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Mam'zelle Ardoise

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Tout ce qui a été posté par Mam'zelle Ardoise

  1. Mon Dieu mes amis, je suis toute émue de lire vos messages si gentils à mon égard ! Filou et Litchi, vous le savez, je vous trouve TRES BEAUX, bien que vous ressembliez à Sa Seigneurie la chatte Caramel qui m'a précédée dans la vie de mes parents à deux pattes. Un fichu caractère, je ne vous dis que ça ! Que dites-vous, votre maman fait des siennes ? Elle est bizarre ? Elle n'est pas la seule, rassurez-vous, tous les humains sont comme ça, si vous saviez ce que je vis avec Scouby ! Mlle Pélisse, vous êtes très charmante vous aussi, je compatis au malheur que vous avez vécu et j'espère que vous continuez à remonter la pente. heureusement, vous avez des humains qui vous aiment ! Mes nouvelles n'ont pas beaucoup changé, mes amis, je vis toujours retirée dans ma salle de bains, j'y dors... heu, médite à l'aise, enfouie sous une couette confortable. A mes pattes, un bol de croquettes "sénior" (eh oui !) et un bol d'eau. Quand j'en ai envie, je descends faire un petit tour, histoire de vérifier comment ma meute se débrouille sans moi. A mon grand étonnement, je vois que ça roule... Se sont-ils même rendu compte que j'ai pris ma retraite et que je goûte un repos bien mérité ? J'en doute... Ils auraient pu me faire un petit cadeau quand j'ai émigré vers les hauteurs de la salle d'eau, je trouve ! Mais ils ne sont pas très malins, que voulez-vous... C'est moi le cerveau, ici ! Parfois, quand je suis en bas, je tends l'oreille, je tremble : quelqu'un monte l'escalier.... Un mauvais plaisant a-t-il l'intention de fermer la porte de ma chambrette d'élection ? Aussitôt je retrouve mes pattes de jeune fille, je me précipite pour me retrouver sur place avant l'intrus... Ouf ! Sauvée ! Et osez seulement me déloger ! Sur ce, je vais piquer un petit somme... A bientôt mes amis !
  2. Mon cher Noisette, ne vous laissez pas marcher sur les pattes ! Pas d'intrus dans votre domaine réservé ! Et quand vous serez plus âgé, faites comme moi : choisissez une chambrette bien agréable, par exemple une salle de bains, installez-vous sans écouter les remarques parfois désobligeantes de vos humains et restez-y ! Ils finiront par craquer... Pour vous éviter de devoir descendre maintes fois par jour l'escalier sur vos pattes vieillissantes, ils vous monteront même un petit en-cas... Voyez les photos ! Et dans votre chambrette, pas d'autre chat que vous ! C'est vous le chef ! mg] mg]
  3. Chapitre 60 : ET ENSUITE… Je crois que notre Orca a eu une magnifique vie de chat et au-delà du chagrin que nous a causé son départ, cette pensée nous a été un réconfort. Une de nos voisines l’a trouvé endormi dans son jardin. Il ne semblait pas avoir souffert. Nous avons traversé une période noire. Même moi j’étais triste, c’est tout dire. Puis, petit à petit, je me suis remise. A vrai dire, je ne suis pas restée seule très longtemps. Ma vie a continué, avec ses joies, ses peines et ses émotions. Je connaîtrai encore de nombreux chats, je vivrai encore de multiples péripéties que je vous raconterai bientôt… Mais aujourd’hui, permettez-moi de déposer ma plume, en hommage au maître-chat. FIN (de la première partie des Mémoires d'Ardoise)
  4. Chapitre 59 : L’ARC-EN-CIEL Et voilà, j’ai pris la route. Du moins, c’est une façon de parler. J’ai pris ma route, celle qui aujourd’hui n’est ouverte qu’à moi. La route que chacun emprunte un jour et où il se retrouve seul. J’ai choisi, pour me reposer, un jardin pas très éloigné du nôtre. On s’imagine qu’on part pour un très lointain voyage et puis on se rend compte que les distances n’existent pas. Je me couche en boule, confortablement, sur l’herbe fraîche. Je pense aux paroles de Roublard : « N’oublie pas de revenir. » Je n’oublierai pas, je sais qu’on revient toujours. Sous une autre apparence, sous un autre nom. Mais on revient. Surtout quand on est chat. Je ne souffre pas, je me sens léger. Je ferme les yeux. Derrière mes paupières se dessine un arc-en-ciel, le plus beau et le plus brillant que j’aie jamais vu. Si c’est ça le paradis, c’est cool. Et qui aperçois-je, petite silhouette grise escaladant d’une patte assurée les sept couleurs, jusqu’au zénith ? Mon cœur bondit de joie et s’arrête enfin, tandis qu’à mon tour je m’élance dans la lumière en criant : « Petite-Goulaffe ! Hé, Petite-Goulaffe ! Attends-moi ! »
  5. Chapitre 58 : MES SUJETS ET MOI Comme, à présent, j’ai tout mon temps pour réfléchir, je me suis aperçue, moi aussi, que les matous ne sont que de passage dans notre village. Trois petits tours et puis s’en vont. D’où venait notre Orca, il y a de cela deux ans et demi ? Mystère. Il est apparu un beau jour, venant de nulle part, et il est reparti à nulle part… ou vers quelle autre planète ? Quoi qu’il en soit, avant son départ, il n’a pas hésité à donner notre adresse à ses bons copains. A présent, il n’est pas rare de trouver trois ou quatre greffiers devisant sur notre terrasse, dans l’attente d’un repas. - C’est M’sieur Orca qui m’a invité ! clame un étranger, tout tigré avec une longue ligne noire le long de la colonne vertébrale et de la queue. « Il a dit qu’il y aurait TOUJOURS quelque chose à manger sur cette terrasse pour les chats des champs ! » Des petites assiettes, posées çà et là, se remplissent régulièrement et se vident à la même cadence. Il nous semble être revenus au temps, déjà lointain, où les clients de notre « resto du coeur » n’étaient autres que Néfer, Titi et l’Orca alors nouveau venu dans le village. Le Roublard s’est aménagé un confortable petit coin dans la haie. Il croit qu’on ne le voit pas, mais sa volumineuse masse blanche ne peut passer inaperçue ! - Ce malheureux chat n’a vraiment RIEN pour lui, a remarqué Daniel. Il est plutôt moche… Mais Scouby trouve qu’aucun chat n’est vraiment moche ! - Négatif est peut-être plus beau, mais Roublard devait être un chaton adorable, objecte-t-elle. C’est original, ces petites taches noires sur sa figure ronde et blanche ! - Il n’est pas très malin… - Oh, il a vite compris le système de la chatière ! - Il n’est pas très affectueux… - C’est parce que tu l’as enfermé dans le fenil, l’été dernier ! Le pauvre est encore traumatisé ! Quoi qu’il en soit, le Roublard me semble un peu caractériel : quand on lui donne à manger, il a toujours l’air de croire qu’il vole l’assiette de quelqu’un d’autre et prend des airs furtifs. Un peu désordonné, il goûte avec précipitation à toutes les gamelles présentes dans son champ de vision, alors que la pâtée qui s’y trouve est toujours la même. Quand Scouby fait mine de le caresser, il recule avec un regard terrorisé, ne pouvant croire que quelqu’un lui manifeste de la sollicitude. - C’est pour me frapper qu’elle tend la main ! affirme-t-il. Je sais bien que personne ne m’aime, moi ! Sauf M’man ! Vous connaissez votre amie à deux pattes : elle ne supporte pas qu’un chat se sente rejeté ! - Mais voyons, tu te fais des idées, mon pauvre Roublard ! dit-elle. - Mais oui, t’es bête, dit Négatif. « Regarde comment on fait ! » Il y va de sa petite démonstration : se frotte aux chevilles humaines avec volupté, en lançant de grands « Miaou ! Miaou ! » langoureux soulignés de regards séducteurs ; se laisse caresser avec délice en arquant la colonne vertébrale. - Tu vois, c’est facile ! Le Roublard en reste coi. Il pense qu’il n’osera jamais. Qu’il n’est pas beau, pas mignon comme son frère ni craquant comme son père, ni attendrissant comme sa mère… D’ailleurs il ne sait même pas dire « Miaou ! » En bref, il a comme un complexe d’infériorité. Moi, je pense que c’est un cas désespéré. Scouby m’emmène faire un tour au jardin, histoire de me faire absorber un peu de verdure. Je traverse la terrasse avec dignité, la tête haute. Ma suivante tient humblement la corde. A deux pas de moi, mes sujets (vous savez qui) me considèrent d’un œil bovin. - Bonjour mes braves, bonjour ! dis-je en accordant un regard (un seul, mais frappant !) aux deux olibrius assis sur leur arrière-train. - Wah, mam’zelle Ardoise, quelle allure ! fait le Négatif en plissant malicieusement son petit visage. (J’ai déjà essayé de faire pareil, rien à faire ! Mes traits restent figés. Hermétiques. Seuls mes grands yeux trahissent mes pensées). Je ne sais jamais s’il est sérieux ou s’il se fiche de moi. Tout à fait son père, ce zèbre-là ! Le Roublard ne bronche pas. Il se contente de me fixer avec méfiance, en se tenant à distance respectueuse de mon auguste personne. Quand je m’approche de lui afin de vérifier s’il n’aurait pas par hasard une « petite odeur » comme Orca, il recule d’autant. Je ne suis pas encore arrivée à me faire une opinion. Parfois, je m’amuse à l’impressionner, c’est facile. Quand je suis à l’intérieur et que je le vois se jucher sur le rebord de la fenêtre, je n’hésite pas : je saute à mon tour et nous nous dévisageons, presque nez contre nez. Il ne s’enfuit pas, parce qu’il est persuadé que la vitre le protège des mes imprévisibles tentatives. - Tic tic tic ! Je tapote, du bout des griffes, la paroi transparente. Je regarde fixement l’animal peu à peu tétanisé d’effroi. Visiblement, il se demande à quelle espèce vivante j’appartiens. Je l’hypnotise longtemps, très longtemps. Au bout d’un moment, il détache péniblement son regard du mien et contemple le jardin d’un air qu’il souhaite dégagé. Je continue à le fixer, lui brûlant la nuque de mon regard de croco. Il n’y tient plus : il quitte le champ de bataille, me laissant triomphante. Triomphante mais déprimée.
  6. Chapitre 57 : ADIEUX Il me reste à prendre congé d’une amie très chère. Je trottine dans notre rue, à la recherche de la jolie Gourmande. Justement, elle est là, couchée au soleil sur le talus. Elle a maigri et me semble un peu mélancolique. - Depuis que mes maîtres ont acheté deux chiens, je reçois moins à manger qu’avant, se plaint-elle. Bon, je ne veux pas critiquer ces chiens, ils sont bien courtois à mon égard, mais avec la position que j’occupe, je ne peux tout de même pas fréquenter des CHIENS, n’est-ce pas, cher Orca ? - Bien sûr que non, dis-je en frémissant d’horreur. Des CHIENS ! Un chat conscient de sa dignité ne peut s’abaisser à ce point ! - Alors, je ne prends pas mes repas avec eux, j’arrive quand ils ont fini et il ne me reste que des croquettes, soupire-t-elle. C’est le moment de faire montre de générosité. - Chère Gourmande, le week-end sur ma terrasse, il y aura TOUJOURS un repas pour vous ! dis-je, la patte sur le cœur. Cela lui fait plaisir, je le vois bien. Désolé de ternir sa joie, je dois cependant lui annoncer mon départ. - Vous aussi, cher Orca ? Mon Dieu, je vais me sentir bien seule dans ce village ! - Il y a encore beaucoup de chats, pourtant, dis-je, étonné par cette remarque. - Peut-être, mais plus aucun de ceux que j’ai connus en arrivant ici, il y a deux ans à peine ! Avec Néfer, vous restiez le dernier, cher Orca ! Je suis pétrifié de surprise, rappelant mes souvenirs. Il semble bien que la charmante ait raison ! Elle poursuit : - Le chat gris qui me faisait de l’œil… Vous savez, la créature soyeuse et ondulante ? Il y a longtemps qu’il s’en est allé… Votre ami Titi aussi… Et encore bien d’autres ! Il y a toujours autant de chats au village, mais ce ne sont plus que des jeunes. Elle dit vrai, la pauvre Gourmande. Je suis le seul à m’être attardé plus longtemps que prévu, retenu par une couette provençale, par de bons petits plats de rillettes et de camembert, par des caresses… Un peu plus, je serais devenu très vieux sans m’en rendre compte. Mais apparemment, il y a quelque part un Dieu des chats qui a, pour moi, d’autres projets. Pour me changer les idées, je regarde autour de moi. - Tiens, je ne vois pas votre abominable chaton ! dis-je, surpris. - Hélas, ma Petite-Goulaffe aussi s’en est allée, soupire la pauvre esseulée. Je ne sais pas si elle est partie seule ou si elle a été adoptée par une autre famille, mais elle n’habite plus ici. J’aimerais pourtant bien avoir de ses nouvelles !... - Quoi, Petite-Goulaffe aussi !!!! Je suis renversé. Le village me semble subitement terne et vide, sans la rêve-volutionnaire qui m’a si souvent fait enrager. Cela ne s’explique pas, c’est comme ça. Je n’ai que trop tardé.
  7. Chapitre 56 : TRISTESSE Le second week-end suivant le départ d’Orca, alors que nous nous morfondions sans nouvelles, nous avons eu la surprise de voir que le bol de croquettes posé sur le sol de la cuisine était vide. - Serait-il revenu ? Scouby s’est posé la question, sans requérir mon avis. Je lui aurais bien dit, moi, que le Maître-Chat n’était plus passé à la maison depuis des jours et des jours : aucune petite odeur d’oignon cru ne flottait dans l’air… Mais comme personne n’a pensé à recourir à mes lumières, je me suis tue. Et puis, les deux bacs de sable étaient propres… Et comme vous le savez, sauf quand il essaie d’exprimer un malaise, l’Orca met son point d’honneur à faire ses petits besoins dans un bac, de préférence dans le bleu qui m’appartient. Il considère que c’est plus chic que de se retirer au jardin. Parfois un peu maniéré, le chat des champs ! - Bon, ça doit être Roublard qui a mangé les croquettes ! Justement, nous le voyons, le Roublard, couché sous la haie. Comme il trouve notre maison très intéressante, il a élu là son domicile, bien à portée de voix et de regard. Il fait comme moi, quoi : il surveille. Négatif, lui, batifole dans le jardin voisin. Il aime se promener, Négatif. A beaucoup d’égards, il possède les traits de caractère de son père : il a du charme, se lie facilement avec les bêtes et les gens. Même moi qui l’appelle volontiers « cet imbécile de Négatif », je dois reconnaître, à mon corps défendant, qu’il est bien fait de sa personne : blanc et noir, avec de grands yeux innocents en forme d’amande, le corps mince et souple, il porte sur la tête une large tache noire qui lui enserre les oreilles avant de se terminer en pointe dans son cou : on dirait qu’il a coiffé un foulard. Depuis quelque temps, il a pris de l’ascendant sur son frère qui, manifestement, l’admire. Négatif prend des initiatives et le Roublard suit le mouvement : c’est moins fatigant que de réfléchir ! Cette nuit-là, Scouby se lève pour boire un verre d’eau. A moitié endormie, elle débouche dans la cuisine où elle tombe nez à nez avec… - Négatif ! Que fais-tu là ? L’animal estime que c’est le moment de faire montre de ses capacités. - M’dame Scouby ! Que je suis content de vous voir ! J’ai faim… et regardez ce que je sais faire ! Et hop ! Sur la table ! hop hop hop hop ! De la table sur le frigo et maintes fois vice-versa ! et Miâââââââââ ! Miââââââââââ ! - Exactement les mêmes mauvaises manières que ton pauvre papa ! soupire Scouby. Elle le met dehors, avec une assiette bien garnie ce qui va de soi. Négatif n’y comprend rien : il avait si bien répété sa leçon, pourtant ! Puis Scouby retourne se coucher, sans penser à fermer la chatière. Le matin venu, quittant ma chambre (que je partage avec mes parents-z-à-moi, comme chacun sait), je me dirige d’un pas solennel vers la gamelle contenant mon petit déjeuner. Non, en ce moment je ne sautille pas comme d’habitude, vous le comprendrez. Une mélancolie que je m’explique trop bien me plombe les pattes. J’ai toujours pensé que je n’aimais pas beaucoup l’Orca et maintenant qu’il n’est pas là, je me sens toute chose… Soudain, qui vois-je, sortant nonchalamment de MON salon ? Je reste figée de stupeur, scandalisée. - Keske vous fichez chez moi, vous ? - Heu ! P’pa m’a donné la permission, tente d’expliquer le jeune chat, un peu penaud et inquiet sous mon célèbre regard minéral. - Mais moi, je la donne pas ! Ksssss, kssss, du balai ! - Pourtant, P’pa m’a nommé chat des champs par intérim ! Et Roublard aussi !... Mes yeux lancent des éclairs. Négatif, n’osant me quitter du regard de peur de se retrouver foudroyé sur place, gagne la porte à reculons. Il sait aussi se servir de cette chatière, l’animal ! Les pattes m’en tombent ! Et l’Orca qui prétendait qu’il s’agissait d’une chatière spéciale qui ne s’ouvrait que pour lui ! Il m’a bien roulée dans la farine avec ses taquineries, le Maître-Chat ! Il faudrait quand même qu’un de ces jours, j’examine soigneusement ce mécanisme. Peut-être que je pourrais, moi aussi, entrer et sortir à volonté ? Hélas, j’étais justement occupée à pousser légèrement du nez ce petit ventail quand Scouby, survenant à l’improviste, l’a verrouillé ! - Tu comprends, Ardoise, je ne peux pas laisser tous les matous du village entrer ici comme dans un moulin ! Et puis, si par hasard notre Orca revenait un jour de la semaine prochaine, il pourrait bien attendre jusqu’au week-end, non ? Nous n’ y croyons plus ni l’une ni l’autre, mais nous faisons comme si. - D’autant plus, renchéris-je, qu’avec ses deux rejetons, les provisions se seraient volatilisées avant qu’il n’arrive ! Apparemment, les deux compères avaient déjà pris leurs habitudes dans la maison : le divan du salon était marqué de deux creux encore chauds : un petit (pour Négatif) et un profond (pour le Roublard). - Ils sont gentils et bien propres, a remarqué encore Scouby, mais je ne veux pas qu’ils s’imaginent que cette maison leur appartient ! Ils auront à manger dehors, sur la terrasse, comme les chattes ! Je m’abstiens de lui faire remarquer qu’il y a deux ans, elle a dit exactement la même chose, concernant Orca.
  8. Chapitre 55 : LA FIN APPROCHE Comme vous le savez, je me sentais mieux ces derniers temps. Lentement, je reprenais du poil de la bête (dans tous les sens du terme)… Mais à présent, une force que je ne puis définir me pousse vers un ailleurs inconnu. Il est donc écrit que vagabond je resterai… J’ai essayé de faire comprendre à ma famille d’accueil que nos chemins allaient se séparer. Pour ce faire, j’ai déposé sur le sol quelques petits objets odorants de mon cru… puis, avant leur arrivée, je me suis éclipsé pour plusieurs heures. Ils n’ont pas saisi la signification réelle de mes messages. Seule la chère Ardoise, en sa qualité de chat, a très bien compris que quelque chose n’allait pas, n’allait plus, et que notre petite vie paisible et routinière, émaillée de chamailleries, de bouderies parfois, de drôlerie souvent, allait toucher à sa fin. La dernière fois que nous nous sommes retrouvés tous ensemble, Scouby a constaté que j’arborais un petit air lointain, distrait, qui ne m’était pas habituel. - Qu’est-ce qui se passe, Orca ? - Laisse-le se reposer, il a l’air fatigué, a dit Dan. Je pose sur les choses et sur le monde un nouveau regard. Il y a en moi une bizarre machinerie qui s’est mise en branle et qui me pousse au départ. Pourtant, vous le savez, j’aimais ce village et cette maison où j’ai été si bien accueilli pendant deux ans, chaque week-end. La chatte grise s’abstient à présent de me taquiner. Alors que je rêvasse sur un fauteuil, je sens son regard fixé sur moi. Elle se demande, avec inquiétude, si c’est à cause d’elle que je vais m’en aller, à cause de toutes ces petites avanies qui ont jalonné nos rapports. Elle se trompe : je n’ai jamais pris au sérieux toutes ses gamineries. Je sais bien qu’au fond, tout au fond, en creusant bien, elle est une brave fille ! Et puis, je peux bien lui avouer que je l’ai fait tourner en bourrique plus d’une fois. Elle est à ce point naïve qu’elle croit toutes les salades qu’on lui raconte ! Je m’en suis donné à cœur joie, avec elle… Mea culpa, mais je ne le regrette pas ! Avant de s’en aller pour un très long voyage, il convient que l’on dise au revoir à sa famille et à ses amis. Au moment de quitter ma maison sans faire de bruit, je jette un dernier regard derrière moi. N’ai-je rien oublié ? J’ai vidé deux des trois assiettes déposées à mon intention. Je n’arrive pas à engloutir la troisième : c’est un peu trop, même pour un estomac comme le mien. Si encore ils m’avaient prévu un dessert de rillettes et de camembert, j’aurais fait un effort, mais ne demandons quand même pas l’impossible ! Une chose me frappe, que je n’avais pas remarquée auparavant : rien, dans cette maison que j’ai hantée si longtemps, ne rappelle ma présence. Vagabond dans l’âme, sans même m’en rendre compte, je n’ai jamais rien possédé en propre. Les jouets qui jonchent le sol ne sont pas à moi : ils appartiennent à la charmante et si puérile Ardoise. Moi, j’ai toujours été trop sérieux pour jouer. Je ne laisse derrière moi que la petite couverture bleue… et la chatière. Je suis un peu inquiet : comment va réagir ma Néfer à l’annonce de mon départ inopiné ? Dois-je m’attendre à une crise d’hystérie ? - Où est ta mère ? demandé-je à l’inévitable Roublard, confortablement tapi sous la haie du jardin qui fut mien si longtemps. - M’man ? L’est avec son Jules ! réplique élégamment mon rejeton. Je crois avoir mal entendu. Son Jules ? Un autre Jules que moi ? - Oh, pas du tout un Jules comme toi, P’pa ! rigole Négatif. Je décide d’aller m’informer auprès de la principale intéressée. Justement, la voilà. Elle porte la tête haute et la queue fièrement dressée comme un cierge ! - Oh, Orca, tu ne devineras jamais ce qui m’arrive ! s’écrie-t-elle en me voyant surgir. - Dis toujours, fais-je laconiquement, très intrigué par son exultation. - J’ai UNE MAISON A MOI, maintenant ! Là, elle m’en bouche un coin, je l’avoue. Je la dévisage, les yeux ronds. - Une maison ? Où cela, Néfer ? - En face de la tienne ! A côté du fourré où j’habitais avant ! Le propriétaire de cette maison est un monsieur âgé, très distingué, veuf depuis quelques années. - L’autre jour, je me tenais là, tu vois. Je ne demandais rien à personne. Le monsieur rentrait chez lui, il s’est arrêté et m’a fait un sourire. Puis il m’a caressé la tête. Je n’en reviens pas. Ma Néfer ne s’est pas enfuie ? N’a pas eu peur ? Mes conseils auraient-ils enfin porté leurs fruits ? - Il m’a dit : « Bonjour, joli petit chat noir. Cela fait bien longtemps que nous nous connaissons de vue… » Je lui ai répondu : « Bonjour Monsieur ! Je suis Néfertiti ! » Là, j’admire, sincèrement. Elle n’a pas dit : « Je m’appelle Néfer. » Non, elle a mis les choses au point, elle a dit : « Je suis Néfertiti. » comme si elle était la réincarnation de la reine d’Egypte (à vrai dire, elle en est intimement persuadée) et qu’il convient donc de la traiter comme telle. - Et le monsieur m’a dit : « As-tu faim, Néfertiti ? » et il m’a ouvert la porte de son garage. Et au bout de deux jours, celle de sa cuisine ! Et après, celle de son salon ! C’est moi la maîtresse de maison à présent ! Qu’est-ce que tu dis de ça, mon Orca ? En de telles circonstances, il faut que je prononce des paroles inoubliables, de celles dont ma Néfer se souviendra durant les soirées d’hiver, quand, assise devant un bon feu, elle pensera à moi qui serai loin. Je pose une patte sur son épaule et prends mon air le plus solennel, le plus « maître-chat ». - J’en dis que tu combles mes rêves ! Je suis très, très fier de toi, ma Néfer ! Après ce moment de triomphe, elle n’a pas pris trop mal la perspective de mon départ. Elle est tellement obnubilée par sa nouvelle situation. Et moi, tellement soulagé ! Rassuré sur son sort, je me demande à présent quelles recommandations adresser à mes deux fils, si jeunes et si insouciants. Sont-ils, eux aussi, des chats à l’instinct nomade ? A ce stade de leur vie, nul ne peut encore le dire. - Négatif et Roublard, dis-je en arborant mon air le plus paternel. Ce n’est pas très facile, parce que je n’ai pas vraiment l’habitude d’être leur père. J’aurais dû les connaître quand ils étaient petits. J’essaie de froncer le front avec une expression concentrée, pour leur montrer que le moment est sérieux. Naturellement, Roublard rigole. Il m’énerve, celui-là ! Déjà qu’il s’est permis d’entrer chez moi par la chatière… Je ne l’ai toujours pas digéré ! Prenons une contenance digne. - Mes enfants, dis-je, j’ai quelque chose d’important à vous dire. - OUAIS, P’PA ? Autant pour la dignité. Je m’énerve. - On ne hurle pas « OUAIS, P’PA ? » de toute la force de ses poumons ! On dit respectueusement : « Oui, Papa ? » C’est compris ? - OUAIS, P’PA ! - Tu le fais exprès ? - NON, P’PA ! Il paraît sincère. Je jette l’éponge. - Mes enfants, je pars en voyage. - Pour longtemps, P’pa ? veut savoir Négatif. - Oui, pour longtemps. Les deux frères échangent un regard. J’enchaîne : - Je voudrais vous demander d’être très gentils avec les gens de cette maison, parce que d’abord, ils seront inquiets pour moi, puis ils auront de la peine. Je ne peux pas les prévenir, ils ne comprennent pas bien le langage chat. Ayez du tact ! De la diplomatie ! C’est ce que ma mère, une sainte chatte, m’a toujours seriné ! Et c’est comme ça que votre père a réussi dans la vie. Ils approuvent chaleureusement. - OUAIS, P’PA ! ON SERA GENTILS ! ON VIENDRA TOUS LES JOURS BOUFFER ET TENIR COMPAGNIE A M’DAME SCOUBY ET M’SIEUR DAN ! - On sera pleins de tact et de diclo… diplo… cratie, P’pa ! D’ailleurs, avec toute l’eau qui est tombée du ciel ces derniers jours, il doit y avoir des masses de diplo… dico… practies dans le jardin ! On se roulera dedans ! - ON SERA TOUJOURS LA, P’PA ! DANS LA HAIE ! ON MIAULERA TRES FORT ! - Tous les deux toujours ensemble ! Comme Laurel et Hardy ! - C’EST MOI HARDY, P’PA ! - Tiens, je ne m’en serais pas douté ! ne puis-je m’empêcher de rétorquer. Mais le Roublard ne comprend pas l’ironie. - On fera comme si on était toi, P’pa ! poursuit Négatif. - Comment l’entends-tu ? demandé-je avec une certaine méfiance. Le regard plein de candeur, il explique : - Je t’ai bien observé, P’pa, et je sais faire aussi bien que toi ! Ben tiens ! - Quand M’dame Scouby entre dans la cuisine, tu te mets à sauter et à crier : Miââââââââ ! Miâââââââââ ! Puis tu bondis sur la table et tu danses. Puis, quand M’dame Scouby se penche pour prendre quelque chose dans le frigo, tu sautes, très vite, hop hop ! de la table sur le frigo, du frigo sur la table et encore et encore ! Quand elle se redresse, souvent tu es en plein vol et vous vous télescopez. Tu t’étales par terre… - Hum ! Pas à chaque fois ! - Presque ! Bon, c’est vrai. - Et puis, quand M’sieur Dan fait cuire de la viande, tu te mets sur l’évier, à l’autre bout de la pièce et tu avances tout doucement sur les armoires, sans miauler, en rasant les murs, jusqu’à la cuisinière et puis, juste quand tu y arrives, M’sieur Dan te voit et hurle : « ORCA ! NON ! » et tu sursautes si fort que tu glisses et te retrouves de nouveau étalé par terre… Bon, ça commence à bien faire ! - Mais pour nous, ce sera plus facile, P’pa ! affirme Négatif avec confiance. - OUAIS ! PARCE QUE NOUS, ON EST DEUX ! - Un pour l’attaque et un pour la diversion ! Moi pour faire Miâââââââ ! Miââââââ ! parce que pour ça Roublard, il n’est pas bon ! Il ne sait faire que OUIIIIIIIIIIIIIIIIIN ! OUIIIIIIIIIIIIIIN !... Et pendant que M’sieur Dan et M’dame Scouby auront leur attention portée sur moi, Roublard va avancer à pas de loup vers la viande qui cuit… - A PAS DE LOUP : POUM POUM POUM ! Je vois le tableau. Je souhaite bien du plaisir à Scouby et Dan, avec ces deux hurluberlus ! Dommage qu’il me faille partir… Hâtons les adieux. - Mes chers enfants, je ne peux m’attarder davantage… Au revoir, soyez bien sages pendant mon absence ! - HE, P’PA ! TU N’OUBLIERAS PAS DE REVENIR, HEIN ? PARCE QUE NOUS, ON T’AIME BIEN ! J’en reste sans voix, tout ému. C’est vrai qu’il m’énerve souvent, le Roublard, mais néanmoins… Heu Hum ! Allons-y !
  9. Chapitre 54 : MISSOU LOLO Mes vacances sont donc terminées, l’été a atteint son terme. Je me repose, bien tranquille, dans mon appartement. Vous n’imaginez pas, en effet, comme mes séjours campagnards sont EXTENUANTS ! Les vacances EREINTANTES ! Mes week-ends prolongés, TUANTS ! Ah la la, c’est dur de vouloir redresser le monde ! Parfois, le découragement me prend. Pourquoi m’obstiner à répandre la bonne parole (la mienne bien sûr) parmi ces animaux dont on dit qu’ils sont de mon espèce… mais avec lesquels, vraiment, je n’ai aucun point commun ? A part, évidemment, une paire d’oreilles pointues, des moustaches effilées, une queue arrogante et quatre pattes sautillantes… D’abord, il y a le trajet à accomplir : une bonne centaine de kilomètres dans un panier au tissu tout mou ! Quand j‘y entre, contrainte et forcée, le panier est plus ou moins droit, il fait illusion. Je peux m’asseoir de manière à peu près normale. Avec les aléas de la route, le panier s’effondre insensiblement et moi, je suis le mouvement. A la fin du voyage, il reste une sorte de sac épais comme une galette et, à l’intérieur, une malheureuse chatte plate comme une crêpe. Le petit grillage en plastique est limité à une mince fente, au ras de la banquette. Par cette fente, le monde extérieur ne peut plus discerner que deux yeux fulgurants et courroucés : les miens. - Mais Ardoise, pourquoi ne pousses-tu pas le sommet du panier avec ta tête, pour qu’il reste en forme ? s’étonne ma mère d’adoption. Je ne daigne pas répondre. Me voit-on sous les traits d’hercule, ou encore mieux d’Atlas soulevant le monde ? Arrivée à bon port et à peine remise de mes émotions, il me faut prouver ma supériorité morale à tous ces quadrupèdes, en général bêtes comme mes pattes, qui n’hésiteraient pas à s’approprier ma maison et mon jardin si je les laissais faire. En ce qui concerne le jardin, hélas, mon pouvoir n’est pas bien grand : il se limite à la longueur de la corde qui me rattache, tel un cordon ombilical, à mon Home Sweet Home. Ainsi, j’ai dû assister impuissante aux jeux effrénés de deux jeunes chats, Négatif et Roublard pour ne pas les nommer, qui s’amusaient à se poursuivre sur les branches de mon petit saule à moi ! Et ils sautaient ! Faisaient des cabrioles ! Se fichaient visiblement de ma royale désapprobation ! J’en aurais attrapé la jaunisse ! Le monde n’est plus ce qu’il était de notre jeune temps, ma bonne dame, croyez-moi ! Je dois l’avouer tout bas (pour qu’il ne m’entende pas), c’est encore l’Orca le moins pénible de la bande. Lui, au moins, m’écoute avec déférence et se laisse piétiner sans regimber… enfin presque. L’autre jour, il m’a quand même étonnée : alors que je lui assénais, pour me calmer les nerfs, une bonne grosse baffe sur la tête, voilà-t-il pas que Monsieur lève la patte d’un air menaçant ! - Keskesêksa ? ai-je grincé, les yeux en forme de mitraillette. La révolte n’a duré qu’une fraction de seconde. - Je… Je levais la patte pour me gratter ! a-t-il prétexté, penaud. - C’était pas la peine de la lever si haut par-dessus votre caboche, là où y a rien à gratter ! ai-je rétorqué afin de bien lui faire voir que je n’étais pas dupe. Je n’en reviens toujours pas : il avait failli me rendre ma gifle, l’animal ! Peut-être que je devrais apprendre à dominer mes nerfs… Faire montre d’un minimum de doigté. C’est vrai que parfois, je suis un peu vive… - Un peu vive ! Je dirais même que, quand tu t’y mets, tu peux te montrer une véritable petite peste ! fait Scouby qui lit par-dessus mon épaule sans y avoir été invitée. - Oh, quelle injustice ! protesté-je, indignée. Je suis la douceur en personne ! - Avec nous, oui, concède ma mère d’adoption, mais pas avec le pauvre Orca ! - Mwâ ? Je suis ahurie. - Ben oui ! Quand il est parti en promenade, QUI se poste devant la chatière, la patte levée pour lui donner une taloche sur le crâne lorsqu’il reparaît ? QUI se cache sous la table de la cuisine, pour le terroriser quand il veut manger ? QUI… ? Et blabla. Je prends un air absent. En fait, je sais très bien de QUI il s’agit, mais je pensais que Scouby n’avait rien remarqué. Elle poursuit sur sa lancée : « QUI se jette sur le pauvre animal pour le renifler de haut en bas à chaque début de week-end ? » Alors là, je suis innocente de toute mauvaise intention ! Je proteste : - N’exagère pas ! Tu sais très bien que c’est comme ça que les chats se reconnaissent entre eux ! Et aussi les chiens ! Et aussi les… - Mais comment se fait-il que l’Orca ne te renifle jamais, lui ? Et pourtant il te reconnaît instantanément ! Voyons Scouby ! - Ca, ce n’est vraiment pas difficile à comprendre ! Il me reconnaît à mes beaux yeux : ils font un effet flash ! J’ai remarqué effectivement que mon regard fulgurant a le don de tétaniser l’Orca. Lui, me renifler ? Il n’oserait jamais ! - Et puis, dis-je, il doit ressentir les ondes de ma personnalité tellement frappante, à travers les fibres de mon panier Félix ! Indéniablement, sitôt qu’il aperçoit le véhicule ardoisien en tissu mou, l’Orca paraît en état de choc. Pétrifié d’admiration qu’il est, l’animal ! Eperdu de joie à l’idée de passer deux jours entiers avec moi ! Du moins c’est ce que je crois. Et c’est sûrement la vérité, vous ne pensez pas, les amis ? Moi, pour reconnaître l’Orca, il me faut analyser sa petite odeur si spéciale ! Simplement le voir ne suffit pas à établir ma conviction. Qu’est-ce qui ressemble plus à un chat noir et blanc qu’un autre chat noir et blanc ? Il me reste encore à définir cette « petite odeur » si particulière à la bestiole. - Orca sent l’oignon ! m’exclamé-je péremptoirement. Voilà, c’est exactement ça : l’oignon cru ! Scouby a beau renifler, elle ne détecte aucune odeur bizarre. Et pour cause ; je suis la seule ici à bénéficier d’un sens olfactif ultra développé. Quelques jours plus tard, Scouby et Daniel sont allés faire un petit séjour en France, me laissant aux bons soins de ma Mamie, la mère de Scouby. J’ai été bien sage… et très gâtée ! Instruite de mes goûts et de mes exigences, ma Mamie m’a offert du bœuf tartare et du colin d’Alaska ! Du coup, lorsque Scouby est rentrée et a ouvert une boîte de Félix-bouchées-en-gelée à mon intention, j’ai fait la fine gueule. - je suis bien contente que tu sois rentrée à la maison, roucoulé-je diplomatiquement en m’enroulant autour de sa cheville, « mais j’y ai du mérite, tu sais : ma Mamie me nourrit mieux que toi ! Et puis, ma Mamie a cuit du poisson et il en reste quatre morceaux dans le frigo ! Tu me les donnes, dis, tu me les donnes ? Tu peux manger le Félix si tu veux. » Bien sûr, j’ai reçu mon poisson, mais Scouby n’a pas mangé mes petites bouchées en gelée, je ne sais pas pourquoi… Elle avait aussi acheté du steak tartare pour reconquérir mes bonnes grâces, mais à vue de pif, il est moins bon que celui de Mamie : il vient d’un grand magasin alors que Mamie va tous les jours chez son petit boucher de quartier, exprès pour moi ! Je l’ai signalé à qui de droit, bien sûr, je ne vais pas me laisser faire ! Et si la situation ne s’améliore pas, je ferai mon petit baluchon pour déménager chez Mamie. Scouby a déjà remarqué que, dans un coin du salon, j’ai rassemblé mes trésors les plus chers : mon « bébé » et ma balle de tennis ! Elle m’a raconté ses vacances. En rentrant, ils ont pris le chemin des écoliers, ils sont passés dans de charmants petits coins de la France profonde. Certains noms de patelins la plongeaient dans une profonde perplexité. - Tu imagines, Ardoise ? Habiter à Sous-l’Osque-sur-Saint-Estophe ? J’imagine très bien… et frémis. C’est que c’est dangereux, habiter dans un village avec un nom pareil ! Je vous explique. Mettez-vous dans la peau d’une jeune chatte ambitieuse, plutôt bien de sa personne. Tenez, pensez que vous êtes moi, par exemple. Et que vous êtes née à Sous-l’Osque-sur-Saint-Estophe. Vous avez recueilli, dans votre terroir, un prix de beauté très apprécié et vous vous voyez déjà au pinacle : top model comme Claudia ou Cindy… Confiante en votre étoile, vous prenez le train et montez à Paris, participer à la sélection pour le concours de Miss France. Très émue, vous vous présentez au jury. Vous bafouillez un peu, ce qui est normal, vu les circonstances. Le président du jury vous accueille aimablement. Manifestement, votre physique avantageux lui a tapé dans l’œil. - Bonjour, Mademoiselle… Mademoiselle qui ? - Argh, argh… Ardoise, miaulez-vous d’une petite voix. - Mademoiselle Ardoise… Quels sont vos antécédents ? Avez-vous déjà été lauréate ? - Voui, voui… J’ai été Miss… Miss Sou… lo… lo… - Missou Lolo ? répète le président, perplexe. Il commence à croire que vous vous êtes trompée de concours. Déjà que Madame de Fontenay n’avait pas été très enthousiaste en ce qui vous concernait… Devant l’urgence, votre voix revient. - Miss Sous-l’Osque-sur-Saint-Estophe ! clamez-vous triomphalement, attendant les applaudissements. Silence navré. Les membres du jury se rassemblent dans un coin pour se concerter. Vous entendez des chuchotements. - Beaux yeux, belles moustaches, mais… - Le patelin, mon cher, le patelin ! - Imprononçable ! Surtout devant les caméras ! - Dommage… Bzzz, bzzz… Joli sourire, superbe fourrure à triple épaisseur… - Mais Miss Sous-l’Os… sous… Impossible ! Votre cœur se glace. Le président du jury, un peu ennuyé, se tourne vers vous. - Nous sommes désolés, Mademoiselle Ardoise, mais vous ne répondez pas tout à fait … Heu ! au profil exigé. Une autre fois, peut-être… Voilà votre carrière tuée dans l’œuf ! il ne vous reste plus qu’à rentrer à Sous-l’Osque-sur-Saint-Estophe, la queue basse et le cœur en charpie. Après, vous faites une dépression nerveuse. Bien sûr que c’est injuste et scandaleux ! Si vous avez le moral bien accroché, vous pouvez toujours décider de vous venger et de prouver au monde entier que votre village natal, c’est pas du Kitekat et qu’on va voir ce qu’on va voir ! Mais dans l’intervalle, que de temps perdu ! Et dans une vie de chat, le temps, c’est important, il n’y en a pas beaucoup… Vous avez compris, maintenant, pourquoi c’est dangereux ? Avec soulagement, je quitte la peau de la pauvre Missou Lolo pour redevenir Ardoise, chatte de gouttière et poursuivre la suite de mes aventures ! Et voici que, malheureusement, un événement va survenir, qui va profondément me perturber…
  10. Gentille M'dame Maggy, en ce beau jour de votre anniversaire, je n'espère conquérir que votre coeur ! Grosses lélèches à vous ainsi qu'à vos deux si jolis poilus !
  11. Petit à petit, une pièce après l'autre, je conquiers mon territoire ! Rien n'est inaccessible à la terrible chatte Ardoise ! Après la salle de bains, il faut que je tire des plans pour m'introduire dans la chambre d'amis... Puis dans le placard... Puis dans le bureau où règne la ténébreuse Scoubidou, mon ennemie intime !... Puis... Mais ne voyons pas si loin.
  12. C'est bien possible, car j'aime bien les chats gris qui me ressemblent !... Les "grisouilles", quoi... Regardez comme je laissais gentiment la pauvre petite Cendrillon manger dans la même gamelle que moi !
  13. Bonjour les amis ! Deux petites photos pour vous démontrer que je vais bien ! Ici sur la terrasse... Je prends un peu le soleil mais pas trop, pas envie de retrouver ma collerette ! Et ensuite, retour à ma chère salle de bains ! Le chiffon jaune sur lequel je dors servait à sécher les cheveux de Scouby. Maintenant, c'est à moi qu'il sert. Inutile de préciser que je m'en suis emparée de ma propre initiative...
  14. Chapitre 53 : NOUS VOILA EN AUTOMNE Arrivé au seuil de l’automne, je profite le mieux possible de la température encore clémente. Je fais de longues promenades dans le village, je cultive mes relations… Je me rappelle au bon souvenir des humains obligeants qui, en l’absence de ma famille d’accueil, m’offrent parfois, en hiver, une écuelle bien pleine… Mine de rien, ça doit s’organiser soigneusement, une vie de chat des champs ! Il faut de la prévoyance, de la jugeote, un certain sens des affaires… Ce n’est pas donné à tout le monde ! Je reçois aussi quelques visites, notamment celles de mes deux fils. Je vois moins souvent la charmante Gourmande et sa teigne de fille… Elles semblent se désintéresser de moi, je ne sais pas pourquoi. Peut-être sont-elles secrètement vexées de n’avoir plus le statut de visiteuses uniques et privilégiées… Parfois, de loin, j’aperçois la Petite-Goulaffe qui fait la sieste en plein milieu de la rue… Heureusement, chez nous, il n’y a pas beaucoup de circulation, ce n’est pas comme en ville ! C’est vrai que c’est agréable de s’étendre sur la route toute lisse et chaude ! Je ne dédaigne pas ce plaisir, à l’occasion. Bien sûr, j’ai soin de me placer le plus loin possible de la Petite-Goulaffe ! Négatif fait du charme à notre voisine. Je l’ai vu onduler de la queue à l’entrée de sa cuisine. Le voisin ne dit rien, bien qu’il n’apprécie pas beaucoup les chats. Il a toutefois l’air de faire une exception pour mon fiston qui joue souvent avec ses petits-enfants. Je crois que Négatif a hérité de mon charme légendaire… C’est quand même un fameux numéro, je vous assure ! Quand Scouby est là, vous savez que, tous les matins, elle dépose une bonne assiette de pâtée sur la terrasse. C’est le premier venu qui est le mieux loti et Négatif le sait bien ! Il y a quelques jours, ma mère d’accueil venait juste de déposer la gamelle sur le sol, lorsqu’elle a entendu un grand « Miaou ! » de bienvenue venant du ciel. Levant la tête, elle a aperçu Négatif sur le toit de la maison, où il attendait patiemment son petit déjeuner. - Salut ! a fait mon fiston. Vous dérangez pas, je descends ! Et hop, sur la gouttière, comme un funambule ! Et zou, le long du tronc d’un petit cerisier qui pousse par là ! Il avait le nez dans la gamelle en un temps record, devançant Roublard qui, lui, venait de plus loin. Vous direz que je n’ai peut-être pas la fibre très paternelle, mais il M’ENERVE, ce Roublard ! J’essaie de me contenir, mais rien à faire ! D’abord, vous devriez le voir : un physique de déménageur ! Je parais tout petit à côté, ce qui me vexe, vous le comprendrez. Et une voix ! C’est bien simple : la semaine passée, quand Scouby a ouvert la porte pour donner à manger à Négatif, flanqué de son mastodonte de frère, elle a cru que la sirène d’incendie du village s’était déclenchée ! - OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN ! Vérification faite, ce n’était pas la sirène d’incendie ni une quelconque corne de brume, c’était tout simplement Roublard qui réclamait, lui aussi, quelque chose à manger ! - Ouiiiiiin ! a fait Négatif de sa petite voix, s’efforçant vainement d’imiter son frère. Scouby s’avance sur la terrasse, une boîte de « Pâtée au gibier » dans les mains. Négatif lui fait fête, tandis que Roublard se met à tourbillonner autour de ses jambes en continuant ses vocalises ! - OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN ! - Roublard, tais-toi ! Roublard, laisse manger ton frère ! Tu es bien assez gros ! Tu es même ENORME ! Les remontrances se perdent dans le vide. Le vide sidéral d’une cervelle de moineau. Le vide immédiat d’une assiette avalée en deux temps trois mouvements ! Négatif n’a pu sauver du désastre que deux petites boulettes de viande qu’il contemple tristement. - Tant pis, dit Scouby (avec un peu de mauvaise foi) à l’adresse de la victime, tu n’as qu’à apprendre à te défendre dans la vie ! Pauvre Négatif ! Il ouvre tout grands ses yeux en amande au regard tendre et innocent. - Je te donnerai à manger quand ton frère sera parti, promet ma mère d’accueil, prise de pitié. Ainsi fait-elle. Mais il faut être aux aguets, vous savez ! Saisir le moment où l’armoire à glace s’éloigne ! Parce qu’il a des trucs, le Roublard ! Il a l’art de surgir de nulle part… un peu comme l’Ardoise, tiens, quand elle s’est cachée et qu’on l’a cherchée partout ! Sauf que Roublard, on le trouve sans l’avoir cherché… Souvent, si on regarde bien, on voit une masse blanche qui tente de se dissimuler dans la haie et qui a l’œil à tout ! Devinez qui c’est ! - Mon pauvre petit chéri, comme il mange bien pour devenir grand et fort ! roucoule ma Néfer. Je la regarde, estomaqué. Elle couve le monstre d’un regard émerveillé. On m’a toujours dit que l’amour maternel était aveugle, eh bien c’est vrai ! Mais pas l’amour paternel, ça non ! Je reste lucide, moi ! - Ton pauvre petit chéri fait cinq fois ton poids ! dis-je, réprobateur. - Oh, tu exagères, Orca ! Pas cinq fois ! Quatre fois et demie, peut-être… - Mais comment as-tu pu fabriquer CA ? Blanc avec une queue noire, c’est d’un goût ! Et ces deux ou trois taches noires dans le dos, comme des pavés dans une mare ! Affreux ! Affreux ! Néfer, elle, trouve cela très joli et me le fait savoir. Ah bon ! - Ce n’est pas sa faute s’il est blanc et noir, Orca, poursuit-elle. Il tient de ses parents, ce petit mignon ! - Oui, mais admets que ses parents sont autrement présentables, dis-je en me rengorgeant. Je suis maigre, d’accord. Je ne suis pas un canon de beauté, mais j’ai de l’allure, on ne peut pas le nier ! Un gentlecat, je l’ai toujours dit ! - Et puis, cette manière de se goinfrer ! Non seulement il mange trop, mais aussi beaucoup trop vite ! - Le pauvre chéri a peur qu’on lui retire la gamelle avant qu’il n’ait fini, explique patiemment ma Nefer. Décidément, elle tient à avoir le dernier mot ! Une vraie avocate, cette chatte ! D’ailleurs, j’aurais dû m’en douter quand j’ai commencé à la courtiser : cette robe noire, ce petit jabot blanc… L’habit fait la fonction, comme on dit. Je n’avais pas remarqué. On n’est jamais assez prudent ! Je soupire. - Je me rends compte que Gourmande n’est pas, au village, la seule chatte incompétente en matière d’éducation… - Vraiment, Orca ? fait distraitement ma Dulcinée, toujours occupée à admirer son rejeton bâfreur. - Certaine chatte noire de ma connaissance n’a rien à lui envier sur ce point ! Nefer réfléchit, se demandant visiblement qui est la chatte noire en question. Comme elle ne trouve pas, elle se contente d’un « Tu connais tellement de monde, mon Orca ! » miaulé si gentiment que je n’ai pas le cœur de continuer la discussion. Du coup, c’est moi qui me sens coupable à présent ! Je rends les armes. Avec soulagement. Elle m’attendrit, que voulez-vous ? Quand je la regarde, je me sens devenir chocolat bleu pâle… et finalement, elle a toujours le dernier mot ! Vous savez quoi ? Je vais aller manger… J’ai vu que Scouby a déposé du thon en boîte dans mon assiette. Quand je reviens sur la terrasse, l’estomac bien lesté… - Hic ! Hic ! Un hoquet irrépressible me secoue. Dan me regarde avec commisération. - Orca, tu as de nouveau mangé trop à la fois, et beaucoup trop vite ! Ce n’est pas la première fois que ça t’arrive ! - Hips ! Tapi dans la haie, son poste d’observation favori, Roublard me dévisage d’un air goguenard. Je suis outré. Quel manque de respect pour son père, vraiment ! Néfer a très mal éduqué nos enfants, mais ce n’est pas la peine de le lui répéter, elle les prend pour des perfections ! Et puis, avec elle, essayez d’avoir, une seule fois dans votre vie, le dernier mot ! L’autre jour, elle m’a quand même étonné, moi qui croyais si bien la connaître ! Nous étions tous les trois au salon, Dan, Scouby et moi. Moi sur les genoux de Scouby, comme toujours… Il paraît que je suis un pot de colle, mais ça m’est égal, c’est comme ça qu’on m’aime ! Subitement, un vacarme inouï a éclaté dans le jardin : deux chats se querellaient en poussant des hurlements sauvages. Nous sommes sortis, pour regarder ce qui se passait. - Silence, vous deux ! a crié Dan. Qu’avons-nous vu ? Négatif qui grimpait avec vélocité jusqu’au sommet du grand noyer, poursuivi de près par sa mère visiblement furieuse, le poil gonflé et la queue toute hérissée. Cette colère n’a toutefois été qu’un feu de paille. Cinq minutes après, ma Néfer redescendue de son arbre (et accompagnée de son rejeton) avait retrouvé sa placidité habituelle. - Mais que s’est-il passé ? dis-je. - J’ai rien fait ! gémit Négatif. J’étais tout tranquillement installé sur le rebord de fenêtre quand M’man… Néfer affiche un air imperturbable. Je la soupçonne d’être un peu exclusive : considérerait-elle ce rebord de fenêtre comme sa propriété personnelle ? Il m’arrive aussi de m’y asseoir, à l’occasion. Il va falloir que je fasse attention… Je n’ai plus l’âge de me faire pourchasser jusqu’à la cime des arbres. Ou alors a-t-elle simplement « ses nerfs », comme la chère Ardoise ? Je décide de me tenir à carreau ! Un chat averti… Vous connaissez la suite. Et Titi ? Vous vous souvenez de Titi ? Depuis l’hiver passé, nous ne l’avons plus vu. Que lui est-il arrivé ? Dernièrement, un petit chat noir s’est montré sur un muret surplombant notre jardin. Un petit chat noir avec un collier rouge autour du cou. Scouby est allée l’examiner sous le nez. - C’est Titi ! s’est-elle exclamée. Je le reconnais à sa gentille petite figure ! Je suis sceptique. - Scouby, je ne veux pas vous décevoir, mais si ce chat était réellement Titi, il serait venu se faire caresser, comme l’année passée ! Or, celui-ci n’a pas l’air de vous reconnaître… - Heu, peut-être, mais tu sais bien que Titi était en peu innocent… Il lui manquait une case. Alors il est possible qu’il ne se souvienne pas ! Je ne dis plus rien et le mystère subsiste. Titi or not Titi ? Il faudrait que le petit chat noir fasse montre d’un peu de bonne volonté et ouvre sa gueule pour se faire examiner : comme Titi avait des brèches dans la dentition, nous aurions une quasi-certitude, sauf évidemment si son nouveau maître lui a offert un dentier. Mais rien à faire ! La créature au collier rouge ne se laisse plus admirer que de loin ! Si Titi il y a, serait-il devenu snob ? L’autre jour, il se promenait en compagnie d’un petit chien, tous deux cheminant côte à côte dans notre rue, vous imaginez ? Quelle fréquentation ! Pour oser se montrer en compagnie d’un chien sans en rougir, il faut être écervelé ! Il s’agit peut-être bien de notre Titi, après tout… Je me suis découvert une nouvelle passion culinaire ! Il y a quelques jours, Scouby avait débarrassé la table du petit déjeuner. Connaissant mes goûts, elle s’était empressée de mettre en sécurité le jambon, le saucisson, le beurre (ben oui, je suis comme la chère Ardoise, j’aime le beurre…), le pain (aussi…), puis elle est sortie pour quelques instants. Pas si gentlecat que j’essaie de le faire croire, j’ai bondi sur la table afin d’explorer certain petit paquet qu’elle avait oublié. Tiens ! Quel parfum délicieux ! J’y plonge mon nez. Mais c’est que c’est bon, ça ! Très très bon ! Dépêchons-nous de tout finir avant que Scouby… Justement, la voilà. - Orca ! - Miam ! Groumph ! Slurp ! - Mon camembert ! - Vous disiez, Scouby ? m’enquiers-je poliment en nettoyant, sur mes moustaches, les dernières traces du festin. Je n’ai pas été grondé, non. Mais depuis lors, Dan m’appelle « Sapeur Camembert » !
  15. Bon, j'ai passé une partie de la journée à miauler devant la porte de la salle de bains... Je suis ulcérée : Scouby a tout nettoyé : mes délicieuses petites odeurs, la trace de mes petits pipis... J'ai regagné ma caisse en carton dans le fenil, je me nettoie en échaffaudant des plans de reconquête de la salle de bains. Me remettre à me gratter jusqu'au sang ? Mais alors, ils me remettront ma collerette ! Pffft que c'est compliqué tout ça ! Je vais dormir, demain sera un autre jour ! Bonne nuit tout le monde !
  16. Non, non, je ne veux plus voir ma collerette ! Mes parents la gardent pour une prochaine occasion Par contre, je ne voulais pas quitter la salle de bains ! Je ne retrouva plus mes marques dans la maison, moi ! Au moins dans la salle de bains, j'étais tranquille... Et ma meute a l'air de ne pas me reconnaître ! Je suis un peu dépaysée...
  17. Aaaaah, vivement demain ! M'dame Isa, je vous dis, en confidence (venez plus près, que je miaule tout bas) que le second tome de mes mémoires s'appelle "Ardoise, chef de meute !" C'est une surprise, le répétez pas ! C'est pour ça que j'aime bien le mot "meute". M'dame Janick, mes respects ! M'dame Mono, Ministre ça m'irait assez, ce sera peut-être pour un troisième tome ! Grosses lélèches et bonne nuit tout le monde !
  18. Oui, c'est vrai, j'ai employé le mot "meute" parce que je n'en trouvais pas d'autre On peut dire peut-être que je suis chef de famille, mais ce n'est pas vraiment ça non plus... Chef de clan ? Moi j'aimais bien le mot "meute", M'dame Isa !
  19. Merci, merci... Non, je n'interdis l'accès de la douche à personne, vu qu'il y a une baignoire avec juste un misérable "téléphone" pour douche ! C'est sûr que je vais faire le tour de la maison au grand galop quand je sortirai d'ici ! Et flanquer des torgnoles à ma meute pour lui annoncer mon retour ! Et empêcher les révolutions de palais ! Aaaaah, d'ici là je rassemble mes forces... et je vais dormir.
  20. J'ai terminé mon traitement d'antibiotiques, mais j'ai encore droit à la pommade et à la collerette jusqu'à mardi ! Pour garder la forme, je fais à toute allure le tour de la salle de bains, puis j'atterris sur mon petit tapis personnel où je me couche en faisant claquer ma collerette. Vous voyez, la amies, je suis une brave chatte qui prend son mal en patience... Heureusement, je reçois d'excellents repas : tout ce que j'aime ! Grosses lélèches, je continue à vous tenir au courant et, surtout, je vous raconterai ma libération toute proche maintenant !
  21. C'est vrai ça, elle avait plus de chance que moi... Sauf que c'est celle à qui l'on a coupé la tête, non ? Alors je préfère ma collerette à moi ! Merci pour les encouragements... et aussi pour les compliments, j'y suis sensible. Je crois que mon supplice va bientôt toucher à sa fin, je n'en ai plus que pour deux jours d'antibiotiques et mes oreilles cicatrisent bien. Mais bien sûr, je m'ennuie ainsi enfermée ! Pour me désennuyer, je fais pipi à côté de mon bac, ça crée un peu d'agitation du côté de mes bipèdes. Je les regarder s'activer, bien installée dans ma grande caisse en carton... Lélèches à vous tous !
  22. M'dame Ninon, j'ai des paniers, mais j'ai choisi moi-même cette caisse en carton où je peux m'étaler confortablement... Merci de vous inquiéter pour moi, je vous mets une petite photo pour vous rassurer sur mon appétit : Je vous fais de grosses lélèches !
  23. Merci à vous, M'dame Ninon, et à Pélisse aussi ! Les jours se suivent et se ressemblent... Je dors, je mange, je dors, je mange... Quand ça me chatouille trop, je me frotte aux coins de meubles, mais je n'arrive pas à atteindre les croûtes qui se forment près des oreilles. "Heureusement !" qu'elle a dit, Scouby ! Quelle sadique, vraiment ! En plus, un troisième petit bouton est apparu sur ma figure, j'espère qu'il va vite partir, on y a mis de la pommade aussi. Si je continue à avoir des pustules, je vais passer ma vie dans cette salle de bains, avec ma collerette ! J'ai quand même eu un petit instant de atisfaction, hier, j'ai appris que la chatte Scoubidou, 16 ans comme moi, a aussi perdu une canine, presque en même temps que moi ! Vous ferez la connaissance de la Scoubidou dans le second tome de mes mémoires, c'est ma bête noire, on se déteste elle et moi ! Allez, je retourne dormir dans ma caisse en carton !
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