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Jeanne1111

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Tout ce qui a été posté par Jeanne1111

  1. Merci beaucoup, c'est super génial !
  2. Mdrr, ouais, Mallory en gothique ! Et en plus, tous les épisodes passent super vite ! A part de rares exceptions...
  3. Jeanne1111

    Tome 1: Je reste

    Ouais, moi aussi, je lis, j'ai perdu mon tome 1 ! ^^
  4. Wow, j'adore, vivement que j'ai un cheval pour mettre tout ça en pratique !
  5. Oh, lui, j'ai bien aimé ! Je 'lai vu pour la première fois au Futuroscope ! Et puis, je l'avais loué avec ma mère, j'ai adoré !
  6. Ah, lui, je l'ai vu au moins 15 fois ! Et (presque) à chaque fois je pleure ! Quand il est dans le train & aussi à la fin ! La bande-originale est MAGNIFIQUE ! Et bebeloulou, je ne sais pas, moi aussi, je me demande ça...
  7. Jeanne1111

    Tome 1: Je reste

    Au fait, tu as mis longtemps, toi ?
  8. Jeanne1111

    Wildfire la serie

    Ouais, moi j'aime bien, cette série est super !
  9. Jeanne1111

    Tome 1: Je reste

    Ouais, bravo à toi!
  10. Ohh ! Quand il est sorti, j'ai supplié ma mère d'aller le voir, mais on a jamais pu ! Merci beaucoup ! En plus il est sorti le jour de mon anniversaire !
  11. Ah, moi aussi, il faut que je le voie !! Merci ! Parce-que j'ai lu quelques livres, mais j'ai pas vu les films !
  12. Ouais, moi aussi, il me tentait bien !
  13. Merci beaucoup, mais comme dirait Kate, si on s'y met à plusieurs, on y arrivera !! Donc Kaline, si tu veux, tu peux ! Et, Babypoons, j'ai dû mettre... Je sais pas, 1 heure, enfin, je sais pas, j'ai fait des pauses, après... Et puis, de toute façon, je fais le pont, donc j'espère en mettre plus ce WE !
  14. Ouais, ouais, mais moi aussi, ça me fait plaisir ! On dirait pas, comme ça, quand on le lit, on dirait que c'est court, mais en fait, pas tellement ! ^^
  15. Who, merci beaucoup, surtout si en plus il t'a donné du mal... :/
  16. La vie a bien changé à Heartland depuis la disparition tragique de Marion. Avec courage, Laura fait face aux difficultés. Pourtant, lorsque Spartan, le cheval qui a causé la mort de sa mère, arrive à Heartland, elle n'est plus sûre de rien. Qui pourra alors soigner le cheval traumatisé, si ce n'est Laura, malgré son chagrin ? → Chapitre 1 ← Spoiler: ... Marion Fleming s'assied dans le camion, tourne la clef de contact et aussitôt, Laura, sa fille se met à hurler. La tempête fait rage. A l'arrière, dans la remorque, Spartan rue des quatre fers. "Je n'aurais jamais dû t'écouter..." gémit Mme Fleming, les mains crispées sur le volant. Un éclair zèbre le ciel noir... Un arbre s'abat sur la chaussée. Marion freine. Trop tard. Les roues patinent... Camion et remorque quittent la route. C'est la chute dans le ravin. - Non ! - Laura ! Laura ! Réveille-toi ! Laura ouvrit grand les yeux. Le visage angoissé de son grand-père penché sur elle. Que faisait-elle allongée par terre dans la chambre de sa mère ? - Qu'est-ce qui m'arrive ? balbutia la jeune fille en repoussant les cheveux de son visage. - Tu as fait un cauchemar, ma chérie... La porte s'ouvrit et Lou, la sœur ainée de Laura s'avança. - Qu'est-ce qui se passe ? J'ai entendu crier. - Tout va bien, répondit Jack. Laura a fait une crise de somnambulisme. - Oh, non ! s'écria Lou, désolée. Ce n'était pas la première depuis la mort de leur mère. - Ça va maintenant, dit Laura en se redressant. Elle n'avait plus qu'une envie : regagner son lit, rabattre l'édredon par-dessus sa tête et oublier que sa mère ne reviendrait plus. Si Laura ne l'avait pas entraînée dans la montagne pour voler au secours de Spartan - un étalon abandonné sans eau et sans nourriture dans un hangar - , rien ne serait arrivé. Jamais elle ne se le pardonnerait. La proposition de Scott, le vétérinaire, était sans doute à l'origine de ce rêve affreux : il voulait soigner Spartan puis l'amener au refuge des chevaux maltraités, Heartland. Marion Fleming aussi s'était juré d'aider les chevaux traumatisés à retrouver confiance en eux. Laura, elle, n'avait pas ce courage : elle ne supporterait pas de revoir Spartan. Il lui serait impossible de s'en occuper comme d'un quelconque pensionnaire de Heartland. Tard dans l'après-midi, Laura finissait de nourrir les chevaux. Ted la rejoignit dans l'écurie éclairée par les derniers rayons du soleil d'été. - Tu as fini ? demanda-t-il. - Oui, presque. Ted, dix-sept ans, était le seul palefrenier à temps complet à Heartland. Il avait partagé dans de joies et d'inquiétudes avec Laura... Il lisait en elle comme dans un livre ouvert. - Ça ne va pas, hein ? ajouta-t-il doucement. - Bof... - Tu penses à Spartan ? - Oui. Ted hocha la tête. Il songea à l'étalon qui, bientôt passerait sa tête au-dessus de la porte du box. En quête de nourriture, de soins et... surtout d'amour. " Ça ne va pas être facile ", pensa-t-il. Le lendemain, à quinze heures, Laura attendait dans l'allée l'arrivée de Scott et de Spartan. C'était le jour de congé de Ted. Matt, le frère cadet de Scott, était venu lui tenir compagnie. Matt shoota dans un caillou et jeta un coup d'œil sur sa montre. - Scott ne va pas tarder. - Mmm, murmura Laura, la gorge un peu moins nouée. Il n'y connaissait pas grand chose en matière de chevaux, mais Matt était là, et c'était déjà ça. - As-tu des nouvelles de Soraya ? demanda-t-il soudain. Soraya Martin, la meilleure amie de Laura passait ses vacances dans un centre équestre. Tous trois fréquentaient le même collège. - Elle m'a écrit la semaine dernière, et elle a l'air de bien s'amuser. - Elle revient quand ? - Dans trois semaines. Laura consulta sa montre. Scott était en retard. Qu'est-ce qui l'avait retenu ? Elle se dirigea vert un puissant cheval gris qui les observait depuis son box. Elle caressa son chanfrein et le naseaux frémirent. Pegasus la comprenait si bien ! Il avait appartenu à son père, l'un des plus célèbres cavaliers dans les concours de jumping. Douze ans plus tôt, à Londres, une chute avait mis fin à sa carrière. L'accident avait également brisé son mariage. Pegasus, lui aussi avait été blessé physiquement et émotionnellement. C'est en le soignant que Marion Fleming avait décidé de fonder Heartland. Quant à Tim Fleming, réduit à vivre désormais dans un fauteuil roulant, il avait abandonné sa femme et ses filles. Il s'était senti incapable de supporter la vue des chevaux. - Scott est en retard de vingt minutes ! lança Matt en rejoignant Laura. Il n'avait pas terminé sa phrase que Pegasus dressait les oreilles. - C'est sûrement Scott qui arrive, s'écria vivement Laura. Une minute plus tard, le camion de Scott s'arrêtait dans la cour. Les sabots du cheval résonnaient contre les parois de métal de la remorque. Matt et Laura échangèrent un regard anxieux. - Quel voyage ! grommela Scott en quittant son siège. Spartan n'a pas cessé de ruer pendant tout le trajet. Il y eut un bref silence, bientôt rompu par des hennissements de fureur. - Il est vraiment dingue ! s'écria Matt, pas très rassuré. - On peut le dire, déclara Scott en se tournant vers Laura. Je vais essayer de le tenir pendant que vous abaisserez la rampe. Le cœur battant, Laura déverrouilla les crans de sûreté. Jamais elle n'oublierait cette nuit où sa mère avait réussi à l'apaiser pour le faire monter dans le van. C'était alors un super-étalon que Scott avait dû castrer depuis pour pouvoir le soigner. - On y va ! cria le vétérinaire. Laura et Matt inclinèrent la rampe. Ils eurent à peine le temps de reculer : Spartan bondit en hennissant de colère. - Hé ! Tout doux ! aboya Scott. Frémissant de rage, Spartan plongea en avant puis s'immobilisa. Il balaya du regard des paddocks dans lesquels broutaient des poneys. Sa robe baie était luisante de sueur et ses yeux lançaient des éclairs. Laura sentit son sang se glacer. Spartan était méconnaissable. Tout en lui n'était plus que haine aveugle. En découvrant les profondes cicatrices qui zébraient ses flancs et sa croupe, le remords envahit Laura. Elle éprouva brusquement l'envie de fuir le plus loin possible. Spartan avait dû reconnaître son odeur, car il agita soudain la crinière et fonça droit sur elle, les dents en avant. Laura eut juste le temps de s'éloigner. - Bon sang ! Tu n'as rien ? cria Scott qui se débattait avec la longe. - Non... ça va. - Vite ! Amenons-le dans une stalle. - Je vais ouvrir la porte, bredouilla Matt. Scott conduisit Spartan qui incendiait la jeune fille des yeux. - Désolé Laura, soupira Scott quand il eut enfin refermé la porte du box. J'ignore ce qu'il lui arrive. Il n'a jamais été facile, mais c'est la première fois qu'il se conduit comme un sauvage. - Le trajet dans le van lui a peut-être rappelé l'accident... Laura s'approcha de la stalle. Mais dès que Spartan la vit, il se mit de nouveau à ruer, hennir et montrer les dents. - Whoo ! gronda Scott. Spartan recula. - Qu'est-ce qui le rend aussi teigneux ? demanda Matt, effrayé. Laura croisa le regard de Scott. - Il me hait, hein ? Il me rend responsable de ce qui lui est arrivé. - Il ne te hait pas. Les chevaux ne sont pas rancuniers, tu sais. Je crois plutôt qu'il t'associe à l'accident. Et comme il a été blessé, il ne veut plus que tu l'approches. - Mais alors, que peut faire Laura ? interrogea Matt. - Regagner sa confiance. Le processus sera long et difficile. Mais tu l'as déjà expérimenté, ajouta-t-il en scrutant le visage crispé de l'adolescente. " Oui ! Mais jamais sans maman ! Et surtout, jamais avec un cheval blessé par ma faute ! " eut-elle envie de crier. Scott sentit le trouble de Laura et sourit. - Tu en es capable, Laura. Je dirais même que tu es la seule à pouvoir y arriver. Si Spartan apprend à se sentir en sécurité avec toi, alors il aura confiance en tous ceux qui l'approcheront. Laura ne répondit pas. Lui faudrait-il affronter Spartan, jour après jour ? Croiser son regard fou ? Subir quotidiennement sa haine ? En aurait-elle la force ? - Écoute, si tu refuses de t'en occuper, je finirai bien par trouver quelqu'un d'autre, ajouta Scott. Il tentait de cacher sa déception. De plus, Laura doutait qu'il puisse trouver quelqu'un. - Non... je m'en charge, soupira-t-elle. - Super ! Je suis sûr que tu réussiras. Laura jeta un coup d'œil sur la stalle de Spartan : elle était loin d'en être convaincue. → Chapitre 2 ← Spoiler: En attendant que Spartan se calme, Scott demanda à voir Sugarfoot. - Bien sûr ! dit Laura. À la mort de Mme Bell, sa bien-aimée maîtresse, Sugarfoot s'était laissé dépérir. On l'avait retrouvé dans l'écurie à moitié mort de faim et de soif et on l'avait ramené à Heartland. Mais il avait refusé de s'alimenter. Une broncho-pneumonie s'était déclarée. Et puis, miracle, Sugarfoot avait survécu ! Tous trois se dirigèrent vers les paddocks. Sundance s'avança et passa la tête par-dessus la barrière, en quête d'une pastille de menthe. Laura lui en donna deux. Sundance, son poney favori, était aussi célèbre dans les concours locaux pour ses sauts d'obstacles que pour son fichu caractère ! - Il a bonne mine, constata Matt. - Oui. Et attends de voir Sugarfoot ! Il va super-bien. Il mange, il boit, il dort : il a retrouvé toute sa joie de vivre. Sugarfoot le leur prouva en trottinant gaiement vers eux. - Quels fortifiants tu lui donnes ? demanda Scott. - Je mélange à sa nourriture la préparation à base d'ail et d'orties de maman. Je le masse aussi avec de l'huile de bigaradier. - On dirait que ça lui réussit. Tu l'as vraiment ressuscité. - Non... C'est surtout à Lou qu'on doit le miracle. - À Lou ? répéta Scott, étonné. En effet, après l'accident de leur père et le divorce de leurs parents, Lou n'avait plus voulu entendre parler des chevaux. Entièrement absorbée par le poste qu'elle occupait dans une banque new-yorkaise, elle n'était revenue à Heartland après l'enterrement de leur mère que pour régler les affaires en cours. C'est alors qu'elle était tombée sous le charme du petit shetland. - Elle a ramené Sugarfoot à la vie en lui chantant son air favori, celui que Mme Bell fredonnait tout le temps, précisa Laura. Scott n'en fut pas autrement surpris, mais Matt écarquilla les yeux. - Lou compte-t-elle rester longtemps ? demanda le vétérinaire. - Au moins jusqu'à l'automne. Laura flatta l'encolure du vieux poney. Sans lui, Lou aurait déjà retrouvé depuis belle lurette son super-job à Manhattan ! Drôle de fille, que sa sœur ! Sûrement plus sensible et fragile qu'elle ne voulait l'avouer. - Comment tu vas t'en tirer quand Lou repartira à New-York ? insista Scott. Laura haussa les épaules. Mieux valait ne pas y songer. - Je l'ignore. Elle changera peut-être d'avis. - Tu crois ? J'ai toujours pensé que ta sœur était une vraie citadine. - C'est vrai. Pourtant je suis persuadée qu'elle se sent bien ici et peut-être... qu'elle restera. Lou. Sa fabuleuse situation. Son appartement. Son petit ami Carl. " On peut toujours rêver, non ? " se dit Laura, le cœur plein d'espoir. À cet instant, ils entendirent une voiture s'arrêter dans la cour. Jack et Lou descendirent de la camionnette. - Salut, grand-père ! lança Laura, lorsqu'ils les rejoignirent. - Spartan est là ? demanda-t-il. - Oui, dans la dernière stalle. Jack et Lou se dirigèrent de ce côté, Laura sur leurs talons. - Ne vous approchez pas ! cria-t-elle. - Pourquoi ? Il est dangereux ? grommela son grand-père. - Heu... non. Juste un peu énervé par le trajet. Scott prit alors congé. - Surtout, Laura, n'hésite pas à m'appeler si tu as le moindre problème, dit-il avant de partir. - Oui. Promis. Ce soir-là, Laura eut du mal à trouver le sommeil. Elle craignait de faire encore des cauchemars. La fatique et les émotions de la journée eurent bientôt raison de sa résistance et elle s'endormit. Le cauchemar revint. De nouveau l'orage, les éclairs, la route glissante, l'affolement de Spartan... Tout à coup, sa mère lui apparut. " Du calme, Laura ", dit Marion Fleming en sortant de sa poche la petite boîte qui contenait de la poudre de noisettes. Elle la lui tendit. " Tiens, fais-la sentir à Spartan... Ça va le calmer. " Puis, avant de disparaître, elle ajouta doucement : " Ne crains rien. Tu réussiras, je suis là près de toi. " Quand Laura ouvrit les yeux, la chambre était vide. Elle comprit alors qu'elle ne serait plus jamais seule. Sa mère était là. Elle l'aiderait à marcher sur ses traces. Laura se leva de bonne heure. Le ciel était sans nuages. L'air plutôt léger. Elle descendit à la cuisine. - Quel temps superbe, hein ? s'exclama Lou. À New-York, ce genre de lumière rend Manhattan presque irréel. Laura ne répondit pas, but une tasse de café, prit un beignet et sortit. Sa sœur lui emboîta le pas. Elles se dirigèrent vers les écuries pour nourrir les chevaux. Tout était paisible... jusqu'au moment où Spartan passa la tête par la porte de son box. Naseaux fumants, il hennit violemment. - Qu'est-ce qui lui prend ? lança Lou, inquiète. - C'est à cause de moi... expliqua Laura. Il me reproche l'accident... Écoute, il serait plus sage que tu le nourrisses seule. À moins que tu ne préfères attendre Ted. - Certainement pas ! Elles gagnèrent le fond de l'écurie où l'on engrangeait l'avoine, les bottes de luzerne, la paille et, dans un cagibi attendant, les herbes médicinales, les huiles et autres médicaments pour les chevaux. - Je me demande comment Carl se sentira ici, murmura Lou, tout en remplissant les seaux. Il arrive dans deux jours. Laura n'aimait pas beaucoup Carl. Elle ne l'avait rencontré qu'une fois en rendant visite à sa sœur. Il n'avait pas semblé follement intéressé par Heartland. - J'ai du mal à l'imaginer ici, continua Lou, amusée. Je ne suis jamais allée à la campagne avec lui. Mais il aura peut-être une idée pour faire rentrer de l'argent à Heartland ? - Pour faire rentrer de l'argent ? répéta Laura, méfiante. - Écoute, je sais que l'argent ne t'intéresse pas beaucoup, mais il faudra bien trouver un moyen pour en gagner, Laura. Sans maman, ce sera difficile de convaincre les clients de nous confier leurs chevaux. Nick Halliwell a dit qu'il nous ferait travailler, mais... - Il l'a fait ! Nick Halliwell était un cavalier célèbre. Il leur avait récemment confié l'un de ses chevaux, Star, que Laura était parvenue à guérir de sa terreurs devant un van. En moins de deux jours, l'étalon avait gravi sa rampe sans broncher. Impressionné, Nick leur avait promis de les aider. Et deux autres chevaux, Raisin et Topper, séjournaient également à Heartland. - Voyons Laura, tu sais bien qu'on ne peut pas s'en remettre uniquement à lui. J'ai déjà quelques idées que je compte approfondir cet après-midi. Tu fais de ton mieux... mais il faut avouer que maman n'a pas choisi la solution la plus économique pour Heartland. On doit rentabiliser l'affaire. Certains changements s'imposent. Laura se mordit les lèvres. Non. Elle n'accepterait aucun changement. Tout resterait comme avant. Elle quitta l'écurie, les bras chargés de luzerne. Ted arriva à sept heures et demie. Laura effectua avec lui les travaux de routine : nettoyage des stalles, remplissage des seaux d'eau, sortie des chevaux. La jeune fille sentait peser sur elle le regard de Spartan, mais elle s'efforça de ne pas tourner la tête dans sa direction. Malgré tout, elle céda à l'envie de s'approcher et de l'affronter. Les yeux du cheval brillaient de haine. Spartan hennit de fureur. Laura quitta l'écurie et rejoignit Ted qui sortait Pegasus de son box. - Que penses-tu de Spartan ? demanda-t-elle en flattant l'encolure de Pegasus. Le jeune palefrenier referma la porte. - Tu veux vraiment le savoir ? - Oui. - Il ne m'inspire pas confiance. - Il n'est pas vraiment mauvais, protesta-t-elle, étonnée de prendre sa défense. Tu aurais dû voir comme il était doux quand maman est venue les chercher. - Eh bien, il ne l'est plus. Il est vicieux, cela se voit à ses yeux. Et je ne crois pas qu'il s'améliorera. - Il changera de comportement, et il guérira, dit-elle sans conviction. Elle avait vraiment besoin de s'en persuader. Car si Spartan ne progressait pas, ce serait un terrible échec. Elle devait regagner sa confiance coûte que coûte. → Chapitre 3 ← Spoiler: Laura fut suffisamment occupée le reste de la journée pour chasser Spartan de son esprit. Elle conduisit Raisin dans le manège. C'était une jolie jument alezane qui paniquait et ruait à chaque fois qu'on essayait de la monter. À part ça, elle était obéissante et Laura était sûre de parvenir à la calmer. La longe bien en main, Laura s'apprêtait à la faire travailler lorsque Lou accourut vers elle. - Tu vas faire quoi avec Raisin aujourd'hui ? demanda-t-elle. - Lui apprendre à mieux me connaître. Cette relation de compréhension et d'amitié entre l'homme et l'animal avait toujours été la règle d'or de Marion. - Je peux regarder ? reprit Lou. - Bien sûr. Après avoir caressé Raisin entre les deux oreilles, Laura donna du mou à la longe et claqua la langue. Surprise un instant, la jument se mit à trotter. Laura suivit la cadence en pivotant légèrement sur elle-même afin que son regard puisse toujours croiser celui de la jument. Après sept tours de piste dans un sens, elle marcha lentement vers Raisin pour l'inviter ensuite à trotter dans le sens opposé. - Regarde bien son oreille, Lou. Quand elle la pointe vers moi, ça signifie qu'elle est prête. Laura la fit trotter encore quelques minutes, dans l'attente du deuxième signal. Raisin ralentit son train, se mit à baver et à mâcher dans le vide. C'est ainsi que les chevaux manifestent les premiers signes d'amitié. Enfin, le troisième et dernier signal survint quand Raisin baissa la tête presque jusqu'au sol. Laura cessa de regarder la jument et se tourna de trois quarts. Elle resta concentrée sur sa tâche, oubliant la présence de Lou. Du coin de l'œil, elle vit Raisin ralentir et stopper. Au bout d'un moment, la jument s'avança lentement vers Laura, donna un léger coup de tête sur son épaule et hennit doucement. Le moment était venu de sceller leur entente. Laura se retourna lentement et caressa son chanfrein. - Bonne fille, murmura-t-elle, avant de s'éloigner. Raisin, comme tous les chevaux, se méfiait de l'homme. En s'écartant, Laura venait de lui faire comprendre qu'il ne s'agissait pas d'un piège, mais qu'elle lui laissait le choix de la suivre ou non. La jument la suivit. Radieuse, Laura sentit son souffle chaud sur son cou. Alors, elle s'arrêta pour la caresser. - Maintenant, nous nous comprenons, dit-elle à sa sœur. Je vais pourvoir commencer à travailler sérieusement avec elle, et l'habituer à la monte. Elle laissa courir ses mains sur le dos de la jument et s'appuya de tout son poids sur elle. Raisin ne broncha pas. - C'est assez pour aujourd'hui, conclut la jeune fille. Les yeux de Lou brillaient alors qu'elle ouvrait la barrière. - C'est incroyable ! Laura hocha la tête. Elle avait admiré tant de fois sa mère quand elle travaillait ainsi qu'elle comprenait l'étonnement de Lou. - Tu sais, il y a toujours quelque chose à découvrir avec les chevaux. - Dis-moi Laura, tu comptes t'y prendre de la même façon avec Spartan ? Ted, qui passait avec un seau d'eau, s'arrêta : - Il faudrait être dingue ! Personne ne peut savoir de quoi il est capable ! - Il n'est pas si mauvais, riposta Laura, malgré elle. - Il peut être dangereux, grommela Ted qui la regardait sévèrement. - Mais non, s'obstina Laura. Du calme ! Je n'en suis pas encore là avec Spartan. D'ailleurs, si tu veux mon avis, à peine entré dans le manège, il sautera la barrière ! - Bon débarras, s'exclama Ted. Laura ignora cette remarque. - Il faut tout d'abord lui apprendre à m'accepter pour qu'il me laisse entrer dans son box. Elle ajouta d'un ton ferme : - C'est ce que j'ai l'intention de faire cet après-midi. Après le déjeuner, Laura s'approcha de la stalle de Spartan. Elle fut accueillie par un hennissement sonore. Elle s'arrêta, nerveuse. C'était la première fois qu'elle s'occupait d'un cheval aussi rétif, hargneux et vindicatif. Il ne la quittait pas des yeux et cela la glaçait. Tentée de le planter là, elle décida d'attendre un peu sans bouger. Mais Spartan ne se calma pas. Encensant avec fureur, il frappa le sol de ses sabots. Laura alla chercher alors un tabouret dans l'écurie et s'assit à quelques mètres du box. Un heure s'écoula. Centimètre après centimètre, elle rapprocha son siège. Mais Spartan était toujours aussi nerveux et agressif. Laura capitula. Demain, ça irait mieux ! En rangeant le tabouret, elle se remémora le splendide étalon qu'était Spartan avant l'accident. Non, elle ne renoncerait pas et elle n'appellerait pas Scott. Elle était la seule à comprendre la haine que lui vouait Spartan. Qu'elle le veuille ou non, un lien les unissait. Dans la soirée, pendant le Lou et Laura faisaient la vaisselle, le téléphone sonna. Laura décrocha l'appareil, puis le tendit à sa sœur. - C'est Carl. Laura s'installa dans un fauteuil en rotin tout en prêtant une oreille agacée aux exclamation ravies de Lou. - ... Vraiment ? Plus que deux jours et tu seras là ! Laura leva les yeux au ciel. Puis Lou baissa la voix. - ... Je ne peux pas revenir encore, tu le sais... Quand ? Impossible à dire... Bien sûr que je serais de retour avant la fin de l'été... Écoute, nous reparlerons de tout ça quand tu viendras. Laura alluma la télé. Jack entra à l'instant où Lou reposait le combiné. - Comment va Carl ? - Bien, il... - Bon sang ! l'interrompit Laura en bondissant de son siège. Un reportage sur Yellow Sun ! Yellow Sun était un centre équestre des environs dont Valery Gorst était la propriétaire. Tout sourire devant son écurie de dix-huit stalles, Valery fit l'éloge de ses poneys et présenta ensuite... - Angela ! s'exclama Laura en découvrant sa camarade de classe qui exécutait devant la caméra un numéro de saut d'obstacles sur son poney. Angela. Tirée à quatre épingles. Maquillage impeccable, jodhpurs de qualité, bombe plantée sur ses cheveux blonds rassemblés en queue-de-cheval. - Si vous rêvez d'un poney capable de gagner un ruban bleu dans les concours de jumping, votre rêve deviendra réalité à Yellow Sun, conclut le présentateur. - Et puis quoi encore ! rugit Laura, indignée. Quel manque de modestie ! Son grand-père acquiesça, mais Lou murmura : - Ce n'est pas une mauvaise idée... On devrait penser à en faire autant. Grand-père, Laura, je crois qu'il est temps que l'on discute des projets que j'ai échafaudés pour Heartland. - Pour que ce soit plus rentable ? demanda Jack. - Mais oui... Ne me regarde pas comme ça, Laura, dit-elle en voyant le visage de sa sœur s'assombrir. On doit trouver un moyen de gagner de l'argent. Le toit de la grange doit être réparé avant l'hiver et... - Oh, pitié ! Arrête ! Tu parles comme si tu étais dans une réunion d'affaires ! l'interrompit Laura. - Mais Heartland est une affaire ! Pour commencer, on pourrait organiser un barbecue et une soirée dansante dans la grange... ! - Quoi ? s'exclama son grand-père, ahuri? - Tu as bien entendu. Louer un orchestre, vendre des tickets d'entrée, installer un bar, un buffet, prévoir une tombola... - Et qui viendra ? explosa Laura. - Les amis de maman. Ce serait l'occasion ou jamais de les rassembler, de leur montrer qu'on souhaiterait travailler à nouveau avec eux. - Un orchestre, un buffet, une tombola, qui va payer tout ça ? intervint Jack, dubitatif. - Dans un premier temps, la vente des tickets, ensuite, chacun peut nous aider en apportant quelques lots, non ? - Et si personne ne vient ? lança Laura. Elle imaginait mal les amis de la famille payer un ticket pour venir faire la fête dans une grange. - Ils viendront, affirma Lou. Qu'est-ce que vous en pensez ? - On peut toujours essayer, avança Jack. - Super, je m'en charge, nous avons deux semaines devant nous. Le plus tôt sera le mieux ! - Deux semaines ? s'écria Laura. - Carl m'aidera quand il sera là. Laura fronça les sourcils. Cette idée ne lui plaisait pas. Et Carl encore moins. En la regardant fourrager dans ses papiers, Laura comprit que pour la première fois depuis des lustres, sa sœur se retrouvait dans son élément. - D'autre part, continua Lou sur sa lancée, il est évident que, parmi tous les chevaux qui sont ici, seuls les hôtes payants nous rapportent quelque chose. En conséquence... Elle déplia une feuille de papier. - ... nous devrions distribuer une brochure publicitaire à tous nos fournisseurs, y compris les selliers. Laura se pencha pour étudier le document. Heartland en lettres grasses... Un encadré pour les photos accrocheuses. Sur une colonne, les divers services proposés et la photocopie de l'article élogieux que Nick Halliwell avait publié dans un magazine ! Non ! Leur mère n'aurait pas aimé ça. Lou ne comprenait-elle pas que l'idéal de Marion exigeait une approche différente pour chaque animal ? Puis, il y eut la goutte d'eau qui vit déborder le vase. Pour 50 dollars, Heartland vous propose un devis des soins nécessaires à votre cheval. Laura se redressa, rouge de colère. - Jamais ! - Jamais quoi ? demanda Lou. - Nous n'allons pas nous abaisser jusqu'à faire payer un devis ! - Pourquoi pas ? - Tout simplement parce qu'il est impossible de prévoir le temps nécessaire à la guérison d'un cheval ! - Mais les clients préféreront... - Pas question ! Tout doit rester comme maman le voulait ! - On peut apporter quelques améliorations, non ? - Oublie ça ! Et range cette stupide brochure aussi ! - Allons, Laura, assieds-toi et discutons tranquillement, suggéra Jack. Laura se rua vers la porte, la claqua derrière elle et courut se réfugier dans sa chambre. La première chose qu'elle vit fut la photo de sa mère sur sa coiffeuse. Laura éclata en sanglots. - Oh ! Maman... Pourquoi n'es-tu plus là... → Chapitre 4 ← (Merci à Kaline0795) Spoiler: Le lendemain matin, il y avait de l'électricité dans l'air, Laura était déprimée. Éreintée par un cauchemar, une mauvaise nuit et la dispute de la veille, elle vint s'asseoir près de sa sœur. - Tu veux bien me passer le lait, s'il te plait ? demanda Lou. Laura prit la brique de lait, la déposa brutalement sur la table, et se releva pour aller chercher la bouilloire en bousculant sa sœur au passage. - Laura ! explosa Lou. - Ça suffit, vous deux ! s'énerva Jack. Bon, j'ai réfléchi et j'ai quelque chose à vous proposer : faisons un compromis. Lou, ton idée de brochure n'est pas mauvaise. Mais pourrais-tu la modifier un peu ? - Elle est parfaite, grand-père ! - Il faut faire un compromis, répéta-t-il fermement. - D'accord, soupira Lou. Mais pour la soirée dansante, on fonce. - J'accepte. Toi aussi, Laura ? - Peut-être, maugréa-t-elle. - Dans ce cas, conduisons-nous comme des gens civilisés. Au cour de la matinée, Scott débarqua dans sa vieille Chevrolet. Laura traversa la cour pour l'accueillir. - Salut ! lança-t-il. Je suis passé voir si tout allait bien. Il sourit à Lou qui revenait les bras chargés d'herbes fraîchement coupées. - Hello ! Scott ! - C'est pour Sugarfoot ? - Oui, il en raffole. Vous m'accompagnez ? Il la suivit. Laura entendit Lou évoquer la soirée dansante. A sa grande stupéfaction, Scott fut emballé: - Excellente idée ! Gardez-moi un ticket ! répondit-il. Ça, alors ! Elle n'aurait jamais cru que Scott se laisserait séduire par ce projet. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée, après tout. Elle se dirigea ver la sellerie en bâillant. Elle y trouva Ted occupé à nettoyer un mors. - Tu vas nourrir quel cheval ? demanda-t-il en voyant Laura prendre un seau. - Spartan. - Tu es sûre ? - C'est maintenant ou jamais. Comme elle ouvrait la porte du box, Spartan plongea en avant. Laura fit un bond de côté et fixa rapidement la longe au licol. Spartan paniqua, roula les yeux fous, se cabra avec fureur. Ses sabots battirent l'air et retombèrent sur le sol. Laura n'avait pas lâché la longe. - Du calme, maintenant, dit-elle en s'emparant d'un étrille. Aux aguets, tendu, Spartan manifestait clairement qu'il ne voulait pas d'elle dans sa stalle. Quand elle posa avec détermination l'étrille sur son flanc, il fléchit comme si elle l'avait blessé. Laura soupira. Elle se contenterait de le nourrir, en restant ferme, mais sans le stresser davantage. Elle remit l'étrille dans le seau et le conduisit dans le pré situé devant la maison. Il hennit, la suivit d'un pas nerveux et saccadé, mais refusa de brouter. Les muscles crispés, les yeux fixés sur elle il se mit à piaffer. Ted la rejoignit: - J'espérais que l'herbe le tenterait, mais pas dut out, dit-elle. - Tu veux que je le tienne ? - D'accord. Dès qu'elle s'éloigna, Spartan commença à brouter. Laura s'épongea le front. - Laisse-lui un peu de temps, dit Ted. Un instant plus tard, Scott les rejoignit. - Alors, il se comporte comment ? Que répondre ? Que Spartan n'avait fait aucun progrès ? C'était dur à admettre. - Ça peut aller, lâcha-t-elle. - Super, conclut-l en se dirigeant vers sa Chevrolet. Laura attendit que la voiture s'éloigne pour se tourner vers Ted qui avait eu la bonne idée de se taire. - Je ferais mieux de le ramener dans sa stalle, dit-elle en reprenant la longe. Spartan recula. - Tout doux... Tout doux, souffla-t-elle. Il encensa violemment. La longe bien en main, Laura claqua la langue. - On y va. Il fit quelques pas, les flancs frissonnant de peur et d'hostilité. Lou arriva au moment où Ted ouvrait la porte du box. Laura jeta un regard craintif sur l'animal, le ramena dans la stalle... mais lâcha la longe. Spartan n'attendait que ça. Enfin libre, il s'avança vers elle et la plaqua contre le mur de tout son poids. Prise au dépourvu, Laura entendit sa sœur et Ted crier: le cheval tournait brusquement vers elle son arrière-train. Laura prit de vitesse. Elle esquiva les coups de sabot mortels, bondit en avant, s'agrippa au licol. Pendant un instant, elle réussit à reprendre le contrôle du cheval. - Laura ! Sors du box ! hurla Lou. La jeune fille tourna la tête. Sa sœur et Ted étaient livides. Au bout de quelques secondes, elle parvint à se glisser dehors le cœur battant. Lou la saisit par les épaules. - Tu te rend compte que tu aurais pu être gravement blessée ! cria-t-elle. Laura la repoussa. - Ce n'est rien... rien du tout. Je n'aurais pas dû lâcher la longe. - Il a essayé de te tuer ! - Mais non, c'est ma faute ! - Ce cheval est dangereux, Laura ! Il vaudrait mieux l'abattre ! cria Lou. - Quoi ? - Tu prends trop de risques avec lui. À la fois furieuse contre elle-même et contre sa sœur, Laura perdit son sang-froid. - Qu'est ce que tu en sais ? Reste en dehors de tout ça et fiche-moi la paix une fois pour toutes ! Lou pâlit et tourna les talons. Après quelques instants, Ted se décida à brises le lourd silence qui avait suivi la dispute des deux sœurs. - Tu es trop dure, Laura. - Elle n'avait qu'à se taire ! - Elle était inquiète ! Regrettant ses paroles, Laura retourna sa colère contre Ted. - J'ai le droit de dire ce que je veux à ma sœur ! Ne t'en mêle pas, Ted ! - Très bien, lâcha-t-il froidement. À son tour, il la planta là. Quand Laura se retrouva seule, sa fureur s'évanouit aussitôt. - Bravo, gémit-elle. Un bref hennissement lui fit tourner la tête. - Oh ! Pegasus... Elle s'approcha, appuya la joue sur le chanfrein soyeux et la paix revint progressivement en elle. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire. Ted balayait la cour. Il l'entendait sans doute approcher. Mais il ne broncha pas et continua son travail. - Ted... je suis désolée. Il leva la tête et la regarda. - Je n'aurais jamais dû te dire ça... Je... j'ai juste perdu... - Ça va, grommela-t-il en haussant les épaules. - Non, ça ne va pas. Je ne me contrôle plus en ce moment... Je n'ai pas assez dormi... j'ai... Le regard de Ted s'adoucit. - Laisse tomber Laura. - Mais... - Je suppose que tu vas présenter tes excuses à Lou ? ajouta-t-il en reprenant son travail. - Après tout ce qu'elle a dit au sujet de Spartan ? Tu rêves ! De toute façon, c'est vrai qu'elle n'y connaît rien ! - Sans doute, mais elle se fait du souci pour toi, Laura. - Je m'en fiche ! Ted lui lança un regard réprobateur. - Elle peut toujours courir ! insista Laura. → Chapitre 5 ← Spoiler: Après avoir passé la journée dans l'écurie à ressasser les mêmes idées, Laura n'y tint plus. Lorsqu'elle entra dans la cuisine, Lou était assise à la table. Les deux sœurs échangèrent un regard. Par provocation, Laura enleva ses baskets et les laissa sur le seuil. Lou ne dit pas un mot, se leva et commença à mettre le couvert. Son visage était plus pâle que d'habitude. Laura prit une bouteille de soda dans le réfrigérateur. - Lou... Sa sœur leva les yeux. - Je suis désolée... je ne voulais pas te blesser. Le visage de Lou s'adoucit. - Oh ! Laura, j'étais complètement affolée et... Elle s'interrompit en voyant entrer Jack. - J'ai appris que tu avais eu un petit problème avec Spartan, lança-t-il à Laura. - Eh bien... pas vraiment... Qui te l'a raconté ? Lou, je suppose ? A nouveau sur ses gardes, elle fusilla sa sœur du regard. - Il t'a attaquée, Laura ! s'écria Lou. - Tu dramatises ! - Tu sais bien que non ! - Assez ! leur intima Jack. Si Spartan est dangereux... - Il n'est pas dangereux ! l'interrompit Laura. Il a seulement besoin d'aide ! Elle passa devant sa sœur, lui jeta un coup d'œil incendiaire et monta dans sa chambre. Le lendemain, quand Laura descendit, Lou dressait la liste des invités en prévision des festivités. - Pour le barbecue, il faudra que je pense à commander des tonnes de viande. Qu'en pensez-vous ? - Je m'en fiche, lâcha Laura en haussant les épaules. - Ça suffit ! trancha Jack. Que diriez-vous si on allait au cinéma dimanche ? Histoire de se changer les idées. - Carl sera là, il viendra avec nous, je suppose, dit Lou en souriant. - Géant... siffla Laura à mi-voix. - Ça veut dire quoi ? explosa Lou. - Rien... soupira sa sœur en croisant le regard de Jack. Mieux valait quitter la pièce et aller nourrir les chevaux. Après le petit déjeuner, Lou partit chercher Carl à l'aéroport. Laura termina son travail avec Ted. Elle se dirigeait vers le box de Spartan pour le nourrir lorsqu'elle aperçut son grand-père dans la cour. C'était bien la dernière personne qu'elle avait envie de voir en cet instant. - Ça va ? lança-t-il. - Tout baigne. Au lieu de la laisser, Jack s'avança avec elle vers la stalle de Spartan et ouvrit la porte. Le cheval recula. - Tout doux... murmura Laura en posant la main sur son encolure. Spartan rua et son sabot la manqua de peu. Son grand-père fronça les sourcils. - Pourquoi a-t-il fait ça ? - Il n'aime pas que je le touche, répondit Laura tranquillement. Jack observa les oreilles couchées du cheval. Il avait l'air furieux. - Ça ne me plait pas du tout, déclara-t-il. - Il est seulement traumatisé. - Laura, ta mère était la première à l'admettre. Les chevaux ne peuvent pas tous être soignés et guéris. - Mais si ! Sur ce, Spartan tendit le cou, les dents en avant. Laura fit un bond. Mais son grand-père ne fut pas aussi rapide lorsque le cheval se tourna vers lui. Lorsqu'elle parvint à saisir le licou, il était trop tard. Spartan l'avait déjà mordu au bras. - Bon sang ! rugit Jack. - Je suis désolée... Le vieil homme ne répondit pas et marcha à grands pas vers la maison. Laura le suivit dans la cuisine. - Laisse-moi voir... je vais te désinfecter. La blessure n'était pas profonde. Une égratignure, rien de plus. Mais le visage de Jack s'était rembruni et il déclara d'un ton ferme : - Écoute-moi bien, un de ces jours, ça finira mal. Spartan est dangereux. Il faudra bien... Une voiture s'arrêta dans la cour. Sauvée ! - C'est Lou et Carl ! s'exclama Laura. Pour une fois, le petit ami de sa sœur tombait à pic ! Elle sortit sur le seuil et le regarda descendre de voiture. À sa grande surprise, Laura remarqua qu'il avait troqué son costume trois pièces contre un jean, une ceinture à grosse boucle, un blouson de sport et des bottes. - Tu te souviens de grand-père et de Laura ! lança joyeusement Lou. - Bien sûr, dit-il. Il sourit à Laura et serra la main de Jack. - Soyez le bienvenu ! Vous avez fait bon voyage ? demanda Jack. - Pas trop mauvais. Cet endroit est agréable, ajouta Carl en regardant autour de lui. Ils entrèrent dans la maison. Laura ne les suivit pas. Elle était troublée. Carl ne ressemblait pas du tout au garçon qu'elle avait vu à Manhattan. Il avait l'air sympa. Elle se dirigea vers le box de Pegasus et le caressa distraitement. Un peu plus tard, Carl et Lou la rejoignirent. - Voici Pegasus, le cheval de Papa, dit Lou. Carl s'en approcha. - Fais attention, il se montre parfois nerveux avec les étrangers, ajouta Lou. Carl se mit à rire. - Je connais les chevaux. J'ai passé des heures à jouer avec les poneys de mes cousins quand j'étais gosse. Il caressa Pegasus entre les deux oreilles. Mal lui en prit. Surpris et effrayé, l'étalon recula au fond de son box avec un bref hennissement. - Hé ! s'exclama Carl. - Toi qui sais tout sur les chevaux, tu as sans doute déjà approché un cheval comme celui-ci ? grinça Laura. - Bien sûr ! Mais cet animal a un fichu caractère. " Ça te plairait qu'un étranger te fonce dessus et te gratte le front entre les deux yeux ? " failli-t-elle riposter. Carl se tourna vers Lou. - Et celui-là ? laça-t-il en s'avançant vers Spartan. Pour toute réponse, le cheval détourna la tête. - Allons voir plutôt le petit poney dont je t'ai parlé, proposa Lou en le prenant par le bras. - D'accord. Et puis il faut aussi que tu m'expliques comment je peux vous aider. Lou se tourna vers sa sœur. - On peut y aller, si tu es d'accord ? Laura acquiesça, les regarda s'éloigner : - Ça va me rappeler mon enfance, confiait Carl à Lou. Elle fronça les sourcils. Pourquoi prétendait-il connaître les chevaux, alors que, à l'évidence, ce n'était pas le cas ? Matt téléphona dans l'après-midi. - Comment ça va ? - Carl est arrivé, maugréa Laura. - Ça se passe bien ? - Bof... - Il y a quelque chose qui cloche ? - Aucune idée. Il en fait trop à mon avis. - Ah !... Tu n'as pas envie d'aller au cinéma ? - Impossible. Je dois rester avec Lou et Carl pour préparer la fête. Et ce soir, Carl nous emmène dîner. Tu passeras me voir ? - D'accord. À plus ! La porte de la cuisine s'ouvrit et Lou entra avec Carl qui lui tenait la main. - Contente que tu sois là ! Carl vient d'avoir des idées géniale ! - Quel genre ? Carl s'assit et enlaça Lou. - Des projets pour vous faire gagner de l'argent, déclara-t-il, tandis que Lou se penchait pour poser un baiser sur sa tête. Horripilant ! Laura se détourna et se dirigea vers la porte. - Tu ne veux pas écouter ? lança Lou, blessée. On a pensé à une campagne publicitaire pour inciter les gens à adopter un cheval. On présentera la photo... - Ça ne marchera pas, coupa Laura. Nous accueillons les chevaux maltraités, ils ne sont pas assez nombreux. - Oh... La petite lueur de joie s'éteignit dans les yeux de Lou. Laura n'avait pas l'intention de gâcher ce dîner, mais lorsque Carl suggéra à Jack de réduire le nombre de chevaux rescapés à cinq pour utiliser les stalles au profit d'hôtes payants, elle explosa. - C'est du délire ! Dans les restaurant, les clients se retournèrent. - Simple question de bon sens, répondit Lou. Les chevaux qui nous seront confiés nous permettrons de soigner ceux qui sont malades. - Non ! Non et non ! Tout doit rester comme maman le voulait ! Elle quitta la table et alla s'enfermer dans les toilettes. Le miroir lui renvoya le reflet d'un visage pâle aux yeux cernés par le manque de sommeil. Ses pensées lui martelaient les tempes. Lou, Carl, Spartan, les changements, maman... Elle appuya son front contre le miroir, prit une profonde inspiration et retourna s'assoir à leur table. Les cauchemars revinrent hanter Laura. Une nuit, réveillée en sursaut, elle se redressa et alluma la lumière : trois heures du matin. Elle prit un magazine, le feuilleta sans parvenir à recouvrer son calme. Un coup discret fur frappé à la porte. - Laura... tu as vu l'heure ? Pourquoi ne dors-tu pas ? Grand-père se tenait sur le seuil de sa chambre. Il avait l'air inquiet. - Je n'y arrive pas. Il entra et s'assit sur le bord du lit. - Je sais. La nuit, tout prend des proportions gigantesques. Il m'arrive de m'éveiller, moi aussi, et de songer à cette tempête... Je n'aurais jamais dû vous laisser partir, ta mère et toi. - Mais ce n'était pas ta faute ! - Je sais. Et tu te fais des reproches, toi aussi et tu as tort. Rien n'aurait pu arrêter ta mère. Il la prit dans ses bras, la berça. Laura finit par s'endormir sur ces paroles. Le lendemain soir, en revenant des écuries, Laura trouva Lou et Carl prêts à sortir. - Range tes baskets, lui rappela machinalement Lou. Laura fit exprès de les envoyer valdinguer dans un coin de la pièce. - As-tu pensé à commander de la paille pour les chevaux ? grommela-t-elle. - Oui, on en aura lundi. - Mais... McChullochs ne livre jamais le lundi. - Nous nous passerons de lui. Il est trop cher. Les prix de Rathmores sont plus abordables. - Excellente idée, renchérit Carl. - Tu n'y penses pas ! La nourriture est de seconde qualité ! Elle est indigeste et flanque la colique aux chevaux ! Le visage de Lou s'assombrit : - Tu crois... ? - Tu ne pouvais pas te renseigner avant d'agir ? - Écoute, Laura, nous verrons ça demain, si tu veux bien. - Tu fais vraiment tout de travers ! Elle monta dans sa chambre. Par la fenêtre, elle regarda Lou et Carl monter en voiture. Lou riait. C'était la première fois depuis la mort de maman qu'elle voyait rire sa sœur. Le remords l'étreignit. Elle souhaitait tellement que Lou reste à Heartland. Mais il y avait Carl... Laura prenait son petit déjeuner avec son grand-père, quand Lou entra dans la cuisine. Elle était seule. - Salut ! lança Laura, décidée à enterrer la hache de guerre. Lou sourit timidement. - Bien dormi ? demanda Jack. - Oui, merci. - Quelque chose ne va pas ? s'enquit son grand-père. - Pas vraiment, répondit Lou en s'asseyant. Elle prit une tranche de pain, se versa une tasse de café, puis reposa le pain et respira un grand coup. - Autant que vous le sachiez maintenant... Carl a accepté un nouveau poste à Chicago, et il m'a demandé de l'accompagner. Laura écarquilla les yeux. - Mais... mais tu ne vas pas y aller, n'est-ce pas ? C'est si loin, Chicago... Lou ne répondit pas. - Lou ? insista Jack. - Je lui ai dit que j'allais y réfléchir... Mais... mais je crois que je vais accepter, avoua-t-elle enfin. → Chapitre 6 ← Spoiler: Laura avait suivi sa sœur dans le coin de l'écurie réservé à la nourriture des chevaux. Malgré leur dispute, elle souhaitait désespérément que Lou reste à Heartland. Après l'accident de leur père, sa sœur était partie en Angletterre poursuivre ses études. C'est à ce moment-là que Marion et Laura étaient venues vivre chez Jack, en Virginie. - Tu vas vraiment t'installer à Chicago ? Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? - Chercher du travail, répondit Lou en remplissant les seaux. Ma société acceptera peut-être de me muter. - C'est juste à cause de Carl que tu as envie d'aller vivre à Chicago ? - Oui. - Écoute, Lou... Je t'en prie, reste ici. Lou se redressa, une lueur de colère dans les yeux. - Pourquoi ? Tu as été très claire ! Tu m'as parfaitement fait comprendre que j'étais de trop à Heartland ! - Non... Je... Je... - Laisse tomber, Laura ! Je sais ce que tu pense, inutile de noyer le poisson ! - Mais, Lou... - Je ne veux plus en parler ! Fin de la discussion. Après le petit déjeuner, Lou conduisit Carl à l'aéroport. Avant de quitter Heartland, ce dernier se confondit en remerciements auprès de Jack et fit un clin d'œil à Laura. - À bientôt ! - Au revoir, répondit-elle sèchement. S'il n'était pas venu, sa sœur n'aurait jamais songé à partir si loin. - Viens, dit Lou en tirant Carl par le bras, tu vas manquer ton avion. - Lou, n'oublie pas que nous allons au cinéma cet après-midi, lui rappela son grand-père. - Allons-y, le devoir m'appelle, déclara Carl. " Qu'il aille au diable ! " songea Laura. Elle attendit que la voiture s'éloigne pour se rendre à l'écurie et tenter un nouvel essai avec Spartan. Il se laissa conduire hors de son box, les oreilles couchées, mais ses sabots piétinaient rageusement le sable. C'est à peine si Laura y prêta attention. Elle songeait à Lou, à son départ pour Chicago. Oubliant presque qu'elle conduisait Spartan dans le pré, elle donna du mou à la longe. Le cheval en profita. Il fit une volte-face et secoua si violemment sa crinière que la courroie échappa des mains de Laura en lui brûlant la paume. - Spartan ! Le cheval commença alors à tourner autour d'elle en la frôlant, puis en donnant des coups d'épaule pour la déséquilibrer. Laura trébucha, tenta de se rattraper, et finalement se sentit projetée contre la barrière. Sa tête heurta le bois. Elle tomba comme une pierre, à moitié assommée. Spartan se tint un instant immobile, ses yeux noirs brûlant de haine. Puis il se cabra et agita sauvagement ses sabots au-dessus d'elle. Laura vit briller ses fers, hurla et ferma les yeux. La voix de Jack résonna comme un coup de feu. - Stop ! Elle rouvrit les yeux et le vit accourir, à bout de souffle. Il ramassa la longe et écarta le cheval. Un instant déboussolé, Spartan retomba sur ses jambes puis reporta son attention sur Jack. Laura ne perdit pas une seconde : elle bondit sur ses pieds et s'agrippa au licol. - Ça suffit ! cria-t-elle. Spartan se tint tranquille, mais hennit furieusement, tremblant de rage en la regardant. - Laura ! cria son grand-père. Tu n'as rien ? - Non, dit-elle sans quitter le cheval des yeux. Je le ramène dans son box. Elle commença à avancer, mais ses jambes la portaient à peine. Spartan daigna regagner sa stalle, mais au moment où elle refermait la porte, une formidable ruade ébranla le battant. Aussitôt après, Jack la serrait dans ses bras. - Laura ! J'ai bien cru qu'il allait te tuer ! Le danger passé, elle sentit ses genoux se dérober sous elle. Cette fois, elle se laissa aller dans les bras de son grand-père. Il lui palpa la tête. - Tu auras une sacré bosse demain. Mon Dieu, si je ne t'avais pas vue par la fenêtre... Sa phrase resta en suspens. - Oui, c'est une chance, balbutia-t-elle, encore tremblante. - Ce cheval est vicieux. Nous n'avons plus le choix, Laura. - Non grand-père, non ! Nous ne pouvons pas l'abandonner ! - Si. Un cheval comme Spartan ne peut être soigné. C'est difficile de l'accepter, mais il n'a rien à faire à Heartland. J'appellerai Scott demain matin, dit-il d'un ton sans réplique. Laura ouvrit la bouche, mais il ne la laissa pas parler. - Je regrette de devoir prendre cette décision, mais tu m'es plus précieuse qu'un cheval. - Pourtant, grand-père... - Plus un mot, Laura. Je pense que tu devrais monter dans ta chambre, te mettre au lit et te reposer. Laura obtempéra. Elle gravit péniblement l'escalier, enleva son jean et se mit au lit. Abattre Spartan ? Non, il y avait certainement quelque chose à faire. Mais bien sûr, elle devait regagner sa confiance ! Le conduire au manège donnerait à Spartan l'occasion de franchir la barrière et de prendre la poudre d'escampette. Mais c'était aussi sa dernière chance, si elle voulait sauver sa vie. Elle s'assit sur son lit. Quand et comment mettre son projet à exécution ? On frappa à la porte, et grand-père entra. - Comment va ta tête ? demanda-t-il. - Elle me fait un peu mal, mais ça n'est rien. - Je crois qu'il serait plus sage de ne pas aller au cinéma cet après-midi. Le cinéma ? Elle avait complètement oublié. - Écoute grand-père, il n'y a aucune raison de vous en priver, Lou et toi. Je resterai ici, bien tranquille. - Ça ne me dit rien de te laisser seule après un choc pareil. - Je vais appeler Matt, il me tiendra compagnie. Jack ne parut pas convaincu. - Grand-père, ce sera plus sympa pour Lou, vous pourrez passer un moment ensemble. Elle aura peut-être envie de te parler de Chicago... Elle se confiera davantage si je ne suis pas là. Tu n'as pas envie de la voir partir toi non plus ? - Bien sûr que non, soupira-t-il. Mais si elle en a décidé ainsi... Il resta un instant perdu dans ses pensées. - Tu as sans doute raison... Ce sera bien de discuter avec elle... Il se dirigea vers la porte. - Et puis, nous serons de retour dans deux heures... Après le déjeuner, Laura peina encore pour convaincre son grand-père et Lou de la laisse seule. - Tu as téléphoné à Matt ? s'informa-t-il. - Oui. Mais elle se garda bien de dire qu'elle avait eu sa mère : Matt était parti au foot. - Tu me promets de bien te reposer ? - Promis. - Tu ne préfères pas qu'on attente l'arrivée de Matt ? - Non ! Vous allez louper le début du film, ajouta-t-elle. - Prends soin de toi, fit-il en l'embrassant. Laura bâilla. - Je vais dormir un peu. Jack sortit, rassuré. Laura regarda la voiture s'éloigner. Enfin seule ! → Chapitre 7 ← Spoiler: Une pareille occasion ne se reproduirait pas deux fois. C'était une question de vie ou de mort pour Spartan. Laura quitta son lit, s'habilla, descendit. Dehors, l'air était lourd. Le ciel, chargé de nuages. Un orage s'annonçait. Tout était calme, angoissant. Cette fois, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Quand elle ouvrit la porte de la stalle, un hennissement furieux déchira le silence. Spartan fit volte-face, prêt à ruer. Trop tard. Laura le tenait déjà par le licol. - Tu ne choisis pas la bonne tactique ! gronda-t-elle. Elle fixa la longeet, bon gré mal gré, Spartan la suivit dans le manège. Les premières gouttes de pluies se mirent à tomber. Elle les ignora. L'heure de régler leurs compte avait sonné. Dans moins de deux heures, grand-père et Lou seraient de retour. Laura se plaça au centre du manège et lâcha la longe. Soudain libre, Spartan dressa la tête, surpris. La palissade ne mesurait pas plus d'un mètre. Il pouvait la sauter aisément. Il la regarda. Ses sabots raclèrent le rageusement le sable, et il se dirigea vers la barrière. Laura fit un pas en avant. - Stop ! Spartan s'arrêta et se retourna. En croisant son regard, Laura se rendit compte que, pour la première fois, elle avait vraiment peur d'un cheval. Elle se sentit vulnérable et recula. Spartan laissa échapper un hennissement sauvage et fonça vers elle. Il n'en fallut pas davantage pour que Laura sente monter en elle une fureur identique. Sa peur s'envola. Et puis quoi encore ! Elle essayait de le sauver... et il osait l'attaquer ! - Ah non, alors ! rugit-elle. Étonné, Spartan se contenta de la frôler. Laura ramassa la longe. - Tu n'as pas le droit de m'en vouloir ! Ce n'était pas ma faute ! Tu entends ? hurla-t-elle. Spartan tourna vers elle un regard brûlant de haine et se cabra. Laura lâcha de nouveau la longe pour s'avancer vers lui - Ce n'était pas ma faute ! Pas ma faute ! Avec un bref hennissement de terreur, Spartan s'éloigna en galopant. À cet instant, les éléments se déchaînèrent. Un éclair zébra le ciel, les nuages crevèrent, et ce fut le déluge. Laura ramassa la longe et la jeta de toutes ses forces à la tête du cheval. - Fiche le camp ! aboya-t-elle. Fiche donc le camp ! Je ne veux plus jamais te revoir ! Puis elle reprit la longe et le laissa galoper comme un fou autour de la piste. Des larmes de rage coulaient sur ses joues. La robe du cheval luisait de pluie et de sueur mêlées. Il ne céderait pas et elle non plus. Le bras de fer continua. Après plusieurs tours d'un galop rageur et effréné, Spartan ralentit son train d'enfer. Dans ses yeux, toute la haine avait disparu. Son galop devint régulier. Soudain, il pointa une oreille vers elle. Le premier signe ? Était-ce possible ? Laura prit une profonde inspiration, cessa de le regarder et se plaça de profil. Le cœur battant. Toujours au galop, Spartan baissa la tête... Alors, elle s'approcha et le fit galoper dans le sens opposé. L'orage était passé. Mais Spartan ne l'avait pas encore acceptée. Elle attendit. Après plusieurs tours de piste, il se mit à baver et à mâcher, puis il baissa lentement la tête et trotta. Laura était vidée. Elle lâcha la longe et lui tourna le dos. Le cheval s'arrêta. D'interminables secondes s'écoulèrent. Enfin, elle l'entendit s'approcher d'elle. Elle retint son souffle. Qu'allait-il faire ? Elle ne bougea pas. Les sabots de Spartan raclèrent le sol. Il se mit à souffler bruyamment. Le miracle se produisit. Il effleura son épaule. Laura se retourna lentement, posa doucement la main sur son chanfrein. Il ne broncha pas. Les yeux de Laura se mouillèrent. Tous deux venaient de parcourir le même chemin... Les longues semaines emplies de doute et de culpabilité étaient balayées. - Ce n'était ni ma faute, ni la tienne, murmura-t-elle en appuyant son front contre la robe luisante du cheval. Son grand-père avait dit vrai. C'est en toute conscience que sa mère était partie chercher l'étalon. Elle jeta ses bras autour du cou de Spartan. Il la laissa sangloter contre lui. L'un et l'autre étaient lavés des remords inutiles. Quand elle releva la tête, il n'y avait plus un seul nuage dans le ciel. Le soleil brillait et les feuilles des arbres rutilaient. - Je te le promets, Spartan... tu seras heureux, chuchota-t-elle en posant un baiser sur ses naseaux. Personne ne ramènerait sa mère à la vie, mais elle pouvait marcher sur ses traces. Elle aiderait Spartan à être digne de Marion Fleming. Laura reconduisit Spartan dans son box, le bouchonna, jeta un plaid sur son dos et découvrit soudain une petite plaque de peau desséchée et recouverte de poils blancs. Un tatouage que les voleurs n'avaient pu faire disparaître ? Elle écarta les poils : impossible de déchifrer quoi que ce soit. Un coup de tondeuse permettrait de retrouver le nom de ses anciens propriétaires. Laura remplit la mangeoire de paille. Spartan mangea avec voracité en agitant doucement la queue. Épuisée par toutes ces émotions, Laura se laissa glisser sur la litière et ferma les yeux. Quelques secondes plus tard, elle dormait. → Chapitre 8 ← Spoiler: Un hurlement de terreur la réveilla. - Oh ! Mon Dieu ! Elle ouvrit les yeux, cilla plusieurs fois. Lou se tenait devant elle, livide. - Grand-père ! Vite ! Il est arrivé quelque chose à Laura ! s'écria-t-elle. Jack Bartlett accourut. - Bon sang ! Qu'est-ce que tu fais là ? Laura se redressa et s'approcha de Spartan pour les rassurer. - Il va mieux, il n'y a aucun problème. Elle ne fit que les affoler davantage. - Sors immédiatement d'ici ! cria Lou, hystérique. - Mais non, regarde ! dit Laura en flattant l'encolure du cheval. Ce dernier tourna la tête. La regarda paisiblement. Le lien était rétabli. Jack et Lou en restèrent bouche bée. - Qu'est ce que tu lui as fait ? bredouilla Lou. - Nous nous sommes rejoints, désormais, il a confiance en moi. " À quel prix ? " songea-t-elle en se remémorant leur combat et leur fureur, sous un orage aussi violent que la nuit du drame. Elle n'avait jamais vécu une telle expérience et souhaitait surtout n'avoir jamais à la vivre deux fois. Incrédules, Lou et Jack la regardaient caresser Spartan devenu aussi doux que Sugarfoot. - Laura Fleming ! Je ne veux plus te revoir près de cet animal ! rugit alors Jack. - Allons donc ! Tu sais bien que maman en aurait fait autant. Jack la dévisagea, puis ouvrit les bras et la serra contre lui. - Oui... Je sais. Laura téléphona à Scott pour lui parler du tatouage découvert sur le garrot de Spartan. Ensuite seulement elle monta se coucher et dormit d'une traite jusqu'au petit matin. Le soleil brillait. Elle s'habilla et sortit. L'air était frais. Jamais Heartland ne lui avait paru plus beau, avec le feuillage des arbres qui déclinait tout la gamme des verts sur le ciel bleu. Elle s'empressa de raconter à Ted sa victoire de la veille. Puis elle l'entraîna dans la stalle de Spartan pour lui montrer le tatouage. - Pour en savoir plus, il faut raser les poils. - D'accord, je vais chercher la tondeuse, dit Ted. Je crois que je devrais prendre plus souvent mon jour de congé, la taquina-t-il en la voyant cajoler Spartan. Ce n'est plus le même cheval ! - Pas du tout. Il est seulement redevenu celui qu'il était. - C'est à toi qu'il le doit. Tu as toujours cru en lui. Laura rougit. Mais comme Spartan commençait à s'agiter, Ted conclut prudemment : - Je file chercher la tondeuse. - Doucement, doucement, murmura Laura dans l'oreille du cheval. Il avait retrouvé son calme lorsque Ted revint, et il se laissa raser sur cinq centimètres. Chiffres et lettres apparurent nettement. Ted sortit un papier et un crayon de sa poche et les nota soigneusement. De retour à la maison, Laura appela le centre de tatouages. - Ces informations risquent d'être fausses, si le cheval à été vendu deux fois, précisa-t-elle. Quand elle raccrocha, elle sentit le regard de Lou posé sur elle. - J'espère que tu vas en tirer quelque chose maintenant que tu l'as guéri. - Soigné, rectifia Laura. Il y a encore beaucoup à faire avec lui. Puis elle changea de sujet. - Et toi, où en sont tes projets ? - Je continue à préparer le barbecue. - Je peux t'aider ? Les yeux de Lou s'arrondirent de surprise. - Mais tu trouvais que c'était une idée stupide ! - Non... pas vraiment... Au début, peut-être... Mais j'espère que ça va marcher, bredouilla Laura en rougissant. Et elle sourit timidement à sa sœur. Laura passa les heures suivantes à s'occuper de Spartan. Elle le conduisit au manège, le fit travailler. Le lien se resserrait entre eux. Ensuite, elle l'étrilla pour le débarrasser des pellicules et de la graisse accumulées sur sa robe au cours des dernières semaine. Enfin, elle termina ses soins en lui nettoyant les naseaux avec une solution de lavande afin de le détendre. Ted l'observait derrière la porte du box. - La lavande est excellente pour soulager le stress. C'est ainsi que faisait maman, expliqua Laura. À cet instant, une voiture s'arrêta dans la cour. - C'est Matt et Scott ! lança gaiement Ted. Il sortit pour les accueillir. - Ted m'a annoncé la grande nouvelle ! C'est super ! s'écria Matt en s'approchant du box. - On va voir ça, dit Scott. Il entra dans la stalle, palpa le cheval et déclara : - Tu as fait du bon boulot. Les yeux de Laura brillèrent de fierté. - Oui, j'ai gagné sa confiance, j'aurais dû y penser plus tôt. - Des nouvelles de son ancien propriétaire ? reprit Scott. - Non, pas encore. - Je parie que tu seras contente qu'il retrouve son ancien foyer ! lança Matt. - Oui. Vraiment ? Elle n'en était plus si sûre. Scott perçut son hésitation. - Ça va être dur de t'en séparer, n'est-ce pas ? Laura baissa le nez. - Hein ? Tu ne veux pas qu'il parte ? s'étonna Matt. - Si, dit-elle, persuadée que ce dernier ne la comprenait pas plus que les chevaux. Peut-être que ça s'arrangerait si, un jour, ils sortaient ensemble ? Après le déjeuner, Laura entendit un hennissement plaintif. Pegasus ? Elle s'avança. Non, c'était Spartan. - Alors bonhomme ? souffla-t-elle en le grattant entre les deux oreilles. Aucun doute, maintenant qu'ils étaient amis, il s'ennuyait d'elle. Il faudrait pourtant qu'il s'habitue aux autres. Jack, Lou, Ted. Une pensée lui traversa l'esprit. Le moment était-il venu de le monter ? Elle décida d'en parler à Ted. - Quand crois-tu que je pourrais le faire ? lui demanda-t-elle ? Son avis était précieux. Mais bien sûr, il allait lui conseiller d'attendre un long mois... Ted acheva d'empiler les bottes de paille et haussa les épaules. - Pourquoi pas à la fin de la semaine ? - Déjà ? s'écria-t-elle, ravie. - Ben oui. S'il continue à faire des progrès, ça le mettra en confiance, et pour toi, ce sera une étape de plus. La fin de la semaine ! Génial ! Laura consacra la majorité de son temps à Spartan. Elle invita son grand-père et sa sœur à pénétrer dans sa stalle. Le cheval reste un peu sur sa réserve, mais se montra bientôt moins nerveux envers Jack et Lou. Le vendredi matin, elle l'étrillait lorsqu'elle aperçut Ted qui l'observait. - Tu veux vraiment le monter ? - Bien sûr, plus que jamais ! - Aujourd'hui, ça te tente ? - Tu penses qu'il est prêt ? - Oui. Je vais chercher la selle et le filet. Laura jubilait. Comment Spartan réagirait-il ? Avait-il déjà été monté dans le passé ? Elle ignorait tout de lui. Quand Ted revint de la sellerie, Spartan renifla la bride, mais laissa Laura la lui passer par-dessus la tête. - Maintenant, la selle, dit-elle d'une voix calme mais l'estomac noué. À la façon dont il se laissa sangler, elle en déduisit que ce n'était pas la première fois. - Bien, déclara Ted. - Il ne me reste plus qu'à monter en selle, dit-elle, moins inquiète. - Laisse-moi le sortir de l'écurie. Il faut lui laisser le temps de se réhabituer à avoir une selle sur le dos. Ils conduisirent Spartan dans la manège. Laura le fit trotter en le tenant par la longe. Au bout de quelques minutes, elle la détacha et se tourna vers Ted. - Allons-y, dit-elle. Ted le tint par le licou lorsqu'elle mit le pied à l'étrier. Spartan sembla quelque peu nerveux quand elle fut sur la selle. Puis il se ccalma après quelques caresses et encouragements. Laura rassembla les rênes, pressa doucement ses flancs, et Spartan partit au pas. Après quelques tours de piste, elle passa au tror. Il parut apprécier. - Il est fantastique ! s'écria-t-elle, au comble de la joie. Spartan avait un trot long et bien rythmé. C'était un plaisir de le monter. Au bout d'un moment, la jeune fille tira sur les rênes pour l'arrêter. - C'est assez pour aujourd'hui, fit-elle en mettant pied à terre. - Quelque chose me dit que demain ce sera plus long, la taquina Ted. Il ouvrit la barrière. Laura ramena Spartan dans son box. À peine eut-elle fini de le débarrasser de sa selle et du mors que le téléphone sonna dans la cuisine. Laura se précipita et arriva au moment où Lou revenait du potager avec des légumes frais. La jeune fille se jeta sur l'appareil. - Ici, Heartland ! dit Laura, essoufflée. - Bonjour, se présenta son correspondant. Je suis Larry Boswell. J'ai été contacté par le centre de tatouages. Il semblerait que vous ayez l'un des chevaux qui m'ont été volés... Un bai avec une étoile blanche sur le front. Le propriétaire de Spartan ! - Allô... Vous êtes toujours là ? reprit-il. - Oui... Oui... - Et c'est bien chez vous que se trouve mon cheval ? - En effet, il est ici, confirma-t-elle d'une toute petite voix. Bonne lecture !
  17. Par contre, une question : c'est pas grave si je poste genre que le 1° chapitre ce soir ? Et e autres à la suite ?
  18. Okay, je suis entrain de la taper sur le Bloc Note ! ^^ Par contre, ça va prendre longtemps... Et aussi, j'ai pas retrouvé le 1°, donc je commence le 2°... Je vais essayer d'en faire au maximum ! C'est toi l'ange !
  19. Ouais, vous avez raison, pour ma part, déjà rien que le design, c'est plus reposant ! C'est pas que j'aimais pas l'autre, mais bon, lui, est plus cool !
  20. Okay, je vais faire avec ceux que j'ai, si je les retrouve (j'ai déménagé récemment) ! Et donc je tape tout dans un message ?
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