par le monde arabe et occidental. Réapparaissant de-ci de-là au gré des soubresauts historiques, cette pratique est condamnée par la morale. Les fourmis n'ont point la notion du bien et du mal. Elles sont animées par un seul but imposé par l'évolution : reproduire et disséminer les gènes dont elles sont porteuses. Dès lors, l'esclavagisme est un trait de vie parmi d'autres. La fourmi amazone, fourmi esclavagiste Il a été adopté par des espèces qui au cours de l'évolution ont perdu la capacité à élever leurs larves et à rechercher leur nourriture. La fourmi amazone Polyergus rufescens, partout présente sous nos climats, constitue un bon exemple. Tout commence quand les ouvrières de la fourmi amazone sortent en masse de leur nid et se dirigent vers une cible repérée au préalable par des ouvrières «éclaireuses». La cible est habituellement constituée par les placides ouvrières d'une espèce du groupe Formica fusca. La colonne des amazones entreprend un raid de pillage. Parvenues aux environs du nid cible, quelques amazones en dégagent l'entrée permettant au gros de la troupe de s'engouffrer sous terre. Les pilleuses ressortent quelques minutes plus tard en portant serré entre leurs mandibules un cocon de Formica. Le charroi est facilité par la forme des mandibules de l'esclavagiste : elles sont effilées et courbées à la manière d'un sabre ottoman. L’ouvrière de cette fourmi esclavagiste possède des mandibules qui sont des armes redoutables mais sont aussi capables de transporter délicatement les cocons de l’espèce pillée. A. Wild Si elles sont adaptées au transport d'un objet cylindrique, le cocon, elles sont aussi des armes remarquables. Elles percent avec facilité la tête des ouvrières fusca qui voudraient s'opposer à leur intrusion. D'ailleurs les fusca se débandent très vite car les amazones disposent aussi d'une arme chimique : elles émettent une phéromone mandibulaire qui a un double effet. D'une part elle panique les fusca qui refluent en désordre, d'autre part, elle stimule l'ardeur au combat des amazones. Les cocons de fusca ramenés au nid ne tardent pas à éclore, libérant de jeunes ouvrières fusca. Nées dans un milieu inconnu, ces ouvrières se familiariseront avec leur nouvel environnement. Elles vont donc dérouler leur programme comportemental normalement en soignant d'abord les larves et la reine des amazones comme si c'étaient des larves et une reine de leur propre espèce. Plus tard, elles sortiront du nid pour chercher et ramener de la nourriture. La fourmilière des amazones est donc mixte ; la reine de Polyergus trône au milieu d'une cour formée d'ouvrières esclavagistes d'une couleur rouge-orange et d'ouvrières esclaves gris cendré. Le nid mixte des fourmis esclavagistes (couleur rouge-orange) et esclaves (couleur grise). A. Wild Tout pourrait aller pour le mieux, si les ouvrières esclaves n'avaient pas une durée de vie limitée. Comme il n'y a pas de reine Formica fusca dans le nid de l'esclavagiste, le renouvellement des ouvrières esclaves n'est pas assuré. Lorsque le nombre d'ouvrières esclaves baisse dangereusement, les amazones effectuent un nouveau raid de pillage en évitant de se focaliser sur le même nid-cible. Elles sont ainsi assurées de trouver de nouvelles esclaves. Futura Sciences mars 2012
  7. Les relations étroites que les fourmis entretiennent avec des pucerons, des cochenilles ou des champignons, mettent en jeu un mutualisme souvent sophistiqué. Il ne l'est pas moins quand le partenaire est un arbre. Il existe en effet, dans les régions tropicales, des arbres à fourmis ou myrmécophytes qui ne peuvent vivre sans leur hôte à six pattes. Quels bénéfices chaque partenaire tire-t-il de la présence de l'autre ? Association fourmis – arbre à fourmis. Ce Cecropia d’Amérique tropicale possède des tiges creuses. Il suffit à la fourmi associée de ronger la moelle qui occupe le centre de la tige pour trouver un logement à sa convenance. A. Wild Les Cecropia en Amérique tropicale et les Macaranga dans l'Asie du Sud-Est possèdent des tiges creuses qui constituent des logements sûrs pour peu que l'on enlève la moelle centrale et que l'on perce des trous de sortie. Chez des acacias, ce sont les épines qui sont évidées par les fourmis associées et constituent un logement confortable. Un petit problème peut surgir quand les fortes pluies tropicales inondent les chambres. Les ouvrières doivent écoper leur demeure. Elles boivent l'eau en excès, sortent sur la tige et dressant leur abdomen à la verticale, expulsent la gouttelette par l'anus. Ce travail de pompage exige environ 3.000 vidanges avant que les fourmis aient à nouveau leurs pattes au sec. Association fourmis – arbre à fourmis. Cet acacia produit des corps nourriciers jaunes pour nourrir ses fourmis associées. A. Wild Arbres à fourmis : des sources alimentaires Les fourmis logées, il convient de les nourrir. Les arbres à fourmis produisent des nectaires extrafloraux sans rapport avec la pollinisation, c'est-à-dire avec les glandes à nectar logées dans les fleurs. Les nectaires extrafloraux sont riches en divers sucres qui font le régal des fourmis. Les myrmécophytes produisent aussi des corps nourriciers. Sur les acacias, ils forment des petits chapelets jaunes ou orange situés à la base des folioles basales. Pseudomyrmex sp. Dreed41 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0) Ils sont riches en protéines et en lipides. Nectaires extrafloraux et corps nourriciers sont produits spécialement par l'arbre pour nourrir ses fourmis associées. Si l'on détruit expérimentalement les fourmilières, l'arbre cesse de les produire car il n'a plus aucun intérêt à dépenser l'énergie nécessaire à leur formation. La contrepartie des fourmis Les fourmis qui trouvent ainsi le gîte et le couvert, doivent une contrepartie. Elle se manifestera sous la forme d'une protection de l'arbre contre les mangeurs de feuilles. Les Pseudomyrmex qui logent dans les épines creuses des acacias sont des fourmis redoutables. Elles sont munies d'un aiguillon dangereux. Dès qu'un insecte se pose sur une feuille, elles se précipitent en masse et mettent le phytophage en fuite. Au besoin elles l'attaquent à coups d'aiguillon. Le phytophage apportera des protéines aux fourmis peut-être un peu lasses de manger toujours sucré. Au besoin, c'est l'arbre qui alertera ses associés. Quand un Macaranga est rongé par un insecte, la feuille blessée émet une substance qui Mime la phéromone d'alarme des fourmis. Ces dernières sortent en masse et attaquent l'intrus. La contribution des fourmis à l'association peut prendre une forme surprenante. Tocoa occidentalis est un arbuste de la forêt amazonienne avide de lumière. Il s'installe donc dans les clairières avec sa fourmi mutualiste. La symbiose prend une forme classique avec fourniture du gîte et du couvert par la plante et défense contre les ravageurs pour la fourmi. Mais ces dernières font encore mieux. Lorsque des plantes poussent trop près de leur arbre au risque de lui faire de l'ombre, elles descendent de leur myrmécophyte, se dirigent vers les plantes intruses et les mordent au niveau des faisceaux de nervures. Puis se retournant elles arrosent d'acide formique la blessure. Le poison ayant des vertus herbicides, les plantes envahissantes ne tardent pas à dépérir. Grâce aux fourmis, une aire circulaire vide de végétation est établie autour de l'arbre-support qui bénéficie à nouveau du soleil. Ce corridor a tellement intrigué les autochtones qu'ils l'ont baptisé « jardin du diable ». futura Sciences mars 2012
  8. Le passage des activités de chasse-cueillette à celle de l'agriculture est une transition culturelle majeure dans l'évolution des civilisations humaines. En fixant les populations, elle est à l'origine de l'énorme expansion de la population entraînant à son tour l'altération de l'environnement. Elle s'est produite il y a environ 10.000 ans. Sait-on que l'agriculture a aussi été inventée par les fourmis… il y a 50 millions d'années ? Fourmis champignonnistes : pourquoi cultiver un champignon ? Ces fourmis cultivent un champignon qui constituera l'essentiel de leur alimentation. Quelle est la raison de cette culture ? Les végétaux sont formés essentiellement d'hémicellulose et de cellulose. Ces polysaccharides sont des chaînes complexes d'oses comme les xylanes, la pectine, l'amidon… que les fourmis ne peuvent dégrader, fautes d'enzymes ou de micro-organismes appropriés. Le champignon est lui capable d'effectuer ce travail car il possède les enzymes adéquates. Mode d'action des fourmis champignonnistes C'est en Amérique que l'on rencontre les deux genres majeurs de fourmis champignonnistes : les Atta et les Acromyrmex. Tout commence par la récolte de végétaux que les fourmis transformeront en un jardin souterrain sur lequel poussera le champignon. La récolte des feuilles est un travail collectif qui implique une étroite spécialisation au sein des ouvrières médias. Les ouvrières récolteuses suivent une longue piste chimique qui les mène au site de récolte. Certaines médias grimpent dans les arbres et coupent le pétiole des feuilles qui tombent au sol. D'autres découpent les feuilles en fragments transportables par une seule fourmi. Enfin une troisième catégorie de médias est chargée du transport du matériel végétal vers le nid. C'est un spectacle toujours saisissant de voir de longues files d'ouvrières portant le fragment végétal serré entre leurs mandibules. Les ouvrières des fourmis champignonnistes ramènent vers le nid des fragments de végétaux qui constitueront le jardin sur lequel elles feront pousser un champignon symbiotique. D. Stoffel Taille et vitesse de la porteuse transposées à l'échelle humaine donnent un individu se déplaçant à 25 km/h. Une vitesse supérieure à celle des marathoniens. Et encore le marathonien ne porte pas de charge alors que la fourmi transporte ce qui ressemble à un petit parasol au-dessus de sa tête. La colonne de récolte est protégée par de très gros soldats. Certaines espèces d'Atta formant des sociétés de plusieurs millions d'individus, la récolte est impressionnante. On estime qu'un seul nid d'Atta colombica récolte entre 85 et 470 kg de matière sèche par an. C'est dire que les champignonnistes sont un fléau qui pèse lourdement sur l'économie sud-américaine. Un nid de fourmis champignonnistes. La structure aérienne du nid de cette fourmi champignonniste couvre plusieurs dizaines de m2. On distingue les ouvertures par où les ouvrières coupeuses de feuilles s'engouffrent dans les chambres souterraines. Certaines de ces ouvertures, en particulier celles munies d'une cheminée, assurent une ventilation des chambres où est cultivé le champignon et celles servant de dépotoirs. K. Jaffe L'impressionnant nid des fourmis champignonnistes Les porteuses parvenues au nid s'engouffrent dans le nid souterrain qui est gigantesque. En coulant 6 tonnes de ciment liquide par les ouvertures, on a révélé une structure formée de milliers de chambres dans lesquelles est cultivé le champignon. Le nid atteint 6 à 8 mètres de profondeur. Quarante tonnes de terre sont ramenées à la surface par les ouvrières et éparpillées sur une surface qui peut atteindre 70 m2. Le fragment de feuille est confié à une ouvrière plus petite qui entreprend de le découper en fines lanières. Le matériel végétal est ainsi transmis à des ouvrières de plus en plus petites qui le découpent en fragments de plus en plus minuscules. Des ouvrières minors récupèrent ces fragments infimes et les incorporent à une masse végétale qui prend l'aspect d'une grosse éponge de ménage criblée de trous et de canaux. C'est le jardin à champignon. Les fourmis champignonnistes récoltent des feuilles qu’elles transformeront en un jardin sur lequel elles font pousser le champignon symbiote dont elles se nourrissent. Ce jardin ressemble à une éponge. Le mycélium forme un feutrage d’un blanc sale. M. Poulsen et J.-J. Boomsma Les parois des cavités sont tapissées d'une substance duveteuse ressemblant à de la moisissure. Ce sont les filaments mycéliens ou hyphes du champignon c'est-à-dire la partie végétative d'un champignon, supérieure à chapeau, plus exactement une lépiote. Mais l'élément reproducteur, c'est-à-dire le chapeau porteur des spores, ne se développe jamais dans un jardin en bonne santé. En revanche, le mycète produit des fructifications destinées aux fourmis. Les hyphes s'allongent et développent des renflements de 0,5 mm de diamètre appelés choux-raves en raison de leur vague ressemblance avec ce légume. Le champignon symbiote des fourmis champignonnistes produit des fructifications gorgées de sucres simples et de lipides. Ces « choux-raves » sont produits uniquement pour alimenter les fourmis. J. Wüest La culture des champignons par les fourmis jardinières Ce sont les fourmis les plus petites de la société, des jardinières, 250 fois moins lourdes que les soldats, qui ont en charge la culture du champignon. Leurs pratiques culturales sont très semblables à celles de l'Homme. Elles arrachent à la partie inférieure du jardin des touffes de mycélium qu'elles implantent à la partie supérieure qui vient de recevoir de nouveaux fragments végétaux. En même temps, elles enrichissent la partie neuve du jardin de gouttes fécales assimilables à un apport d'engrais. Mais ces gouttes fécales sont aussi riches en enzymes capables d'hydrolyser les polysaccharides végétaux. Ces enzymes proviennent du champignon. En consommant du champignon, les ouvrières absorbent les enzymes du mycète, qui après avoir traversé leur tube digestif, se retrouvent dans le rectum. Les fourmis se comportent ainsi comme un convoyeur d'enzymes. Le nid de cette champignonniste de la savane argentine est parvenu à maturité. La coupole formée par la terre excavée mesure 6 m de diamètre et représente un volume d'environ 16 m3. La coupole est percée de 169 ouvertures. Certaines sont simplement destinées au passage des millions d'ouvrières qui aménagent les chambres souterraines dans lesquelles se pratique la culture d'un champignon symbiotique. D'autres sont surmontées de cheminées d'un vingtaine de cm de haut destinées à assurer la ventilation du nid. L'air frais pénètre par les ouvertures les plus basses alors que l'air chaud sort par les cheminées du haut. C. Kleineidam Au total, le matériel végétal sera soumis à la dégradation de ses polysaccharides grâce à l'action des enzymes du champignon, soit directement, soit indirectement quand elles transitent par le tube digestif des ouvrières. Ce sont essentiellement les xylanes et l'amidon qui sont dégradés, la cellulose restant à peu près intacte. Les carbohydrates issus de la dégradation, donc des sucres simples, se concentrent dans les choux-raves ainsi que des lipides. Les hyphes sont elles riches en protéines. Il ne reste plus aux ouvrières qu'à consommer les choux-raves et les hyphes pour trouver tout ce qui est nécessaire à leur métabolisme. Si les ouvrières du service extérieur consomment aussi de la sève obtenue en découpant les feuilles, les larves sont nourries exclusivement avec les productions du champignon. Le maintien en bon état sanitaire de la culture mycélienne fait apparaître des adaptations remarquables. La chaleur et l'humidité qui règnent dans les chambres de culture favorisent la prolifération de pathogènes : bactéries et moisissures parasites sont des ennemis mortels du champignon symbiotique. Les fourmis savent lutter très simplement. Avec leurs mandibules, elles arrachent et rejettent les fragments de jardins contaminés. Exactement comme le jardinier arrache les mauvaises herbes. Elles utilisent aussi des produits phytosanitaires. Leurs glandes métapleurales sécrètent des substances antibiotiques qui éliminent les bactéries pathogènes. L'adaptation la plus remarquable concerne la lutte contre un champignon parasite qui détruit le champignon symbiote. Les fourmis chargées de la culture mycélienne ont noué au cours de l'évolution une association mutualiste avec une bactérie filamenteuse. Cette bactérie est logée dans des cryptes nourricières qui s'ouvrent dans la cuticule des fourmis. Voisine des Streptomyces productrices de la célèbre streptomycine, la bactérie filamenteuse des champignonnistes produit un antifongique puissant qui vient à bout du champignon parasite. Conclusion sur les fourmis champignonnistes et leurs cultures Ainsi, la fourmi champignonniste est une véritable agricultrice : elle fabrique le terreau nécessaire, l'ensemence, apporte des engrais, désherbe, applique des produits phytosanitaires et récolte. Cette activité nécessite un mutualisme complexe. Les bénéfices pour la fourmi sont d'ordre alimentaire comme on vient de le voir. Ils sont évidents aussi pour le champignon. Il pousse dans un microclimat souterrain qui lui apporte chaleur et humidité. Ce milieu le protège d'organismes mycétophages. La «trousse à pharmacie» des fourmis le protège des maladies et des parasites. Il n'a nullement besoin de s'épuiser à produire des éléments reproducteurs (le chapeau). La fourmi se charge de le multiplier et de le disséminer. Lors du vol nuptial, la reine fondatrice emporte un fragment de mycélium qu'elle entretient soigneusement lors de la fondation. La relation symbiotique mutualiste se retrouve dans le couple fourmi-bactérie filamenteuse. Cette dernière donne des antifongiques à la fourmi qui en retour la nourrit et assure sa multiplication. En même temps qu'un fragment de mycélium, la reine fondatrice emporte aussi quelques filaments bactériens assurant ainsi leur propagation. Futura Sciences mars 2012
  9. Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique indique qu'il pourrait se rendre en Corée du Nord pour participer aux discussions sur la reprise des inspections d'une installation nucléaire dans le pays. Yukiya Amano a confié à la NHK ses impressions sur l'accord conclu le mois dernier par la Corée du Nord avec les Etats-Unis pour interrompre provisoirement ses activités d'enrichissement d'uranium sur le site de Nyongbyon. Il a expliqué qu'il devait d'abord s'entretenir avec des officiels nord-coréens pour confirmer les détails de leur accord avec Washington. Il a pourtant fait remarquer que Pyongyang n'avait pas encore contacté l'AIEA sur le sujet. Il a souligné la gravité du programme nucléaire et sa détermination à faire tout ce qu'il pourra pour résoudre le problème. Le prédécesseur de M. Amano, Mohamed ElBaradei, a visité Pyongyang en 2007 à la demande de la Corée du Nord, afin de discuter des procédures pour la reprise des inspections à Nyongbyon. NHK 11/03/2012
  10. Certaines fourmis ont un régime alimentaire fixe, d'autres utilisent la symbiose avec les cochenilles ou les pucerons pour obtenir le miellat dont elles se nourrissent. Régime alimentaire des fourmis rousses des bois Les fourmis rousses des bois du genre Formica ont un régime alimentaire mixte. Comme les fourmis prédatrices, elles font une grande consommation de proies animales. Toutes sortes d'arthropodes leur conviennent : araignées, chenilles, diptères, punaises… sont activement chassés et capturés. Les carapaces dures des coléoptères ne résistent pas à la force de leurs mandibules. Le butin est d'autant plus impressionnant que certaines fourmis rousses des bois réalisent de véritables mégapoles en fédérant leurs dômes. La supercolonie qui nidifie dans le Jura vaudois regroupe environ 1.200 nids peuplés de 200 millions d'individus occupant un domaine de 70 hectares. Les pistes chimiques qui relient tous ces dômes ont un développement total de plus de 100 km. Toutes les ouvrières s'identifient comme faisant partie de la même société car elles partagent les mêmes phéromones de reconnaissance évoquées dans les pages précédentes. Leur cuticule est porteuse d'hydrocarbures spécifiques qui autorisent leur passage d'un nid à l'autre. Cette gigantesque force de frappe peut ainsi récolter annuellement 400 millions de proies. Leur impact est particulièrement spectaculaire lors de l'attaque des forêts par des défoliateurs. On remarque l'existence d'îlots de verdure autour des nids alors que le reste de la forêt est ravagé. Le rôle hygiéniste est reconnu puisque les fourmis rousses des bois font l'objet de mesures de protection. Les ressources en protéines ne constituent que 35 % de leur menu. Les matières sucrées représentent l'essentiel de leur alimentation. Les fourmis rousses exploitent le miellat produit par les pucerons des épicéas. En réponse à des caresses antennaires, les pucerons émettent par l'anus des gouttelettes sucrées qui représentent l'excès de sève qu'ils prélèvent à l'aide de leurs pièces buccales piqueuses-suceuses. Les quantités de miellat recueillies sont impressionnantes puisque les ouvrières se livrent nuit et jour à la collecte et véhiculent une quantité de jus sucré équivalent au ¾ de leur masse. On a calculé que la récolte quotidienne de miellat est de l'ordre de 120 à 170 g par jour. Au total, un dôme de taille moyenne récupère annuellement une vingtaine de kilogrammes de ce délicieux liquide. Les pucerons apprécient la visite des fourmis qui d'une part leur évite de s'engluer dans leurs propres excréments et d'autre part chassent par leurs allers et venues les minuscules guêpes parasites pondant dans leur corps. Les colonies de pucerons sont bien plus prospères quand elles sont fréquentées par des fourmis. Au total chacun y trouve son compte : les fourmis par l'accès à une source de nourriture, les pucerons par une protection efficace. C'est un parfait exemple de symbiose mutualiste. Régime alimentaire des fourmis granivores ou moissonneuses Ajoutons que les fourmis des bois récoltent aussi des graines pour compléter un régime alimentaire varié. C'est un apport limité puisqu'il ne constitue que 4 % de leur collecte. Pour d'autres espèces, les fourmis granivores ou moissonneuses, les graines constituent la partie essentielle de leur alimentation. Beaucoup pratiquent une moisson collective en créant des pistes chimiques qui les mènent au pied des plantes arrivées à maturité. Il est très fréquent de rencontrer en région méditerranéenne ces longues files de fourmis chargées de graines. On observe facilement une relation positive entre le poids de la graine récoltée et la taille de l'ouvrière fourrageuse. Ramenées au nid, elles sont stockées dans des greniers dont l'aération en limite l'humidité. Ainsi maintenues au sec et privées par décorticage de leur enveloppe hygrophile, les graines ne peuvent germer. Elles seront broyées par les ouvrières majors, ramollies par la salive des ouvrières médias puis consommées. Il arrive que les récolteuses laissent échapper la graine pendant le transport. Ces graines germeront, favorisant la dissémination de la plante productrice. Les fourmis moissonneuses ne sont pas les seules à cibler un seul type d'aliment. Sucre et cochenilles au menu des fourmis D'autres fourmis consomment exclusivement des matières sucrées. Pour ce faire, elles peuvent compter sur le hasard qui leur fait découvrir une source de matières sucrées, les exsudations des bourgeons par exemple. Mais il est beaucoup plus sécurisant d'avoir une source sucrée permanente. Comme l'éleveur dispose de lait en permanence en soignant son troupeau de vaches, les fourmis bergères d'Asie disposent d'un aliment sucré en élevant des troupeaux de cochenilles. Les cochenilles, comme les pucerons sont des homoptères piqueurs-suceurs qui expulsent du miellat par l'anus. Peu mobiles, elles sont inféodées à la plante qui les nourrit. En milieu tropical, la croissance des plantes n'est pas tributaire du rythme des saisons. On trouve côte à côte des plantes en arrêt végétatif et des plantes en pleine croissance. Seules ces dernières produisent une sève riche en acides aminés qui nourrit les cochenilles. Ces dernières doivent donc changer régulièrement de plante-hôte. Dans l'île de Bornéo, ce sont les fourmis bergères Dolichoderus cuspidatus qui se chargent du transfert. Ces fourmis vivent en effet en parfaite symbiose mutualiste avec les cochenilles. Lorsqu'une plante cesse de produire la sève adéquate, les fourmis bergères construisent un nouveau réseau de pistes vers une plante fraîche. Les milliers de cochenilles qui constituent le cheptel sont transportées vers un site provisoire, une sorte de parking. Elles voyagent entre les mandibules des fourmis ou bien se font porter sur le dos de leurs partenaires. Quelques individus sont transportés sur une plante fraîche. Si ces individus «goûteurs» perforent les canaux conduisant la sève, le site est considéré comme favorable et l'ensemble des cochenilles sont déménagées. Si au contraire, les goûteurs refusent d'actionner leurs stylets perforants, c'est que la plante n'est pas satisfaisante. Une autre plante sera testée, toujours à l'aide des fourmis transporteuses. Quand la bonne plante a été trouvée, les cochenilles du parking y sont acheminées. Si le nid des fourmis est trop éloigné de ce site, les ouvrières chargées de la reine et du couvain se rapprochent de leur troupeau en établissant un nouveau bivouac près de la nouvelle plante nourricière. De plus, une partie des ouvrières s'amassent autour des cochenilles, les protégeant de la pluie et de leurs prédateurs ou parasites. Bien sûr les fourmis bergères profitent pleinement du miellat produit. La symbiose mutualiste est devenue obligatoire. Les cochenilles ont absolument besoin des fourmis pour accéder à une nouvelle plante-hôte et les fourmis s'alimentent exclusivement du miellat des cochenilles. Comment ne pas faire le rapprochement avec le nomadisme, où l'homme, chargeant tentes, femmes et enfants, suit son troupeau de pâturage en pâturage ? Futura Sciences mars 2012
  11. Les espèces à faible effectif comme les Temnothorax de nos régions ont besoin de peu d'espace pour se loger. Elles peuvent se contenter du contenu creux d'un gland de chêne ou occuper une cavité entre deux pierres plates superposées. Quand l'effectif est plus conséquent, elles peuvent creuser le sol pour aménager des loges. Chez la fourmi méridionale Pheidole pallidula, l'ouverture est située sous une pierre qui protège le nid et fait aussi office de chambre chaude où l'évolution du couvain est accélérée par le rayonnement solaire. La captation de la chaleur peut se faire par l'intermédiaire d'un dôme de terre que les fourmis des prairies réalisent en remontant à la surface la terre excavée lors du creusement des chambres souterraines. Pheidole purpurea John T. Longino Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Fourmilière : le nid de la fourmi rousse Les fourmis rousses des bois qui appartiennent au genre Formica ont un comportement plus complexe. Elles édifient leur solarium en entassant des aiguilles d'épicéa. Le dôme de Formica paralugubris dans le Jura peut mesurer 1,20 mètre de haut. L'édifice est parfaitement climatisé grâce au labeur d'ouvrières dédiées aux travaux extérieurs. Le matin, elles pratiquent des ouvertures en déplaçant les aiguilles ce qui permet au soleil de réchauffer les couches supérieures du nid. Ces ouvertures seront bouchées l'après-midi pour éviter la surchauffe. En même temps que les ouvrières de l'extérieur jouent au mikado avec les aiguilles, celles du service intérieur déplacent les larves et les cocons pour leur procurer une température optimale. Le dôme de la fourmi rousse des bois Formica paralugubris est édifié en lisière de la forêt pour mieux capter les rayons du soleil. A. Maeder Les nids de la fourmi tisserande Les nids les plus singuliers appartiennent aux fourmis tisserandes, Oecophylla longinoda. Dans les forêts africaines, cette espèce établit ses nids dans les arbres. Une même société, bien que possédant une seule reine, possède des dizaines de nids qui occupent un ou plusieurs arbres. Ces fourmis très agressives sont connues pour leur travail qui rappelle une activité humaine. La confection de leur nid passe par la réalisation d'un tissu de soie qui peut ressembler au labeur des tisserands. Les espèces de la sous-famille des Formicinae, à laquelle appartiennent les œcophylles se nymphosent à l'intérieur d'un cocon. La larve du dernier stade possède des glandes labiales hypertrophiées qui sécrètent la soie avec laquelle elle confectionne le cocon. Les fourmis tisserandes installent leurs nids entre des feuilles qu’elles replient pour former la poche qui abritera la société. Ce travail nécessite une coopération sophistiquée entre ouvrières. C. Leroy Chez les œcophylles, la nymphe est nue. La soie est détournée par les ouvrières pour un autre usage. La construction du nid commence par un travail qui implique une coopération poussée à l'extrême. Les ouvrières rapprochent et plient plusieurs feuilles pour réaliser une sorte de bourse. En s'accrochant les unes aux autres elles réalisent un pont entre deux feuilles. Puis tirant toutes en même temps, elles raccourcissent la chaîne vivante et maintiennent rapprochées les feuilles. L'opération de tissage peut alors commencer. Une ouvrière major s'empare avec ses mandibules d'une larve parvenue au dernier stade et effectue des va-et-vient entre deux feuilles. Chaque fois que la tête de la larve vient au contact d'une feuille, une goutte de soie est émise qui adhère à la surface foliaire. L'ouvrière se déplace vers l'autre feuille, étirant un fil de soie dont l'extrémité viendra se coller sur le bord de cette deuxième feuille. Le passage répété de l'ouvrière entre les deux feuilles met en place une nappe soyeuse qui colle les feuilles entre elles. L'implication de nombreuses fourmis, chacune tenant une larve serrée entre ses mandibules, renforce la solidité du tissu soyeux qui réunit plusieurs feuilles et ferme le nouveau nid. La construction des abris de la fourmi tisserande est un chantier permanent. Il faut en effet de nombreux nids pour abriter une population qui atteint 500.000 individus. D'autre part, les nids de feuilles sont fragiles et ne résistent que peu de temps au dessèchement qui les brise. Futura Sciences mars 2012
  12. Les fourmis les plus anciennes sont âgées d'environ 120 millions d'années. Les descendants de ces formes ancestrales sont toujours présents. Ce sont des chasseurs redoutables qui capturent de menus insectes au cours de chasses solitaires. Selon les espèces, les stratégies de chasse sont différentes. Les rôles sont répartis et la coopération est de mise. Il n'y a aucune coopération ni pendant la chasse, ni pendant le transport des proies lors du retour au nid. Certaines espèces sont très spécifiques dans leur choix, ciblant par exemple uniquement des mille-pattes. D'autres, au contraire, sont très éclectiques et capturent tout ce qui passe à portée de leurs mandibules. Ces dernières sont souvent très longues, formant de redoutables pinces. Une fourmi prédatrice. Odontomachus bauri s’apprête à refermer des mandibules-piège sur une larve de grillon. A. Wild Les Odontomachus, fourmis tropicales redoutables chasseuses Les Odontomachus sont des espèces tropicales de grande taille. Ses longues mandibules portent sur la face intérieure de longues soies tactiles. En chasse, l'ouvrière maintient ses mâchoires ouvertes à 180° si bien que les soies tactiles sont dirigées vers l'avant. Lorsqu'elles heurtent une proie, elles déclanchent la fermeture des mandibules un peu à la manière des mâchoires d'un piège à loup. La fermeture réflexe se fait à une vitesse extraordinaire puisqu'elle ne demande que 0,13 milliseconde. La vitesse du mouvement mandibulaire est supérieure à celle effectuée par une balle de fusil ! La proie ne peut échapper. Elle est écrasée ou transpercée par les dents acérées. Si elle bouge encore, elle est achevée d'un coup d'aiguillon. Les Odontomachus sont des chasseurs solitaires dont le nid ne possède que quelques dizaines ou centaines d'individus. Les stratégies des fourmis nomades Les fourmis nomades, appelées aussi légionnaires, d'Amérique ou d'Afrique ont adopté une autre stratégie. Leurs sociétés sont gigantesques. Les Eciton d'Amérique forment des sociétés comptant des centaines de milliers d'individus alors que celles des Dorylus d'Afrique (les fourmis magnans) peuvent atteindre 20 millions d'ouvrières. Et pourtant ces sociétés ne possèdent qu'une seule reine dont la fécondité est bien sûr conséquente. Pendant la période de ponte la reine des Eciton pond deux œufs par minute soit 100.000 à 300.000 par cycle. Sa longévité étant d'environ 10 ans, c'est 6 millions d'œufs qui seront pondus par cette stakhanoviste de la reproduction. Les fourmis nomades doivent leur nom au fait qu'elles ne possèdent pas de nids fixes et structurés. Le soir, elles se rassemblent dans un creux de terrain pour former un bivouac ovoïde souvent plus gros qu'un ballon de football. Cette masse vivante, formée par l'enchevêtrement des ouvrières, abrite la reine et le couvain en son milieu. La vie des fourmis nomades est marquée par l'alternance de deux cycles se succédant avec la régularité d'une horloge. Pendant la phase sédentaire qui dure 20 ± 1 jours, l'abdomen de la reine enfle de façon spectaculaire sous la pression des ovaires. Vers la fin de la période, la reine commence sa ponte frénétique. En même temps, les cocons issus de la phase précédente achèvent leur maturation. Pendant la phase sédentaire, il n'y a donc pas de larves dans la société. Cela limite l'appétit de la troupe. Une quinzaine de raids de chasse sont suffisants pour rassasier les ouvrières. Les proies existent en quantité suffisante autour du bivouac qui se reforme tous les soirs à la même place. Les événements qui interviennent à la fin de la phase sédentaire vont modifier l'activité de la société. Les œufs éclosent par dizaines de milliers, constituant autant de nouvelles bouches à nourrir. En même temps, les cocons éclosent libérant une nouvelle main-d'œuvre abondante. Les proies ne sont plus en nombre suffisant. La société doit explorer chaque jour une nouvelle aire de chasse. C'est le début de la phase nomade qui dure exactement 16 à 17 jours. Elle est marquée par un déplacement quotidien. Chaque jour la société déménage en entraînant la reine et en emportant le couvain pour installer un nouveau bivouac à 100 ou 300 mètres du précédant. C'est au cours de la phase nomade que les larves grossissent et leur croissance finie, tissent leur cocon. Cet événement marque la fin de la phase nomade et le début d'une nouvelle phase sédentaire. Les raids de chasse, quotidiens en phase nomade et presque quotidiens en phase sédentaire, sont impressionnants. C'est un véritable fleuve de fourmis, large d'une vingtaine de centimètres, qui coule dans la forêt tropicale s'éloignant du bivouac à la vitesse de 20 mètres à l'heure. Les fourmis de tête laissent échapper de la phéromone de piste qui guide les chasseuses de l'arrière. Ces dernières passeront bientôt devant avant d'être elles-mêmes remplacées par de nouvelles venues. L'ensemble forme une sorte d'autoroute à quatre voies : les deux voies centrales sont réservées aux fourmis revenant vers leur nid chargées des proies capturées. Les ouvrières des voies extérieures se hâtent vers le terrain de chasse. Pendant la phase sédentaire, le terrain de chasse est limité, puisque centré autour du bivouac. Les fourmis se doivent d'éviter de ratisser deux fois le même terrain. Chaque raid est alors décalé d'environ 120° vers la droite ou vers la gauche par rapport au raid de la veille. Ceci évite de chasser sur un terrain visité précédemment et même sur un terrain contigu que les proies effrayées auraient pu fuir. Départ d’un raid de chasse de la fourmi légionnaire africaine Dorylus nigricans (la fourmi magnan). La colonne se déplace à la recherche de proies. Elle est protégée par un soldat, mandibules menaçantes. W.H. Gotwald Jr Les rôles répartis au cours de la chasse La division du travail repose sur de fortes différences morphologiques. Les médias restent dans le bivouac et s'occupent des larves. Les médias sont les généralistes affectées à la chasse. Les proies sont transportées essentiellement par des ouvrières spécialisées, munies de longues pattes qui leur permettent d'enjamber les obstacles. D'autres ouvrières, plus petites, jouent les cantonniers : selon leur taille, elles s'aplatissent dans les trous de la piste, la nivelant pour favoriser le passage des porteuses. Puis elles se redressent et foncent vers l'avant pour boucher les trous à venir. Les soldats, aux mandibules impressionnantes, se positionnent sur les flancs de la colonne, mâchoires ouvertes et antennes frémissantes. Gare à qui voudrait perturber le raid. À raison de 25.000 à 200.000 individus impliqués dans la chasse, c'est le sauve-qui-peut dans la litière de la forêt. Le couvain de fourmis d'espèces étrangères est le premier à faire les frais de cette force destructrice. Suivent les blattes, sauterelles, coléoptères, araignées, scorpions… bref tout ce qui ne peut se sauver à temps. Même de petits lézards, de jeunes serpents somnolents, des oisillons, sont capturés. En brousse, les poules ou les lapins encagés sont mis à mort, dépecés et ramenés au nid. Le rapatriement des proies fait l'objet d'une coopération exemplaire. Les petites prises sont transportées individuellement. Les plus grosses font l'objet d'un transport collectif ou sont découpées sur place pour être mieux manipulées. Chaque jour, ce sont 30.000 proies représentant des litres de chair fraîche qui font ainsi retour vers le bivouac pour rassasier ouvrières et larves. Futura Sciences mars 2012
  13. La coopération, qui est une marque des sociétés, implique la circulation d'informations afin que les individus du groupe soient informés en permanence des besoins et des activités de la société. Chez les fourmis, différentes glandes produisent des composés appelés les phéromones. Le rôle de phéromones dans la communication des fourmis On a déjà évoqué l'existence d'une glande postpharyngienne chez les ouvrières, qui stocke des substances utilisées pour la reconnaissance coloniale. Mais il y a bien d'autres glandes qui déversent à l'extérieur des composés volatils responsables des divers comportements sociaux. Les mieux connues sont logées dans l'abdomen : glande de Dufour, glande à poison, glande rectale ou pygidiale… D'autres se trouvent dans la tête (glandes mandibulaires et glande postpharyngienne) ou dans les pattes. Leur production sont les phéromones qui, déposées sur le sol ou projetées dans l'air à la manière d'un spray informent les compagnes. Les fourmis sont ainsi de véritables usines chimiques montées sur six pattes. La structure sociale, la cohésion des congénères, la productivité de la colonie dépendent de ces molécules odorantes. Les phéromones sexuelles émises tantôt par les mâles, tantôt par les reines vierges, sont responsables du rapprochement des sexes pendant le vol nuptial. Les phéromones d'agrégation émises par la reine attirent les ouvrières qui forment une sorte de cour royale autour de la femelle reproductrice. Les phéromones de recrutement attirent les congénères en un endroit précis. Les mieux connues sont les phéromones de piste qui informent les compagnes à la fois sur la qualité (matières sucrées, proies animales…) et la quantité de la provende. Chez la fourmi du pharaon Monomorium pharaonis, on connaît une phéromone de piste à longue durée d'action qui permet de dessiner un réseau de pistes parcourues chaque jour. Une deuxième phéromone est plus volatile, mais attire un plus grand nombre d'ouvrières sur la piste. Enfin une troisième substance déposée aux croisements fait office de sens interdits informant les ouvrières qu'il n'y a aucune nourriture sur la route ainsi signalée. Les phéromones d'alarme alertent, regroupent ou dispersent les ouvrières mises en difficulté par un événement imprévu comme l'irruption d'un intrus. Les phéromones territoriales sont déposées au sol à proximité du nid. Elles dissuadent des fourmis étrangères de s'approcher de l'entrée et en même temps signalent aux propriétaires la proximité des accès. Un caractère commun aux phéromones est qu'elles agissent à des concentrations incroyablement faibles. Les fourmis champignonnistes déposent une piste chimique lorsqu'elles recherchent des végétaux. La phéromone est délivrée par la glande à poison qui ne contient que 10-9 gramme de matière active. L'ensemble de la société stocke ainsi seulement 1 mg de phéromone de piste. C'est pourtant suffisant pour tracer une piste attractive qui ferait trois fois le tour de la Terre au niveau de l'équateur ! Le monde myrmicéen est ainsi un « monde du silence » où les signaux chimiques sont parmi les plus perfectionnés que l'on puisse trouver dans le monde animal. L'émission de substances odorantes va de pair avec l'existence de structures sensorielles capables de les identifier. Ce sont les antennes qui sont porteuses d'organes sensoriels en connexion avec des neurones spécialisés dans la détection des molécules chimiques. Les antennes sont en quelque sorte le « nez » des fourmis. Futura Sciences mars 2012
  14. Chez les fourmis, le déterminisme du sexe est particulier. On rencontre par exemple des pontes issues de parthénogenèses, quand d'autres fourmis naissent d'une reproduction sexuée. Pendant plusieurs années, la jeune fourmilière de la fourmi des jardins va produire exclusivement des ouvrières. Cette « task force » lui permet d'étendre son domaine vital, de conquérir de nouvelles sources alimentaires au besoin en repoussant des sociétés concurrentes dont l'effectif est plus faible. Femelles sexuées ailées de Pheidole pallidula les futures reines élevées par des ouvrières. Dans quelques jours, elles s'envoleront pour s'accoupler, perdre les ailes et fonder de nouvelles sociétés. Luc Passera Quand elle est assez peuplée et parvenue à maturité, la société peut réaliser son but ultime : produire des reproducteurs mâles et femelles afin de disséminer un maximum de reines ailées susceptibles de fonder autant de nouvelles sociétés. L'évolution conduit les fourmis, comme les autres organismes, à disséminer au maximum leurs gènes. Déterminisme du sexe : œufs vierges et œufs fécondés Le déterminisme du sexe chez les fourmis est très différent de celui que nous connaissons chez les vertébrés. Ici, pas de chromosomes X ou Y. La reine pond deux sortes d'œufs. Elle peut à volonté ouvrir ou fermer sa spermathèque, donc laisser passer ou non des spermatozoïdes. Dans le premier cas, les œufs sont fécondés et possèdent deux jeux de chromosomes, l'un transmis par la reine, l'autre par le mâle. Ces œufs diploïdes sont à l'origine de tous les individus femelles, qu'ils soient des reines ou des ouvrières. Dans le second cas, les œufs sont vierges. Ils ne contiennent qu'un jeu de chromosomes transmis par la mère. Ils sont à l'origine des mâles de la société. C'est donc la reine qui est responsable du sexe de ses enfants. Lors de la fondation, la reine se garde bien d'émettre des œufs vierges à développement mâle. Pour réussir son entreprise elle a besoin du plus grand nombre d'ouvrières ce qui l'amène à ne pondre que des œufs fécondés. Dans des circonstances particulières, il arrive que les ouvrières pondent. Puisqu'elles ne sont pas fécondées, elles émettent des œufs vierges donc à devenir mâle. Ce déterminisme du sexe qualifié d'haplodiploïde fournit donc des mâles qui n'ont pas de père puisqu'ils sont produits par une parthénogenèse arrhénotoque. Comme toutes les règles, celle-ci connaît des exceptions rocambolesques. Les cas insolites de la reproduction des fourmis Déterminisme du sexe et de la caste d'une fourmi. D. Gourdin En matière de sexualité les fourmis ne connaissent pas de limites. Les fourmis méditerranéennes Cataglyphis cursor ont bien des fils sans père mais les jeunes reines sont aussi le fruit d'une parthénogenèse royale que l'on qualifie de thélytoque. La reproduction sexuée est utilisée uniquement pour produire les ouvrières. Wasmannia auropuntata, fourmischez qui les reines sont issues d'une parthénogenèse. April Nobile Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Il y a mieux encore. Chez une fourmi de l'Amérique du Sud, Wasmannia auropuntata, les nouvelles reines sont aussi issues de la ponte parthénogénétique de leur mère. Mais ici les mâles sont issus d'un œuf fécondé. Seulement dans cet œuf, le matériel génétique transmis par la mère dans l'l'ovule disparaît. Il ne reste que le matériel génétique apporté par le spermatozoïde, donc par le père. Autrement dit, les mâles de cette fourmi sont les clones de leur père. Voici donc une fourmi dont les reines sont les clones de leur mère et les mâles les clones de leur père. Seules les ouvrières sont issues d'une reproduction sexuée utilisant le matériel génétique de la maman et du papa. Vous suivez ? Parce qu'il y a encore plus extravagant chez la fourmi champignonniste Mycocepurus smithii. Plus extravagant mais très simple. Chez cette espèce le mâle a disparu au cours de l’évolution. La reine pond donc des œufs obligatoirement vierges se développant par parthénogenèse thélytoque. Les uns donneront de nouvelles reines alors que les autres évolueront en ouvrières. En supprimant la reproduction sexuée, on ne peut faire plus simple. Chez Mycocepurus smithii, la reproduction n'est jamais sexuée. April Nobile Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Et le déterminisme des reines ? D'une manière générale, les futures reines et les ouvrières sont produites à partir d'œufs fécondés absolument semblables. Toutes les larves femelles nées d'un même père et d'une même mère ont le même génome. C'est au cours du développement larvaire que certaines larves s'orientent vers la voie ouvrière et d'autres vers la voie royale. L'explication la plus souvent retenue est que l'alimentation donnée aux immatures par les ouvrières nourrices peut varier d'une larve à l'autre, provoquant l'expression de gènes différents responsables par exemple de l'apparition des ailes. La cause première serait donc à rechercher dans des facteurs environnementaux. Outre la quantité et la qualité de l'aliment donné aux larves, on peut aussi suspecter la température subie par les larves soumises ou non à une hibernation, ou encore des facteurs émanant de la reine. Toutefois l'existence d'un facteur génétique semble bien présent dans certains cas. Certaines reines sont fécondées par plusieurs mâles. Les filles d'une fourmilière sont alors des demi-sœurs (même mère, mais père différent). Certaines lignées semblent évoluer plus facilement vers la voie royale et d'autres vers la voie ouvrière. Au total il pourrait bien exister un continuum tant les espèces de fourmis sont nombreuses. D'un déterminisme purement environnemental, on pourrait passer progressivement à un déterminisme strictement génétique avec tous les intermédiaires possibles. Futura Sciences mars 2012
  15. La naissance d'une nouvelle société de fourmis est un processus complexe qui a subi de fortes pressions de l'évolution et présente de nombreuses variantes. On peut toutefois prendre pour modèle les espèces ne possédant qu'une seule reine fonctionnelle (au départ, la gyne) que l'on qualifie d'espèces monogynes. Accouplement des fourmis : la période de l'essaimage C'est le cas de notre fourmi des jardins, Lasius niger. Par une belle et chaude soirée d'été, sans vent, il n'est pas rare de voir tomber dans les verres et les assiettes d'un repas pris sur une terrasse de lourdes bestioles. Ce sont des reines de la fourmi des jardins surprises au milieu de la période la plus dangereuse de leur existence : l'essaimage. Ces reines sont ailées. Accouplement d’une reine de Formica paralugubris après le vol nuptial. Le mâle à gauche va bientôt périr. La reine à droite va bientôt perdre ses ailes. A. Maeder Contrairement à leurs ouvrières toujours aptères, les reines possèdent le plus souvent des ailes à l'issue de la métamorphose qui libère le jeune adulte. Ces jeunes reines vierges, on les appelle des gynes, stationnent plusieurs semaines dans leur nid de naissance au cours desquelles elles sont gavées par leurs ouvrières afin d'accumuler des réserves sous forme de lipides. Le jour de l'essaimage, elles sortent en masse des nids d'une région donnée et s'élancent dans les airs. Les mâles, bien plus petits et eux aussi ailés, en font autant. Si les conditions climatiques jouent sûrement un rôle dans la sortie synchronisée des gynes et des mâles d'un même territoire, on en ignore le mécanisme intime. Selon les espèces, l'accouplement a lieu dans les airs ou au sol. On peut voir ainsi s'abattre des couples in copula. La femelle se dégage très vite et abandonne le mâle à son triste sort. Elle s'empresse de briser ses ailes à l'aide de ses pattes et, rendue ainsi plus agile, elle cherche au plus vite une fissure du sol où elle disparaît. Le vol nuptial suivi de la brève course sur le sol est une période très dangereuse car de nombreux prédateurs sont à l'affût : oiseaux, mais aussi lézards, araignées et surtout fourmis voisines. Le plus souvent l'accouplement a été unique, mais chez quelques espèces les gynes utilisent plusieurs mâles. Dans tous les cas la saison des amours est terminée et la jeune reine ne copulera plus jamais. Enfermée dans ce qui est la première chambre du nid, la jeune reine va entreprendre une fondation indépendante. Ponte des œufs et évolution dans le nid La fondation indépendante chez la fourmi de feu Solenopsis invicta. La reine soigne elle-même le premier couvain. On voit des œufs, des larves et des nymphes dont certaines (les plus brunes) vont donner naissance aux premières ouvrières de la nouvelle société. A. Thrun Elle pond très vite ses premiers œufs qu'elle lèche soigneusement afin d'éviter qu'ils soient victimes de moisissures pathogènes car ils sont posés à même le sol. On estime que 1 à 5 % seulement des fondations iront à leur terme. Les œufs éclosent au bout d'une dizaine de jours, libérant les premières larves. Ces dernières sont nourries par une reine-mère qui au moins dans le cas de la fourmi des jardins ne sort plus de son nid. L'aliment trophallactique provient des réserves corporelles de la reine. En particulier, les muscles des ailes, désormais inutiles, sont métabolisés. Les nutriments s'additionnent à ceux provenant du corps gras abdominal et constituent le seul aliment permettant la croissance des larves jusqu'à leur métamorphose. Les premières ouvrières de la fourmi noire des jardins apparaissent en septembre. Elles sont de très petite taille car la reine fondatrice dispose de réserves alimentaires limitées. D'autre part, la fondatrice est pressée. Elle a tout intérêt à produire sa première descendance très vite de manière à ce que ses ouvrières occupent le terrain avant la progéniture des autres fondatrices car la concurrence est rude. Mieux vaut produire des petites ouvrières précocement que de plus grosses tardivement quand l'espace est occupé. La fondation réussie, les premières ouvrières vont sortir du nid et ramener de la nourriture. Dès lors, la reine se consacrera exclusivement à sa fonction reproductrice. L'entretien des œufs, le nourrissage des larves seront assurés par ses filles. Gynes et sociétés des fourmis La fondation que l'on vient de décrire comporte de nombreuses variations. Les reines peuvent s'associer lors de l'élevage du premier couvain (les œufs et les larves) ce qui augmente les chances de réussite. Toutefois, après l'émergence des premières ouvrières, des combats opposent les reines entre elles si bien qu'une seule survit. C'est le retour à la monogynie. Il arrive parfois que les gynes de certaines espèces ne puissent accumuler assez de réserves alimentaires pour fonder leur nouvelle société d'une manière autonome. De plus, ces femelles volent mal ou pas du tout. Le vol nuptial est réduit ou même absent. Les jeunes reines retombent alors au voisinage d'une fourmilière de leur espèce ou même s'y rendent à pied. Elles y pénètrent et feront élever leur progéniture par les ouvrières de la société d'accueil. Cette fondation dépendante, aboutit à multiplier le nombre de reines dans le nid qui devient ainsi polygyne. Fondation dépendante et indépendante obéissent ainsi à deux stratégies différentes. Dans le premier cas, les sociétés disséminent à longue distance et colonisent de nouveaux territoires lointains. Mais l'entreprise est risquée et souvent tourne mal à cause des prédateurs et des pathogènes. La deuxième stratégie est plus sécurisante. La jeune reine échappe plus facilement à ses prédateurs, le vol nuptial étant de courte durée ou absent. La première génération d'ouvrières a toutes les chances de voir le jour grâce aux efforts des nourrices du nid d'accueil. Mais en contrepartie, l'espèce considérée peine à conquérir de nouveaux espaces. Elle ne peut que densifier un territoire déjà conquis. Futura Sciences mars 2012
  16. Une caractéristique fondamentale des sociétés de fourmis est l'existence d'une division du travail qui ne s'arrête pas à la fonction reproductrice. Les ouvrières elles-mêmes accomplissent des tâches particulières. La division du travail se fait soit par un polymorphisme déterminant, soit par l'âge. Cette parcellisation des tâches apparaît clairement quand les ouvrières sont polymorphes. On parle alors d'une division du travail ou d'un polyéthisme de caste. La division du travail selon le polymorphisme Les ouvrières minors et médias D'une manière générale les ouvrières les plus petites, les minors, s'occupent des tâches domestiques intérieures au nid : soins aux immatures, en particulier le nourrissage des larves. Elles lèchent aussi ces larves pour les maintenir dans un parfait état de propreté. Ces mêmes ouvrières nourrissent la ou les reines. Les ouvrières médias sont chargées de la récolte alimentaire dans le monde extérieur. Elles transmettent la nourriture aux ouvrières minors. Les ouvrières majors Quant aux ouvrières majors, leur grande taille et leurs puissantes mandibules les prédisposent aux fonctions guerrières. Chez les fourmis nomades d'Amérique ou d'Afrique les ouvrières majors deviennent de véritables soldats armés de redoutables mandibules acérées. Disposées le long des colonnes de chasse, elles protègent efficacement les ouvrières pourvoyeuses. Leurs mandibules peuvent percer la peau des petits vertébrés et éventuellement mordre cruellement des animaux de plus grande taille, Homme compris. Chez les Messor d'Europe ou les Pogonomyrmex d'Amérique qui sont des espèces granivores, les ouvrières majors possèdent des mandibules puissantes qui spécialisent leurs propriétaires dans la tâche d'écraser les graines ramenées au nid. Les fantaisies morphologiques peuvent affecter la forme de la tête. Les Camponotus truncatus de nos régions sont des fourmis arboricoles. Leurs nids creusés dans le bois, s'ouvrent à l'extérieur par un petit orifice cylindrique. Les soldats possèdent une tête aplatie en forme de disque qui vient s'ajuster dans le trou d'accès exactement comme un bouchon ferme le col d'une bouteille. Ces « portiers » s'effacent quand une ouvrière pourvoyeuse de leur société revient au nid. Les fourmis « portiers » obturent le trou d’accès du nid avec leur tête aplatie en forme de disque. D. Gourdin La division du travail selon les âges Toutes les espèces de fourmis n'ont pas des ouvrières de tailles différentes. Quand elles sont monomorphes, la division du travail est liée à l'âge de l'individu, conduisant à un polyéthisme d'âge. - La règle générale veut que les ouvrières les plus jeunes restent dans le nid. Ces spécialistes des fonctions domestiques alimentent la reine et les larves. Ce sont des ouvrières nourrices. - En prenant de l'âge, elles s'éloignent du centre du nid pour occuper des fonctions de gardiennes aux ouvertures. - Ce n'est qu'à la fin de leur vie, qu’elles sortent de la fourmilière et prennent en charge les fonctions de pourvoyeuses. - Ce sont aussi ces ouvrières âgées qui essaient d'étendre le périmètre des ressources alimentaires. À cette occasion, les combats sont fréquents contres d'autres fourmilières et les pertes importantes. On notera que ce sont donc ces vieilles ouvrières qui sont le plus exposées à des dangers divers : combats, action des prédateurs, perte des repères pour retrouver le nid… Mais ces individus sont en fin de vie. Ils ont déjà rendu à leur société beaucoup de services quand dans leur jeunesse ils travaillaient à l'intérieur du nid. Leur perte est donc négligeable pour la société. Les fourmis champignonnistes Fourmi champignonniste Atta colombica. Brian Gratwicke / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0) La division du travail atteint un degré maximal de sophistication chez les espèces évoluées dont les sociétés comptent des milliers ou des dizaines de milliers d'individus. C'est le cas chez les fourmis champignonnistes d'Amérique du Sud qui se nourrissent d'un champignon qu'elles cultivent. Cette activité sur laquelle nous reviendront n'exige pas moins de 29 tâches différentes confiées à autant de catégories d'ouvrières mêlant morphologie particulière et âge. Pour ne donner qu'un seul exemple, le traitement des déchets générés par la culture du champignon est confié à des ouvrières médias et âgées. Ces ouvrières sont de véritables éboueurs. Elles gèrent des chambres dans lesquelles s'entassent les ordures. Dans ces « poubelles », les bactéries prolifèrent. Il est essentiel de ne pas contaminer l'ensemble des ouvrières. Aussi les fourmis éboueuses, une fois rentrées dans ces chambres n'en sortent plus. Elles y meurent victimes de maladies bactériennes. Là encore, il s'agit d'ouvrières âgées, déjà en fin de vie, dont la disparition n'affecte pas le devenir de la société. La division du travail chez les fourmis autorise une certaine flexibilité surtout quand elle concerne le polyéthisme d'âge. C'est particulièrement vrai lorsque l'environnement social se modifie ou que des besoins nouveaux apparaissent. Si l'on supprime les ouvrières fourrageuses de la fourmi Tapinoma erraticum, les plus vieilles des ouvrières nourrices deviennent des fourrageuses de telle sorte que l'approvisionnement de la société n'est pas interrompu. Le processus de maturation est accéléré, permettant de passer d'une tâche à une autre. Futura Sciences mars 2012
  17. Ce que nous appelons couramment « les fourmis » telles que nous les voyons courir sur le sol, sont toutes des femelles, qui vivent en société matriarcale. Dans le nid, elles sont organisées en deux castes. Les fourmis présentent un polymorphisme qui permet de différencier ces castes : les reines et les ouvrières. Première caste dans la fourmilière : les reines La reine (la plus grosse au centre) et les ouvrières de la fourmi de feu Solenopsis invicta. R.-K. Vander Meer On retrouve ces femelles à l'intérieur du nid, mais une observation attentive montre que l'une (ou plusieurs) de ces femelles est plus grosse et possède un abdomen plus volumineux. En clair, la fourmilière possède une ou plusieurs femelles chargées de la reproduction : ce sont les reines. Elles sont pourvues d'ovaires bien développés et disposent d’un réservoir particulier, la spermathèque, dans lequel elles stockent et conservent pendant des mois ou des années les spermatozoïdes après l'accouplement. Il est peu fréquent dans la vie animale que les spermatozoïdes restent vivants plusieurs années chez la femelle. On ignore encore largement les processus qui autorisent une telle conservation. Seconde caste dans la fourmilière : les ouvrières Fourmi ouvrière de Camponotus pennsylvanicus. futureman1 / Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0) Les autres femelles du nid sont des ouvrières. Plus petites que les reines, elles possèdent bien des ovaires mais ces derniers sont rarement fonctionnels. Mais surtout, elles sont dépourvues de spermathèque. De ce fait, elles ne peuvent s'accoupler et stocker la semence des mâles. Débarrassées d'une fonction reproductrice coûteuse en énergie, elles se consacrent exclusivement à des tâches domestiques : confection, entretien et protection du nid, recherche et rapatriement de la nourriture, nourrissage de la reine, des larves et des ouvrières restées au nid. Le polymorphisme des ouvrières de Camponotus aethiops. On distingue des ouvrières minors, médias et majors. Luc Passera La société de fourmis est donc formée seulement de femelles, les unes reproductrices (les reines), les autres stériles (les ouvrières). On dit que ces sociétés matriarcales sont formées de deux castes. Les ouvrières présentent une autre caractéristique morphologique. Elles sont toujours aptères, c'est-à-dire dépourvues d'ailes. C'est une spécialisation due à l'évolution, puisque les ancêtres des fourmis étaient des guêpes ailées. La perte des ailes peut être un handicap car elle limite les déplacements. Mais c'est aussi une innovation fructueuse. Leur thorax n'a plus besoin de loger les muscles du vol : sa structure se simplifie et s'allège. Si l'on ajoute à cette « économie » le fait que les organes génitaux sont aussi simplifiés et que la taille est réduite on comprend que le coût de production d'une ouvrière est minime pour la société. La fourmilière pourra en élever un très grand nombre à peu de frais. Les ouvrières pourront aussi présenter des modifications morphologiques. Ce polymorphisme de caste permettra une spécialisation poussée dans les tâches accomplies par les ouvrières. C'est souvent la tête qui est le siège de modifications morphologiques. On distingue alors des sous-castes ouvrières. Chez les Messor ou les Camponotus de nos régions, on distingue des petites ouvrières minors, des ouvrières de taille moyenne médias et des ouvrières de grande taille majors. Ce polymorphisme est toujours associé à l'exécution de tâches différentes. Et les mâles ? Ces sociétés matriarcales ont tout de même besoin de l'existence de mâles pour assurer la fécondation des reines. Habituellement ailés, ils sont produits une fois par an. Leurs mandibules rudimentaires les rend inaptes au travail. Ils dépendent totalement des ouvrières pour leur alimentation et quittent très vite leur nid de naissance pour s'accoupler. Ils meurent peu de temps après. Futura Sciences mars 2012
  18. Quelles sont les caractéristiques morphologiques des fourmis ? Leur silhouette est plutôt stéréotypée, si bien que tout le monde identifie une fourmi au premier coup d'œil. Mais il existe des différences selon les sous-familles. Anatomie détaillée d’une fourmi. H. Müller Les sous-familles de fourmis les plus fréquentes en France : ponerinae, formicinae, myrmicinae, dolichoderinea. Luc Passera Chez les Myrmicinae et les Ponerinae, les femelles possèdent un aiguillon vulnérant. Chez les Formicinae et les Dolichoderinae, l'aiguillon a disparu mais les femelles peuvent projeter du venin par le cloaque. Caractères uniques de la fourmi Le caractère commun à tous les organismes vivant en société, de la fourmi à l'Homme, est l'existence d'une coopération entre les individus qui procure un bénéfice net à chacun des spécimens du groupe. Chez les fourmis, coopération et vie sociale sont favorisées par la possession d'organes plus spécifiques. Une glande postpharyngienne logée dans la tête ne se rencontre que chez les fourmis. En plus d'une action assez modeste liée à la digestion, sa sécrétion joue un rôle fondamental dans le processus de la reconnaissance coloniale. Grâce à cette sécrétion, les ouvrières d'un même nid identifient leurs congénères comme faisant partie de la même société. Les fourmis possèdent aussi presque toujours une glande métapleurale qui s'ouvre à l'arrière du thorax. Cette structure émet des substances antibiotiques et antifongiques qui contribuent à maintenir le nid dans une propreté parfaite. Les glandes des fourmis. D. Gourdin Les deux glandes que l'on vient d'évoquer sont en relation avec la vie sociale de ces insectes. Un autre dispositif anatomique joue un rôle fondamental dans la vie en société. Il s'agit de l'existence d'un jabot social. L’appareil digestif des fourmis et le jabot social. D. Gourdin Faisant suite à l'œsophage, cette poche de l'appareil digestif possède vers l'arrière un dispositif de fermeture facultative. Lorsque l'ouverture est fermée, les individus chargés de nourrir la société remplissent ce jabot de jus sucrés, par exemple du miellat de pucerons. Revenus au nid, les insectes ravitailleurs régurgitent la provende à d'autres fourmis qui par le même processus alimentent la reine et les larves. Cet échange de nourriture liquide, bouche-à-bouche, est connu sous le terme de trophallaxie. Échange d’une gouttelette trophallactique. La donneuse est à gauche ; la receveuse est à droite. A. Wild Bien entendu, quand la fourmi ravitailleuse veut utiliser la nourriture à son profit, elle ouvre le jabot social dont le contenu s'écoule alors dans son estomac. Les échanges trophallactiques sont un caractère propre aux insectes sociaux et ne se retrouvent qu'exceptionnellement chez le reste du monde animal. En multipliant les interactions entre occupants d'un même nid, ils ont été certainement un puissant moteur de l'évolution sociale. Futura Sciences mars 2012
  19. Le nombre des insectes est prodigieux. Environ 900.000 espèces ont été décrites et classées. Et l'on estime que des millions d'autres sont encore à découvrir, en particulier dans la canopée des forêts tropicales. Puisque environ 1,9 million d'espèces animales ont été décrites, cela signifie que la moitié des animaux peuplant le Globe sont des insectes. La plupart sont des individus solitaires, vivant à la manière des sauterelles ou des papillons. C'est-à-dire que chaque individu vit isolément, cherchant individuellement son alimentation. Reproduction des insectes : généralités Ce n'est qu'au moment de la reproduction que l'insecte se rapproche d'un partenaire de l'autre sexe pour s'accoupler. Cette opération achevée, chacun reprend sa route. Les femelles pondent sans s'inquiéter de leur descendance. Les jeunes larves issues des œufs mènent habituellement à leur tour une vie solitaire plus ou moins errante. Après avoir subi une croissance marquée par des métamorphoses complètes ou incomplètes, elles deviennent à leur tour des adultes solitaires se déplaçant et se reposant au gré de l'abondance de la nourriture. Reproduction des insectes eusociaux Quelques milliers d'espèces d'insectes ont un sort différent : elles ont atteint un stade évolutif sophistiqué qualifié d'eusocial. Cette socialité vraie ou ultime signifie que les individus immatures sont élevés en commun dans un nid, qu'au moins deux générations vivent ensemble et que des individus reproducteurs vivent au côté d'individus non reproducteurs. L'étude des insectes eusociaux et le cas de la fourmi À côté des termites, ces insectes eusociaux se rencontrent chez les hyménoptères : guêpes, bourdons, abeilles et fourmis forment des colonies plus ou moins complexes. Les fourmis sont sans doute les mieux étudiées car elles présentent plusieurs avantages. Alors que les espèces d'abeilles à miel se comptent sur les doigts des deux mains, on dénombre près de 14.000 espèces de fourmis ce qui laisse espérer une grande diversité de modes de vie. On les rencontre partout, sur ou sous la terre, dans les arbres, des régions arctiques à l'équateur en passant par les déserts ; chaque chercheur a ainsi devant sa porte son matériel biologique. Enfin, leur petite taille et l'absence d'ailes permettent de réaliser et de multiplier les élevages dans des nids artificiels de taille modeste. L'observation au laboratoire en est grandement facilitée. La matière ne manque pas. On estime qu'à tout moment 1 à 10 millions de milliards de fourmis circulent sur le Globe. Bien qu'une fourmi ne pèse en moyenne que 1 à 10 mg, soit environ 10 millions de fois moins qu'un être humain, la biomasse de la myrmécofaune excède le poids de toute l'humanité. Futura Sciences mars 2012
  20. Apparues il y a environ 120 millions d’années, les fourmis occupent une place de choix parmi les insectes qui ont atteint la perfection sociale, c’est-à-dire l'eusociabilité. Plongez au cœur de la fourmilière. Ce sont des sociétés matriarcales chez lesquelles la division du travail est poussée à l’extrême. Seules les reines sont fécondes, tandis que les ouvrières stériles prennent en charge le ravitaillement de la société, sa défense ou maternent les larves. Les mâles, eux, sont cantonnés au rôle de simples transporteurs de spermatozoïdes. Un tel partage des rôles a nécessité la mise en place d’une coopération remarquable entre tous les membres de la société. La capacité d’adaptation des fourmis résulte d’une communication olfactive exceptionnelle. Dans leur monde où le silence l’emporte sur le bruit, les phéromones, c’est-à-dire un cocktail de molécules odorantes, déclenchent des activités concertées les plus variées : de la recherche de nourriture à l’alarme, en passant par les soins aux jeunes ou la reconnaissance des apparentés, tout est régi par la production d’informations chimiques. Ces caractéristiques modulées par l’évolution ont conduit à l’émergence d’espèces aux moeurs les plus variées. Des fourmis prédatrices aux fourmis chasseresses, des fourmis champignonnistes ou moissonneuses aux fourmis tisserandes, elles se sont toutes spécialisées et adaptées à leur milieu. Elles ont inventé l’agriculture il y a 50 millions d’années, savent s’orienter sur des repères topographiques ou utilisent une boussole solaire quand ces derniers manquent. Ces comportements n’ont qu’un seul but : apporter un maximum d’aliments à la fourmilière afin qu’elle puisse élever le plus grand nombre possible de eproducteurs. Il faut croire que le but fixé par l’évolution est atteint puisque l’on connaît plus de 14.000 espèces de fourmis depuis l’Antarctique jusqu’à l’Équateur. Un succès écologique qu’elle partage avec l’Homme. Fourmi noire (Lasius niger). C Quintin/ Flickr - Licence Creative Common (by-nc-sa 2.0) Un dossier extraordinaire fait par un professionnel passionné... bonne découverte des fourmis. Edouard6... Tu vas te régaler... !!! Futura Sciences mars 2012
  21. Pour les curieux voire passionnés de ces petits insectes, voilà de quoi assouvir votre curiosité... Pour les autres, certainement des découvertes. Et surtout de quoi satisfaire celle, insatiable, de notre petit fondateur en herbe du forum... J'ai nommé Edouard6 ! J'ai trouvé un dossier fort bien construit par Luc Passera, Myrmécologue, pour Futura Sciences Mais qu'est-ce que la Myrmécologie ? La myrmécologie est une science liée à l'entomologie spécialisée dans l'étude des fourmis. A savoir : Les noms de genre de fourmis sont souvent donnés d'après de célèbres myrmécologues - par exemple, le genre Donisthorpea doit son nom à Horace Donisthorpe, Forelius à Auguste Forel, Janetia à Charles Janet, Wheeleriella à William Morton Wheeler. Envie d'en savoir plus sur les myrmicologues : Cliquez ICI pour voir la liste de ceux qui sont répertoriés... Vous verrez, certainement avec surprise, qu'elle n'est pas très longue... Bonne lecture et bonne découverte ...
  22. Pour fuir la montée des eaux, les araignées se sont regroupées dans la campagne australienne où elles ont tissé leurs toiles avec une rare densité. Les araignées se sont réfugiées dans les arbres pendant les inondations de 2010 au Pakistan. Photo Wildkick Dans la ville de Wagga Wagga (Australie), plus de 8000 personnes ont été évacuées mardi à cause d’une digue qui menaçait de céder sous la pression de l’eau qui continuait de monter. De retour chez eux après l’évacuation, ils ont eu la surprise de découvrir leur campagne recouverte par des toiles d’araignées. Le phénomène est connu. Il avait déjà été remarqué au Pakistan pendant les inondations de 2010. La montée des eaux fait fuir les araignées qui se réfugient sur la moindre surface encore sèche dans la zone. L’énorme concentration de ces petites bêtes, qui tissent chacune leur toile pour survivre, donne au paysage des allures fantasmagoriques. Photo Wildkick Maxisciences 08/03/2012
  23. Une bordée de neige en Australie en plein été ? Non, ce que vous voyez sur la photo ci-dessus est le résultat étonnant des inondations exceptionnelles qui ont touché le sud-est du pays ces derniers jours. Pour fuir la montée des eaux, les araignées se sont regroupées dans la campagne australienne où elles ont tissé leurs toiles avec une rare densité. Les araignées se sont réfugiées dans les arbres pendant les inondations de 2010 au Pakistan. Pakistan en 2010 - Photo WildKick Plus de 200 000 personnes sont touchées par des inondations d’une ampleur jamais vue dans l’est de l’Australie. Une superficie équivalente à celle de l’Allemagne et de la France est actuellement sous les eaux. Dans la ville de Wagga Wagga, plus de 8000 personnes ont été évacuées mardi à cause d’une digue qui menaçait de céder sous la pression de l’eau qui continuait de monter. De retour chez eux après l’évacuation, ils ont eu la surprise de découvrir leur campagne recouverte par des toiles d’araignées. Australie - Photo WildKick Le phénomène est connu. Il avait déjà été remarqué au Pakistan pendant les inondations de 2010. La montée des eaux fait fuir les araignées qui se réfugient sur la moindre surface encore sèche dans la zone. L’énorme concentration de ces petites bêtes, qui tissent chacune leur toile pour survivre, donne au paysage des allures fantasmagoriques. Avant les araignées, les crocodiles et les serpents. Dans la ville de Rockhampton, elle aussi soumise à une évacuation de ses habitants, les crocodiles et les serpents venimeux ont profité de la montée des eaux pour s’inviter dans les zones résidentielles. Ils pénètrent parfois dans les maisons à la recherche de nourriture ou d’un endroit sec. «C’est la saison des amours et ils ont été brusquement sortis de leur environnement naturel. Les serpents sont très très nerveux en ce moment», déclarait à l’AFP Scott Mahaffey, le directeur des opérations des services d’urgence. Les autorités australiennes craignent aussi que toute cette eau stagnante ne favorise la prolifération des moustiques porteurs de maladies. Futura Sciences 08/03/2012
  24. Pour la première fois, des chiens dressés et récemment affectés à la lutte anti-braconnage dans un parc national congolais, ont permis aux rangers ayant découvert une carcasse d’éléphant de remonter la piste des responsables de son abattage illégal. Les rangers du parc national des Virunga, dans l’est de la République démocratique du Congo, disposent d’une nouvelle arme dans leur lutte contre les braconniers : des chiens. Dressés dans un centre spécialisé de Suisse grâce à des bénévoles de la police allemande, les cinq limiers sont notamment affectés à la traque des tueurs d’éléphants. Encadrés par des rangers spécialement formés, deux de ces chiens ont pu, dès la semaine dernière, donner la mesure de leur flair, comme le rapporte BBC News. Déployée par hélicoptère sur le site où des rangers venaient de découvrir une carcasse de pachyderme amputée de ses défenses, une partie de l'unité canine s’est mise en action. Les chiens ont suivi la piste olfactive sur 7 kilomètres, conduisant leurs maîtres jusqu’à un petit village de pêcheurs, près duquel les braconniers, après avoir ouvert le feu, ont fui, contraints d’abandonner leurs armes. "Nous sommes extrêmement satisfaits du résultat. Après une année de formation intensive, chiens et rangers se sont avérés être une arme très efficace contre les braconniers trafiquants l'ivoire", a déclaré Emmanuel de Merode, directeur du Parc national des Virunga. Les gardes du parc continueront de travailler avec l'unité canine dans ce parc, fortement infiltré par des groupes armés, selon les autorités. Maxisciences 11/03/2012
  25. Une association rassemblant la plupart des compagnies aériennes américaines, Airlines for America (A4A), a demandé vendredi à l'administration américaine de lancer une procédure à l'OACI pour obtenir l'annulation de la taxe européenne sur la pollution aérienne. "A4A demande au gouvernement américain de lancer une procédure judiciaire 'Article 84' auprès de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) pour annuler la taxe européenne et faire revenir les Européens à la table des négociations", a fait valoir le directeur général de cette association Nicholas Calio, cité dans un communiqué. L'A4A a souligné que les compagnies aériennes étaient responsables de moins de 2% des émissions de dioxyde de carbone aux Etats-Unis, et de 2% tout juste sur une base mondiale. Cette association rassemble des compagnies qui assurent plus de 90% du trafic passager et cargo aux Etats-Unis. La législation européenne, entrée en vigueur sur le papier le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique. Mais 26 des 36 membres de l'OACI, dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie, contestent la mesure. L'Union européenne a déjà affirmé qu'elle souhaitait "une solution internationale au sein de l'OACI", par la voix de la négociation. Une procédure suivant l'article 84 de la Convention de Chicago, en revanche, serait contraignante: elle donne au conseil de l'OACI la responsabilité de trancher un différend en cas d'impossibilité de le résoudre par la négociation. Cette procédure avait déjà été utilisée il y a une dizaine d'années, au détriment de l'UE, pour trancher un différend sur l'insonorisation des avions. Sciences et Avenir 11/03/2012
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